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Les charleries Bienvenue sur mon blogue, Ce blogue contient des souvenirs, des anecdotes, des opinions, de la fiction, des bribes d’histoire, des récréations et des documents d’archives. Charles-É. Jean
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Poèmes |
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1505
15 janvier 2015 Furie Mots
narquois rougissent bonheur
arqué. Bois
d’effluves grisonnent prés
de l’amour. Troubadour
sans humour languissent écorce
de bouleau. Ours
des bois dévorent lyres
désaxées. Branches
de pin nourrissent serins
mélodieux. Humoristes
ironiques encensent humus
humecté. Nez
retroussés attrapent nervures
réticulées. Taureaux
en furie attaquent matadors.
(Poème
écrit en 1997) |
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#
1470
8 janvier 2015 Rose
écrasée La
rose des champs Se
propage. Du
coup son
parapluie couvre le
torrent. Le
torrent s’infiltre dans
la montagne. La
montagne crée des
tissus parfumés. Les
tissus entrent dans
la peau. La
peau frémit de
douleur. La
douleur impatiente se
jette sur
une lame. La
lame déchiquette les
pétales en
mille morceaux. Les
morceaux écrasent
la rose. (Poème
écrit en 1995) |
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#
1440
2 janvier 2015 Évanouissement Dans
le caveau j’ai
les pieds. Dans
l'ouate j’ai
la tête. Sur
les sentiers sauvages j’ai
les jambes. Dans
les feuillages verts j’ai
les dents. Sous
la chaussée j’ai
le dédain. Sous
les sillons j’ai
la colère. Autour
de ma poitrine un
filet étriqué tisse
ma souffrance. Sous
les fils du caveau pris
au piège je
m’évanouis. (Poème
écrit en 1971) |
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#
1410
27 décembre 2014 Mécréant Sur
des monts ténébreux un
triste mécréant rôde. Rien
ne l’affecte rien
ne le touche. Il
abhorre les
hauteurs célestes. Il
embrasse les
profondeurs du gouffre. O
triste sujet ami
de l’aigreur pourquoi
ne voles-tu pas dans
les sphères joyeuses ? O
triste rejet ami
de la noirceur pourquoi
traînes-tu l’aile dans
les saletés immondes ? Le
triste mécréant rôde. Demain
encore il
rôdera. La
fatalité lui a asséné un
coup de massue. (Poème
écrit en 1991) |
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#
1365
18 décembre 2014 Par
une nuit noire d'encre André
Robitaille m’a expédié un poème que je publie avec plaisir.
L’auteur du poème est Pierre Robitaille, marionnettiste et directeur
du Théâtre Pupulus Mordicus. Voici ce poème dont le thème est la fête
de Noël : Une
nuit dans le désert une souris s'active Seule
dans cet enfer il faut qu'elle survive Le
ciel est noir d'encre sa piste est perdue Depuis
la brunante elle courre, éperdue Soudain
à l'horizon pointe une lumière chenue Un
petit point brillant, scintillant, saugrenu La
petite souris sautille vers ce rayon menu Car
cette étoile éclairera son chemin ténu Et
la voilà de plus belle repartie Car
pour servir des yeux si petits Il
est certain que très peu de lumière suffit Oyez,
oyez madame la gerboise ! S'écrit
le point lumineux sur cette ardoise Et
la bestiole sursaute, se retourne, étonnée Je
rêve ou c'est à moi que vous parliez? Pardon
de m'imposer dans votre nuit agitée Mais
je cherche en vain dans ce sinistre lieu Un
promontoire un lieu élevé pour me fixer Venez
chez moi c'est à quelque lieux Et
en échange de votre éclairage Je
vous prête un toit pour y faire étalage Et
d'un commun accord voilà nos deux amis L'une
éclairant l'autre, l'autre suivant l'une Étrange
duo dans cette nuit sans lune Marchant
vers la tanière de la souris Soudain
le rayon de lumière s'étiole Il
n'en faut pas plus pour que la souris s'affole Et
que d'un pas alerte et d'un saut évite, Le
sabot du chameau d'un sémite
Hé
ho vous là l'enturbanné ! crie-t-elle choquée Regardez
où votre bête met les pieds, J'ai
failli par votre faute périr écrabouillée ! Pardonnez-moi
noble habitante de ce lieu isolé Mais
mes yeux sur cette étoile étaient fixés Vous
avoir écrasée m'aurait sûrement désolé Comment
pourrais-je me faire pardonner ? Voyez-vous
cher mage, j'ai de bien petits pieds Pour
faciliter mon voyage et ceci sans m'estropier Dans
l'oreille de votre monture veuillez m'introduire Ainsi
sans danger je pourrai vous conduire Et
une fois arrivés en ce lieu où je vis Vous
pourrez vous reposer si cela vous fait envie Une
fois hissée sur son promontoire mouvant Elle
eut soudain un coup d'œil émouvant Derrière
la monture de son mage repentant S'étirait
une interminable suite de lieutenants Et
même deux autres sages, un bridé et un basané Bon
sang se dit-t-elle, où vais-je les installer Et
sur les dunes de sable froid se déploya L'ombrage
effilé d'un étrange convoi Une
étoile, une souris et des mages rois Et
tout au long du chemin s'ajoutèrent Bergers
errants, paysans et badauds Attirés
par cette faible lumière Et
l'importance de ce troupeau Soudain
au détour d'une dune apparut une étable Immeuble
décrépi à première vue inhabitable À
l'orée d'un village qui semblait pourtant honorable La
souris étonnée vit alors sa litière occupée Un
enfant y dormait près de sa mère allongée Un
homme barbu veillait sur eux hébété Et
même un âne et un bœuf s'y trouvaient abrités Mais
c'est ma demeure, on me saccage mon paillis Seule
j'étais tout à l'heure maintenant je suis envahie Et
comme la colère en elle grondait Et
qu'à éclater elle s'apprêtait Elle
vit stupéfaite l'étoile briller de mille feux Et
se poser sur le toit de l'étable de l'Enfant-dieu Et
tous les manants, les bergers et les mages Se
prosterner en voyant cette image Elle
aussi par le tableau fut charmée Par
tant d'émotion épuisée Dans
la paille, près de l'Enfant-Roi, elle alla se reposer Depuis,
dans le désarroi, on l'a oubliée... Voilà
maintenant vous l'avez appris C'est
à cause d'une humble souris Que
cette nuit-là une étoile a luit. Pierre Robitaille, 24 décembre 1992 |
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1330
11 décembre 2014 Évasion
douloureuse Lorsque
mon bateau voguera sur
les mers sans fond. Lorsque
ma coquille éclatera
de douleur. Lorsque
le goéland affamé déchirera
mes entrailles. Je
clamerai au monde entier mes
ardeurs refoulées. Dans
les dédales de mon chantier j’étalerai
mes blessures. Sous
les gouttières je
gémirai comme
une colombe traquée. Sur
les sentiers roturiers je
courrai comme
un cavalier sans pair. J'amasserai
dans mon sac l’écume
du ressac. Puis
je m’enivrerai et
me cacherai dans
un cercueil de
baume. (Poème
écrit en 1967) |
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#
1295
4 décembre 2014 Bouleau
esseulé Dans
une vallée semée
de verdure se
répand un
parfum adorable. Un
festin convie tous
les fils de la terre. Seul
un triste bouleau enfouit
ses rêves noirs sous
son écorce blanche. Le
triste bouleau empoigné
par les saletés d’un
ouragan cynique réclame
à la vie les
douceurs d’une
mort apaisante. Le
triste bouleau combat. Seul
le combat est
attentif au bouleau. (Poème
écrit en 1976) |
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#
1260
27 novembre 2014 Désertion Sur
la grève déserte abandonnée
au flot j’errais fou
vagabond victime
de moi-même. Je
n’avais plus d’amis plus
de vin plus
de rôt. Une
vie à traîner une
figure blême de
tristes yeux hagards avides
de bonheur : ce
tissu de douleur était
mon héritage. Apeuré
dans mon âme engourdi
dans ma peur je
me suis replié sur
mon destin sauvage. Je
voulus profaner le
plaisant friselis de
la fringante mer ébahie
à ma vue. Je
voulus massacrer le
tendre gazouillis de
la verte nature adossée
à la crue. La
sympathique mer émue
à ma douleur montra
dans ce décor tout
le flot de son charme. Son
doucereux esprit endormit
ma torpeur. Le
complot de mon cœur me
tira une larme. (Poème
écrit en 1986) |
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#
1225
20 novembre 2014 En
pissenlit Aujourd’hui la
vie n’est plus cette
douce verdure qui
flirtait avec
le vent et l’ondée. Aujourd’hui
la
vie n’est plus cette
merveilleuse forêt qui
respirait le charme et
chantait le repos. Aujourd’hui
la
vie n’est plus ce
tout petit bourgeon qui
éclatait d’amour le
printemps venu. Aujourd’hui la
vie ressemble plus à
ce pissenlit. Seul à
travers les pierres il
se fraie un
hypocrite chemin et
finalement s’étiole par
la chaleur du
macadam. (Poème écrit en 2012) |
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#
1185
12 novembre 2014 Mon
village Mon
village est un doux paysage perdu
au milieu des montagnes au
milieu de la vie au
milieu de la mort. Jamais
il ne se plaint jamais
il n’invective il
n’insulte personne il
se réjouit de tout. Les
vents la
pluie la
neige la
foudre rien
ne l’émeut. Son
destin est un doux destin perdu
au milieu des ouragans au
milieu de la vie au
milieu de la mort. Si
un jour un agneau trouble
sa destinée je
serai le loup de la fable et
je croquerai mon village. (Poème écrit en 2003) |
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#
1140
2 novembre 2014 Le
riche pollueur Un
riche paquebot vogue sur
des eaux impétueuses. Près
d’un lit de chrysanthèmes les
agressives vagues lancent
leur pâleur. Un
sillon charmant révèle sa
nudité précoce. L’ombre
du riche pollueur teintée
d’un brun cafard guide
le paquebot. L’ombre pleine
de suffisance court
vers la mer. L’ombre entourée
de faux amis vogue
sous le sillon. Peu
à peu le
paquebot s’émaille de
fleurs dorées. Elles
sont si pesantes si
douloureusement détestées que
le paquebot coule. Les
chrysanthèmes se noient. Le
paquebot disparaît. Le
riche pollueur toujours souriant flotte
au gré des vagues un
chrysanthème séché à la bouche et une pierre vengeresse au pied.
(Poème écrit en 2012) |
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#
1080
21 octobre 2014 En
ouate Sur
un long sentier je
cours depuis
un siècle. Mes
pieds volent comme
une épave d’ouate. Ma
tête virevolte en
un tricot de broches. Mon
cœur sillonne les
vallées qui se taisent. Une
feuille d’érable striée rougie voltige en
un souffle comateux. Son
pédoncule coupé
du suc nourricier pend
tel un cordon. Ses
nervures usées
par les ans se
mordent se
déchiquettent s’avalent. Sur
ce long sentier je
courrai encore
un siècle me
nourrissant de
cette feuille maculée. (Poème écrit en 1985) |
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#
1035
12 octobre 2014 Orme
centenaire Je
rêvais à ces jours si doux je
rêvais à ces nuits si calmes je
rêvais à ces heures complices. Je
voulus visiter l’orme
centenaire. Je
voulus caresser ses
feuilles dentelées. Je
voulus monter jusqu'à
son faite. Tout
en voltigeant à
sa hauteur j’ai
perdu mes ailes. Je
me suis frappé la tête contre
une feuille accrochée
au passage. Je
me mis à plonger vers
le macadam quand
une feuille tendre vint
m’endormir. Pendant
des heures je
suis resté momifié
par les feuilles de
cet arbre rêveur. Le
feu a brûlé les feuilles et
embrasé mon rêve. (Poème écrit en 2004) |
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#
990
3 octobre 2014 Autel Au
feu de l’ignominie la
cire s’étire et
fond. La
foule somnolente saoule l’encens
divin. Un
autel charnel masque
la frasque. Une
voix forte en
porte-voix suffisante lancinante mêle
ses râlements à
des accords rares. La
chandelle plus gênée que
rebelle se
morfond près
des habits dorés. Elle
lance au ciel de
fiel en fiel de
curieuses idées. Les
colonnes de cire conspirent et
meurent parmi
les oraisons. (Poème écrit en 1995) |
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#
960
27 septembre 2014 Au
hachoir Si
jamais mon
cœur passe
au hachoir Je
recueillerai dans
le creux de ma main chaque
grain du filet. Je
filtrerai cette
gelée sanguine et
la ferai couler sur
un lit de miel. J’éloignerai la
baleine aux aguets et
sèmerai cette
douce laitance dans
les tripes de
la mer. (Poème écrit en 1987) |
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#
895
14 septembre 2014 Chevelure Un
jour je
couperai ma
longue chevelure. Je
sortirai de
mes entrailles mon
vieux rouet à
la pédale troublée. J’y
installerai un
gouvernail bien
poli. Je
carderai mes
longs cheveux en
des brins d’osier pour
en faire un
panier de paix. Je
ramasserai les
fines pellicules pour
en faire un
fuseau de courage. Je
cueillerai les
guiches oubliées pour
en faire une
passerelle d’amour. De
mes doigts laborieux je
filerai pendant des ans pour
en faire une
immense toile de bonheur. (Poème écrit en 1977) |
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#
860
6 septembre 2014 Révolte C’en
est assez de
l’hypocrisie de
la guerre des
mensonges de
la tuerie. Je
crie ma révolte même
si personne ne
veut l’entendre. Je
lance des cris de
désespoir à
ce peuple endormi. Plus
personne n’ose
monter à
l’autel de la paix. Dans
sa marche l’ogre
a tout détruit. Les
cendres et
la poussière l’ont
suivi. Seuls
les hommes friands
du carnage ont
survécu. Seuls
ces hommes vivent pour
un instant. (Poème écrit en 1984) |
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#
831
30 août 2014 Zouaves
du Vatican Ils
sont suaves les zouaves. Sous
leur costume centenaire ils
rafistolent leurs épaves comme
de dévots militaires. Armés
de vétustes fusils, ils
offrent leur courbature à
la gloire de leur nombril sans
quérir droit de la pâture. Feu
de nostalgie au derrière, ils
plantent gothiques ardeurs de
leur naïve gibecière dans
les jardins de leur seigneur. Défenseurs
d’un humour trempés, ils
montent à l’assaut de la gloire blindés
d’insignes reluqués signes
premiers de la victoire. (Poème écrit en 1973) |
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# 803
23 août 2014 Bouteille
de vie J’ai
mis ma vie dans
une bouteille que
j’ai jetée à
la mer. Les
vagues essoufflées ont
contemplé la bouteille. Un
navire géant a
heurté la bouteille qui
s’est gonflée au
contact de
la coque d’airain. Un
oiseau sauvage attiré
par le spectacle donna
un coup de bec sur
la vitre amincie. Son
bec pourtant
si dur s’est
fracassé et
est parti à la dérive. Une
baleine s’est
approchée de la
bouteille et
l’a avalée. Ma
vie s’est gonflée et
a étouffé la baleine. En
cendres la baleine a
échoué parmi
les grains de sable. (Poème écrit en 1975) |
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# 772
15 août 2014 Entrailles J’entends
au loin un
appel désespéré. Mort Désespoir. Je
ferme mes oreilles à
ces imprécations soudaines. Gémir Pleurer. Mes
entrailles se
gonflent se
referment et
meurent. À
genoux je
marche dans
un sang boueux pantalons
retroussés pieds
engloutis genoux
suffoqués. Filet
rouge Substance
fiévreuse. Mes
oreilles se ferment l’appel
s’éteint. Mes
entrailles devenues
anémiques puisent
leur énergie d’un
lichen désaxé et
d’une algue naissante. (Poème écrit en 1967) |
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# 726
2 août 2014 Malheureux
relent Tout
sommeille tout
dort dans le giboyeux val. Le
disque argenté jette
à la terre funeste un
soupçon de clarté. Sans
un mot sans
un geste mon
cœur ensanglanté attend
le coup fatal. Le
décor automnal secrète
un fou venin. L’indomptable
nature augmente
mon délire. Bousculé
par la peur dans
ce sauvage empire se
lamente mon cœur pour
noyer son chagrin. Pourquoi
prends-tu ma vie ? À
peine suis-je né que
dans ta poudrerie les
fibres de mon cœur embauchent
le tourment. Mon
cœur n’est
pas aussi coupable. Il
ne veut pas souffrir cette
mort redoutable ni
réveiller en lui un
malheureux relent. (Poème écrit en 1978) |
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# 705
26 juillet 2014 Écailles J’ai
la mort dans l’âme. J’ai
de la mousse sur les lèvres. J’ai
des écailles sur les yeux. J’ai
une estampe au front. J’ai
une épine au cœur. Mes
lèvres mousseuses écument
de mépris. Mes
yeux écailleux chancellent
sous la carapace. Mon
front marqué oscille
au milieu des curieux. Mon
cœur épineux saigne
sans retour. Comme
des rigoles mes
veines déversent des
larmes rougies. Un
torrent impétueux inonde
l’archer. Impressionné
par cette rafale le
courant gèle la
tranchée inondée. (Poème écrit en 1967) |
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# 682
19 juillet 2014 Doux
visage J’ai
vu à peine ton
visage serein. Mes
yeux étonnés ont
rencontré tes
yeux inquiets. Personne
n’a
vu mon émoi. Personne
n’a
entendu mes
palpitations. Personne n’a
retenu mes
impulsions pour
te rejoindre. Pas
même le moineau solitaire n’a
soupçonné le
duel d’amour que
j’ai cruellement vécu. Un
lucide caillou a
blessé mon pied et
écarté mon regard de
ton doux visage. (Poème écrit en 1989) |
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# 661
12 juillet 2014 Misère J’ai
refusé de paraître devant
leurs instincts affamés. J’ai
refusé de mesurer mes
poils sceptiques plantés
dans la griserie. J’ai
refusé de montrer mon
nombril emmuré. J’ai
camouflé au
fond de mes poches les
outils de l’illusion. J’ai
fourré dans
une caverne les
hardes du silence. J’ai
caché sous
mes draps les
bottes de la misère. J’ai
conservé mes
cheveux pour
en faire une souche échevelée délirante toute
esseulée en
une cage. (Poème
écrit en 1967) |
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# 641
5 juillet 2014 Obscurité Lorsque
la vesprée tombera
sur la terre la
douleur fera éclater ma
poitrine alourdie. Mon
cœur décharné étalera
à nu ses
fibres rougies et
ses granuleux cordons. De
mes veines gonflées giclera
un sang brunâtre humecté d’un
plaisir contagieux. Ma
chair s’enlisera
dans la terreur et
glissera sous le pas des
geôles riantes. (Poème écrit en 1982) |
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# 619
28 juin 2014 Rébellion Au-delà
de la voûte étoilée un
géant solitaire dresse
ses branches dénudées. Oubliant
de prendre racine sous
des abris rocailleux il
flirte avec
le palier céleste. Enjambant
les marches azurées Contournant
les escaliers de feu il
refuse de la terre un
support nourricier. La
plaine compatissante lèche ses
radicelles saignantes. Tête
première une
rigole subtilement emporte
les bourgeons. Traîné
vers le hameau l’arbre
gémit. On
le met sous la broche il
rougit les ruelles. On
le met sous le feu il
enfume les trottoirs. On
le met sous clé il
casse sa chaîne. On
le met en charpie il
provoque une rébellion. (Poème écrit en 1993) |
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#
599
21 juin 2014 Mélodie Une
mélodie trotte
dans ma tête. Elle
court fait
mille détours chatouille mon
esprit éperdu. Elle
grimpe fait
mille écorces attaque
mon
cerveau décousu. Repue
de sa misère la
mélodie sanguinaire injecte un
dard mielleux. Elle
trotte comme
une bévue. Nattée
dans le ressac elle
empoisonne ma
pensée vagabonde. Un
vaste brasier inonde
mon corps. Les
flammes se tordent jouissent et
ricanent. La
mélodie s’effondre sous
un cadavre délirant. (Poème écrit en 1983) |
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#
577
14 juin 2014 Bataille
perdue Sur
une mer en furie folâtre un
bateau démuni. Ses
voiles maculées de
sueurs amusent
follement les
goélands mystifiés. Sa
coque grouillante de
bêtes affolées. glisse. Son
gouvernail miné
défleuri tourne vaille
que vaille. Les
mains galeuses s’épuisent. Des
icebergs effrontés déferlent du
fond candide des
habitats marins. Toute
l’armée du ressac prépare
une secousse lance
le harpon catapulte
ses muscles fait
courir sa bave sacrée. Même
la veste épuisée revigore
ses tissus. Les
membres du bateau estomaqués ploient comme
une coque de
saule perdu. (Poème écrit en 1998) |
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# 554
6 juin 2014 Visite
à la campagne Dans
les espaces immenses j’ai
couru. D’un
arbre à l’autre j’ai
sauté flottant
dans l’air comme
une feuille enhardie énergie. À
pleins poumons j’ai
respiré le
parfum des fleurs flottant
dans l’air comme
une mousse en
trémousse. Dans
ma tête légère j’ai
empaqueté l’arôme
printanier baumier. Dans
un érable je
suis monté j’ai
vu la plaine colorée resplendissante. Une
provision d’air j’ai
fait et
je suis reparti vers
la ville. (Poème écrit en 1991) |
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#
533
30 mai 2014 En
mille Eau
boueuse mille
rigoles bloquées. Arbres
dénudés mille
bourgeons honteux. Neige
morcelée mille
étincelles éteintes. Trottoirs
envahis mille
bottes trouées. Printemps
caduc mille
flocons suspendus. Aménité
fondue mille
cerveaux fragilisés. (Poème écrit en 1982) |
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#
510
22 mai 2014 Clameurs Au
loin j’entends
le rire usé de
connaisseurs révoltés. J’entends
la voix criarde d'une
gueuse agenouillée. J’entends
la misère noire approcher
à pas feutrés. J’entends
la faim cancéreuse cisailler
les intestins. J’attends
un mâle fugitif au
gosier de sa corne d’appel. Je
colle mon oreille à
ces clameurs d’oseille. Je
respire à peine charcuté
par le désespoir. Toutes
ces clameurs je
les entends car
personne d’autres ne
veut les entendre. L’homme
est sourd il
n’entend pas au loin. (Poème écrit en 1974) |
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#
491
15 mai 2014 Pas
d’outils Je
n’ai pas de crayons pas
de couteaux pas
de guitares. J’écris
mon poème avec
mes doigts dans
le sable rebelle. Les
coquilles vidées avalent
les mots de sable. Les
roches curieuses écrasent
les idées. Les
épaves de bois entourent
mon humeur. Les
grains de sable apeurés éteignent
mon poème. Il
fait noir dans
mon cœur. (Poème écrit en 1961) |
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# 472
8 mai 2014 Illusion Qui du
pauvre ou du riche peut
rêver à l’amour ? Qui peut
porter une couronne d’or
ou de terre sans
honte et sans
ignominie ? Qui
peut
revêtir un habit cousu
ou rapiécé dans
la misère et
dans le désespoir ? Qui
peut
porter des
chaussures usinées
par des enfants dans
la chaleur et
le manque d’air ? L’amour
n’est
pas associé à
une couronne. L’amour peut
échapper au riche comme
au pauvre. L’amour
semble choyer plus
le riche que
le pauvre. Serait-ce
une illusion ? (Poème écrit en 1975) |
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#
451
27 avril 2014 Une
école Je
suis entré dans
ce labyrinthe qu’on
appelle école. J’ai
vu des
bureaux bien
astiqués, des
crânes desséchés, déhanchés
et écorchés. J’ai
vu des murs mornes vieillis. J’ai
vu des
corridors épuisés écervelés. J’ai
vu des
grilles géantes grognantes. J’ai
vu des
traits de craie qui
couraient en
plaies et ronceraies. J’ai
senti dans
un coin oublié des
cerveaux féconds mais
écoeurés. La
vie l’amour le
cœur ont
dû me fuir. Point
je
ne les ai vus. (Poème écrit en 1969) |
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#
437
22 avril 2014 Racaille
humaine Si
je pouvais comprendre le
monde des humains. Je
trancherais d’une
volée subite cet
arbre dénudé. Je
courrais à
la poursuite de
l’ombre d’une biche. Je
monterais sur
les tréteaux me
taillerais en
mille morceaux. Je
jetterais à
la mer ces
mille détritus. J’embrasserais la
marionnette revêche. Je
lui extirperais de
sa gaine défleurie tout
brin de ma douleur. J’hurlerais dans
le désert ma
voix écaillée. Je
déchirerais mon
rêve. Je
supplierais le
voile des cieux pour
qu’il étrangle en
un craquement sinistre toute
cette racaille humaine. (Poème écrit en 1967) |
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# 418
14 avril 2014 Oiseau
sauvage Je
suis un oiseau sauvage qui
vole parmi
des abruptes montagnes. Je
me heurte la tête contre
le macadam. Je
suis un oiseau sauvage qui
ne craint pas le froid. et
pourtant chaque
fois que je quitte mon nid j’ai
des frissons de froidure. Je
suis un oiseau sauvage qui
trouve bonne pitance et
pourtant chaque
fois que je quitte mon nid j’avale
des aliments pollués. Je
suis un oiseau sauvage qui
se sent léger. et
pourtant chaque
fois que je quitte mon nid mes
ailes s’alourdissent d’haleines
haineuses. Je
suis un oiseau sauvage qui
n’a aucun souci et
pourtant chaque
fois que je quitte mon nid je
suis exténué de
cette impatience désaxée. Je
suis un oiseau sauvage qui
se sent civilisé et
pourtant chaque
fois que je quitte mon nid je
rencontre des hommes civilisés qui
sont plus sauvages que moi. (Poème écrit en 1965) |
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#
399
7 avril 2014 Violence Ce
texte a été écrit en 1973 dans l’optique d’une chanson. Le projet
n’a jamais vu le jour. Le thème est encore d’actualité parce
qu’en 2014 la violence se manifeste de façon plus intense qu’il y a
41 ans. Refrain La
vie ho ! ho ! La vie ho ! ho ! est
pleine de violence Couplets I Tout
passe en feu et en fumée Sur
cette terre de liberté. On
doit sans cesse se surveiller Pour
ne pas être avalé. II À
chaque détour du voyage, On
se fait piller son bagage Comme
si c’était un partage De
prendre à l’autre son héritage. III On
sent partout la violence Qui
surgit pleine d’éloquence À
travers des milliers de mots Et
d’interminables sanglots. IV On
voit la fureur s’enflammée Sans
jamais être rassasiée. On
la retrouve dans sa rue Et
on croit avoir la berlue. V Si
tu viens dans ma maison, N’apporte
pas de munitions. Dépose
sous le paillasson Les
armes de la rébellion. VI Si
tu désires fraterniser, Apporte
ta dignité. Ta
vie, tu pourras la gagner À vivre en simplicité. |
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# 387
3 avril 2014 Vingt
ans Comme
des poulains mal
dressés les
ans se bousculent désarçonnant
de
leur vigueur les
misérables cavaliers. L’hirondelle
recueille un
dernier brin d’herbe avant
de s’envoler. Un
jour nouveau mais
terni par le passé fait
dériver les
derniers vestiges de
la jeunesse. Vingt
ans c’est
la mer qui
s’éloigne de
nos yeux. Vingt
ans c’est
le cœur qui
s’envole. Vingt
ans c’est
l’amour qui
s’évente. Combien
aurais-je donné aux
dieux étrangers pour
me permettre un
dernier sourire avant
de m’assurer le
saut de cet obstacle ? Vingt
ans c’est
beau mais
c’est douloureux. Vingt
ans c’est
soi-même qui
s’envole. (Poème écrit en 1960) |
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# 364
24 mars 2014 Aujourd’hui est
une de ces heures où
l’amour seul peut
épancher une
timide douleur. Aujourd’hui est
une de ces nuits où
la vie seule peut
butiner d’inutiles
chagrins. Aujourd’hui est
un de ces poèmes que
seul un bohème peut
cadenasser dans
sa geôle infecte. Aujourd’hui
est
une de ces paroles que
seul un illusionniste peut
lancer dans
une pose hypocrite. (Poème écrit en 1971) |
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# 346
17 mars 2014 Printemps Lassés
d’un long hiver, les arbres essoufflés de
leur pesant fardeau ont relevé la tête. Depuis
peu, l’hirondelle est venue à la fête annonçant
la première un beau printemps vermeil. Elle
a vu la nature oublier son sommeil et
bercer bien au loin une brise d’amour comme
un peu égarée en son nouvel atour. Enfin,
toute égayée d’arôme printanier la
nature réjouie commença à chanter. |
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# 327
10 mars 2014 Douleur En
moi j’ai
la douleur. porteur
de dons célestes l’a
fabriquée pour moi comme
il aurait sculpté un
médaillon de prix. le
mince fil d’argent se
rompit au
seuil de l’abîme. devint
cynique. tristes
batteurs d’écume enfoncèrent l’épine
cruelle. l’astre
du midi eut
le vertige. par
de sombres pensées la
douleur a
vécu. elle
vivra jusqu'à
mon dernier soupir. l’a
fabriquée pour moi comme
il aurait sculpté un
médaillon de prix. |
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# 313
3 mars 2014 Blanc
ou noir Ils
sont deux. L’un
est blanc L’autre
est noir. D’un
ghetto blanc à
un ghetto noir ils
se surveillent et
s’échangent des
rafales de mitraillettes. Et
pourtant d’un
ghetto à l’autre ils
sont armés d’une
mitraillette de
même marque. Tous
les deux ils
se tuent à
petits feux. Le
carnage blanc n’a
d’égal que
l’autre le
carnage noir. L’un
est le jour. L’autre
est la nuit. L’un
fait blanc. L’autre
fait noir. |
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# 301 26 février 2014 Débordé débordé. J’ai à peine le temps de respirer. Toute la journée tendu pressé inquiet j’ai couru d’une parole à l’autre. J’ai monnayé mes énergies contre un plus tard incertain. J’ai dilapidé les battements de mon cœur pour en faire des poinçons remplis d’agressivité et de rancœur. J’ai oublié de manger. J’ai oublié de dormir. J’ai passé mon temps à essayer de nager. J’ai été tellement débordé que je me suis noyé. (Poème écrit en 1968) |
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# 285 18 février 2014 Ma
mie ma mie. Je rêve à nos jours passés où nos mains en prières écrivaient dans le ciel un doux poème d’amour. Je rêve à ces midis si rares où nos figures bronzées admiraient tout là-bas les attraits morcelés du lac ensorceleur. Et nous songions en silence sans mot dire le souffle coupé les lèvres excitées les yeux larmoyants. Et nous pleurions. Et nous chantions. Et nous nous racontions ce songe cristallisé en un instant d’amour. (Poème écrit en 1968) |
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# 273 12 février 2014 Justice tu frappes l’innocent tu laisses errer sans frein l’injuste déserteur. Sous ton toit se cache le coupable. Tu es une citadelle de malheurs un vil repère de misérables. Tes murs sont noircis de trahisons immondes. Ton front est un serpent venimeux. Tu es la plus sotte des pensées la plus cruelle des joies. Ton pouvoir de mort coupe les jambes du juste. Infâme justice tu mérites d’être noyée dans une prison. Tu mérites d’être enfouie dans un minable asile où ton rire strident empoisonnera la vie du satané justicier. (Poème écrit en 1967) |
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# 252 2 février 2014 Agonie un manteau de déboires un bonnet de misère du chagrin au cœur je vagabondais sur les cristaux de neige piétinant les gouttelettes congelées. Sans arrêt je marchais. La neige martelée crissait sous la douleur. Féroce comme un glaçon j’écrasais les cristaux je détruisais les flocons. Mes bottes trituraient les étoiles effeuillées. Remplies de chagrin les roses pensives s’éteignaient en silence. (Poème écrit en 1965) |
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# 236 27 janvier 2014 Je voudrais Refrain Couplets Je voudrais être magicien Pour convertir tous les requins En timides fleurs du matin. II Je voudrais être bâtisseur Pour aménager en fraîcheur Les taudis construits rue d’la peur. III Je voudrais être cascadeur Pour égarer cette noirceur Qui excite les voyageurs. IV Je voudrais être perspicace Pour retrouver gens de la race Dont on perdit un jour la trace. V Je voudrais être un apprenti Pour rêver en un paradis Planté dans le champ de l’oubli. VI Je voudrais être dans la danse Pour transformer en espérance Les bribes de cette souffrance. |
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# 221 20 janvier 2014 L’églantier Une rose sans épines fleurit ma boutonnière. Un sourire sans joie fleurit mes lèvres meurtries. Une épine sans rose décore mon front chagriné. L’amertume heurte ma demeure affaiblie mordant de son propre dédain la rose affolée. Un vent de colère fouille le buisson. La rose timide livide disgraciée de l’églantier meurt sous les meurtrissures. (Poème publié dans le Progrès du Golfe de Rimouski le 4 mars 1966) |
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# 204 13 janvier 2014 J’aimerais J’aimerais chanter la création sur la lyre des poètes. J’aimerais chanter la vie comme délire de fous. J’aimerais chasser de moi tout tourment inutile. J’aimerais m’élever au rang de messager divin. J’aimerais que volent mes paroles dans les filets de la magnificence. J’aimerais rire des erreurs de la nature. J’aimerais passer au hachoir les horreurs de la vie. J’aimerais balbutier la création sur la lyre des poètes. Je dois me contenter de babiller sur la lyre des sots. (Poème écrit en 1966) |
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# 193 8 janvier 2014 Retard
du printemps pensait qu’il était temps de traverser la mer pour annoncer au loin le retour des nuits pures, des jours ensoleillés et des tendres verdures. Elle s’éloigne donc pour semer le printemps. Tapi dans sa demeure, Éole, dieu des vents, jalouse la touriste et veut rompre sa course. Il tire doucement les cordons de sa bourse. Procné, fort étonné à ce prompt changement, se cache dans les bois pour se pourvoir du vent. Mais le dieu hypocrite enlève la déesse. Les vallées l’attendaient et étaient en liesse. Mais une fois de plus, Éole fut vainqueur. Le printemps fut noyé par ce dieu de malheur. (Poème écrit en 1961) |
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# 177 31 décembre 2013 Bonheur noyé Un instant de bonheur a secoué ma vie poussiéreuse. Un seul instant a transi mes membres argileux. Un bonheur minutieux a nagé jusqu'à moi. Apeuré par les requins poussé par le ressac profané par le plancton. Il a serpenté un nœud visqueux sur les vagues délictueuses. La coquille bronzée déchira sa gemmule. La tigelle éhontée noya la minime graine. Le triste instant de bonheur se perdit dans les flots. |
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# 160 23 décembre 2013 Au présent Le présent file assis sur le passé. Le présent file debout sur l’avenir. Le passé a cessé de bouger. Le présent l’a dépassé. Le présent d’hier est aussi fugitif que celui d’aujourd’hui. Le présent d’hier est aussi fragile que celui de demain. Hier, était le présent. Aujourd’hui, il est passé. Aujourd’hui est le présent. Demain, il sera dépassé. Hier, j’étais. Aujourd’hui, je suis. Demain, je serai. (Poème écrit en 1963) |
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# 146 17 décembre 2013 Un
Noël d’allégresse dans le firmament épanoui. Une neige cristalline pénètre l’air enfumé. En grande pompe les gardiens de la nuit hèlent des bruits mystérieux. Les sirènes éblouissantes envahissent la nuée de leurs accords soporifiques. Des cris des danses des appels voltigent vers le hameau ébloui. Dans ce dédale de clameurs perce un tutti d’airain. Un enfant naît. L’étable étonnée égare ses prunelles. Les trompettes de minuit résonnent d’allégresse. Le hameau crépite du braire de l’âne. Au loin les clameurs redoublent apportant les mélodies du nouveau-né. (Poème publié le 18 décembre 1964 dans le Progrès du Golfe de Rimouski) |
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# 133 11 décembre 2013 Nous sommes là Nous sommes là plus de trois mille qui attendons tout près des grilles le droit de vivre en un refrain la liberté des clairs matins. Nous sommes là pleins d’énergie pleins de désirs et pleins de vie emprisonnés dans cet espace où à jamais rien ne se passe. Nous sommes là comme des robots qui écoutons tous ces propos en espérant matin au soir quitter un jour cet isoloir. Nous sommes là pleins de stupeur tous rassemblés dans la noirceur. Nous attendons en ce cachot la liberté d’un jour nouveau. Quand l’école sera vide La craie aura des rides. (Poème écrit en 1970) |
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# 115 3 décembre 2013 Message
d’un bourreau craignant de voir surgir au milieu de l’azur de cruels animaux ou des bêtes féroces. Le pâle oiseau de nuit, de ses ailes atroces, furtif, volait là-haut guettant le moindre bruit. Doucement, je marchais dans cette épaisse nuit. Doucement, il sortit de la forêt obscure. Il n’était plus soumis aux lois de la nature et son rire strident m’effaroucha soudain. Je voulus reculer, mais il posa sa main sur mon fragile corps ; je devins presque ivre. Doucement, il sortit de son cercueil de givre. Doucement, de lui-même, il redevint vainqueur. Un fin filet de sang jaillissait de son cœur. Le dangereux rebut de ce monde coupable apportait un message à la gent respectable. J’allais baiser son cœur, de son sang me nourrir doucement, du bourreau je perdis souvenir. (Poème écrit en 1961) |
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# 103 27 novembre 2013 Vivre à Montréal Montréal, ma ville. Ce sont les autobus qui aoussent les bixis qui boussent les clochers qui coussent les dragueurs qui doussent les enfants qui eoussent les festivals qui foussent les gais qui goussent les habillements qui houssent les itinérants qui ioussent les jeunes qui joussent les klaxons qui koussent les langues qui loussent les médias qui moussent les noctambules qui noussent les originaux qui ooussent les piétons qui poussent les quémandeurs qui quoussent les revendeurs qui roussent les sirènes qui soussent les touristes qui toussent les urgences qui uoussent les vélos qui voussent les wagons de métro qui woussent les xénophiles ou xénophobes qui xoussent les zinzins qui zoussent. (Poème
écrit en 2013) |
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# 078 15 novembre 2013 Qui vole Qui vole un œuf deviendra un bœuf. Qui vole un pain perdra son gagne-pain. Qui vole du thé perdra la santé. Qui vole un rat deviendra scélérat. Qui vole un veau finira dans le caveau. Qui vole un ours n’aura plus de recours. Qui vole un fou n’aura plus de garde-fou. Qui vole un roi sera transformé en pied-de-roi. Qui vole un pape n’aura plus de soupape. Qui vole un roux subira le courroux. Qui vole un noir passera dans l’entonnoir. Qui vole une rime sera puni de crime. Qui vole du bois ne pourra plus jouer du hautbois. Qui vole un four se perdra au carrefour. Qui vole une cage sera enfermée dans le bocage. Qui vole le vent sera interné au couvent. Qui vole un pied vivra d’arrache-pied. Qui vole un rein ne sera jamais serein. Qui vole un cône sera promu icône. Qui vole un bec est bienvenu au Québec. (Poème
écrit en 2013) |
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# 062 5 novembre 2013 Fin
du cor J’aime le son du cor, le soir au fond des bois, (Alfred de Vigny) Et le regard surpris doucement s’en éclaire ! (Albert Lozeau) Frémissant sous le joug d’une race étrangère, (Octave Crémazie) Loin des toits orgueilleux et des pompeux pavois. (William Chapman)
Ivre de volupté, de tendresse et d’horreur, (Alfred de Musset) Sur l’horizon en feu, son profil se dessine. (Anatole de Ségur) Il plonge lentement jusques à la poitrine (Sully-Prud’homme) Où l’érable sans fin déroule sa splendeur. (Albert Ferland)
En jetant je ne sais quel hoquet d’agonie, (Louis Fréchette) À chercher le soutien d’une mourante vie, (Jean de La Fontaine) Il fuit en galopant et la mine effrayée. (Edmond Rostand)
Et quand de ses bourreaux, l’œuvre fut achevée, (Ernest Legouvé) Un orgue au loin éclate en froides mélopées (Émile Nelligan) Et le désert reprend son immobilité. (Charles Leconte de Lisle) (Poème
écrit en 1975) |
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# 052
27 octobre 2013 Couplets J’éparpille mes énergies Sous le signe de l’euphorie. Je cours après mille désirs. J’attrape mille déplaisirs. II Je suis comme un être sauvage Qui refuse d’entrer en cage Et qui pourtant se croit fort En se tournant vers le confort. III Un jour, j’oserai m’asseoir Dans le bocage de l’espoir. Nous parlerons à mots couverts Dans le giron des sapins verts. IV Je planterai dans ma poitrine De tendres roses sans épines. J’écraserai le macadam Et je m’en ferai une gamme. V Je grimperai vers le soleil Pour y mettre dans ma corbeille Mille flocons en énergie Qui allumeront mes bougies. |
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# 045 18 octobre 2013 Si
l’amour je gravirais la montagne du regret je déploierais mes ailes mutilées je comblerais les fossés d’amertume. Si l’amour m’était prêté je volerais au-dessus de l’espoir je mordrais la cruauté déchaînée j’engloutirais la rancœur humaine. Pourquoi l’amour ne me serait-il pas donné ? Faut-il que mon cœur affaibli glisse sous les pas des portes condamnées ?
Faut-il que mon sang dispersé coule dans un lit froid et rocailleux ?
Faut-il que mes veines vidées comblent une voie sans issue ? Puisque personne ne déifie le défi de l’amour qui sauvera ma vie d’amertume si ce n’est l’amour ? Si, c’est l’amour. Si l’amour. (Poème publié dans le Progrès du Golfe de Rimouski le 27 novembre 1964) |
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# 030 4 octobre 2013
Bolide en émoi
Mon cœur Blindé par un amour secret Dévêt sa cuirasse effilée. Une gouttelette de sang Quitte l’arbre générateur. Le vigoureux liquide Ruisselle Creusant un lit vermeil. De lit en lit, Le liquide serein Court à travers les prés Verts d’un gazon revigoré. Pendant que la terre éclate D’un amour fortuné, Mon cœur s’est ouvert À boire le torrent Au seuil de l’abîme. |
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# 026 1er octobre 2013 Mon
vieux pommier plein de tendresse et de majesté. Te souviens-tu, mon vieux pommier, du dimanche où je suis sorti de la maison dans les bras de ma marraine ? J’avais à peine quelques heures. Tu t’es dit : " En voilà un autre, ça va être encore moins ennuyant ". Te souviens-tu, mon vieux pommier, quand nous jouions à la cachette autour de la maison ? Tu étais heureux quand nous criions cinquante. Jamais nous ne nous sommes blottis derrière toi. Tu le savais que ma mère nous défendait de nous cacher dans le jardin. Te souviens-tu, mon vieux pommier, quand nous partions pour l’école, endimanchés et le cœur à la fête ? Tu nous regardais aller, puis revenir. Tu te disais avec un brin d’envie : "Ils vont devenir plus savants que moi." Te souviens-tu, mon vieux pommier, quand, quelques nuits passant, j’allais recueillir tes pommes blanches juchant le sol à cause du vent ? Tu aurais voulu m’offrir un fruit de tes branches ; mais tu savais que ma mère ne le voulait pas. Te souviens-tu, mon vieux pommier, quand, jouant près de la maison, j’ai perdu ma boule dans le jardin ? Tu as tout vu. Tu savais où elle était tombée. Mais ta discrétion exemplaire t’a empêché de me le dire. Te souviens-tu, mon vieux pommier, quand tu m’as vu arriver en un décembre vêtu d’une longue robe noire et portant un chapeau de feutre noir ? Tu t’es dit : "J’espère qu’on n’a pas changé de curé. Mais, il est trop jeune pour cela." Te souviens-tu, mon vieux pommier, quand, un à un, nous avons quitté le domicile familial ? Tu nous avais vus naître, tu nous avais vus grandir. Lorsque le dernier est parti, tu t’es dit, bon joueur : "Mon amour, ma tendresse pour cette famille aura duré presque 40 ans, les plus belles années de ma vie." À notre départ, mon vieux pommier, tu t’es mis à dépérir. Aujourd’hui, tu as quitté le coin du potager. Tu es dans l’au-delà avec les tiens. Nous, nous gardons un souvenir impérissable de tes fleurs blanches au printemps et de tes juteuses pommes à l’automne. Je te revois encore, mon vieux pommier plein de tendresse et de majesté. (Poème
écrit en 2013) |
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# 018
25 septembre 2013 O neige ! doux parfum d’une blancheur céleste, J’admire le babil de tes flocons dorés, le bruissement léger des rayons argentés, le badinage gai de ton allure leste. O neige ! faux bonnet de la terre funeste, ton chant muet et doux réjouit les cœurs peinés, émeut le tendre esprit des bambins étonnés et rappelle au vieillard son enfance modeste. O neige ! parangon de cette création tes volages flocons chantent à l’unisson, sans flûte ni hautbois, ta splendeur admirable. O neige ! fine fleur dont la vie est d’un jour prolonge sans arrêt ton voyage ineffable et jette dans mon cœur une lueur d’amour. |
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# 001 11 septembre 2013 Charleries Les charleries, ce ne sont pas des filouteries ni des clabauderies. C’est de la jaserie. Les charleries, ce ne sont pas des musarderies ni des bizarreries. C’est de la parlerie. Les charleries, ce ne sont pas des minauderies ni des rôtisseries. C’est de la messagerie. Les charleries, ce ne sont pas des cachotteries ni des ergoteries. C’est de la camaraderie. (Poème écrit en 2013) |
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