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Les charleries

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Ce blogue contient des souvenirs, des anecdotes, des opinions, de la fiction, des bribes d’histoire, des énigmes et des documents d’archives.

Charles-É. Jean

Québécois

# 3415                 30 janvier 2017

 

Mots québécois 

Nous vous présentons 10 mots qui avaient cours autrefois au Québec. Certains de ces mots ont été abandonnés.

 

Accoter

Faire une mise égale à la sienne. « Sois certain que je suis prêt à t’accoter. »

 

Allège

Voiture allège. – Voiture sans charge. « J’ai vu passer le voisin en traîneau. Il était allège. »

 

Amanché

Habillé de mauvais goût. « J’ai rencontré un de mes cousins sur la rue. J’étais étonné de la façon qu’il était amanché. »

 

Amancher

S’organiser. « Amanche-toi pour ne pas perdre ton argent. »

 

Babouner

Bouder. « Quand on ne lui donne pas ce qu’il veut, il baboune. »

 

Étabe

Étable. « Mon père se dirigea vers l’étabe pour soigner ses chevaux. »

 

Faignant

Fainéant. « Arthur est un paresseux. C’est un vrai faignant. »

 

Fêteux

Fêtard. « À la mi-carême, les fêteux faisaient la tournée des maisons. »

 

Grément

• Machine ou appareil qui fonctionne rarement. « Cette faucheuse est un grément. Elle est toujours brisée »

• Personne qui contredit toujours les autres par des paroles ou des actions. « Anna est un moyen grément. Elle cherche toujours la chicane. »

 

Gueuse

Personne coquine. « Petite gueuse, va. Je ne pensais pas que tu me jouerais ce tour. »

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# 3355                 6 janvier 2017

 

Mots québécois 

Nous vous présentons 10 mots qui avaient cours autrefois au Québec. Certains de ces mots ont été abandonnés.

 

Agoucer

Agacer. « Maman, mon ami n’est pas gentil ; il m’agouce. »

 

Anneillère

Vache anneillère – Vache qui ne vêlera pas au printemps. « Les enfants auront du lait tout l’hiver. La Caillette est anneillère. »

 

Atchoumer

Éternuer. « Tu es arrivé ici depuis cinq minutes et tu ne fais qu’atchoumer, »

 

Bacaise

Personne corpulente. « J’ai vu ma cousine à l’église. C’est une bacaise. »

 

Cibouère

Juron provenant de ciboire. « J’étais en cibouère contre lui. »

 

Fardoches

Broussailles. « Son père était en train de bûcher et de couper les fardoches. »

 

Fouler

Fouler le foin – Tasser le foin avec ses pieds. « Le jeune François monta dans la charrette pour fouler. »

 

Greiller (Se)

• S’habiller. « Greille-toi, il faut partir. »

• Se procurer. « Je me suis greillé d’un ordinateur. »

 

Sauvage

Amérindien. « Le Sauvage marchait en avant pour nous montrer le chemin. »

 

Sniquer

Surveiller. « Plutôt que de faire ton travail, tu passes ton temps à me sniquer. »

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# 3290                 11 décembre 2016

 

Mots québécois 

Nous vous présentons 10 mots qui avaient cours autrefois au Québec. Certains de ces mots ont été abandonnés.

 

Achalant

Agaçant, énervant. « Il m’appelle deux fois par jour : c’est un achalant. »

 

Adon

Hasard heureux. « Je ne pensais pas te rencontrer ici, c’est vraiment un adon. »

 

Adonner

Convenir. « Je vous invite à venir souper le soir du jour de l’An. Si ça vous adonne, j’en serais bien content. »

 

Adret

Adroit, habile. « Mon père a construit lui-même son hangar. Il est adret. »

 

Boulé

Fier-à-bras. « Les hommes de ce rang étaient pour la plupart des boulés qui n’avaient peur de rien. »

 

Câlisse

Juron provenant de calice. « Cet homme est un câlisse de fou. »

 

Maigréchine

Très maigre. « Quand mon oncle est revenu des chantiers, il était maigréchine. »

 

Pacage

Pâturage. « Mon jeune fils est allé mener les vaches au pacage dans le clos du nord. »

 

Paire

Pis de la vache. « Le paire de la Caillette a dû être lavé car il était plein de boue. »

 

Vase

Boue. « Le petit Raoul est tombé tête première dans la vase. »

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# 3230                 17 novembre 2016

 

Mots québécois 

Nous vous présentons 10 mots qui avaient cours autrefois au Québec. Certains de ces mots ont été abandonnés.

 

Abrier

Protéger. « Je suis certain qu’il ment pour abrier son ami. »

 

Accoter

Vivre en concubinage. « Étienne n’est pas marié ; il est accoté avec ma meilleure amie. »

 

Accroire

Mensonge. « Pour se disculper, elle lui a fait des accroires. »

 

Ach’fer

Achever. « J’ai appris les leçons et mon devoir est ach’fé. »

 

Bouette

Boue. « Cet enfant passe son temps à jouer dans la bouette. »

 

Candog

Pic muni d’un crochet, appelé gaffe. « Avec son candog, Jos ramenait les billots au centre de la rivière. »

 

Picerine

Liqueur aux fruits faite à la maison. « En arrivant de l’école, un verre de picerine nous attendait. »

 

Scouard

Orages mêlés de vents violents. « Les enfants, entrez dans la maison, un scouard s’en vient. »

 

Tauraille

Taure. « Les taurailles passent l’été dans le clos de la montagne. »

 

Vailloche

Tas de foin ou de gerbes de blé, appelé veillottes. « Avant la pluie, mon père m’a demandé de mettre le foin en vailloches. »

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# 3130                 8 octobre 2016

 

Charles-Émile Gadbois (1906-1981)

Charles-Émile Gadbois est né le 1er juin 1906 à Saint-Barnabé-Sud, près de Saint-Hyacinthe. Son père est propriétaire du magasin général et maire de la municipalité de 1917 à 1925.

 

Dès l’âge de huit ans, il est initié au piano. Plus tard, il se procure un violon. Chez les Gadbois, les veillées en famille se font souvent dans le chant. Il est ordonné prêtre en 1930. Il enseigne le chant et la musique au Séminaire de Saint-Hyacinthe où il dirige la fanfare et l’orchestre.

 

Suite à un appel de Mgr Camille Roy visant à promouvoir la chanson québécoise, il décide d’y consacrer ses talents. Il commence par recueillir des chansons françaises qui peuvent être interprétées au Québec, sans craindre la censure du clergé. Il en compose de nouvelles en s’appuyant sur la vie des gens au quotidien.

 

En 1937, il commence la publication de chansons feuille par feuille en les faisant interpréter par les élèves du Séminaire de Saint-Hyacinthe. Quinze ans plus tard, il aura publié 500 chansons dans neuf albums sous le titre La Bonne Chanson. À l’époque, ces albums se retrouvent dans plusieurs foyers et dans plusieurs écoles, autant au Québec qu’ailleurs en Amérique du Nord. Trente millions d’albums seront vendus : un succès littéraire hors du commun dans un Québec dont la population est un peu plus de trois millions d’habitants.

 

En 1939, RCA Victor commence la production de 78 tours avec les chansons de l’abbé Gadbois. La compagnie met sur le marché plus de 70 disques consacrés à La Bonne Chanson. En 1939-1941, la radio de Radio-Canada diffuse Le quart d’heure de la bonne chanson. CKAC prend la relève jusqu’en 1952. L’abbé Gadbois poursuit sa mission en organisant des festivals, des concours et des congrès dont le but est de promouvoir la chanson québécoise.

 

L’évêque de Saint-Hyacinthe n’apprécie pas qu’un de ses prêtres se lance dans des activités lucratives. De plus, il est en désaccord avec certaines paroles de chansons qui ne correspondent pas à la doctrine de l’Église en matière de sexualité. Plus encore, en 1953, l’évêque apprend que l’abbé Gadbois a fondé une station radiophonique : CJMS dont le sigle est mis pour « Canada : Je me souviens ». Même si cette station est dédiée à la famille catholique qui chante et qui prie ensemble, c’en est trop.

 

Voici ce qu’écrit l’abbé Gadbois à ce sujet : « Après beaucoup de fatigues, d'inquiétudes et de tracas surtout financiers, comme La Bonne Chanson et le poste CJMS avaient tendance à devenir des entreprises un peu trop commerciales, Son Excellence Mgr Arthur Douville, au printemps de 1955 me demande de cesser toutes mes activités à La Bonne Chanson et au poste CJMS, et de lui donner tous mes biens meubles et immeubles sans exception, c'est-à-dire une valeur que j'estimais à 300 000 $ (soit environ 2 750 000 $ en 2016). C'était là la plus grande épreuve de ma vie. »

 

Incroyable, mais vrai. L’abbé Gadbois qui a alors 49 ans est nommé vicaire d’une paroisse, puis aumônier dans une école secondaire. En 1966, alors qu’il est gravement malade, une de ses sœurs qui est religieuse doit obtenir la permission du Vatican pour s’en occuper. Il décède le 24 mai 1981. En 1997, Postes Canada émet un timbre à son effigie.

 

Un biographe a écrit : « L'abbé Gadbois était donc, dans ses attitudes, à contre-courant de la majorité des membres du clergé de l'époque ... et de tous leurs sévères dirigeants ... qui étaient particulièrement obnubilés par tout ce qui pouvait évoquer la sexualité, y compris par toute marque d'affection. Les succès, la popularité et l'ouverture d'esprit de ce prêtre Gadbois, en cette époque de catholicisme outrancier au Québec, tout cela concourait à lui attirer un jour, et à jamais, les foudres ecclésiastiques. » 

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# 3060                 10 septembre 2016

 

Mots québécois : Fréchette (14)

Louis-Honoré Fréchette est le premier canadien à remporter un prix de l’Académie française. Voici 10 mots québécois tirés de La Noël au Canada de cet auteur aux Éditions Fides, 1980 :

 

Accoter

Égaler, tenir tête. « Mais faut craire aussi que le Sauvageau était pas loin de l’accoter. » (p. 151)

 

Brosse

Saoulerie. « Et le moulin tournait toujours, la partie de dames s’arrêtait pas ! et la brosse allait son train. » (p. 153)

 

Cisagrappe

Cerise à grappes. « Hubert ! insista-t-il la bouche empâtée comme un homme qu’a trop mangé de cisagrappes, dis-moi donc d’où c’que d’sort ce chien-là ! » (p. 156)

 

Guevale

Jument. « Merci, j’ai ma guevale, répondit Joachim Crête. » (p. 152)

 

Ébaroui

Étonné. « Mais les verres étaient à peine vidés que les deux se mirent à se regarder tout ébarouis. » (p. 154)

 

Éteindu

Éteint. « Le fanal, qu’il avait dans la main, était éteindu mort comme de raison ; de sorte qu’y faisait noir comme chez le loup. » (p. 155)

 

Raculons (De)

Reculons (De). « Y se mit à manœuvrer de façon à se réfugier tout doucement et de raculons entre la table et la couchette, tout en perdant le chien de vue. » (p. 156)

 

Revirer (Se)

Retourner (Se). « Joachim Crête, tout surpris, se revire en mettant son tombleur sus la table, et reste figé, les yeux grands comme des piastres françaises et les cheveux drets sus la tête. » (p. 155)

 

Sacre

Diable. « Allez au sacre ! et laissez-nous tranquilles ! » (p. 153)

 

Sieau

Seau. « J’me suis fendu l’oreille sus le bord d’un sieau. » (p. 158)

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# 3020                 25 août 2016

 

Mots québécois : Fréchette (13)

Louis-Honoré Fréchette est le premier canadien à remporter un prix de l’Académie française. Voici 10 mots québécois tirés de La Noël au Canada de cet auteur aux Éditions Fides, 1980 :

 

Assire

Asseoir. « C’était Hubert Sauvageau qu’entrait, et qu’allait s’assire dans un coin. » (p. 152)

 

Berlot

Voiture d’hiver. « Si tu veux une place dans mon berlot pour aller à la messe de Mênuit, gêne-toi pas. » (p. 152)

 

Bougon

Pipe à tuyau court. « C’était Hubert Sauvageau qu’entrait, et qu’allait s’assire dans un coin, en allumant son bougon. » (p. 152)

 

Cavalier

Prétendant. « Elle a une vingtaine de cavaliers autour d’elle tous les dimanches que le bon Dieu amène. » (p. 147)

 

Corporence

Corpulence. « Jamais on voyait sa corporence à la messe. » (p. 151)

 

Craire

Croire. « Mais faut craire aussi que le Sauvageau était pas loin de l’accoter. » (p. 151)

 

Crochir

Devenir croche, courber. « J’aperçus, accroupi sus le perron de la chapelle, un pauvre quêteux qu’avait le poignet tout crochi. » (p. 146)

 

Farauder

Faire la cour à une fille. « Tout piteux d’avoir si mal réussi à mettre le bon Dieu en cache, y profitit même de l’occasion pour … aller farauder les créatures. (p. 146)

 

Publier

Mettre les bans en vue d’un mariage. « Y paraît qu’a va publier la semaine qui vient. » (p. 147)

 

Ravaud

Bruit, tapage. « C’est pas drôle d’avoir un mari qui se vire en bête tous les soirs pour aller faire le ravaud le long des chemins, dans les bois, on sait pas où. » (p. 148)

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# 2960                 15 juillet 2016

 

Mots québécois : Fréchette (12)

Louis-Honoré Fréchette est le premier canadien à remporter un prix de l’Académie française. Voici 10 mots québécois tirés de La Noël au Canada de cet auteur aux Éditions Fides, 1980 :

 

Avarie

Perte, malheur. « On passait pas encore un trop mauvais hiver, grâce à une avarie qu’arriva à un de nous autres, la veille de Noël au soir. » (p. 137)

 

Barauder

Aller d’un côté à l’autre. « Je baraudais sur mes jambes. » (p. 140)

 

Bavasser

Bavarder. « M’as-tu jamais vu bavasser ? que je réponds. » (p. 139)

 

Bitter

Surpasser. « J’ai encore jamais rien vu pour bitter le faubourg des Quat’-Bâtons à Trois-Rivières. » (p. 141)

 

Fortiller

Tortiller. « Le manche de ma grand-hache me fortillait tellement dans les mains que je manquis la ligne par deux fois de suite. » (p. 140)

 

Fun

Plaisir. « Le jour de Noël, c’est une journée de fun. » (p. 142)

 

Maigrechigne

Très maigre. « C’était une vraie curiosité, les enfants, de voir ce petit maigrechigne qu’avait l’air d’un maringouin. » (p. 145)

 

Quins

Tiens. « Quins ! c’est rien que pour le fun. » (p. 142)

 

Rôdeuse

Marque de superlatif. « Vous allez voir ça, père Jos, si on en dévide une rôdeuse de messe de Mênuit. » (p. 143)

 

Trâlée

Groupe. « Y a toujours une trâlée de créatures qui se rassemblent là pour danser. » (p. 140)

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# 2925                 1er juillet 2016

Ô Canada

Le 24 juin 1880, fête de la Saint-Jean-Baptiste, fut présenté en grandes pompes à Québec le chant patriotique des Canadiens français. À cette époque, on ne se définissait pas comme Québécois, mais comme Canadien. Ce chant était intitulé Ô Canada. Il avait été commandé par le comité organisateur d’une grande manifestation patriotique patronnée par les sociétés Saint-Jean-Baptiste qui visait à mettre en valeur les origines culturelles des francophones. Le texte a été composé par le juge Adolphe-Basile Routhier et la musique, par Calixa Lavallée.

 

Ce chant patriotique qui appartenait à la nation québécoise a été présenté comme hymne national du Canada en 1939 lors de la visite du roi Georges VI à Ottawa. Il a été adopté officiellement le 1er juillet 1980 par le Parlement canadien.

 

Voici les paroles de la version originale du juge Routhier, notamment pour ceux qui ne l’auraient jamais lu :

 

Ô Canada ! Terre de nos aïeux,

Ton front est ceint de fleurons glorieux !

Car ton bras sait porter l'épée,

Il sait porter la croix !

Ton histoire est une épopée

Des plus brillants exploits.

Et ta valeur, de foi trempée,

Protégera nos foyers et nos droits,

Protégera nos foyers et nos droits.

 

Sous l'œil de Dieu, près du fleuve géant,

Le Canadien grandit en espérant.

Il est né d'une race fière,

Béni fut son berceau.

Le ciel a marqué sa carrière

Dans ce monde nouveau.

Toujours guidé par sa lumière,

Il gardera l'honneur de son drapeau,

Il gardera l'honneur de son drapeau.

 

De son patron, précurseur du vrai Dieu,

Il porte au front l'auréole de feu.

Ennemi de la tyrannie

Mais plein de loyauté,

Il veut garder dans l'harmonie,

Sa fière liberté.

Et par l'effort de son génie,

Sur notre sol asseoir la vérité,

Sur notre sol asseoir la vérité.

 

Amour sacré du trône et de l'autel,

Remplis nos cœurs de ton souffle immortel !

Parmi les races étrangères,

Notre guide est la loi :

Sachons être un peuple de frères,

Sous le joug de la foi.

Et répétons, comme nos pères,

Le cri vainqueur : « Pour le Christ et le roi ! »

Le cri vainqueur : « Pour le Christ et le roi ! ».

 

Un autre symbole, la feuille d’érable, qui ornait le drapeau des Patriotes dans les années 1830 s’est retrouvé sur le drapeau canadien. Le Québec a été spolié de son hymne national et de sa feuille d’érable. C’est un peu gênant de fêter le Canada le 1er juillet quand on « porte » les symboles d’une autre nation. D’ailleurs, le 1er juillet n’a jamais été proclamé fête nationale du Canada, mais bien fête du Canada.

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# 2905                 23 juin 2016

Fête nationale du Québec

Le 8 mars 1834, le journaliste Ludger Duvernay fonde la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJBM) sous le nom initial de « Aide-toi et le ciel t'aidera ». Le premier geste d’importance de Duvernay est d’organiser un banquet. La date choisie est le 24 juin 1834. Pourquoi cette date ? Dans l’Église catholique, le 24 juin commémore la naissance de Jean Le Baptiste, celui là même qui a baptisé le Christ dans le Jourdain.

 

Le banquet a lieu dans les jardins de l'avocat John McDonald où sera bâtie plus tard la gare Windsor. Une soixantaine de personnes assiste à ce banquet. On peut nommer Jacques Viger, alors maire de Montréal, Louis-Hippolyte Lafontaine, Thomas Brown, Édouard Rodier, George-Étienne Cartier et le Dr Edmund O'Callaghan. Louis-Joseph Papineau est absent, étant en tournée électorale. Sa femme Julie Bruneau dit Papineau le représente.

 

Dans son livre Le Roman de Julie Papineau (p. 257-261), Micheline Lachance décrit le déroulement de ce banquet historique. Ce livre étant une biographie romancée, il est fort probable que les faits ne se sont pas passés exactement comme ils sont décrits. Toutefois, on se sent comme présent au banquet. Je vous en livre quelques extraits.

 

« Les élégants invités papillonnaient autour des tables dressées dans les jardins en essayant de repérer leur nom inscrit sur le petit carton placé devant chaque couvert. Julie fut naturellement appelée à se joindre au maire qui occupait la table d’honneur, en compagnie de son vice-président, le jeune Georges-Étienne Cartier, et de Luger Duvernay, leur hôte. On avait prévu une place pour l’évêque, mais monseigneur Lartigue, qui ne tenait pas à s’afficher avec les patriotes, avait décliné l’invitation. »

 

« Plus que jamais donc, le vent patriotique soufflait dans les jardins de l’avocat écossais McDonald dont la mère, une Picoté de Bélestre, venait de l’une des grandes familles françaises. Derrière la table d’honneur, les organisateurs avaient suspendu une banderole sur laquelle on pouvait lire : Espérance, patrie, union. Au centre sur la nappe blanche, le drapeau des patriotes, vert, blanc, rouge, était entouré de feuilles d’érables placées en cercle. »

 

Pendant le repas, des toasts furent portés aux organisateurs de la fête, au Parti patriote, aux États-Unis, à l'Irlande et aux Quatre-vingt-douze résolutions. Julie Papineau surprit les invités en clamant son patriotisme « comme un homme ». Elle déclara entre autres en parlant des Britanniques: « Je suis convaincue de leur haine et de leur mauvaise humeur à notre égard. La métropole (Londres) ne nous concédera rien à moins d’y être forcée. Ce que nous (les Canadiens français) obtiendrons nous sera toujours accordé comme un privilège et non comme un droit. » Elle conclut en disant qu’il faudra obtenir par la force ce qu’on nous refuse autrement. Pour une femme de l’époque, ce discours était hors norme.

 

À la fin, George-Étienne Cartier, qui avait à peine 20 ans et qui n’était pas encore avocat, surprit aussi les invités en leur annonçant qu’il allait interpréter une chanson de son cru, intitulée Ô Canada, mon pays, mes amours. Voici un extrait :

 

« Comme le dit un vieil adage
Rien n'est plus beau que son pays
Et de le chanter c'est l'usage
Le mien je chante à mes amis.


L'étranger voit avec un œil d'envie
Du Saint-Laurent le majestueux cours
À son aspect, le Canadien s'écrie :
« O Canada, mon pays, mes amours »

En 1922, le 24 juin, jour de la Saint-Jean-Baptiste, est devenu un jour férié au Québec. En 1977, il est devenu la Fête nationale du Québec.

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# 2710              29 mars 2016

Mots québécois : Fréchette (11)

Louis-Honoré Fréchette est le premier canadien à remporter un prix de l’Académie française. En 1899, il publia La Noël au Canada, un recueil de 14 contes parmi ses meilleurs. On y retrouve : Le violon de Santa Claus, Tempête d’hiver, Le fer à cheval, Tom Caribou, Le loup-garou.

 

Voici 10 mots québécois tirés de La Noël au Canada de Louis Fréchette aux Éditions Fides, 1980 :

 

Crignasse

Chevelure. « La crignasse y avait blanchi de peur. » (p. 133)

 

Estèque

Civière. « On afistole une estèque avec des branches, et pi on couche mon homme dessus. » (p. 133)

 

Flasque

Flacon. « Le soir, en cachette, il grimpait dans le merisier pour aller emplir son flasque. » (p. 135)

 

Galvaudeux

Vagabond mal faisant. « Le boss m’avait accouplé avec une espèce de galvaudeux. » (p. 138)

 

Licher

Lècher. « La vieille (ourse) s’était d’abord licher les babines en reniflant. » (p. 135)

 

Malvat

Garnement. « Le malvat avait vieilli au point que j’avions de la misère à le reconnaître. » (p. 133)

 

Rôdeux

Marque de superlatif. «  C’était mon Tom Caribou, sans connaissance, qui venait s’élonger en plein travers de l’ourse … avec un rôdeux de coup de griffe. » (p. 133)

 

Roffe

Dur, brutal. « Quoique les voyageurs de Trois-Rivières soient un peu …  roffes. » (p. 137)

 

Timber

Tomber. «  La bête pousse un grognement … et timbe sus le dos les reins cassés. » (p. 133)

 

Vingueuse

Juron. « C’était pas croyable, mais la vingueuse de bête sentait la boisson. » (p. 133)

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# 2665              7 mars 2016

La petite littérature

Victor-Lévy Beaulieu qui est un auteur très prolifique a écrit Manuel de la petite littérature du Québec, un livre de 520 pages. Ce qu’il appelle la petite littérature, c’est l’ensemble des ouvrages écrits le plus souvent par des personnes inconnues des milieux littéraires et qui traitent des grandeurs et des misères des gens ordinaires.

 

Dans cet ouvrage, l’auteur donne son point de vue sur les monographies de paroisse. Il cite de nombreux textes sur des sujets divers comme l’agriculture, la déforesterie, l’alcool, les maladies et la religion avec ses sermons et ses excès de piété. Dans la présentation du livre, l’éditeur Boréal écrit : « Ce Manuel de la petite littérature du Québec, paru à l’origine en 1974, constitue un véritable panorama de la souffrance, de la dérision et du désespoir collectif. »

 

L’auteur montre le portrait d’une société dominée par une grande noirceur qui a « étouffé des générations de Québécois ». Il cite en exemple « le culte débridé des saints, des mystiques, des illuminés et des infirmes ». Il fait un clin d’œil à des poètes obscurs qui placent la religion au-dessus de tout. Il qualifie le Québec de « p’tit monde rétréci, replié sur lui-même et sur ses phantasmes ».

 

Ce livre d’un grand intérêt a été réédité en 2012.

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# 2615              9 février 2016

Philippe-Aubert de Gaspé (1786-1871)

Dans l’article 1915, j’ai présenté Philippe-Aubert de Gaspé et ses œuvres. Pour vous faire penser de lire ses deux livres majeurs, si ce n’est pas déjà fait, je vous livre la critique de L. M. Darveau, dans Nos hommes de lettres, en 1873.

 

« Parlons d'abord des Anciens Canadiens. C'est un roman sans aucune des prétentions du romantisme, mais simplement calqué sur notre histoire nationale et, les mœurs canadiennes du dernier siècle. Ce livre renferme plusieurs anecdotes légendaires et entremêlées de beaucoup de traditions de familles. C'est une peinture correcte, vive et animée, bien que très naturelle, de ce bon vieux temps où les mœurs et les usages avaient encore quelque chose de patriarcal.

Ce qui ajoute encore à la valeur de ce livre déjà si intéressant sous tant de rapports, ce sont les quelques soixante pages de Notes et éclaircissements qui, publiées à la fin du volume, deviennent pour le lecteur avide de renseignements historiques, une source de matériaux aussi curieux qu'instructifs. Plusieurs points d'histoire jusqu'alors obscurs, y sont éclaircis on expliqués d'une manière aussi lucide que savante.

Cet excellent ouvrage a été traduit en anglais, et méritait certainement à bon droit de l'être.

Les Mémoires de De Gaspé sont certes bien différents de ceux de Saint-Simon. Notre illustre compatriote était d'abord et, avant tout, Canadien, par le style et par les sentiments. On rechercherait donc, inutilement dans son livre la moindre allusion à scandale comme on en rencontre si souvent dans les Mémoires de la plupart des écrivains d'outre-mer. De Gaspé se montre dans son livre, un conteur aimable, sans prétention aucune. Il fait du lecteur son ami, son compagnon de causerie, le confident de ses souvenirs joyeux ou tristes, de ses regrets et de ses espérances. Le but de ses Mémoires n'est pas de mordre ou de déprécier la vie privée de ceux qui sont en cause, comme tant d'écrivains ont la manie ou plutôt la méchanceté de le faire. Sa plume n'a pas de fiel ; elle court librement et sans arrière-pensée. Il écrit, non pas pour faire parler de lui comme écrivain, mais pour sauver de l'oubli ; ce que lui, le seul survivant peut-être d'une triste et glorieuse époque, a pu voir et juger. Il raconte, avec esprit et bonhomie. Ce n'est pas un critique acerbe, mais un causeur bienveillant, qui laisse tomber avec finesse, avec bonté ; un à un, ses nombreux et intéressants souvenirs:

Alphonse Karr a dit, un jour, que s’il avait la main pleine de vérités, il ne voudrait pas l'ouvrir. De Gaspé s'est montré moins difficile et plus prodigue. Il possédait des trésors de souvenirs : il les a répandus à profusion, et ses compatriotes se sont empressés de les recueillir et les conserveront avec respect et admiration.

Les Anciens Canadiens et les Mémoires sont deux ouvrages que l'on lit avec plaisir et profit. Il y a du La Fontaine dans la manière de raconter de De Gaspé. » (Fin du texte cité)

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# 2520              28 octobre 2015

Mots québécois : Fréchette (10)

Louis-Honoré Fréchette est né à Lévis le 16 novembre 1839. Il est le fils de Louis-Marthe Fréchette et de Marguerite Martineau. Avocat de profession, il fut journaliste et traducteur. Il fut député de Lévis à Ottawa de 1874 à 1878. Il a écrit des poèmes, des contes et nouvelles, des pièces de théâtre, des pamphlets et des chroniques historiques. Il est le premier canadien à remporter un prix de l’Académie française.

 

En 1899, il publia La Noël au Canada, un recueil de 14 contes parmi ses meilleurs. On y retrouve : Le violon de Santa Claus, Tempête d’hiver, Le fer à cheval, Tom Caribou, Le loup-garou.

 

Voici 10 mots québécois tirés de La Noël au Canada de Louis Fréchette aux Éditions Fides, 1980 :

 

Agrès

Accessoires. « Les agrès de l’autel reluisaient pas assez pour nous éborgner. » (p. 130)

 

Barguiner

Marchander. « Y avait pas à barguiner, comme on dit. » (p. 133)

 

Bourdignon

Morceau de glace qui sort du sol. « Je filions, …, sans rencontrer tant seulement un bourdignon ni une craque pour interboliser la manœuvre. » (p. 130)

 

Cheniquer

Céder, se dérober. « Jos Violon est pas un homme pour cheniquer devant une crêpe à virer. » (p. 132)

 

Craque

Fissure, fente. « Je filions, …, sans rencontrer tant seulement un bourdignon ni une craque pour interboliser la manœuvre. » (p. 130)

 

Fronder

Donner avec force. « … en frondant un coup de poing à se plitter les jointures sur la table de la cambuse. » (p. 129)

 

Gorlot

Grelot. Je me retournais pour voir venir un trotteur « avec sa paire de clochettes pendues au collier, ou sa bande de gorlots. » (p. 130)

 

Marabout

Individu irascible. « C’était pas l’absence d’un marabout pareil qui pouvait faire manquer la cérémonie. » (p. 129)

 

Moiquié

Moitié. « Nous v’là partis … avec chacun son petit sac de provisions sur l’épaule, et la moiquié d’une torquette de travers dans le gouleron. » (p. 130)

 

Vlimeux

Rusé, hypocrite. « J’crois que si le vlimeux avait pas eu honte, y revirait de bord pour se sauver à la maison. » (p. 132)

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# 2370              29 juillet 2015

Mots québécois : Fréchette (9)

Louis-Honoré Fréchette est né à Lévis le 16 novembre 1839. Il est le fils de Louis-Marthe Fréchette et de Marguerite Martineau. Avocat de profession, il fut journaliste et traducteur. Il fut député de Lévis à Ottawa de 1874 à 1878. Il a écrit des poèmes, des contes et nouvelles, des pièces de théâtre, des pamphlets et des chroniques historiques. Il est le premier canadien à remporter un prix de l’Académie française.

 

En 1899, il publia La Noël au Canada, un recueil de 14 contes parmi ses meilleurs. On y retrouve : Le violon de Santa Claus, Tempête d’hiver, Le fer à cheval, Tom Caribou, Le loup-garou.

 

Voici 10 mots québécois tirés de La Noël au Canada de Louis Fréchette aux Éditions Fides, 1980 :

 

Balustre

Ronger des balustres - Fréquenter l’église assidument. « Malgré qu’on n’attrape pas des crampes aux mâchoires à ronger les balustres. » (p. 129)

 

Cage

Ensemble de billots liés ensemble pour leur faire descendre un cours d’eau. « On passe pas six mois dans le bois et pi six mois sus les cages sans être un petit brin slack sus la religion. » (p. 129)

 

Crigne

Crinière. « Je me retournais pour voir … venir derrière nous autres queuque beau petit trotteur … la crigne au vent. » (p. 130)

 

Escandaliser

Scandaliser. « On a beau pas invictimer les saints, et pi escandaliser le bon Dieu à cœur de jour, comme Tom Caribou, … » (p. 129)

 

Fionner

Faire avec soin. « La messe de Minuit ne … fut pas fionnée comme les cérémonies de Monseigneur. » (p. 130)

 

Gricher

Grincer. « Vous irez tout seuls, … dit Tom Caribou, avec un chapelet de blasphèmes à faire gricher les cheveux. » (p. 129)

 

Imite

Limite. « Mais y a toujours des imites pour être des pas grand-chose, pas vrai ! » (p. 129)

 

Interboliser

Bloquer. « Je filions, …, sans rencontrer tant seulement un bourdignon ni une craque pour interboliser la manœuvre. » (p. 130)

 

Slack

Moins strict, moins rigide. « On passe pas six mois dans le bois et pi six mois sus les cages sans être un petit brin slack sus la religion. » (p. 129)

 

Torquette

Chique de tabac. « Nous v’là partis … avec chacun son petit sac de provisions sur l’épaule, et la moiquié d’une torquette de travers dans le gouleron. » (p. 130)

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# 2325              20 juillet 2015

L'alcool : le vice des vices

L’année 1914 marque le début de la Première guerre mondiale. Comment se comportaient les soldats canadiens à cette époque ? Annie Mathieu, dans Le Soleil du 14 juin 2014, nous l’apprend.

 

« Depuis le départ des dernières troupes militaires régulières anglaises, jamais on n'avait vu autant de militaires dans nos rues. Malheureusement, si leur passage est pour nos marchands et nos cochers une aubaine, elle permet aussi à une certaine classe de trafiquants de se tailler des profits déplorables, surtout dans les circonstances. Quoique le plus grand nombre de nos militaires aient une tenue irréprochable, il en est encore trop qui, pour tromper les ennuis d'un état dont ils ne comprennent peut-être pas assez la grandeur, cèdent aux attraits faciles de la buvette, et y cherchent les distractions qu'ils croient ne pas pouvoir trouver ailleurs.

 

Le résultat, c'est que si les buvetiers font des affaires d'or, quand tout le monde se plaint et, avec raison, de la cherté de la vie, nos rues sont souvent le spectacle de scènes plus ou moins édifiantes lorsque des militaires avinés en font le théâtre de leurs exploits », dénonce Jules Dorion, le directeur du journal catholique de Québec, L'Action sociale, dans une chronique datée du 2 septembre 1914.

 

« À Valcartier et comme dans tous les camps d'entraînement, la vente et la consommation d'alcool sont interdites. C'est d'ailleurs un des premiers gestes posés par le ministre de la Milice, Sam Hughes, à son arrivée en poste en 1911. À Québec, les tenanciers de bars ont déjà l'ordre de cesser de servir du précieux liquide aux soldats en permission lorsque l'horloge annonce 20 heures. Mais le journaliste se questionne à savoir si le Canada doit davantage serrer la vis et prendre exemple de la Grande-Bretagne, qui a carrément interdit aux soldats anglais en France l'accès aux débits de boisson.

 

Quelques jours après la chronique de Jules Dorion, soit le 9 septembre, les autorités annoncent la création d'une patrouille militaire, formée pour protéger les rues de Québec des soldats en boisson. Le lendemain, 35 recrues sont d'ailleurs traduites au correctionnel pour ivresse sur la voie publique. » (Fin du texte cité)

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# 2230              17 juin 2015

Mots québécois : Fréchette (8)

Louis-Honoré Fréchette est né à Lévis le 16 novembre 1839. Il est le fils de Louis-Marthe Fréchette et de Marguerite Martineau. Avocat de profession, il fut journaliste et traducteur. Il fut député de Lévis à Ottawa de 1874 à 1878. Il a écrit des poèmes, des contes et nouvelles, des pièces de théâtre, des pamphlets et des chroniques historiques. Il est le premier canadien à remporter un prix de l’Académie française.

 

En 1899, il publia La Noël au Canada, un recueil de 14 contes parmi ses meilleurs. On y retrouve : Le violon de Santa Claus, Tempête d’hiver, Le fer à cheval, Tom Caribou, Le loup-garou.

 

Voici 10 mots québécois tirés de La Noël au Canada de Louis Fréchette aux Éditions Fides, 1980 :

 

Batêche

Juron dérivé de baptême. « Batêche ! qu’on dit, on voit pas souvent d’enfants-Jésus dans les chantiers. » (p. 129)

 

Cambuse

Abri dans un camp de bûcherons. « … en frondant un coup de poing à se plitter les jointures sur la table de la cambuse. » (p. 129)

 

Chantier

Lieu on bûche du bois dans une forêt. « J’arrivions à la fin du mois de décembre, …, quand une autre escouade qui faisait chantier pour le même bourgeois, …, nous firent demander. » (p. 128)

 

Enfant-Jésus

Personne ayant une conduite exemplaire. « Batêche ! qu’on dit, on voit pas souvent d’enfants-Jésus dans les chantiers. » (p. 129)

 

Gouleron

Goulot. « Nous v’là partis … avec chacun son petit sac de provisions sur l’épaule, et la moiquié d’une torquette de travers dans le gouleron. » (p. 130)

 

Invictimer

Injurier, invectiver. « On a beau pas invictimer les saints, et pi escandaliser le bon Dieu à cœur de jour, comme Tom Caribou, … » (p. 129)

 

Mênuit

Minuit.  « Ils nous firent demander que si on voulait assister à la messe de Mênuit, j’avions qu’à les rejoindre. » (p. 128)

 

R’souder

Arriver. « Vu qu’un missionnaire qui r’soudait de chez les sauvages de Nipissingue serait là pour nous … chanter la messe. » (p. 129)

 

Splitter

Briser. « … en frondant un coup de poing à se plitter les jointures sur la table de la cambuse. » (p. 129)

 

Sus

Sur. « On passe pas six mois dans le bois et pi six mois sus les cages sans être un petit brin slack sus la religion. » (p. 129)

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# 2035             1 mai 2015

Hélène Boullé (1598-1654)

On entend très peu parler d’Hélène Boullé. Pourtant, elle a été la première dame parce qu’elle était l’épouse du fondateur de Québec.

 

Elle est née en 1598 à Paris de parents calvinistes. À 12 ans, on la marie à Samuel de Champlain qui a 46 ans. À 14 ans, elle embrasse la religion catholique. En 1620, elle accompagne son mari en Nouvelle-France, mais n’aime pas la vie dans ces contrées sauvages et fréquentent peu les premières femmes du pays. Après quatre ans, elle retourne en France. En 1645, elle entre chez les Ursulines qu’elle quitte pour fonder un monastère.

 

Voici ce que dit d’elle l’abbé J. G. Gélinas en 1917 dans ses Causeries historiques pour les petites de chez nous.

 

« Il y avait déjà longtemps que les Français avaient traversé la mer pour venir coloniser et civiliser notre pays, au profit de l'Église et de la France, quand Hélène Boullé, épouse de Champlain, arriva à Québec. Québec où il y a aujourd'hui tant de beau monde, ne possédait alors que quatre femmes françaises : Marie Rollet, épouse de Louis Hébert, le premier cultivateur du Canada, Marguerite Lesage, Françoise et Marguerite Langlois.

 

Ce n'était pas là, vous le voyez, une société très variée, ni très étendue pour Madame de Champlain. Et, si l'on songe que les choses souvent les plus nécessaires manquaient, que les Iroquois n'aimaient pas les Français, qu'ils les eussent même mangés volontiers, on comprendra que la vie à Québec, en 1620, n'était pas rose.

 

Cependant Madame de Champlain mit tous les dons qu'elle avait reçus de Dieu au service de la religion. Elle apprit la langue algonquine et alla dans les cabanes catéchiser les pauvres sauvages et leur apprendre à prier. Et les sauvages qui n'avaient jamais rien vu de si beau, ni de si bon que Madame de Champlain, voulaient l'adorer. Ce qui ne contribuait pas peu à exciter leur admiration, c'était un petit miroir qu'elle portait à sa ceinture et dans lequel les sauvages pouvaient s'apercevoir.

 

Remarquez-vous, mes petites amies, comme cette grande dame qui venait de Paris, qui était riche et belle, puis avait pour époux M. de Champlain, le fondateur de Québec, se préoccupait avant tout de faire du bien autour d'elle ? Les sauvages, vous le devinez bien, n'étaient pas toujours tirés à quatre épingles, ils sentaient mauvais ordinairement, ils étaient grossiers. Mais Madame de Champlain voulait sauver leurs âmes et elle ne voyait que leurs âmes à travers leurs misères.

 

Elle retourna en France ; et quand M. de Champlain fut décédé, Hélène Boullé se fit religieuse ursuline. Elle mourut le 20 décembre 1654, à l’âge de cinquante-six ans. » (Fin du texte cité)

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# 1960             16 avril 2015

Mots québécois : Fréchette (7)

Louis-Honoré Fréchette est né à Lévis le 16 novembre 1839. Il est le fils de Louis-Marthe Fréchette et de Marguerite Martineau. Avocat de profession, il fut journaliste et traducteur. Il fut député de Lévis à Ottawa de 1874 à 1878. Il a écrit des poèmes, des contes et nouvelles, des pièces de théâtre, des pamphlets et des chroniques historiques. Il est le premier canadien à remporter un prix de l’Académie française.

 

En 1899, il publia La Noël au Canada, un recueil de 14 contes parmi ses meilleurs. On y retrouve : Le violon de Santa Claus, Tempête d’hiver, Le fer à cheval, Tom Caribou, Le loup-garou.

 

Voici 10 mots québécois tirés de La Noël au Canada de Louis Fréchette aux Éditions Fides, 1980 :

 

Âbre

Arbre. « Parce qu’un soir Titoine Pelchat … l’avait surpris qui descendait d’un grot’ âbre. » (p. 127)

 

Deboute

Debout. « C’était comme qui dirait un canot qui filait … monté par une dizaine de voyageurs en chemise rouge, qui nageaient comme des damnés, avec le diable deboute sus la pince de derrière, qui gouvernait de l’aviron. » (p. 128)

 

Dret

Droit. « Oui, moi, Jos Violon, un dimanche midi, entre la messe et les vêpres, je l’ai vue passer en l’air, dret devant l’église de Saint-Jean-Deschaillons. » (p. 128)

 

Épi

Et puis. « Les vrais hurlots comme Tom Caribou, ça grimpe tout simplement d’un âbre, épi ça se lance su une branche, su un bâton, su n’importe quoi, et le diable les emporte. » (p. 128)

 

Fret

Sans hésitation. « Toine, mon maudit, si t’as le malheur de parler de d’ça, je t’étripe fret, entends-tu ? » (p. 127)

 

Hurlot

Téméraire. « Les vrais hurlots comme Tom Caribou, ça grimpe tout simplement d’un âbre, épi ça se lance su une branche, su un bâton, su n’importe quoi, et le diable les emporte. » (p. 128)

 

Queux

Quels, quelles. « Y font jusqu’à des cinq cents lieues d’une nuit pour aller marmiter on sait pas queux manigances de réprouvés dans des racoins où c’que les honnêtes gens voudraient pas mettre le nez pour une terre. » (p. 128)

 

Racoin

Recoin. « Y font jusqu’à des cinq cents lieues d’une nuit pour aller marmiter on sait pas queux manigances de réprouvés dans des racoins où c’que les honnêtes gens voudraient pas mettre le nez pour une terre. » (p. 128)

 

Watcher

Surveiller. « En tout cas, si Tom Caribou courait pas la chasse-galerie, quand y s’évadait le soir tout fin seul, en regardant par derrière lui si on le watchait, c’était toujours pas pour faire ses dévotions. » (p. 128)

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# 1915             7 avril 2015

Les anciens Canadiens

Philippe-Aubert de Gaspé est né à Québec en 1786. Il est descendant notamment de Robert Giffard et de Gaspard Boucher. Il fit ses études au Séminaire de Québec où il côtoya Louis-Joseph Papineau qui était son aîné de 23 jours. Il fit des stages en droit chez deux avocats et fut admis au barreau en 1811 à l’âge de 25 ans. Il épousa la fille d’un capitaine de l’infanterie britannique en 1811, de laquelle il eut 13 enfants.

 

Étant donné que son père était seigneur de Saint-Jean-Port-Joli, qu’il avait fait d’excellentes études, qu’il avait choisi une profession respectée, qu’il était à l’aise financièrement, il fut rapidement accepté dans la haute bourgeoisie de la ville de Québec. On lui confia de nombreux postes prestigieux.

 

Toutefois, il n’hésitait pas à dépenser sans compter si bien qu’au début de la trentaine il était criblé de dettes. Il fut destitué de sa charge de shérif et dut s’exiler avec sa famille au manoir familial à Saint-Jean-Port-Joli pendant 14 ans. Ses créanciers étaient à ses trousses et, en 1834, il fut emprisonné. Il fut relâché trois ans plus tard.

 

Ayant été rejeté par la haute bourgeoisie, il apprit à vivre avec les habitants, les censitaires de la seigneurie. Il les accompagnait dans les excursions de pêche et de chasse et écoutait attentivement leurs récits.

 

Alors qu’il était septuagénaire, il se mit à la tâche d’écrire un roman : Les anciens canadiens. C’est l’histoire d’un fils fictif du seigneur de Saint-Jean-Port-Joli et d’un orphelin écossais qui a été adopté par le seigneur. Ils ont été élevés ensemble et ont fréquenté en même temps le Séminaire de Québec. Toutefois, pendant la guerre de 1959 qui conduira au Régime anglais, ils durent s’affronter. Tout au long de son roman, de Gaspé décrit les coutumes seigneuriales à la fin du Régime français, les mœurs des habitants et introduit les légendes du temps.

 

Ce roman historique de près de 300 pages fut publié en 1863 alors que l’auteur avait 77 ans. Il est le second roman québécois, après L’influence d’un livre, d’un de ses fils. Le roman du père connut un grand succès et a été réédité une trentaine de fois depuis.

 

À lire, si ce n’est pas déjà fait.

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# 1870             29 mars 2015

Mots québécois : Fréchette (6)

Louis-Honoré Fréchette est né à Lévis le 16 novembre 1839. Il est le fils de Louis-Marthe Fréchette et de Marguerite Martineau. Avocat de profession, il fut journaliste et traducteur. Il fut député de Lévis à Ottawa de 1874 à 1878. Il a écrit des poèmes, des contes et nouvelles, des pièces de théâtre, des pamphlets et des chroniques historiques. Il est le premier canadien à remporter un prix de l’Académie française.

 

En 1899, il publia La Noël au Canada, un recueil de 14 contes parmi ses meilleurs. On y retrouve : Le violon de Santa Claus, Tempête d’hiver, Le fer à cheval, Tom Caribou, Le loup-garou.

 

Voici 10 mots québécois tirés de La Noël au Canada de Louis Fréchette aux Éditions Fides, 1980 :

 

Chasse-galerie

Sortie nocturne des loups-garous. « Si vous savez pas ce que c’est que la chasse-galerie, les enfants, c’est moi qui peux vous dégoiser ça dans le fin fil, parce que je l’ai vue, moi, la chasse-galerie.» (p. 128)

 

Flambeux

Bon à rien. « Tout de même, faut vous dire que pendant un bout de temps, j’étais un de ceux qui pensaient ben que si le flambeux courait queuque chose, c’était plutôt la chasse-galerie. » (p. 127)

 

Gang

Groupe. « Y en avait pas manque dans not’ gang qui prétendaient l’avoir vu courir le loup-garou à quat’ pattes dans les champs, sans comparaison comme une bête, m’a dire comme on dit, qu’a pas reçu le baptême. » (p. 127)

 

Gueuse

Juron. « Ça parlait au diable, ça vendait la poule noire, ça reniait père et mère six fois par jour, ça faisait jamais long comme ça de prière : enfin, je vous dirai que toute sa gueuse de carcasse, son âme avec, valait pas … les quat’ fers d’un chien. »

 

Manque

Pas manque – Certains. « Y en avait pas manque dans not’ gang qui prétendaient l’avoir vu courir le loup-garou à quat’ pattes dans les champs » (p. 127)

 

Piqueux

Ouvrier qui pique le bois. « Parce qu’un soir Titoine Pelchat, un de nos piqueux, l’avait surpris qui descendait d’un grot’ âbre, et qui y avait dit : « Toine, mon maudit, si t’as le malheur de parler de d’ça, je t’étripe fret, entends-tu ? » (p. 127)

 

Queuque

Quelque. « Tout de même, faut vous dire que pendant un bout de temps, j’étais un de ceux qui pensaient ben que si le flambeux courait queuque chose, c’était plutôt la chasse-galerie. » (p. 127)

 

Sacreur

Personne qui sacre. « Tous des hommes corrects, bons travaillants, pas chicaniers, pas bâdreux, pas sacreurs … et pas ivrognes. » (p. 126)

 

Souleur

Peur, frisson.  « Quand je pense à tout ce que j’y ai entendu découdre contre le bon Dieu, la sainte Vierge, les anges et toute la saintarnité, il m’en passe encore des souleurs dans le dos. » (p. 127)

 

Surbroquet

Sobriquet. « Son nom de chrétien était Thomas Baribeau … je l’avions baptisé parmi nous autres du surbroquet de Tom Caribou. » (p. 127)

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# 1835             22 mars 2015

Le cheval canadien

Le 16 juillet 1685, 14 chevaux, soit 12 juments et deux étalons, arrivent à Québec directement de la France. Ils viennent épauler (!) les premiers colons qui attendent sa venue depuis au moins 50 ans. Auparavant, c’est le bœuf qui avait participé aux durs travaux de la ferme.

 

Les premiers chevaux sont d’abord concédés aux communautés religieuses et aux dirigeants de la colonie, tout en demeurant la propriété du roi de France. Le contrat stipule que le bénéficiaire fera reproduire l’animal et, pendant trois ans, remettra un poulain à l’administration de la colonie. Après ce temps, le bénéficiaire devient propriétaire de la bête. Cette exigence permet de redistribuer les poulains aux fermiers selon les mêmes exigences. Comme une jument canadienne peut donner naissance jusqu’à au moins 20 ans, leur nombre s’accroit très rapidement. Lors de la Conquête en 1763, on compte 14 000 chevaux canadiens en Nouvelle-France. En 1784, ils sont plus de 24 000.

 

Dès son arrivée, le cheval canadien s’est attelé (!) à la tâche. Il a dû affronter les rigueurs de l’hiver et a acquis, avec le temps, une grande résistance au froid. Les travaux de la terre l’ont amené à être incroyablement endurant et robuste. Il a tiré la charrue pour ouvrir la terre. Il a hersé. Il a fauché. Il a râtelé le foin. Il a tiré les charrettes de foin. Il a battu le grain. Il a hâlé le bois. Il a tiré les voitures privées et publiques. En un mot, il a participé à forger un pays.

 

Jusqu’en 1763, le cheval canadien n’est en contact avec aucune autre race. Il est alors considéré comme une race pure. Maintenant, il lutte pour sa survie. En 1970, on ne comptait plus que 400 chevaux canadiens au Québec. Par la suite, la situation s’améliore. On assiste à la naissance d’environ 500 poulains par année.

 

Sur la route, le cheval est remplacé par les automobiles et dans les champs, par les tracteurs. Pendant la transition, il est associé à la classe pauvre. Aujourd’hui, les chevaux les plus trapus sont fort prisés dans les compétitions équestres. Les chevaux les plus élancés participent à certaines disciplines olympiques. La police de Montréal utilise le cheval canadien depuis 1995. Ce cheval reprend peu à peu ses lettres de noblesse.

 

En 1999, l’Assemblée nationale du Québec déclare la race chevaline canadienne comme faisant partie du Patrimoine agricole du Québec. En 2002, le parlement du Canada lui donne le statut officiel de cheval national du pays. En 2007, le ministère des Transports du Québec modifie, sur son territoire, les panneaux de signalisation montrant un cheval pour y inclure la silhouette du cheval canadien. Ce cheval aurait mérité d’être le cheval national du Québec parce que c’est sur ce territoire que la race s’est développée.

 

Espérons qu’on ne manquera pas, en juillet 2015, de souligner les 350 ans du cheval canadien sur le territoire du Québec. Si le Québec se donne un pays un jour, il en sera probablement le symbole le plus fort. Il a aidé à coloniser la Nouvelle-France de façon très appréciable. Après la conquête, il a enrichi les autres races de chevaux de l’Amérique du Nord. Il a passé à travers la mécanisation. C’est un cheval élégant, fier, vigoureux, docile, courageux, intelligent et endurant au travail. C’est pour ces raisons qu’on l’appelle le Petit cheval de fer. Bref, c’est un héritage précieux.

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# 1800            15 mars 2015

Mots québécois : Fréchette (5)

Louis-Honoré Fréchette est né à Lévis le 16 novembre 1839. Il est le fils de Louis-Marthe Fréchette et de Marguerite Martineau. Avocat de profession, il fut journaliste et traducteur. Il fut député de Lévis à Ottawa de 1874 à 1878. Il a écrit des poèmes, des contes et nouvelles, des pièces de théâtre, des pamphlets et des chroniques historiques. Il est le premier canadien à remporter un prix de l’Académie française.

 

En 1899, il publia La Noël au Canada, un recueil de 14 contes parmi ses meilleurs. On y retrouve : Le violon de Santa Claus, Tempête d’hiver, Le fer à cheval, Tom Caribou, Le loup-garou.

 

Voici 10 mots québécois tirés de La Noël au Canada de Louis Fréchette aux Éditions Fides, 1980 :

 

Bâdreux

Fatigant, importun. " Tous des hommes corrects, bons travaillants, pas chicaniers, pas bâdreux, pas sacreurs … et pas ivrognes. " (p. 126)

 

Chéti

Chétif. " Ah ! l’enfant de sa mère, qu’il était donc chéti, c’t’animal-là ! " (p. 127)

 

Choreboy

Marmiton. " J’étions quinze dans not’ chantier : depuis le boss jusqu’au choreboy, autrement dit marmiton. " (p. 126)

 

Dépareillé

Sans pareil. " Toujours que, pour parler, m’a dire comme on dit, à mots couverts, Tom Caribou ou Thomas Baribeau, comme on voudra, était … quèque chose de dépareillé. " (p. 127)

 

Foreman

Contremaître. " Son nom de chrétien était Thomas Baribeau ; mais comme not’ foreman qu’était un Irlandais avait toujours de la misère à baragouiner ce nom-là en anglais, je l’avions baptisé parmi nous autres du surbroquet de Tom Caribou. " (p. 127)

 

Quèque

Quelque. " Y venait de quèque part derrière les Trois-Rivières. " (p. 127)

 

Rogne patente

Canaille breveté. " Toujours que, pour parler, m’a dire comme on dit, à mots couverts, Tom Caribou ou Thomas Baribeau, comme on voudra, était un gosier de fer-blanc première qualité, et par-dessus le marché, faut y donner ça, une rogne patente. " (p. 127)

 

Sesque

Sexe. " Et Jos Violon, qui se vantait de connaître les égards dus au sesque, avait tout de suite débuté par les paroles sacramentelles que j’ai rapportées plus haut. " (p. 126)

 

Toffe

Dur à cuire, endurant. " Excepté un, dame ! faut ben le dire, un toffe ! " (p. 126)

 

Torrieux

Espiègle. " On parle pas, comme de raison, d’un petit torrieux de temps en temps pour émoustiller la conversation. " (p. 126)

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# 1755             6 mars 2015

Yves Thériault (1915-1983)

Yves Thériault est un auteur des plus prolifiques du Québec. Pourtant, il est très peu connu. Il est né à Québec en 1915. Il abandonna ses études en huitième année à l’âge de 15 ans. Il exerça différents métiers notamment comme vendeur et comme trappeur.

 

À l’âge de 19 ans, il fut atteint de la tuberculose et séjourna pendant un an et demi dans un sanatorium. Quand il fut guéri, il fut annonceur dans six stations radiophoniques dont CJBR à Rimouski. Au cours de sa vie, il conçut une centaine de sketches radiophoniques, écrivit une quarantaine de  romans dont des romans à dix sous, plus de 100 contes, récits et nouvelles, 20 télé-théâtres, une trentaine de livres pour enfants et adolescents. Il collabora à au moins 18 journaux ou revues avec des dizaines d’articles, d’essais ou de chroniques. Cette énumération montre jusqu’à quel point son œuvre est gigantesque.

 

Étant de descendance amérindienne de par son arrière-grand-père, il aborde souvent ce thème dans ses romans. Par exemple, Agaguk, un roman policier qui a été vendu à 300 000 exemplaires et traduit en sept langues, se passe chez les esquimaux du grand nord québécois. L’écriture est tellement limpide qu’on croirait vivre parmi ce peuple.

 

Dans Yves Thériault se raconte, entretiens avec André Carpentier, publié chez VLB, Thériault nous donne un aperçu de son imagination débordante et de sa rapidité à écrire. Il explique comment il a produit Ashini. « J’ai commencé à écrire le samedi matin à onze heures, et, comme j’ai un esprit assez pragmatique, j’ai arrêté pour regarder mon hockey le samedi soir. Après le hockey, j’ai travaillé jusqu’à deux ou trois heures du matin. Puis, le dimanche matin, je me suis levé très tôt et j’ai écrit toute la journée. Je n’ai même pas arrêté pour les repas ; j’ai bu un café avec des biscuits. J’ai fini vers les petites heures du matin. Le lundi, j’ai recommencé le même jeu, et le mardi matin, je suis allé porter le manuscrit. Il était terminé. » Son manuscrit comportait une centaine de pages et le tout avait été tapé à la dactylo sans brouillon.

 

Voici les titres des 20 livres de cet auteur que j’ai en ma possession et que j’ai lus :

Aaron. Homme, 1965, 158 p.

Agaguk. Quinze, 1980 (1958), 327 p.

Ashini, BQ, 1988, 113 p.

Les commettants du Caridad. Homme, 1966, 175 p.

Contes pour un homme seul. HMH, 1965, 204 p.

Cul-de-sac. Institut littéraire du Québec, 1961 + 1970, 223 p.

Kesten. Jour, 1968, 123 p.

L’appelante. Jour, 1967, 125 p.

La fille laide. Beauchemin, 1950, 224 p.

La Passe-aux-Crachins. Ferron, 1972, 148 p.

La rose de pierre. Jour, 1967, 135 p.

Le dernier havre. L’Actuelle, 1970, 143 p.

Le dompteur d’ours. CLF, 1951, 188 p.

L’étreinte de Vénus. Québecor, 1981, 180 p.

Le haut pays. Ferron, 1973, 108 p.

Le partage de minuit. Québecor, 1980, 203 p.

Le vendeur d’étoiles. Fides, 1961, 125 p.

Les temps du Carcajou. Homme, 1969, 244 p.

Les vendeurs du temple. Homme, 1964, 220 p.

Tayaout fils d’Agaguk. Homme, 1969, 158 p.

 

Comme on peut le constater, j’ai passé plusieurs heures en compagnie de cet auteur, malheureusement trop peu connu.

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# 1680             19 février 2015

Des criminels anciens

En Nouvelle-France, au début de la colonie, plusieurs cas de crimes ont été documentés. Voici des extraits d’un texte de Raymond Boyer qui a été publié dans la revue Cité libre en août-septembre 1963 :

 

« En 1671, à Québec, Jean Gongnard est condamné à l'application de la question ordinaire et extraordinaire et à la peine de mort pour le viol de Marie Gloria, femme de Jean Toupin.

 

Le Conseil Souverain rejette l'appel du condamné, mais il modifie la sentence en condamnant le coupable à être rasé, battu de verges, puis envoyé aux galères à perpétuité, ainsi qu'à 20 livres d'amende.

 

Également en 1671, la femme Françoise du Verger, veuve de Simon Galbrun et épouse de Jean Boutin dit Léveillée, de Montréal, est accusée d'avortements répétés, d'infanticide et de complicité dans le meurtre de son premier mari.

 

Trouvée coupable par le bailliage de Montréal, elle est dirigée à Québec pour être appliquée à la question (questionné) en compagnie du soldat Laliberté qu'elle accuse d'être le véritable meurtrier de son premier mari.

 

Le Conseil Souverain la condamne à être pendue et étranglée et ordonne que son corps soit exposé à un gibet au Cap aux Diamants. Elle prétend être enceinte et le Conseil accorde un sursis pour qu'un examen de sa condition soit fait, et, advenant le cas où elle serait grosse, que le sursis soit prolongé jusqu'à sa délivrance.

 

Après une visite par un chirurgien, un médecin et une sage femme, la condamnée est déclarée pas grosse et la peine est exécutée sur le champ.

 

Deux ans plus tard, en 1673, le Conseil Souverain entend l'appel de Charles Grosbon dit Lafranchise contre une condamnation à la torture extraordinaire pour vol d'un nommé Jean Milot, à Montréal.

 

Le Conseil ordonne la question ordinaire et, à la suite de la confession de l'accusé, le plaignant Milot ayant retiré sa plainte, le condamne à demeurer, pendant une demi-heure, exposé à la vue du peuple à la porte de l'église paroissiale de Montréal, portant sur l'estomac et sur le dos, un écriteau ainsi rédigé : « Complice de vol à Milot ». En outre, le coupable est banni de l'île de Montréal pendant une année et il doit payer une amende de dix livres. » (Fin du texte cité)

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# 1630             9 février 2015

Mots québécois : Fréchette (4)

Louis-Honoré Fréchette est né à Lévis le 16 novembre 1839. Il est le fils de Louis-Marthe Fréchette et de Marguerite Martineau. Avocat de profession, il fut journaliste et traducteur. Il fut député de Lévis à Ottawa de 1874 à 1878. Il a écrit des poèmes, des contes et nouvelles, des pièces de théâtre, des pamphlets et des chroniques historiques. Il est le premier canadien à remporter un prix de l’Académie française.

 

En 1899, il publia La Noël au Canada, un recueil de 14 contes parmi ses meilleurs. On y retrouve : Le violon de Santa Claus, Tempête d’hiver, Le fer à cheval, Tom Caribou, Le loup-garou.

 

Voici 10 mots québécois tirés de La Noël au Canada de Louis Fréchette aux Éditions Fides, 1980 :

 

Barouche

Voiture. « Et saisissant la petite dans ses deux bras robustes, il la déposait sur le siège de sa barouche, sautait à côté d’elle, fouettait sa bête, et partait à l’aventure, pendant que l’enfant secouait ses boucles blondes dans le vent. » (p. 105)

 

Ben

Bien. « Oui, dit le père Baron, ça devait finir mal. S’il était malchanceux, il était ben imprudent étout, le pauvre diable. » (p. 93)

 

Bougonneux, euse

Bougon, onne. « Figurez-vous une vieille bougonneuse qui trimait dur, jordonnait du matin au soir, fumait comme une locomotive, et qui, contente ou mécontente, manifestait sa satisfaction ou son impatience en mâchonnant toujours le même juron : Cré million ! » (p. 110)

 

 

Ceuses

Ceux. « Cric, crac, les enfants ! Parli, parlo, parlons ! Pour en savoir le court et le long, passez l’crachoir à Jos Violon. Sacatabi, sac-à-tabac ! À la porte les ceuses qu’écouteront pas ! » (p. 125)

 

Compère

Parrain. «  Il avait été compère le matin, suivant son expression ; et comme les accessoires de la cérémonie lui avaient mis un joli brin de brise dans les voiles, une histoire n’attendait pas l’autre. » (p. 126)

 

Coup

Tintement. « En ce moment le premier coup de la messe de Minuit retentit dans le lointain, et, au son majestueux des cloches de Notre-Dame sonnant à toute volée, la libation traditionnelle coula sur la proue de la svelte embarcation. » (p. 100)

 

Creton

Pâté fait de viande de porc hachée. « Monseigneur, monseigneur... Cré million ! il a d’autre chose à faire qu’à s’amuser à toi, monseigneur. Entre te chauffer, tiens ! Regardez-moi ça, cré million ! c’est déjà gelé comme un creton. » (p. 111)

 

Dire

Avoir pour mon dire. – Croire, penser. « J’ai pour mon dire, les enfants, que c’est ben superbe d’être brave, mais il faut pas tenter le bon Dieu. (p. 93)

 

Icitte

Ici. « – Dis donc, toi, Tanfan Théaume, veux-tu te taire ? On n’est pas à l’église icitte ! » (p. 99)

 

Pays

Pays d’en haut. « Jos Violon était un type très amusant, qui avait passé sa jeunesse dans les chantiers de « bois carré », et qui n’aimait rien tant que de raconter ses aventures de voyages dans les pays d’en haut, comme on appelait alors les coupes de bois de l’Ottawa, de la Gatineau et du Saint-Maurice. » (p. 126)

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# 1590             1 février 2015

Les héros de Rivière-Ouelle

Dans l’article 255, j’ai raconté les faits de la bataille de Rivière-Ouelle qui s’est déroulée en 1690 contre les Anglais. Outre le curé Pierre de Francheville, parmi les colons canadiens qui ont participé à cette bataille, on retrouve les noms suivants :

 

François et Joseph Deschamps, fils de monsieur de la Bouteillerie

François Autin

Sébastien Boivin

Michel Bouchard et ses trois fils, Etienne, François et Pierre

Jean-Galleran Boucher et ses fils, Pierre et Philippe

Pierre Dancosse

Mathurin Dubé

Nicolas Durant et son fils Nicolas

Pierre Émond

Jean Gauvin et son fils, Jean

Pierre Hudon

Jean Mignot dit Labrie

Jean de Lavoye

Jean Lebel et son fils, Jean-Baptiste

Robert Lévesque

Guillaume Lissot et son fils, Claude

Charles Miville

Jean Miville

René Ouellet et quatre de ses fils, Abraham, Mathurin-René, Grégoire et Joseph

Jean Pelletier

Noël Pelletier

Joseph Renault et son fils, Joseph

Pierre de Saint-Pierre.

 

La plupart de ces combattants sont des ancêtres d’une multitude de québécois et de québécoises d’aujourd’hui. Si ces héros avaient été décimés, plusieurs dont moi, ne seraient pas de ce monde.

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# 1555             25 janvier 2015

Le vieux doc

Probablement, la majorité des lecteurs ne connaissent pas le vieux doc, lequel est né en 1861 à Saint-Jérôme. Son nom est Edmond Grignon. Il était l’oncle de Claude-Henri Grignon, l’auteur de la série Les belles histoires des pays d’en haut. Il était aussi l’oncle de Germaine Guèvremont, née Germaine Grignon, l’auteure des romans Le Survenant et Marie-Didace. Il fut incité à exercer la médecine à Sainte-Agathe-des-Monts en 1886 par le célèbre curé Labelle surnommé le roi du nord.

 

Edmond Grignon a écrit deux ouvrages : En guettant les ours et Quarante ans sur le bout du banc, que j’ai lus avec bonheur. Le premier ouvrage contient des souvenirs de sa jeunesse et de sa vie de médecin de campagne. Le second contient des anecdotes sur sa fonction de juge de paix pendant 40 ans.

 

1. En guettant les ours,

Ce livre de 251 pages dont le sous-titre est Mémoires d'un médecin des Laurentides fut publié à Montréal par les éditions Beauchemin en 1930. Le titre peut porter à confusion. C’était l’expression, à l’époque, pour désigner la période d’attente avant qu’une femme accouche. Dans ce livre, Edmond Grignon raconte notamment, dans quelles circonstances, alors qu’il n’avait pas encore six ans, il a pris sa première brosse. Voici quelques titres de chapitre :

• Le vieux Michon

• La prière en famille

• La vente des bancs

• Le blasphémateur

• Vols de cadavres

• L’âge d’or de ma pratique médicale

• Ma vie d’homme public

 

2. Quarante ans sur le bout du banc

Ce livre de 241 pages dont le sous-titre est Souvenirs joyeux d’un juge de paix des Laurentides fut publié à Montréal par les éditions Beauchemin en 1932. Au 19e siècle, le Tribunal des juges de paix jouait le rôle attribué aujourd’hui à la Cour des petites créances. Il réglait les chicanes de ménage, les chicanes entre voisins, le refus de payer un salaire ou un bien, etc. Cette cour destinée aux pauvres existait pour des causes de moins de 25 piastres. Les avocats avaient le droit de plaider, mais ils ne pouvaient pas percevoir d’honoraires. Alors, on comprend qu’ils s’abstenaient. Le juge devait avoir un peu d’instruction et un bon jugement. Edmond Grignon devint président de la cour en 1887 dès son arrivée à Sainte-Agathe. Dans cet ouvrage, il raconte différentes situations le plus souvent cocasses. Voici quelques titres de chapitre :

• La mine d’or

• À propos de bottes

• Le casuel du bedeau

• Le plat de ragoût

• La facture en rébus

• Les ergots de cochon

• L’alambic à Casimir

 

Ces deux ouvrages permettent de saisir certaines facettes de vie dans la région des Laurentides à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle. Edmond Grignon fut d’ailleurs un personnage important dans cette région. Il est décédé à Sainte-Agathe en 1939 à l’âge de 78 ans.

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# 1515             17 janvier 2015

Mots québécois : Fréchette (3)

Louis-Honoré Fréchette est né à Lévis le 16 novembre 1839. Il est le fils de Louis-Marthe Fréchette et de Marguerite Martineau. Avocat de profession, il fut journaliste et traducteur. Il fut député de Lévis à Ottawa de 1874 à 1878. Il a écrit des poèmes, des contes et nouvelles, des pièces de théâtre, des pamphlets et des chroniques historiques. Il est le premier canadien à remporter un prix de l’Académie française.

 

En 1899, il publia La Noël au Canada, un recueil de 14 contes parmi ses meilleurs. On y retrouve : Le violon de Santa Claus, Tempête d’hiver, Le fer à cheval, Tom Caribou, Le loup-garou.

 

Voici 10 mots québécois tirés de La Noël au Canada de Louis Fréchette aux Éditions Fides, 1980 :

 

Après

En train de. « – Où est-il, le père Baron ? – Chez le bonhomme Vien, après fumer sa pipe. » (p. 90)

 

Bordages

« Quand on se voyait lancé du haut de la batture – en termes canadiens on appelle battures ou bordages les bancs de glace adhérant au rivage, et contre lesquels glissent ou se brisent les banquises emportées par le courant – quand on se voyait, dis-je, lancé du haut de la batture dans les eaux noires et bouillonnantes du fleuve, … » (p. 88)

 

Cogner

Frapper à la porte. « Je connaissais la maison du père Vien. Nous entrâmes, sans cogner, suivant l’habitude et l’expression locales, et nous nous trouvâmes de plain-pied dans un rez-de-chaussée d’une seule pièce. » (p. 91)

 

Créature

Personne de sexe féminin. « Y a au moins le danger de passer la nuit sur la glace ; et avec une créature, c’est pas commode. » (p. 92)

 

Étout

Itou, aussi. « Oui, dit le père Baron, ça devait finir mal. S’il était malchanceux, il était ben imprudent étout, le pauvre diable. » (p. 93)

 

Grand-conscience

Sur ma conscience. « – Et moi, c’est pas pour mille piastres que je voudrais toucher à un aviron, ma grand-conscience ! fit un autre. » (p. 93)

 

Pays

Étoffe du pays. - Tissu de laine de fabrication domestique. « Tous ces hommes, à la mise plus ou moins négligée, portaient pour la plupart une chemise de flanelle grise ou rouge sous un veston de bouracan, de cordelat ou d’étoffe du pays, solidement retenu autour des reins par une ceinture en laine de couleur voyante. » (p. 91)

 

Robe

Couverture de voyage en fourrure dont on se sert l’hiver. « Bref, nous remontâmes en voiture, et pendant que nous nous enveloppions chaudement dans les robes, le cocher cingla d’un coup de fouet le ventre de ses chevaux qui s’élancèrent, en s’ébrouant, le front dans la poudrerie ». (p. 54)

 

Sapristi

Juron. « Ah ! ni moi, sapristi ! s’écrièrent tous les voisins. (p. 93)

 

Soir (à)

Ce soir. « Plusse que ça, mame Flavigny, je venons d’apprendre que vot’ jeune monsieur, que vous attendiez, est arrivé à soir. » (p. 35)

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# 1480             10 janvier 2015

Trente arpents

Philippe Panneton, connu sous le nom de Ringuet, a publié en 1938 un roman intitulé Trente arpents. J’ai lu ce roman avec avidité. Il est d’ailleurs parfois proposé comme lecture obligatoire dans les cours de littérature dans les cégeps.

 

Ringuet, qui était médecin de profession, connaissait bien la vie rurale pour avoir fréquenté ces gens au jour le jour. Il a choisi de nous présenter une famille paysanne. L’action se passe autour d’Euchariste Moisan, un cultivateur exemplaire qui a la terre gravée dans le cœur. Elle est divisée en quatre parties : le printemps, l’été, l’automne et l’hiver.

 

Au printemps, Euchariste, un orphelin, est hébergé par son oncle Éphrem. Avec le temps, il hérite de la terre de l’oncle qui meurt de façon prématurée. Il épouse Alphonsine, la fille d’un cultivateur voisin.

 

À l’été, 13 enfants naissent dont huit survivront. Euchariste ne ménage pas ses efforts pour tirer le meilleur parti de sa terre qui continue à prospérer. Son fils aîné entre au Séminaire à son détriment. Sa femme décède d’épuisement dû à ses nombreuses grossesses.

 

À l’automne, les malheurs se mettent à pleuvoir. Une de ses filles, particulièrement rebelle, va rejoindre la ville. Son fils qui était devenu prêtre décède. Un autre de ses fils émigre aux États-Unis. Comble de malheur, il intente un procès, contre un voisin, qu’il perd. Le notaire qui était détenteur de ses économies part avec la caisse. Il se résigne à donner sa terre à un de ses fils. Il n’a plus rien si ce n’est que des rentes fragiles.

 

À l’hiver, il va rejoindre son fils déserteur aux États-Unis. Il doit se résigner à occuper un emploi comme gardien de nuit dans une usine puisque son fils qui a hérité de la terre ne remplit pas son obligation de lui assurer une rente. L’épisode où Euchariste, assis sur une chaise dans l’usine et repassant sa vie, est particulièrement poignant.

 

L’amour d’Euchariste pour la terre était exagérément fort, si bien qu’il avait tendance à oublier ses proches et que toutes ses décisions se prenaient en fonction de cette passion. Même la religion, qui était une valeur fondamentale à l’époque, ne pouvait pas concurrencer sa passion de la terre.

 

Trente arpents, un roman de 292 pages, est un classique de la littérature québécoise qui prend ses assises dans le terroir. On le place au même rang que Maria Chapdelaine de Louis Hémon et Le Survenant de Germaine Guévremont.

 

À lire, si ce n’est déjà fait.

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# 1450             4 janvier 2015

On magasine

Jusqu’au milieu du 20e siècle, l’Église catholique exigeait que les fêtes chrétiennes, comme la fête de Saint-Joseph, le 19 mars, et l’Immaculée-Conception, le 8 décembre, soient des jours chômés. Les fidèles devaient satisfaire au précepte d’aller à la messe et de ne pas travailler, tout comme le dimanche.

 

Dans les années 1950, les commerces ont commencé à ouvrir leurs portes pendant ces fêtes au grand dam de l’Église qui s’y opposait.

 

Dans sa Clinique du Cœur, tome 1, le Père Marcel-Marie Desmarais, un dominicain raconte le fait suivant :

 

« Nous avons prêché sur le devoir de chômer les fêtes d’obligation. Nous avons prêché particulièrement sur l’interdiction de magasiner ces jours-là. Je me souviens même que l’an dernier Son Éminence le Cardinal Léger a publié une lettre où il exhortait les fidèles à ne pas magasiner le jour de l’Immaculée-Conception. Si nos catholiques avaient obéi, les magasins qui ouvraient leurs portes en cette fête n’auraient pas tardé à les fermer, faute de clientèle.

 

Que s’est-il produit en fait ? Voici. Les journaux du 9 décembre 1955 rapportaient que jamais il n’y avait eu une si grande foule dans les magasins en la fête de l’Immaculée-Conception.

 

Ce fait prouve que beaucoup de nos gens n’ont pas le sens de l’obéissance et de la discipline. Beaucoup ne craignent pas de désobéir et de pécher quand leurs intérêts matériels sont en jeu.

 

Devant cette situation déplorable, l’Église a modifié son règlement, comme une bonne mère de famille qui cède sur un point de détail devant un enfant turbulent pour mieux le garder et le guider dans les choses essentielles.

 

Je vous engage, madame, à comprendre ce point de vue de l’Église. Si vous y parvenez, vous admirerez sa compréhension, sa condescendance et sa bonté. » (p. 109)

 

Voilà un fait divers qui est un petit germe de la révolution qui a amené les catholiques à déserter progressivement l’Église. J’ose espérer que le terme condescendance a échappé au Père Desmarais, la condescendance étant une attitude de bienveillance teintée de mépris.

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# 1420             29 décembre 2014

Mots québécois : Fréchette (2)

Louis-Honoré Fréchette est né à Lévis le 16 novembre 1839. Il est le fils de Louis-Marthe Fréchette et de Marguerite Martineau. Avocat de profession, il fut journaliste et traducteur. Il fut député de Lévis à Ottawa de 1874 à 1878. Il a écrit des poèmes, des contes et nouvelles, des pièces de théâtre, des pamphlets et des chroniques historiques. Il est le premier canadien à remporter un prix de l’Académie française.

 

En 1899, il publia La Noël au Canada, un recueil de 14 contes parmi ses meilleurs. On y retrouve : Le violon de Santa Claus, Tempête d’hiver, Le fer à cheval, Tom Caribou, Le loup-garou.

 

Voici 10 mots québécois tirés de La Noël au Canada de Louis Fréchette aux Éditions Fides, 1980 :

 

Batture

« Quand on se voyait lancé du haut de la batture – en termes canadiens on appelle battures ou bordages les bancs de glace adhérant au rivage, et contre lesquels glissent ou se brisent les banquises emportées par le courant – quand on se voyait, dis-je, lancé du haut de la batture dans les eaux noires et bouillonnantes du fleuve, … » (p. 88)

 

Casque

Chapeau de fourrure. « Debout sur le devant, bien ceinturées dans leurs capots de chat sauvage, le casque sur les yeux, des glaçons dans les moustaches et les guides passées autour du cou, Philippe Gendreau et Marcel Benoît se battent vigoureusement les flancs pour se réchauffer les doigts, car l’air est vif et sec. » (p. 37)

 

Frasil

Petit cristal de glace. « À bord, vous êtes paralysé ; en dehors, vous enfoncez à mi-jambe dans la neige fondante et la glace en frasil ; il n’y a pas à dire, il faut se tirer de là. » (p. 89)

 

Game (prononcé à l’anglaise)

Disposé, prêt. « Je vous persuade que dans une demi-heure d’ici, ils seront un peu game, les chevaux qui passeront dans les Câpes. » (p. 53)

 

Gens

Bonnes gens – Adultes. « On se réunissait dans les châteaux et les grandes fermes ; et là, jeunesses et bonnes gens attendaient l’heure de la messe de Minuit dans des réjouissances de toutes sortes. » (p. 72)

 

Hâler

Tirer, déplacer. « Ce n’est plus de l’eau, ce n’est plus de la glace ; impossible de pagayer, plus de point d’appui pour hâler. » (p. 88)

 

Plusse

Plus. « Plusse que ça, mame Flavigny, je venons d’apprendre que vot’ jeune monsieur, que vous attendiez, est arrivé à soir. » (p. 35)

 

Pont

Poêle à deux ponts – À deux étages. « À peine avais-je – dans ma hâte de m’approcher du bon poêle à deux ponts qui bourdonnait joyeusement au beau milieu du logis rustique – laissé tomber dans un coin les lourdes fourrures dont j’étais affublé que je vis apparaître mon compagnon de route. » (p. 58)

 

Poudrerie

Tempête de neige où on ne voit ni ciel ni terre. « Bref, nous remontâmes en voiture, et pendant que nous nous enveloppions chaudement dans les « robes », le cocher cingla d’un coup de fouet le ventre de ses chevaux qui s’élancèrent, en s’ébrouant, le front dans la poudrerie. (p. 54)

 

Train

Tâche journalière qui consiste à traire les vaches, à soigner les animaux et à nettoyer l’étable. « Cette impression fut si vive pour moi, que je crus réellement entendre la voix des bergers antiques, lorsque notre brave cocher, qui était allé finir son train à l’écurie, mit le pied sur le seuil de la porte en lançant, parmi les mille voix stridentes du dehors, les premières notes du vieux noël populaire. » (p. 59)

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# 1380             21 décembre 2014

Histoire d’un criminel

En Nouvelle-France, au début de la colonie, le questionnement de l’accusé, qu’on appelait la question, était rarement utilisé. De 1663 à 1759, seulement 29 individus ont été soumis à la question. Un cas est particulièrement documenté. C’est celui de Jacques Bigeon qui fut accusé de meurtre en 1668. Voici un texte de Raymond Boyer qui a été publié dans la revue Cité libre en août-septembre 1963 :

 

« C'est dans la cause de Jacques Bigeon, accusé de meurtre en 1668, que la question apparaît pour la première fois dans les annales judiciaires de la colonie.

 

En janvier 1668, le nommé Jacques Bigeon, habitant de la côte de Lauzon, s'en alla avertir Jacques Miville, capitaine de quartier, et Antoine Dupré, que Nicolas Bernard venait d'être tué par la chute d'un arbre que Bigeon abattait dans son désert.

 

Bigeon était un homme d'environ 50 ans, natif de France et il était venu au Canada vers 1660. Huguenot en France il avait, dès son arrivée dans la colonie, renoncé à sa religion. Sur l'information de Bigeon relative à la mort de Bernard, le capitaine Miville et deux autres voisins se sont rendus sur les lieux pour examiner le corps. Au bout d'une espèce d'interrogatoire fait à Bigeon, le capitaine Miville le dénonça au juge à Québec et il fut constitué prisonnier au Château de Québec.

 

Au cours de plusieurs témoignages rendus par ses voisins, il parut incontestable que l'accusé fût un homme de caractère violent, et trois ans auparavant il avait été condamné comme blasphémateur par l'intendant Talon à une amende de 10 livres et défense lui avait été faite de récidiver sous peine de punition corporelle. En somme, il avait une réputation exécrable.

 

Bigeon fut interrogé par le juge à plusieurs reprises et, puisqu'il s'obstina à protester de son innocence, le juge Charrier fit venir sept notables de Québec pour assister à encore un autre interrogatoire que subit Bigeon sur la sellette (petit banc fort bas sur lequel on obligeait un accusé de s'asseoir lorsque l'opinion des juges tendait à la peine afflictive). Les huit voix, car le lieutenant-général était aussi consulté, étaient unanimement en faveur de donner la question à l'accusé.

 

Par crainte de la question, l'accusé avoua le meurtre de Bernard mais, selon l'avis des Conseillers, il ne répondait pas assez « librement » et on le livra aux mains de l'exécuteur qui le serra à plusieurs reprises. Néanmoins, quelques jours plus tard, il nia sa culpabilité de nouveau en prétendant que c'était le mal qui lui avait fait avouer. Tout de même il fut condamné « d'être pris et enlevé des dites prisons par l'exécuteur de la haute justice, conduit à la place publique de la Haute-Ville et là attaché à une fourche patibulaire [gibet], pour y être pendu et étranglé jusqu'à ce que mort s'ensuive ; attendu la faute d'expérience suffisante du dit exécuteur de la haute justice pour rompre et briser les membres du dit Bigeon, et le faire expirer sur une roue, supplice qu'il se serait attiré par ses crimes, et que pour l'exemple le corps du dit Bigeon demeure pendant 224 heures attaché à ta fourche patibulaire, et qu'ensuite la tête en soit séparée et plantée sur un pilori au milieu de la place pour y être tant et si longtemps qu'il se pourra, et qu'il soit condamné en la somme do 25 livres pour faire prier Dieu pour le repos de l'âme du défunt Bernard et en la somme de 600 livres d'amende envers les seigneurs. »

 

Le lendemain Bigeon en appelle au Conseil Souverain mais celui-ci rejette l'appel et maintient la sentence avec quelques légères modifications. La sentence fut exécutée le même jour que son prononcé. » (Fin du texte cité)

 

Comme on le constate, on ne lésinait pas à imposer des sanctions cruelles à un criminel. Hors de tout doute, on visait à dissuader tout futur contrevenant et à montrer à la population les conséquences de certains gestes notamment par des expositions publiques.

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# 1340             13 décembre 2014

Mots québécois : Fréchette (1)

Louis-Honoré Fréchette est né à Lévis le 16 novembre 1839. Il est le fils de Louis-Marthe Fréchette et de Marguerite Martineau. Avocat de profession, il fut journaliste et traducteur. Il fut député de Lévis à Ottawa de 1874 à 1878. Il a écrit des poèmes, des contes et nouvelles, des pièces de théâtre, des pamphlets et des chroniques historiques. Il fut le premier canadien à remporter un prix de l’Académie française.

 

En 1899, il publia La Noël au Canada, un recueil de 14 contes parmi ses meilleurs. On y retrouve : Le violon de Santa Claus, Tempête d’hiver, Le fer à cheval, Tom Caribou, Le loup-garou.

 

Voici 10 mots québécois tirés de La Noël au Canada de Louis Fréchette aux Éditions Fides, 1980 :

 

Capot

Pardessus en étoffe ou en fourrure. « Debout sur le devant, bien ceinturées dans leurs capots de chat sauvage, le casque sur les yeux, des glaçons dans les moustaches et les guides passées autour du cou, Philippe Gendreau et Marcel Benoît se battent vigoureusement les flancs pour se réchauffer les doigts, car l’air est vif et sec. » (p. 37)

 

Carriole

Traîneau d’hiver sur patins bas. « Monsieur Maurice, j’ai une place pour vous dans ma carriole, à côté de ma vieille. Seulement, vous prendrez garde : elle est un peu chatouilleuse ! » (p. 36)

 

Croquignole

Beignet cuit dans la graisse. « Qui sait ? En tout cas, allons dîner, nous souperons après la messe de Minuit. J’ai recommandé à Victor de nous faire des croquignoles pour nous rappeler le pays. » (p. 117)

 

Frais

Être en frais de – Être en train de. « Évidemment il est en frais de copier le bel Enfant-Jésus. » (p. 24)

 

Harrié

Ordre à donner au cheval  pour qu’il recule. «  Woh !... woh !... Harrié donc ! » » (p. 35)

 

Mame

Madame. « Plusse que ça, mame Flavigny, je venons d’apprendre que vot’ jeune monsieur, que vous attendiez, est arrivé à soir. » (p. 35)

 

Santa Claus

Père Noël. « Cette nuit Santa Claus va faire sa tournée et distribuer des cadeaux aux petits enfants qui dorment. » (p. 19)

 

Toboggan

Traîneau sans patins. « Le 1er novembre au matin, mon sauvage et moi, nous nous acheminions à la raquette sur la surface gelée de la rivière Porc-épic, l’un précédant et l’autre suivant dans un long et fort toboggan chargé de nos armes et bagages, et traîné par quatre vigoureux chiens esquimaux, en route pour le fort Lapierre. » (p. 10)

 

Tourtière

Pâté à la viande de porc haché. « Une bonne veillée en famille entre une pipe et un tire-bouchon, puis une joyeuse messe nocturne dans quelque chapelle rustique, puis un bon réveillon avec tourtières, croquignoles, et le petit verre de réconfortant à la santé de notre candidat, tout cela constituait, vous l’admettrez, une perspective assez alléchante. » (p. 52)

 

Woh

Ordre donné au cheval pour qu’il s’immobilise. «  Woh !... woh !... Harrié donc ! » (p. 35)

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# 1305             6 décembre 2014

Mandement d’un évêque

Le 20 avril 1742, l’évêque de Québec, Henri-Marie Dubreuil de Pontbriand, expédie une lettre circulaire aux curés de l’Acadie qui sont sous sa juridiction. Il traite notamment des quatre sujets suivants.

 

1. Fréquentation des cabarets

« On ne saurait trop s'opposer à la fréquentation des cabarets surtout les jours de fêtes et de dimanches, parce que ce sont des jours qui doivent être entièrement consacrés au service de Dieu, à plus forte raison si ces cabarets étaient ouverts pendant l'office divin. A l'égard des autres jours on ne saurait prendre trop de moyens pour empêcher les peuples de fréquenter les cabarets. C'est un danger continuel pour les jeunes gens, c'est presque toujours une occasion prochaine de péché et souvent la source fatale de querelles et de divisions qui s'excitent pour l'ordinaire dans les familles. Il est donc extrêmement important que les missionnaires tâchent de se réunir tous afin qu'on arrête si c'est possible cette funeste fréquentation des cabarets. »

 

2. Veillées mixtes

« Nous avons toujours regardé les assemblées nocturnes et les veillées avec des personnes de différent sexe comme infiniment dangereuses. (…) Je crois donc qu'il est bon d'obliger les pères et mères, maîtres et maîtresses, de ne pas souffrir ces sortes d'assemblées hors de leur présence. Il est certain qu'étant pour l'ordinaire secrètes et occultes, il s'y commet beaucoup de fautes par pensées, paroles et actions, qu'il est du devoir d'un bon missionnaire d'arrêter autant qu'il est en lui, comme tout ce qui peut tendre à corrompre de plus en plus la jeunesse. »

 

3. Danses

« On me marque que dans quelques endroits, même les jours de noces, les garçons dansent avec les garçons, les filles avec les filles ; que dans d'autres on ne permet les danses avec les personnes de différent sexe que jusqu'au soleil couché, et que les troisièmes les tolèrent entièrement. Nous souhaiterions ardemment qu'il fût possible d'observer bien strictement la conduite des premiers (danse unisexe) comme elle est pratiquée au Port-Royal ; ce serait faire revivre les premiers siècles de l'Église et ôter occasion à beaucoup d'indécences et de péchés ; mais si on ne peut obtenir de ce peuple cette exactitude véritablement chrétienne, il est nécessaire que les confesseurs ne souffrent point les danses les jours de fêtes et de dimanches, et les autres jours après soleil couché, et jamais lorsqu'on dit des chansons lascives, ou qu'il y a des embrassades, ou qu'elles sont pour le pénitent ou la pénitente occasion de péché. Or comme ces trois dernières circonstances se rencontrent pour l'ordinaire, les missionnaires ne peuvent trop crier publiquement contre ces danses, et y tenir la main dans le tribunal de la pénitence. »

 

4. Partage de lits

« On m'ajoute que les mères couchent leurs enfants avec elles, sur le prétexte qu'il ne leur est jamais arrivé d'accident, et qu'il y aurait plus à craindre pour la vie de l'enfant qui courrait risque de mourir de froid. Je désire que chaque missionnaire me marque en particulier son avis sur cet article, afin de pouvoir dans la suite prendre un parti. On n'ignore point que dans plusieurs diocèses de France cela ne soit défendu. On pourrait suivre cette pratique au moins dans l'été, et attendre notre décision pour le temps de l'hiver. »

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# 1270             29 novembre 2014

Mots québécois : Le May (2)

Voici 10 mots québécois tirés de Bataille d’âmes de Pamphile Le May aux Éditions de la Huit, 1996 :

 

Malcommode

Qui s’entend difficilement avec les autres. « C’est un malcommode. Il est toujours de travers dans le chemin des autres. Il a fait l’impossible pour empêcher le village d’engager la nouvelle maîtresse d’école. » (p. 119)

 

Matineux

Matinal. « À la campagne, l’on est matineux et l’on ne se couche pas tard. » (p. 200)

 

Nique

Nid. « J’ai trouvé le nique du lièvre, mais le lièvre n’y était pas. » (p. 216)

 

Parquer

Stationner. « Je me demandai de quel côté je serais parqué, avec le petit nombre de contents ou le grand nombre de malheureux. » (p. 5)

 

Perche

Mesure de surface valant 18 pieds de côté. « Il promena un regard d’envie sur ce grand domaine que des hommes riches pouvaient acheter, comme il achetait lui, un jardinet de quelques perches carrées. » (p. 110)

 

Pimpina

Espèce de baie rouge. « Une grappe de pimpina sur un tronc plein de sève. » (p. 75)

 

Pince

Pince d’un canot – Bout d’un canot d’écorce. « Des Don Quichottes, il en chevauche sur toutes les rossinantes ; on peut même en trouver à cheval sur la pince de nos canots. » (p. 5)

 

Ponce

Boisson d’eau chaude mélangée notamment avec de l’alcool. « Les deux voyageurs (…) se firent préparer une nouvelle ponce au gin et continuèrent leur route. » (p. 207)

 

Suivante

Fille d’honneur qui escorte les nouveaux mariés. « Bancalou ne reconnut pas l’heureux couple qui s’aventurait dans le dédale du mariage, mais il reconnut bien la suivante. » (p. 48)

 

Tinton

Bruit de la cloche qu’on tinte. « Et la cloche sonnait toujours ses trois tintons douloureux, comme trois cris plaintifs. » (p. 140)

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# 1235             22 novembre 2014

Une mère martyrisée

En Nouvelle-France, au début de la colonie, il était défendu pour une femme d’avoir un enfant sans être marié. Lorsque l’enfant naissait en bonne santé, on traduisait rarement la mère en justice ; mais lorsque l’enfant naissait mort-né, on considérait cela comme un infanticide et le Conseil Supérieur de Québec sur les matières criminelles l’accusait d’avoir homicidé son enfant. En effet, à partir de 1556, une ordonnance du roi Henri II stipulait que « toute fille ou veuve qui deviendrait enceinte et qui ne ferait pas sa déclaration de grossesse, serait réputée infanticide et punie de mort, si son enfant ne naissait point vivant ». Le sort troublant réservé à cette jeune femme était hors de toute mesure. Voyez par vous-même.

 

Le 7 mai 1732, Marie-Anne Sigouin est condamnée à être pendue et étranglée pour avoir caché sa grossesse et son enfantement et pour avoir homicidé son enfant nouveau-né. Après l'application de la question ordinaire et extraordinaire, le Conseil confirme la condamnation et la peine. Elle est exécutée par le bourreau Guillaume.

 

Voici le verdict du tribunal dans cette cause, qu’on peut lire aux Archives nationales du Québec :

 

Le tribunal « a déclaré et déclare ladite Marianne Sigouin dûment atteinte et convaincue d'avoir celé sa grossesse et son enfantement et d'avoir homicidé son enfant pour réparation de quoi l'a condamnée à faire amende honorable nue, en chemise la corde au cou, tenant en ses mains une torche de cire ardente du poids de deux livres au devant de la principale porte et entrée de l'église cathédrale de cette ville (Québec) où elle sera menée par l'exécuteur de la haute justice et là, étant à genoux, déclarer que méchamment elle a celé sa grossesse et enfantement et homicidé son enfant dont elle se repent et en demande pardon à Dieu, au roi et à la justice. De ce fait, elle sera conduite en la place de la Basse-Ville de Québec où elle sera pendue et étranglée jusqu'à ce que mort s'en suive à une potence qui, pour cet effet, sera dressée en ladite place de la Basse-Ville. Son corps ensuite sera jeté à la voirie. »

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# 1195             14 novembre 2014

Mots québécois : Le May (1)

Bataille d’âmes est un roman de mœurs québécois écrit par Pamphile Le May (1837-1918). Ce roman fut publié en feuilletons du 4 novembre 1899 au 26 janvier 1900. Il a été édité pour la première fois en 1996. Il « constitue un bon exemple du roman d’aventures québécois et permet de se faire une idée de la vie rurale et urbaine au XIXe siècle, d’assister aux veillées, aux fêtes et corvées qui ponctuaient la vie à la campagne ou encore de se promener par les rues de Montréal et d’entrer dans ses auberges louches. »

 

Pamphile Le May est né le 5 janvier 1837 à Lotbinière et est décédé le 11 juin 1918 à Deschaillons. Avocat de profession, il fut poète, romancier, auteur de contes, bibliothécaire et traducteur. La bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec a été nommée en son honneur en 1980. Le May fut responsable, le premier d’ailleurs, de cette bibliothèque de 1867 jusqu’en 1892.

 

Voici 10 mots québécois tirés de Bataille d’âmes de Pamphile Le May aux Éditions de la Huit en 1996 :

 

Abattis

Terrain encore jonché de branchages où on vient d’abattre des arbres. « Un jour que nous cueillions des framboises au bord du bois, dans l’abattis, nous nous approchâmes l’un de l’autre et si près, si près, que nos bouches se touchèrent. » (p. 80)

 

Berçante

Chaise qui berce. « Zidore approcha sa chaise comme pour mieux entendre, et Mme Longpré, le tricot à la main, s’enfonça dans sa berçante qui chantait un peu. » (p. 62)

 

Déchausser

Enlever les fers d’un cheval. « J’ai déchaussé votre cheval, dit-il à Tourteau, d’un ton badin, les fers sont usés à profit. » (p. 29)

 

Écore

Endroit entre les deux rives escarpées d’un cours d’eau. On dit aussi accore. « Zildore se leva de son banc et s’approcha de l’écore. Les rapides agitaient leurs aigrettes blanches avec le même éternel murmure. » (p. 113)

 

Embarras

Tas de bois mort et de branches d’arbres séchées. « Dupont et Longpré avaient, d’accord, laissé une longue lisière de bois, séparée seulement par un clos d’embarras. » (p. 102)

 

Engagé

Employé à gages dans une ferme. « Papa Zidore était au bois avec son engagé. » (p. 176)

 

Fournil

Cuisine d’été. « La ménagère, qui demeurait dans le fournil, à côté, chantait pour endormir ses enfants. » (p. 176)

 

Gagne

Francisation du mot anglais gang. « Il devait faire partie d’une gagne qui avait son refuge dans le Faubourg Québec. » (p. 246)

 

Lège

À lège ou alège – Sans charge, les mains vides. « Le misérable ! il était à lège … quelques sous pour lest seulement. » (p. 84)

 

Lisse

Lame d’acier placée sous les patins des voitures d’hiver. « Encore sous l’influence des liqueurs, il sommeillait, revenant à la maison, à la monotone chanson des lisses d’acier sur la neige. » (p. 99)

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# 1155             5 novembre 2014

Québec en 1759

Depuis longtemps, je désirais connaître ce qui s’était passé à Québec en 1759. Les historiens racontent la grande histoire ; mais ils s’arrêtent rarement à des détails importants qui touchent la vie des gens ordinaires. Je savais que Québec avait été bombardé par les Anglais cette année-là. Jusqu’à quel point, je l’ignorais. Je suis tombé sur un texte qui décrit ce qui s’est passé à Québec avant 1759. Sur les bombardements de cette année-là, on peut y lire le témoignage de l’évêque lui-même, Henri-Marie Dubreuil de Pontbriand (1741-1760), un contemporain de ces massacres.

 

Ce texte a été publié dans le volume 2 des Mandement, lettres pastorales et circulaires des évêques de Québec à partir de la page 8. Il est d’un réalisme qui m’a bouleversé. Le voici :

 

« Le 7 juin 1755, l'incendie de l'Hôtel-Dieu fut comme le prélude des malheurs épouvantables qui devaient fondre sur Québec et sur la colonie tout entière. L'évêque fut des plus sensibles à cette perte. Il se trouvait alors à Montréal ; il y fit une collecte qui s'éleva à plus de 1000 écus et offrit aux Hospitalières l'usage entier de son palais. À peine l'hôpital était-il en partie rebâti en 1757 qu'il fut rempli de malades et de pestiférés ; 84 y furent apportés dans une seule journée. Cette même année vit arriver en même temps la petite vérole et la famine. Au mois de mai, il fallut réduire les habitants de Québec à 4 onces de pain par jour. L'évêque se dépensait au milieu de toutes ces misères, desservant lui-même les hôpitaux et donnant des secours aux pauvres. Le 4 septembre, il administra la confirmation dans la cathédrale à 1200 personnes, les enfants à la mamelle y étant admis.

 

Le 1er juillet 1759, Monseigneur de Pontbriand étant malade se retira à Charlesbourg où il demeura pendant le siège de Québec. À la fin de septembre, le siège fini, l'évêque se hâta de quitter la scène du désastre qui détruisait les travaux de tant d'années : la cathédrale, le palais épiscopal, les églises des communautés, tout était ruiné. Sa santé depuis longtemps compromise reçut le dernier coup quand il contempla les ruines encore fumantes de son église ; il partit pour Montréal emportant avec lui le germe de la mort. C'est de cette ville qu'il écrivit au ministre du Roi un mémoire qu'il nomme Description imparfaite de la misère au Canada. Bien que cette pièce soit un peu longue, on nous permettra de la citer en partie, à cause de son importance.

 

« « Québec a été bombardé et canonné pendant l’espace de deux mois ; cent quatre-vingts maisons ont été incendiées par des pots-à-feu, toutes les autres criblées par le canon et les bombes. Les murs, de six pieds d'épaisseur, n'ont pas résisté ; les voûtes, dans lesquelles les particuliers avaient mis leurs effets, ont été brûlées, écrasées et pillées, pendant et après le siège, l’église cathédrale a été entièrement consumée. Dans le séminaire, il ne reste de logeable que la cuisine, où se retire le curé de Québec avec son vicaire. Cette communauté a souffert des pertes encore plus grandes hors de la ville, où l'ennemi lui a brûlé quatre fermes et trois moulins considérables, qui faisaient presque tout son revenu. L'église de la basse-ville est entièrement détruite; celles des Récollets, des Jésuites et du séminaire sont hors d'état de servir, sans de très grosses réparations. Il n'y a que celle des Ursulines, où l'on peut faire l'office avec quelque décence, quoique les Anglais s'en servent pour quelques cérémonies extraordinaires.

 

Cette communauté et celle des Hospitalières ont été aussi fort endommagées ; elles n'ont point de vivres, toutes leurs terres ayant été ravagées. Cependant les religieuses ont trouvé le moyen de s'y loger tant bien que mal, après avoir passé tout le temps du siège à l'Hôpital Général. L'Hôtel-Dieu est infiniment resserré parce que les malades anglais y sont. Il y a quatre ans que cette communauté avait brûlé entièrement. Le palais épiscopal est presque détruit et ne fournit pas un seul appartement logeable ; les voûtes ont été pillées. Les maisons des Récollets et des Jésuites sont à peu près dans la même situation ; les Anglais y ont cependant fait quelques réparations pour y loger des troupes ; ils se sont emparés des maisons de la ville les moins endommagées ; ils chassent même de chez eux les bourgeois, qui, à force d'argent, ont fait raccommoder quelque appartement, ou les y mettent si à l'étroit par le nombre de soldats qu'ils y logent, que presque tous sont obligés d'abandonner cette ville malheureuse, et ils le font d'autant plus volontiers, que les Anglais ne veulent rien vendre que pour de l'argent monnayé, et l'on sait que la monnaie du pays n'est que du papier. Les prêtres du séminaire, les chanoines, les jésuites, sont dispersés dans le peu de pays qui n'est pas encore sous la domination anglaise ; les particuliers de la ville sont sans bois pour leur hivernement, sans pain, sans farine, sans viande, et ne vivent que du peu de biscuit et de lard que le soldat anglais leur vend de sa ration. Telle est l'extrémité où sont réduits les meilleurs bourgeois.

 

Les campagnes ne fournissent point de ressources et sont peut-être aussi à plaindre que la ville même. Toute la côte de Beaupré et l'île d'Orléans ont été détruites avant la fin du siège; les granges, les maisons des habitants, les presbytères ont été incendiés ; les bestiaux qui restaient, enlevés ; ceux qui avaient été transportés au-dessus de Québec ont presque tous été pris pour la subsistance de notre armée ; de sorte que le pauvre habitant qui retourne sur sa terre avec sa femme et ses enfants, sera obligé de se cabaner à la façon des sauvages. Leur récolte, qu'ils n'ont pu faire qu'en donnant la moitié, sera exposée aux injures de l'air, ainsi que leurs animaux ; les caches qu'on avait faites dans les bois, ont été découvertes par l'ennemi, et par là l'habitant est sans hardes, sans meubles, sans charrue et sans outils pour travailler la terre et couper les bois. Les églises, au nombre de dix, ont été conservées ; mais les fenêtres, les portes, les autels, les statues, les tabernacles ont été brisés. La mission des sauvages Abénakis de Saint-François a été entièrement détruite par un parti d'Anglais et de sauvages ; ils y ont volé tous les ornements et les vases sacrés, ont jeté par terre les hosties consacrées, ont égorgé une trentaine de personnes, dont plus de vingt femmes et enfants.

 

De l'autre côté de la rivière, au sud, il y a environ trente-six lieues de pays établi, qui ont été à peu près également ravagées et qui comptent dix-neuf paroisses, dont le plus grand nombre a été détruit. Ces quartiers n'ont aucune denrée à vendre, et ne seront pas rétablis d'ici à plus de vingt ans dans leur ancien état. Un grand nombre de ces habitants, ainsi que ceux de Québec, viennent dans les gouvernements de Montréal et des Trois-Rivières ; mais ils ont bien de la peine à trouver des secours. Les loyers, dans les villes, sont à un prix exorbitant, ainsi que toutes les denrées ... L'année prochaine, il sera difficile d'ensemencer, parce qu'il n'y a pas de labour de fait. J'atteste que, dans cette description de nos malheurs, il n'y a rien d'exagéré, et je supplie nosseigneurs les évêques et les personnes charitables de faire quelques efforts en notre faveur. Le 5 novembre 1759. » » (Fin du témoignage de l’évêque)

 

Le vénérable évêque ne vécut pas longtemps après la prise de Québec ; miné par ses travaux continuels et plus encore peut- être par le chagrin, il mourut à Montréal le 8 juin 1760, à l'âge de 51 ans et 5 mois. Comme plusieurs de ses prédécesseurs, Monseigneur de Pontbriand se dépouillait volontiers de tout en faveur des pauvres ; au moment de sa mort, il disait au dépositaire de ses dernières volontés : « Vous direz aux pauvres que je ne leur laisse rien en mourant, parce que je meurs moi-même plus pauvre qu'eux. » Il fut enterré le 10 juin dans l'église de Notre-Dame de Montréal. Monseigneur de Pontbriand avait ordonné 97 prêtres. » (Fin du texte cité)

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# 1075             20 octobre 2014

Lettre de l’Évêque

Le 15 octobre 1768, soit cinq ans, après la signature du traité de Paris qui concédait le Canada à l’Angleterre, l’évêque de Québec, Mgr Jean-Olivier Briand faisait parvenir aux curés de son diocèse une lettre circulaire. Dans cette lettre où il encense le Gouverneur anglais, l’évêque transmet les intentions de ce dernier au sujet des cabarets, traite de l’union entre les anciens et les nouveaux sujets du roi, et sur le premier rang à être accordé dans l’église aux baillifs, des officiers de justice qui représentaient le Gouverneur dans chaque paroisse.

 

« Messieurs,

Le zèle de Son Excellence, M. Carleton, notre digne et illustre Gouverneur, pour le bonheur des peuples de cette colonie, le fait gémir sur les malheurs qu'occasionnent les cabarets. Il n'est pas possible de les retrancher entièrement dans toutes les paroisses ; mais il n'en permettra qu'autant que messieurs les curés le jugeront nécessaire et ne donnera licence de les tenir qu'à ceux qu'ils lui marqueront devoir exercer cette dangereuse profession en bons chrétiens.

 

Je viens de recevoir une lettre de Son Excellence, en date du 12 de ce mois, dans laquelle il me prie de vous recommander d'exhorter vos paroissiens à se bien accorder avec les anciens sujets de Sa Majesté, demeurant parmi eux ; d'être fidèles au gouvernement auquel la Providence les a assujettis : de ne point ajouter foi aux faux rapports, ni se nourrir de vaines et frivoles espérances qui ne pourraient que troubler leur repos, les détacher de leurs devoirs et les porter à des démarches préjudiciables à leurs intérêts spirituels et temporels. Il désire que vous leur fassiez comprendre qu'il est de leur devoir, s'il parvenait à leur connaissance qu'il se trouvât quelque chose de contraire aux intérêts de Sa Majesté, le Roi de la Grande-Bretagne, leur légitime souverain, d'en donner avis sur-le-champ, soit au Gouverneur Commandant-en-chef de la Province, soit à l'Évêque ; et il espère de vous surtout, Messieurs, que vous serez exacts et prompts à exécuter cette commission. Car il a une entière confiance dans tout le clergé.

 

Rendons grâces à Dieu de nous avoir donné un Gouverneur si vigilant pour les intérêts de son prince, si zélé pour la conservation de la paix et la tranquillité dans sa Province, si bien prévenu en faveur des ecclésiastiques et si favorable à notre sainte religion.

 

Nous devons certainement soutenir les vérités de la foi, même au péril de notre vie, les prêcher et en instruire les peuples ; mais il ne convient ni à la religion de le faire avec aigreur ni à la gloire de Dieu de le faire avec mépris. Vous éviterez donc soigneusement de vous servir de termes offensants et injurieux pour ceux des sujets du Roi qui sont d'une autre religion ; ceux de protestants et de frères séparés seront les seuls dont vous vous servirez, lorsqu'il sera absolument nécessaire de le faire pour expliquer notre créance. Une autre conduite ne ferait qu'aliéner les cœurs, troubler la bonne harmonie qui doit régner entre les anciens et les nouveaux sujets, ne ferait pas de prosélytes et pourrait engager le Gouvernement à retirer la protection et la liberté qu'il veut bien accorder à notre sainte religion.

 

Vous accorderez au premier baillif de votre paroisse le premier banc à l'église et vous lui ferez rendre les mêmes honneurs que l'on rendait ci-devant aux capitaines de milice. C'est un article sur lequel il me prie encore de vous marquer sa volonté. Le banc est le premier de la rangée du milieu du côté de l'épitre. S'il était occupé, la fabrique rendrait le prix de l'adjudication à ceux qui le possèderaient, soit de tout temps, soit depuis que les capitaines ont été retranchés.

 

Nous nous flattons, Messieurs, que vous entrerez avec zèle dans toutes les vues de Son Excellence et que vous ne négligerez rien pour le satisfaire sur tous ces points. » (Fin du texte cité)

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# 579               14 juin 2014

Torture chez les Indiens

Au temps de la Nouvelle-France, les Indiens avaient développé une procédure judiciaire pour faire avouer un crime. Les Blancs qui se sont approprié en partie cette procédure appelaient cela la question. On questionnait le présumé coupable avec torture ou pas jusqu’à ce qu’il admette sa faute. Voici ce que rapporte le jésuite Joseph-François Lafitau concernant les Indiens :

 

 « Pour ce qui est de ceux qui se sont rendus odieux au village, pour des raisons qu'on ne peut pas expliquer, comme, quand ils se sont fait connaître par de fréquents larcins, qu'ils troublent les mariages, la paix des familles, qu'ils se mêlent de trop d'affaires, qu'ils entretiennent au dehors quelque correspondance suspecte, on les accuse de jeter des sorts et de donner des maléfices. Cette réputation étant bien établie, on attend plus que l'occasion favorable d'éclater.

 

Afin de dissimuler davantage le dessin qu'on a formé, on ne s'adresse pas immédiatement à celui ou à celle dont la perte est déterminée ; mais le Conseil envoie chercher en première instance quelques personnes qui ayant la même réputation, dont il y a toujours un bon nombre au village. On exhorte d'abord celles-ci avec douceur à déclarer leurs crimes et leurs complices. Pour peu qu'ils se fassent prier, on fait mine de leur appliquer les fers rouges qui sont une violente question.

 

La crainte des tourments ou l'espérance de s'en délivrer leur fait nommer indifféremment innocents et coupables, mais tout ce qu'elles disent est regardé comme autant de calomnies jusqu'à ce que, par hasard ou autrement, elles aient nommé la personne qu'on veut perdre. Alors on se saisit de celle-ci, on la traite de la même manière, pour lui faire avouer qu'elle est coupable ; les accusateurs ne lui manquent point ; elle seule a fait tous les maux du village, elle a tué la mère de l'un, le frère de l'autre, on l'a vue jeter du feu par la bouche, fouiller dans les sépultures, rôder autour des cabanes, etc. Il ne lui en faut pas tant pour avoir mérité la mort qu'on lui fait souffrir en la brûlant comme un esclave, si par pitié on ne la poignarde ou on ne l'assomme. »

 

Ce texte a été cité dans un article de Cité libre du numéro août-septembre 1963 par Raymond Boyer. Le Père Lafitau est considéré comme un pionnier de l’ethnographie et a découvert le ginseng en Amérique du Nord.

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# 503               19 mai 2014

Les patriotes 1837-1838

Aujourd’hui 19 mai 2014, c’est la Journée nationale des patriotes. Cette journée a été célébrée pour la première fois en 2003. Elle a remplacé la Fête de Dollard. Ce dernier avait sauvé la Nouvelle-France en 1660 en repoussant les Iroquois au Long-Sault.

 

La Journée nationale des patriotes a été instituée par le Gouvernement du Québec pour rappeler le souvenir de ces hommes qui, en 1837 et en 1838, ont lutté « pour la reconnaissance de notre nation, pour sa liberté politique et pour l'établissement d'un gouvernement démocratique ».

 

En novembre 1837, à la suite de nombreuses assemblées publiques, un groupe d’hommes prit les armes. Les principaux instigateurs de cette rébellion sont :

• Wolfred Nelson, un médecin et député qui fut plus tard maire de Montréal

• Son frère Robert Nelson qui était aussi médecin et député

• Louis-Joseph Papineau, un avocat, chef du Parti patriote et seigneur de La Petite-Nation (Outaouais)

 

Des centaines de patriotes ont été tués et blessés au cours des différentes batailles. Malgré l’absence de résistance, des centaines de maisons et de granges ont été incendiées sous les ordres de John Colborne, commandant en chef des armées britanniques des deux Canadas. On appellera cet homme sans pitié le Vieux Brûlot.

 

À la suite des rébellions de 1837 et de 1838, environ 1200 hommes furent emprisonnés. De ceux-ci, 58 furent déportés en Australie et 12 furent pendus. Ceux qui furent pendus sont :

 

Le 21 décembre 1838

Joseph-Narcisse Cardinal, avocat et député

Joseph Duquette, notaire

 

18 janvier 1839

Pierre-Théophile Decoigne, hôtelier et notaire

François-Xavier Hamelin, cultivateur

Joseph-Jacques Robert, cultivateur

Ambroise Sanguinet, cultivateur

Charles Sanguinet, cultivateur

 

15 février 1839

François-Marie-Thomas Chevalier De Lorimier, notaire

Amable Daunais, cultivateur

Charles Hindelang, marchand et officier militaire

Pierre-Rémi Narbonne, peintre et huissier

François Nicolas, instituteur

 

Ces hommes, dont la plupart avait des enfants en bas âge, ont donné leur vie pour assurer une liberté au peuple québécois. En ce jour, ayons une pensée pour eux.

 

Rassurez-vous. On peut être encore patriote. Comment ? En défendant la langue et la culture québécoise. En étant fiers de notre identité québécoise. En assumant les valeurs québécoises qui s’expriment notamment par l’accueil des autres et par la tolérance.

 

Voilà ma contribution à cette fête nationale.

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# 500               18 mai 2014

L’éducation en Nouvelle-France

En Nouvelle-France, deux hommes étaient désignés par le roi de France pour administrer la colonie. Même si l’intendant était sous la responsabilité du gouverneur, il réglait un plus grand nombre de dossiers que ce dernier. En effet, l’intendant devait veiller à la bonne marche quotidienne de la société en faisant fonctionner le système juridique et en gérant les finances.

 

Le 4 juin 1727, l’intendant Michel Bégon de la Picardière établit les règles pour l’instruction des enfants. Voici son ordonnance :

 

« Ordonnance qui fait défense au nommé LeChevalier, garçon, âgé d'environ vingt-huit ans, de moyenne taille, cheveux châtains, brun de visage, les yeux ronds et un peu égarés, le nez long, sous peine de punition corporelle, de s'ingérer de montrer à lire et à écrire aux jeunes gens de la colonie ; défense à toutes personnes de quelque état et condition qu'elles soient, autres que ceux déjà établis à cet effet, de s'ingérer de montrer à lire et à écrire aux jeunes gens des villes et de la campagne et de tenir école de garçons ou de filles, sans la participation de l'intendant, et sans en avoir la permission et approbation de M. l'évêque de Québec ou du sieur de Lotbinière, archidiacre de ce diocèse, à l'examen desquels ils seront soumis, pour recevoir d'eux leur mission, et tenus de rendre compte de leur conduite aux curés des paroisses où ils enseigneront, sans qu'aucun homme puisse tenir école de filles ni aucune femme tenir école pour les garçons, à moins que ce ne soient gens mariés et qui en aient la permission de M. l'évêque de Québec ou du sieur de Lotbinière, son archidiacre. »

 

On aura compris que le nommé LeChevalier n’était pas marié. Il ne serait pas gentil de penser que son physique y est pour quelque chose. En grossissant quelque peu ses traits, on imagine un revenant.

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# 350               19 mars 2014

Honoré Mercier
Lorsque j’étais en Versification (Sec. IV), le professeur de français, Bernard Lebel, nous avait demandé longtemps à l’avance de composer un discours sur un sujet de notre choix. Il fallait apprendre le texte par cœur et le présenter devant les élèves de la classe, un auditoire très critique. J’avais choisi de parler d’Honoré Mercier. Voici le texte :

 «Cessons nos luttes fratricides et unissons-nous.» Voilà une des paroles prononcées en 1887 par Honoré Mercier lors de l’inauguration du monument Cartier-Brébeuf à Québec.

Honoré Mercier,

Monsieur le professeur,

Chers confrères,

Tous vous connaissez certainement la vie d’Honoré Mercier ; cet illustre défenseur de nos droits qui a présidé aux destinées du peuple québécois et qui, il y a près de trois-quarts de siècle, dirigeait notre gouvernement.

Que serions-nous si Honoré Mercier n’avait pas pris la défense de nos droits ? C’est là, certes, une question que la plupart de nous devrait se rappeler lorsque nous entendons parler à tort et à travers de ce grand homme. Il ne faut pas cependant l’élever sur un piédestal car cet homme qui a connu la gloire a aussi vécu des défections et des profonds malheurs. Mais, toute sa vie a été consacrée au service de la province de Québec.

Né à Sabrevois en 1840, il fut d’abord élève des Jésuites à Montréal ; puis il fit ses études de droit et de journalisme au Courrier de St-Hyacinthe. Dans ses écrits, Mercier se signalait déjà par son intérêt à divers problèmes d’envergure tels l’indépendance du Canada, la colonisation et la lutte à l’esprit de parti. Toutefois, il admirait Cartier ; mais ne prisait guère la Confédération.

Puis, en 1879, il passe à la politique provinciale, comme député du comté de St-Hyacinthe qu’il représente jusqu’en 1890. En Chambre et devant le peuple, à ce moment chef de l’opposition libérale, il affronte le conservateur Chapleau qui vient de succéder à Joly comme premier ministre dont on dit que son éloquence entraînante l’avait rendu très populaire.

En 1885, survint la déplorable pendaison de Louis Riel qui blessa profondément le cœur du peuple de chez-nous. Jusqu’à la dernière minute, tout le Canada français avait espéré qu’Otta­wa se montrerait plus compréhensif. Mais, il fallut se soumettre. Les Orangiste réclamèrent la tête du jeune Riel. Mercier prit alors figure de chef du mouvement protestataire et, à vrai dire, incarna l’âme de la collectivité canadienne-française. Il est partout : il parle dans 90 assemblées.

Le gouvernement Mercier - un gouvernement national et non pas libéral comme le dira souvent Mercier lui-même - verra en juin 1890 sa majorité augmentée. Mais, Mercier, comme tout autre, veut voir accroître sa gloire. Il ne surveille plus son entourage ; il ne contient pas assez son ambition. Aussi, peu à peu, il se crée des ennemis. Il veut renverser Sir John Macdonald. Il fait de grandes maladresses. Entre autres, il fait arrêter le journaliste Jules-Paul Tardivel surnommé le « Louis Veillot du Canada » pour sa défense ardente des intérêts catholiques. Alors, Angers, lieutenant-gouverneur, congédie le gouvernement Mercier.

La province est en ébullition ... On discute ferme du « coup d’état ». Le conservateur Charles-Eugène Boucher de Boucherville succède à Mercier et un appel au peuple a lieu. Mercier se multiplie, fait face aux acharnés. Un rapport minoritaire du juge-commissaire Louis Jetté diffère bien de celui qui a précipité la chute du Gouvernement. Mais, le parti de Mercier est quand même battu aux urnes. Déprimé, malade, Mercier doit faire cession de ses biens - de ses chers livres - et par surcroît subit un procès en Cour d’Assises sous l’accusation de malversation. Il est acquitté et l’excès de pitié lui rend la sympathie populaire.

Ensuite, en 1892, la grande confiance qui renaissait chez beaucoup de Québécois lui procura la charge de député de Bonaventure. Cependant, il ne parut à la Chambre qu’en 1893. Il parlera partout, donnera de multiples conférences au Canada et aux États-Unis.

Âgé de 54 ans, il mourait en 1894 après avoir reçu la bénédiction apostolique. Les funérailles prirent tournure de deuil national. Sur son lit de mort, il donnera une chaude poignée de mains au lieutenant-gouverneur Chapleau, jadis contradicteur de taille, venu le voir pour évoquer tant de souvenirs.

Sans doute, Mercier eut ses faiblesses et ses erreurs, mais l’on peut toutefois affirmer sans parti pris qu’il fut l’un de nos grands chefs de file. Ardent patriote, protagoniste convaincu de l’autonomie provinciale et de l’indépendance du Canada, Mercier fit briller le nom du Québec. En 1887, à l’issue de la conférence interprovinciale, un Olivier Morrat, premier ministre ontarien, pouvait dire : «Il nous dépasse tous de la tête et des épaules.»

Incontestablement, Honoré Mercier est une figure illustre de chez nous. Dressée sur son socle, devant le parlement provincial, sa statue parle au peuple du Québec. Le bras tendu, l’attitude éloquente, Mercier redit aux siens : «Cessons nos luttes fratricides ; unissons-nous.» Puisse sa voix être toujours entendue.

Merci.

Note 1. La présentation s’est bien déroulée sauf que je n’ai pas fait d’arrêt après le titre «Honoré Mercier». Ce fut le fou rire général et les élèves regardaient partout dans la classe pour voir si Honoré Mercier n’était pas là. Heureusement, le professeur, par de grands gestes, a calmé l’auditoire.

Note 2. Pour l’écriture du texte, je m’étais inspiré de deux ou trois articles parus dans le journal Le Devoir.

Note 3. J'ai eu un très bon résultat.

Note 4. Je n’ai pas révisé le texte pour voir s’il y avait des erreurs.

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# 255       3 février 2014

La bataille de Rivière-Ouelle
À la fin du 17e siècle, la Nouvelle-Angleterre, voulant étendre son territoire principalement en vue du commerce des fourrures, décida d’envahir la Nouvelle-France en voulant conquérir la ville de Québec. Les Britanniques avec l’aide de la milice coloniale américaine montèrent une flotte comportant 32 navires et 2000 soldats. C’est l’amiral William Phips qui prit les commandes. En 1690, l’équipage quitta le port de Boston. En passant par l’Acadie, les militaires réussirent à prendre Port-Royal. Ils remontèrent le fleuve Saint-Laurent.

On peut penser que les habitants du Bas-du-Fleuve voyant passer cette flotte s’empressèrent de faire avertir le comte Louis de Frontenac qui était alors gouverneur général de la Nouvelle-France à Québec. Par le biais d’un ou de plusieurs messagers, chaque seigneur et possiblement chaque curé étaient alors informés de cette invasion.

Le seigneur de la Bouteillerie qui résidait à Rivière-Ouelle se rendit à Québec. Pendant ce temps, le curé Pierre de Francheville, un ancien secrétaire de Mgr de Laval, aussi chasseur renommé et idolâtré de ses ouailles, craignit que cette troupe ne s’arrête chez lui. Pour ne pas prendre de chances, il recruta les meilleurs hommes de sa paroisse et des environs. Ceux-ci se préparèrent à contrer une attaque.

Le pressentiment du curé s’avéra. En août 1690, les navires anglais jetèrent l’ancre vis-à-vis de Rivière-Ouelle en vue notamment de faire des provisions d’eau et de nourriture avant d’arriver à Québec. Six chaloupes portant 150 hommes quittèrent les navires pour effectuer une première invasion.

Au moins une trentaine d’hommes armés de fusils de chasse, de haches et de fourches les attendaient. Ils étaient embusqués à la lisière de la forêt derrière les rochers. Dès le débarquement des militaires sur la rive, le curé de Francheville donna l’ordre de tirer en criant FEU. Plusieurs anglais furent touchés mortellement et d’autres furent blessés. Les rescapés rebroussèrent chemin en toute hâte.

Des membres des familles Boucher et Ouellet dont quatre de mes ancêtres participèrent à cette expédition.

Les Ouellet (5 membres)
On retrouvait René Ouellet (55 ans). Il était accompagné de trois de ses fils : Joseph (23 ans), Mathurin (21 ans) et Grégoire (18 ans). Certains auteurs incluent deux autres de ses fils : René et Joseph, mais je n’ai pas pu retrouver leur trace. René Ouellet est mon ancêtre de la première génération au Québec. Son fils Grégoire est mon ancêtre de la deuxième génération. Il y avait aussi Jean Lebel (20 ans), fils de Nicolas Lebel et de Thérèse Migneault, la deuxième épouse de René Ouellet. Certains auteurs citent le nom de Jean-Baptiste, le fils de Jean, mais il est né en 1692.

Les Boucher (6 membres)
On comptait aussi Jean-Galleran Boucher (57 ans) et ses fils Pierre (26 ans) et Philippe (24 ans). Jean-Galleran est mon ancêtre de la deuxième génération au Québec. Son fils Grégoire est mon ancêtre de la troisième génération. Les accompagnait Jean-François Lavoie (29 ans), époux de Marie-Madeleine, la fille de Jean-Galleran. Il y avait aussi François Autin (40 ans), marié à Marie Boucher, fille de Jean-Galleran, de même que Jean-Baptiste Mignot dit Labrie (25 ans) marié à Marie-Sainte Boucher, fille de Pierre Boucher et de Marie St-Denis. Marie-Sainte est la nièce de Jean-Galleran Boucher.

L’attaque de Québec fut repoussée par Frontenac qui avait près de 80 ans. C’est en cette circonstance qu’on lui doit la célèbre réplique à l’envoyé de Phips, qui peut être résumée ainsi : "Allez dire à votre maître, que je lui répondrai par la bouche de mes canons."

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# 229        23 janvier 2014

Soumission à l’Église
On dit souvent que nos ancêtres étaient soumis à l’Église. En ce qui a trait à la sexualité, nos pères acceptaient de bon gré la soumission aux prêtres qui les encourageaient à procréer davantage. Ils sentaient une complicité avec les pasteurs qui étaient des hommes comme eux.

Quant à l’organisation matérielle des paroisses, c’était une autre histoire. Malgré des menaces d’excommunication, certains de nos ancêtres résistaient aux diktats de l’évêque et des curés. En 1766, Mgr Jean-Olivier Briand écrit au curé Saint-Onge du Cap Saint-Ignace : "Je n’ai plus confiance dans vos paroissiens ; je ne crois pas qu’ils obéiront au mandement que je leur enverrai." En 1769, il écrit au curé de Trois-Rivières : "Nous sommes dans un siècle où l’on n’écoute plus le prêtre, on croit en savoir autant que lui." Pendant plusieurs années, au grand dam de l’évêque, les marguilliers de l’église de Québec lui ont refusé l’entrée en sa cathédrale.

En 1770, les paroissiens de Saint-Thomas de Montmagny refusaient de bâtir une église. Mgr Briand écrit au curé : "Envoyez-moi, monsieur le curé, la liste de ceux qui ne font pas leurs pâques, s’ils ne se décident pas, ils seront excommuniés."

En 1782, Mgr Briand écrit : "Si vous ôtez cinq ou six de nos bourgeois, tout le reste demeure dans une stupide et grossière indifférence vis-à-vis de la religion."

Le choix du site de la chapelle ou de l’église a fait l’objet de chicanes dans plusieurs paroisses. L’expression querelle de clochers est significative à cet égard. À Trois-Pistoles en 1844, il y eut en même temps trois églises. Dans certains cas, l’évêque tentait sans succès d’imposer sa volonté.

Dans son livre Manuel de la petite littérature du Québec (Éditions du Boréal, 2012), Victor-Lévy Beaulieu cite de nombreux autres cas de rébellions envers des curés trop zélés ou envers l’évêque.

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# 132       10 décembre 2013

Les écoles de rang
Jusqu’au milieu des années 1960, chaque paroisse avait sa commission scolaire. À Saint-Mathieu-de-Rioux, la première assemblée consignée au registre a eu lieu le 31 décembre 1869. Elle était présidée par le curé Antoine Chouinard. Le secrétaire-trésorier qui agissait à titre de coordonnateur conservait dans sa maison les archives de la commission scolaire, des copies de manuels scolaires en vigueur et le matériel comme les craies, les brosses à tableau, etc.

Pendant presqu’un siècle, un commissaire était assigné à chaque école de rang. Il était responsable de l’engagement de l’institutrice, du mobilier, de l’entretien de la bâtisse et devait recevoir les plaintes des parents. Certains commissaires ne prônaient pas l’instruction et ne savaient pas trop comment intervenir.

Dans les écoles de rang, l’institutrice enseignait toutes les matières de la première à la septième année. Elle avait généralement un brevet C, soit l’équivalent de 11 ans de scolarité. Sinon, à défaut de trouver une personne diplômée, une personne désignée obtenait un permis d’enseignement délivré par la commission scolaire. L’institutrice enseignait aux écoliers les rudiments de l’écriture, de la lecture, de l’arithmétique et de la religion. Elle devait leur montrer à prier et à se comporter en catholique exemplaire. Elle devait au besoin les préparer à la petite communion, à la première confession, à la confirmation et à la communion solennelle. En plus de son travail d’institutrice, elle devait faire chaque jour le ménage de l’école et trois fois par année un grand ménage. Si elle se sentait incapable de faire le grand ménage, elle devait engager quelqu’un et le payer à même son propre salaire.

Une des conditions essentielles de son engagement était qu’elle soit de bonne conduite. Elle ne devait pas être mariée. Elle n’avait pas le droit de fréquenter de jeunes hommes du moins à l’école. Elle devait s’habiller avec décence et modestie : des manches longues, pas de fard, pas de bijoux. En dehors de l’école, elle devait user de retenue : pas de danse, pas de veillées où la promiscuité règne.

L’inspecteur d’écoles faisait une visite annuelle. Il vérifiait la propreté des lieux, le mobilier, le progrès des élèves, les livres utilisés et les journaux de classe de l’institutrice. Le journal de préparation de classe devait indiquer le temps consacré à chaque matière et les notions enseignées à chaque jour. Le journal d’appel contenait des remarques relatives aux élèves comme l’assiduité et la bonne conduite. L’inspecteur en profitait pour faire parvenir au commissaire des recommandations concernant l’aspect matériel de l’école et même concernant le réengagement ou non de l’institutrice.

La visite de l’inspecteur était une journée mémorable. Pendant des jours, l’institutrice préparait ses élèves à répondre à des questions éventuelles du visiteur sur des connaissances et sur le fonctionnement de la classe. Quand le grand jour arrivait, elle était très nerveuse craignant que l’un d’eux lui fasse honte ou qu’elle-même ne puisse pas répondre aux questions que l’inspecteur lui poserait.

De son côté, le curé faisait aussi une visite annuelle. Il vérifiait les connaissances religieuses des écoliers et s’assurait que les livres de classe utilisés étaient ceux approuvés par le Département de l’Instruction publique, un organisme sous la responsabilité des évêques du Québec. Il était souvent accompagné du commissaire qui veillait à ses déplacements.

Bref, l’organisation scolaire de cette époque était simple : une commission scolaire pour la paroisse, un commissaire et une institutrice par école de rang, deux superviseurs : l’inspecteur d’écoles et le curé.

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# 119       5 décembre 2013

L’Oublié, un roman historique
Laure Conan (1845-1924) est la première romancière québécoise. En 1900, elle a publié par feuilletons L’Oublié un roman historique. Ce roman dont l’action se passe au début de la colonie visait à montrer l’implication importante de Lambert Closse et de sa chienne Pilote dans la défense de Ville-Marie, aujourd’hui Montréal.

Lambert Closse est né en 1618 (en 1630, selon le chanoine Alphonse Fortin). Il serait arrivé à Ville-Marie en 1647, cinq ans après Pierre de Maisonneuve et Jeanne Mance. Il est décédé au combat contre les Iroquois le 6 février 1662. Il était un contemporain de Dollard des Ormeaux qui fut d’ailleurs le parrain de sa fille.

Dans Vaillants pionniers, publié chez Fides en 1958, le chanoine Alphonse Fortin écrit :

"En 1902 paraissait l’un des plus beaux romans historiques qui aient été écrits chez nous. Tout de suite il s’imposa par l’étrange émotion qui s’échappait de ces pages où l’auteur, une femme de lettres remarquable, avait essayé de racheter l’injuste oubli de tout un peuple envers un de ses soldats les plus héroïques.

Le livre, c’était l’Oublié ; l’écrivain Laure Conan, nom de plume de Mademoiselle Félicité Angers. Et le héros du roman, c’était Raphaël-Lambert Closse, sergent-major à Ville-Marie, bras droit de Maisonneuve, compagnon d’armes de Charles Lemoyne, émule enfin de Dollard des Ormeaux, et tombé deux ans après son rival de gloire, en défendant lui aussi la Nouvelle-France.

Laure Conan avait trouvé un beau titre pour son ouvrage, un titre bien approprié L’Oublié. Même si aujourd’hui le personnage de Lambert Closse est un peu mieux connu, il n’empêche que ce nom glorieux a été enfoui dans l’oubli pendant plus de deux siècles. Certes, nous ne manquions pas de héros à chanter. Mais celui-là avait sa place au premier rang, et il avait droit à une éclatante réparation."

Ces propos tenus par le chanoine Fortin reflètent parfaitement ce qu’il nous enseignait en classe de Rhétorique (Collégial 1) ; mais ce que j’ai lu sur internet fait voir beaucoup moins d’enthousiasme envers le héros. Toutefois, une chose est certaine, Lambert Closse a sa statue sur la Place d’Armes à Montréal où on le voit avec sa chienne Pilote. (voir ci-contre)

Pour ma part, un simple lecteur, j’ai bien aimé ce roman historique.

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# 049       23 octobre 2013

L’enfant perdu et retrouvé
Il y a quelques années, j’ai découvert dans une librairie un livre intitulé L’enfant perdu et retrouvé et publié aux éditions Beauchemin en 1940. Une première édition avait vu le jour en 1887. Ce livre a été rédigé par le prêtre Jean-Baptiste Proulx en s’inspirant d’un texte de Pierre Cholet. Selon cet auteur, c’est une histoire authentique et, au début du livre, il reproduit des pièces manuscrites pour le prouver.

C’est le récit de trois enfants qui demeurent à Saint-Polycarpe, non loin de Rigaud : Pierre Cholet, quatre ans, Toussaint Cholet, son frère de trois ans, et leur petit cousin Pierre Doucet, six ans. Par une journée d’été de 1845, les trois jeunes vont manger des framboises sur une terre voisine. Ils sont enlevés par un colporteur et vendus à un capitaine d’un navire français qui était de passage dans le port de Montréal. Le navire part pour Saint-Malo en France emmenant les trois enfants. Lors de la traversée vers l’Europe, le plus âgé, soit Pierre Doucet meurt. Il ne reste que les deux frères.

Les deux survivants reçoivent une instruction rudimentaire à Saint-Malo et, vers l’âge de 13 ou de 14 ans, ils sont réquisitionnés comme marins. Près de 10 ans plus tard, après une première tentative d’évasion, ils s’enfuient du bateau qui était amarré sur la côte du Labrador. Lors de cette escapade, Toussaint meurt de faim et de fatigue.

Pierre réussira à se rendre à Gaspé où il entreprend la recherche de ses parents sans savoir où il réside au Québec. Il ira jusqu’à Ottawa le plus souvent à pied en mendiant pour survivre ou en effectuant divers travaux. La principale difficulté : il n’a pas gardé en mémoire que le fils du capitaine avant de partir pour l’Europe leur avait imposé de nouveaux noms. Leur nom de famille était devenu Marin. Comme il y avait deux Pierre, le seul survivant avait été affublé du prénom de Louis. C’est donc sous le nom de Louis Marin que Pierre Cholet effectuait ses recherches à travers le Québec.

Une controverse existe sur l’authenticité des faits décrits par l’abbé Proulx. Certains pensent que des pièces recueillies par cet auteur pour montrer sa véracité ont été trafiquées. Quoi qu’il en soit, c’est un texte pathétique mais très intéressant à lire. Je viens de le relire en rafale. Ce livre a été réédité de nombreuses fois.

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# 046       19 octobre 2013

Mariage à la gaumine
Durant les premiers siècles de l’ère chrétienne, le mariage se fait devant notaire. Vers le 5e siècle, on commence à inviter les membres du clergé aux noces qui suivent le mariage civil. L’éminent saint Augustin (354-430) déconseille aux prêtres d’accepter ces invitations, ne voulant pas être jugés responsables d’un mariage qui ne dure pas. À la suite de saint Paul, l’Église considère le mariage comme un mal nécessaire. Dans sa première épître aux Corinthiens, saint Paul n’avait-il pas écrit en parlant des célibataires et des veuves : " S’ils ne peuvent se contenir, qu’ils se marient ; mieux vaut se marier que de brûler. "

Au 9e siècle, Charlemagne prescrit aux mariés de demander la bénédiction d’un prêtre après le mariage civil. Peu à peu, l’Église intervient. D’abord, les prêtres donnent la bénédiction avant le mariage civil sur le portail de l’église. Plus tard, ils offrent aux mariés d’officialiser leur union civile lors d’une messe à l’église.

Le mariage religieux catholique est reconnu comme sacrement au concile de Lyon en 1274. Au concile de Trente, qui débute en 1545 et qui s’étale sur 18 ans, l’Église définit les conditions du mariage. Il s’agit d’une célébration devant deux témoins civils en présence d’un prêtre. Les mariés sont considérés comme les célébrants, alors que le prêtre joue seulement un rôle de témoin religieux.

C’est dans ce contexte que le mariage à la gaumine apparaît au Québec au 18e siècle. Dans certains cas, le prêtre refuse de célébrer un mariage pour des raisons diverses. Dans d’autres cas, les parents refusent leur accord. Les futurs époux se rendent alors à l’église un dimanche. Pendant que le célébrant dit la messe, dos aux fidèles, ceux-ci s’avancent à la balustrade accompagnés de deux témoins. Ils déclarent à haute voix qu’ils se prennent pour mari et femme. Les conditions imposées par l’Église sont accomplies ; le mariage est valide selon la lettre. Mais le clergé ne l’entend pas ainsi. Toutefois, la plupart du temps, le curé légitime le mariage dans les mois qui suivent. En 1717, Mgr de Saint-Vallier, évêque de Québec, émet un mandement dans lequel il menace d’excommunier ceux qui, quand même peu nombreux, utilisent ce stratagème. Peu à peu cette forme de mariage disparaît.

Le mot gaumine provient d’un dénommé Gaumin qui, en France, s’était marié de cette façon.

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# 039       13 octobre 2013

Invasion des Allemands
Dans son livre Minutes retrouvées, publié en 1953 par Fides, le notaire Gaëtan Valois raconte comment, quelques années avant le déclenchement de la Première guerre mondiale, l’Allemagne s’est servi de lui dans le dessein d’envahir le Canada. Cette révélation assez surprenante est très peu connue.

Au début du 20e siècle, l’Allemagne est une grande puissance industrielle. Ses produits inondent les marchés français et britanniques. Au début de 1912, elle propose au Gouvernement du Québec un programme d’établissements industriels. Ce programme "comprenait l’installation dans la province d’un bon nombre des industries dont l’Allemagne faisait le fondement de son commerce d’exportation."

Or, toujours selon le notaire Valois, l’Allemagne avait choisi l’Île d’Orléans pour la localisation de ses industries officiellement à cause de la proximité d’un service d’énergie électrique par les chutes Montmorency et parce que les agriculteurs de l’île se plaignaient que leurs terres, faute d’engrais, "étaient de moins en moins propices à l’économie agricole."

Le programme développé par l’Allemagne consistait à construire un chemin de fer d’un bout à l’autre de l’île qui irait jusqu’à Québec en passant par un pont qu’ils promettaient d’ériger. Il consistait aussi à construire des manufactures tout le long du chemin de fer et, pour y parvenir éventuellement, à acheter toutes les terres de l’île. Personne ne se doutait de rien, car comme le dit le notaire : "Il n’y avait qu’une guerre en perspective, c’était la guerre économique."

En février 1912, sans rien connaître des intentions des Allemands, le notaire Valois fut engagé comme solliciteur d’options pour les terres de l’île. Les habitants pouvaient "conserver deux ou trois arpents de terrain, comprenant la maison et le corps de ferme.". En retour, on leur offrait de l’emploi pour les travaux de construction et par la suite dans les usines. On leur faisait miroiter que le lopin de terre qui leur restait pourrait être rentabilisé par la culture d’un potager qui servirait à nourrir la population de l’île.

Déjà, dans la paroisse de Saint-Jean, au bas de la falaise, sous la direction d’un dénommé Rhundhein, les Allemands avaient bâti une usine où "l’on y fabriquait de la brique de ciment, des tuyaux de drainage de dimensions diverses, des tuiles de parquet aux couleurs et dessins variés." Une trentaine d’ouvriers demeurant dans l’île y travaillaient, dont une demi-douzaine d’Allemands. Les contremaîtres étaient allemands. Ce bâtiment était construit "avec parquet en béton sur toute son étendue." Le notaire Valois écrit ceci : "Un villageois me racontait sans s’expliquer la raison, que lors de la construction de cette masse de béton armé, on avait creusé au moins 15 pieds avant de commencer la base, la foutine, comme disent nos Canayens. Et ce qui étonnait mon homme, c’est qu’il n’y avait dans la place aucune machinerie lourde dont le poids eût nécessité une telle précaution de solidité."

Les Allemands avaient acheté en bonne et due forme la Pointe d’Argentenay, située à l’extrémité est de l’île soit dans la paroisse de Saint-François, où les bateaux pourraient accoster. L’acheteur était le baron Von Godenz. On commença l’érection du chemin de fer.

En août 1914, quelque temps après le déclenchement de la Première guerre mondiale, le notaire Valois apprend en lisant la Patrie de Montréal que le directeur de l’usine qui était aussi juif avait été déporté dans un camp de concentration. Ajouté aux autres dépêches de guerre qui mentionnaient que l’Allemagne avait anticipé des mainmises en France, le notaire Valois comprit "les desseins qui se cachaient sous le parquet renforcé de l’usine de Saint-Jean, à l’île d’Orléans, comme étant l’endroit idéal d’où il fut possible, sans être repéré, de dévaster de fond en comble, en moins d’une heure, la ville de Québec et toute sa citadelle." Il comprit aussi que les Allemands avaient prémédité l’invasion du Canada "au moyen d’un port accessible au cœur du pays même en hiver, et d’un chemin de fer qui y mènerait directement, mais que la tragédie de Sarajevo n’avait pas laissé le temps de parachever."

Quand le notaire Valois parle de la tragédie de Sarajevo, il fait allusion à l’assassinat perpétré à cet endroit le 28 juin 1914 contre l’Archiduc d’Autriche François-Ferdinand, cet événement étant considéré comme l’élément déclencheur de la Première guerre mondiale.

Le notaire Valois conclut en écrivant : "Ainsi mes premiers rêves de haut civisme s’effondraient-ils dans la perspective maintenant claire et patente, d’avoir été, au bénéfice de l’Allemagne, un espion ... sans le savoir." Aujourd’hui, on dirait que le notaire a été un collabo sans le savoir.

Rappelons que l’Île d’Orléans est considérée comme le berceau de l’Amérique française et qu’elle s’étend sur un territoire de 245 kilomètres carrés. Elle comprend six municipalités. À leur arrivée au Canada, beaucoup de nos ancêtres s’y établirent pour émigrer principalement vers l’est par la suite. Que serait-elle devenue si la guerre avait été déclenchée un an ou deux plus tard ? Je pense qu’on l’a échappé belle.

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# 038       11 octobre 2013

Eugène Achard
Hier, je suis allé dans une librairie de livres usagers. J’ai découvert un petit livre écrit par Eugène Achard et publié en 1942 par la Librairie générale canadienne à Montréal. Le titre est : Les enfants perdus. Ce livre contient deux récits. Le premier est l’histoire d’un jeune garçon qui est disparu par la volonté de sa belle-mère aidée de son oncle. Le second nous montre un autre jeune garçon qui, après une vie errante avec un inconnu, est adopté par une famille et par le curé qui veut en faire son bedeau.

Eugène Achard n’est pas très connu. Pourtant, il a écrit plus de 80 livres. Son œuvre est boudée par certains auteurs d’anthologie de la littérature québécoise parce que, semble-t-il, il a écrit pour les écoliers. Quiconque a étudié dans les années 1950 a sûrement mis la main sur un de ses livres. Il a été l’écrivain le plus lu dans les écoles du Québec entre 1920 et 1960. Ses livres garnissaient les bibliothèques de classe et étaient donnés comme récompenses par les inspecteurs d’école lors de leur visite annuelle. J’ai en ma possession 12 livres de cet auteur. Voici quelques titres : Sur les hauteurs de Charlesbourg-Royal, Le vice-roi du Canada, Pionniers et découvreurs, Aux quatre coins des routes canadiennes, La fée des érables.

Eugène Achard est Français d’origine. Il naît en 1884. Il fait ses études chez les Maristes où il devient Frère et obtient son brevet d’enseignement en 1902. Comme, à cette époque la France laïcise ses écoles, la communauté religieuse décide d’émigrer au Québec où elle est reçue à bras ouverts. C’est en 1903 que le jeune Achard commence sa carrière d’enseignant chez nous. Il enseigne jusqu’en 1920, année où il est atteint de surdité, une séquelle de la fameuse grippe espagnole. Il quitte alors sa communauté. Il se lance dans l’écriture et publie cinq ouvrages dès la première année. Ses livres, avec la bénédiction de l’Église, circulent surtout dans le milieu scolaire.

Dans ses livres, il évoque l’histoire du Québec. Il décrit ses paysages ; il produit des contes et des légendes ancrés dans le terroir. Il se fait pédagogue et conteur. Bref, Eugène Achard fut un auteur prolifique. Il fut aussi éditeur et termina sa vie comme libraire. Il est décédé à Montréal en 1976.

En 2012, Victor-Lévy Beaulieu, un auteur remarquable, publia aux Éditions Trois-Pistoles un livre de 460 pages intitulé Contes, légendes et récits d'Eugène Achard. Ce livre compte 26 textes tirés de l’œuvre de ce pédagogue.

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# 020       27 septembre 2013

Parler québécois
Il y a quelques années, j’avais comme voisin d’appartement une famille haïtienne. Ils avaient deux jeunes filles âgées d’environ 6 ou 8 ans. Un jour que je lisais un roman sur le balcon, j’ai entendu l’une d’elles dire à l’autre d’un ton altier : " Moi, je parle québécois. "

J’ai trouvé cela très mignon. Puis je me suis dit que l’intégration à la société québécoise ne peut se faire que progressivement.

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# 014       22 septembre 2013

Le premier roman québécois
J’ai longtemps pensé que le premier roman canadien-français ou québécois était les Anciens canadiens écrit par Philippe Aubert de Gaspé (1786-1871). Mais non, le premier roman québécois est l’œuvre de son fils dont le nom est aussi Philippe Aubert de Gaspé (1814-1841). D’ailleurs, le père publiera ses Anciens canadiens en 1863 alors qu’il avait 74 ans.

Le roman du fils, un journaliste, paraît en 1837 alors qu’on est en pleine révolte populaire. Le titre est : L’influence d’un livre. En 1864, l’abbé Henri-Raymond Casgrain, en l’expurgeant quelque peu, l’édite sous le titre : Le chercheur de trésors.

J’ai lu ce livre il y a quelques années dans une édition des Nouvelles Éditions de Poche datée de 1968. On le présente comme un roman de mœurs et d’alchimie sur les bords du Saint-Laurent.

J’ai été déçu. L’auteur passe d’un personnage à un autre, souvent sans transitions. On recèle parfois des invraisemblances. De plus, l’histoire est entrecoupée de légendes locales faisant intervenir d’autres personnages ayant plus ou moins de liens avec les personnages principaux. On croit que ces légendes ont été écrites ou inspirées par le père de l’auteur.

Toutefois je pense qu’il faut user d’indulgence envers ce jeune auteur parce que c’était son premier roman et c’était aussi le premier roman de notre histoire, alors que Samuel de Champlain avait fondé Québec 229 ans plus tôt. On peut toutefois expliquer en partie ce délai par le fait que la France interdisait à ses colonies de posséder des imprimeries.

Pour la petite histoire, ajoutons que Philippe Aubert de Gaspé fils a écrit ce roman au manoir de son père à Saint-Jean-Port-Joli où il s’était réfugié pour échapper à un mandat d’arrestation pour outrage au tribunal, après avoir fait un mois de prison. D’ailleurs, l’année suivante de la parution du livre, soit en 1838, le père commencera à purger une peine de trois ans de prison pour détournements de fonds.

Si cela vous intéresse, vous pouvez lire Le chercheur de trésors sur internet.

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# 013       21 septembre 2013

Un autre Louis Cyr
Eugène Achard, dans son livre La grande découverte de l’ouest canadien publié en 1958, parle d’un coureur de bois qui était très fort. Il s’appelait José Paul. Il dit de lui que ce nom a été longtemps célèbre dans les pays du nord. Il semble que l’histoire n’ait pas retenu son nom. Sans doute, Félix-Antoine Savard connaissait son existence car dans sa pièce de théâtre La-Dalle-des-Morts présentée pour la première fois en 1966, l’un des personnages est un coureur des bois appelé José-Paul. Voici le texte d'Achard :

"José Paul était un Canadien né à Sorel. Sa force musculaire était prodigieuse. Un jour, un commis voulut essayer les forces de José. Dans un coin du magasin, il avait entassé des barils de sucre parmi lesquels il en avait glissé un rempli de plomb. Comme José était à converser avec quelques amis, le commis, ayant l’air de lui demander un service, le pria de lui mettre sur le comptoir les barils qu’il lui désigna. Un baril de cent livres ne pesait pas aux bras de José ; il se mit à les passer lestement. Tout à coup, il s’aperçoit du tour qu’on a voulu lui jouer ; il vient de saisir le baril de plomb. Alors comme Samson arrachant les portes de la ville de Gaza, il fait un effort suprême et levant cet énorme poids dans ses bras, il le rabat de toutes ses forces sur le comptoir. Le commis ne riait plus ; les planches furent brisées en morceaux, le plancher enfoncé et le baril roula au fond de la cave.

- Tiens ! dit José, va-t’en ramasser ton plomb, mon petit."

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# 009      18 septembre 2013

La tragédie du Lac-Mégantic
Ce qui s’est passé au Lac-Mégantic est le plus bel exemple de capitalisme sauvage. On se fout de l’environnement humain ; on se fout de l’environnement naturel. Ce qui compte, ce sont les profits.

Le fait que cela vienne d’une entreprise américaine qui n’a pas eu d’égard envers les parents et les amis des victimes ajoute au cynisme de la tragédie.

Je me méfie des gouvernements dont la priorité première est l’économie. Par leur laxisme envers les compagnies, ils mettent en péril la vie des gens qui retirent peu de ces largesses.

Dans le cas du Lac-Mégantic, le gouvernement fédéral devrait payer en bonne partie les frais. Avec la compagnie, il en est responsable.

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# 005      15 septembre 2013

Une langue malmenée
Dans son livre Les Insolences d’un éditeur, Jean-Paul Tessier fait la liste des tentatives pour faire disparaître le français dans le ROC (rest of Canada). Il dit s’être inspiré d’un article de Pierre Rambaud dans le Quartier latin de mai 1970. Voici les faits rapportés :

"1871 : au Nouveau-Brunswick, suppression des écoles catholiques et interdiction de la langue française.

1877 : les Anglais de l’Île-du-Prince-Édouard mettent le français hors-la-loi dans l’île.

1890 : abolition des écoles françaises au Manitoba et interdiction de l’enseignement du français.

1892 : le français est mis hors-la-loi dans les Territoires du Nord-Ouest.

1905 : Wilfrid Laurier supprime l’enseignement du français en Alberta et en Saskatchewan.

1912 : le Keewatin, qui relève d’Ottawa, interdit l’enseignement du français sur son territoire.

1915 : l’Ontario décrète le français hors-la-loi sur son territoire.

1916 : le Manitoba supprime l’enseignement du français dans toutes ses écoles primaires où il en restait encore un peu."

C’est incroyable. On reproche souvent aux Québécois de ne pas se souvenir. Mais, dans le cadre du débat sur la Charte des valeurs québécoises, si on porte oreille aux critiques provenant du ROC, on déduit que ces Canadiens adeptes du multiculturalisme ne se souviennent pas des sévices imposés au peuple québécois par leur volonté d’anéantir la langue française.

N’ayons pas peur de leur faire entendre un peu de rock québécois.

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