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Les charleries Bienvenue sur mon blogue, Ce blogue contient des souvenirs, des anecdotes, des opinions, de la fiction, des bribes d’histoire, des énigmes et des documents d’archives. Charles-É. Jean
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Rimouski |
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5785
6 février
2021
Décisions importantes à Rimouski
Le Progrès du Golfe du
28 avril 1961 rapporte des décisions prises par la commission scolaire
de Rimouski. Ces décisions ont eu un énorme impact sur l’éducation par
la suite dans la région.
1. Achat d’un vaste terrain
« La commission Scolaire de la
Ville de Rimouski fera l’acquisition d’un terrain d’environ 1021 × 600
pieds carrés, au nord de la 12e rue, entre les avenues
Rouleau et Sirois, pour la construction d’une école secondaire pour les
garçons.
II en coûterait 150 000 $ à la
Commission Scolaire de Rimouski, y compris les dépenses connexes, pour
devenir propriétaire de cette vaste superficie, à être précisée après
arpentage. La Commission Scolaire devra alors contracter un emprunt
temporaire n'excédant pas 150 000 $. Le remboursement se ferait lors
d’un emprunt sur obligations pour la construction de l’école projetée.
Demande sera faite à cet égard
au Surintendant de l’Instruction Publique pour obtenir l’autorisation
d’acquérir le terrain et de contracter l'emprunt n’excédant pas 150 000
$. »
Contexte. C’est sur ce terrain
que sera inaugurée en 1964 l’école Paul-Hubert. Sa mission est alors
d’accueillir les élèves du deuxième cycle du secondaire, soit de Sec.
III à Sec. V. En 1969, cette école sera agrandie et deviendra une
polyvalente. Entre temps, la septième année du primaire sera abolie et
le ministère de l’Éducation verra le jour.
En 1952-1953, la commission
scolaire de Rimouski recevait 2589 élèves tant du primaire que du
secondaire. En 1961-1962, elle en reçoit 4853, soit près du double en
huit ans seulement.
2.
Entente entre les municipalités de la région
« Dès le 1er juillet prochain, et pour une période de cinq
ans, la Commission Scolaire de Rimouski accepterait tous les élèves
garçons de la section scientifique – 8e, 9e, 10e
et 11e degrés – et de la section générale au niveau des 10e
et 11e années, des municipalités de la région qui auront
signé une entente avec elle, d’après l’article 497 du code scolaire,
moyennant des conditions bien spécifiées dans le contrat d’entente. »
Contexte. Chaque municipalité
a sa commission scolaire qui est responsable du primaire et du
secondaire. Certaines commissions scolaires ne dépassent pas la 9e
année. Les écoles polyvalentes n’ont pas encore été créées et les
autobus scolaires n’existent à peu près pas. Les élèves qui s’inscrivent
à la commission scolaire de Rimouski doivent pensionner en ville. Leur
propre commission scolaire paie les frais de scolarité et, selon leur
bon vouloir, aide à payer les frais de pension.
3. Une 12e année
pour garçons et filles
« Une nouvelle, qui réjouira
la population rimouskoise, c’est la ratification par le Surintendant de
l’Instruction Publique du projet de la Commission Scolaire de Rimouski
de créer, dès septembre, une 12e année scientifique pour les
garçons et une 12e année commerciale spéciale pour les filles
ainsi qu'une 12e année scientifique pour les filles. »
Contexte. Comme les cégeps
n’existent pas encore, après leur 12e année, les élèves
pourront s’inscrire à l’université : ce qui dans le passé était
presqu’exclusivement réservé aux bacheliers du cours classique.
4. Le brevet C
« Il fut également décidé
d'ajouter à la résolution du 16 juin 1959, minutes 339, ce qui suit : À
partir de septembre 1961, les services des nouvelles institutrices
porteuses d’un brevet C, ayant moins de trois ans d’expérience, ne
seront plus requis. »
Contexte. Le brevet C est offert dans les écoles normales pour filles. Il correspond à 11 ans de scolarité. À Rimouski, une école normale pour garçons existe depuis 1958. Ses étudiants obtiennent un Brevet A, soit l’équivalent de 15 ans de scolarité. |
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4990
12 septembre 2019
Origines du diocèse de Rimouski
En 1967, on fête le centenaire de
l’érection du diocèse de Rimouski. Dans un cahier spécial, Le
Progrès du Golfe du 7 décembre 1967 présente un article sur les
origines de ce diocèse. Voici cet article :
« Avant 1696,
le pays de Rimouski faisait partie du domaine réservé aux tribus
indiennes des Micmacs et des Malécites. Pas un blanc n'y habitait et pas
un arbre de l'immense forêt n’avait encore été abattu par la cognée d’un
colon. Cette année-là, deux agriculteurs de l’Ile d'Orléans, René Lepage
et Jean Rioux, viennent s'y établir. Le premier plante sa tente à
Rimouski même et l'autre, aux Trois-Pistoles. Ils s’honorent tous les
deux du titre de seigneur.
Quelques
colons ne tardent pas à les suivre, mais ce n’est guère avant vingt-cinq
ou trente ans qu’ils sont entourés d’un groupe stable de censitaires.
Entre-temps, en 1711, la seigneurie de l'Isle-Verte reçoit son nouveau
propriétaire, Jean-Baptiste Côté, originaire, lui aussi, de l’Ile
d’Orléans. Comme ses émules de Rimouski et des Trois-Pistoles, il est
presque seul d’abord ; mais il persévère et, après quelques années, il a
la joie de voir arriver plusieurs recrues.
Une petite
communauté paroissiale se forme bientôt en chacun des nouveaux centres.
Comme inséparable, elle a sa chapelle où le missionnaire la rassemble à
son passage.
Ce
missionnaire, c'est d’abord le Récollet qui a voyagé entre sa résidence
de Québec et les missions de la Gaspésie ou de la baie des Chaleurs. Un
peu plus tard, c'est tantôt un Récollet que l'évêque de Québec a chargé
du soin des nouvelles missions et tantôt le curé de Kamouraska. Ce sera
ensuite le célèbre Jésuite, Jean-Baptiste de La Brosse, enfin, à partir
de 1783, un prêtre du clergé paroissial qui s’établit sur les lieux.
On ne saurait
dire en quelle année au juste chaque poste a d'abord reçu la visite d’un
missionnaire, mais le Père Bernardin Leneuf est à Rimouski en 1701. Il y
commence un registre paroissial dans lequel, pour un laps de temps, des
actes s’inscrivent, en moyenne tous les deux ou trois ans. Aux
Trois-Pistoles, où des prêtres ont dû aussi s’arrêter dès le début, le
premier registre date de 1713 et à L’Isle-Verte, de 1766.
Une fois
amorcée pour de bon, vers 1730, la colonisation est loin de progresser
rapidement. Au contraire, pour diverses raisons, surtout à cause de
l’isolement de la région, du manque de voies de communication et des
menaces de guerre qui planent sur le pays, elle languit lamentablement.
Il y a aussi à tenir compte du fait que le colon, à cette époque, est
beaucoup plus chasseur et pêcheur que défricheur. Quoi qu’il en soit,
Rimouski, qui est le poste le plus populeux des trois, ne compte encore
que 72 âmes en 1758.
Mais la
période d’inertie devait s’arrêter là. Après la conquête anglaise,
surtout vers la fin du 18e siècle,
il s’opère une recrudescence d'immigration qui fait prendre à nos
seigneuries leur essor définitif. On vient encore de l’Ile d’Orléans ou
de la côte de Beaupré, mais la plupart des nouveaux colons partent des
plus anciennes paroisses des comtés de l’Islet, de Montmagny et de
Kamouraska. Ce mouvement d’immigration, on sait qu'il s’est encore
accentué avec l'établissement de l’industrie forestière dans nos
régions, un peu après 1800.
On voit alors
les premières fondations se remplir et se donner peu à peu des cadres
paroissiaux. Bientôt, les terres du littoral sont toutes prises et de
nouveaux groupements ou de nouveaux centres religieux se dessinent. Ce
sont d'abord Cacouna, Matane, le Bic, Sainte-Luce, Saint-Simon,
Saint-Fabien et, successivement, les postes intermédiaires que sont
Saint-Éloi, Saint-Arsène, Sainte-Flavie, Saint-Octave, etc. Le même
développement se manifeste à Notre-Dame-du-Lac, au Témiscouata, à
Sainte-Anne-des-Monts et surtout dans le sud de la Gaspésie où les
Acadiens déportés ont donné naissance à plusieurs paroisses. (Fin du
texte cité) |
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4955
21 août 2019
La cathédrale de Rimouski
En
1967, on fête le centenaire de l’érection du diocèse de Rimouski. Dans
un cahier spécial, Le Progrès du
Golfe du 7 décembre 1967 présente un article sur la cathédrale. En
voici des extraits :
« Avant
d'être dotée de sa cathédrale actuelle, la paroisse de Saint-Germain de
Rimouski avait eu trois églises. La première n’était qu'une chapelle en
bois de 40 pieds de longueur par 20 de largeur, qui existait déjà en
1711. Cette chapelle était si délabrée, en 1784, que l’évêque de Québec,
Mgr Briand, dut alors en interdire l’usage. Jusqu'en 1790, on lui
substitua le second étage du manoir seigneurial érigé près de la rivière
Rimouski.
La deuxième
église, bâtie en colombage, fut commencée à l'automne de 1787. Livrée au
culte en 1790, elle demeura en usage jusqu’en 1824. Elle mesurait 70
pieds de longueur par 28 de largeur.
La troisième
église, qui était en pierre, longue de 80 pieds et large de 40 pieds,
fut construite au cours des années 1823 et 1824. Abandonnée et
désaffectée en 1862, elle a tenu lieu d'abord de collège et de séminaire
pendant 15 ans, puis de couvent, pour les Sœurs de Notre-Dame du
Saint-Rosaire, pendant 29 ans. Elle sert d’école paroissiale depuis
1907.
C'est en 1854
que l’église actuelle, la cathédrale, a été mise en chantier. On a
commencé son parachèvement en 1859 et elle fut inaugurée en 1862. Ce
monument, qui a 72 pieds de largeur et une hauteur de 45 pieds, mesurait
d’abord 180 pieds de longueur. On a porté sa longueur à 250 pieds, en
1902, en lui ajoutant une abside et une sacristie. Sa flèche s’élance à
une hauteur de 224 pieds au-dessus du sol.
L’intérieur
de cette église gothique a d’abord reçu une modeste mais assez
attrayante décoration. Il a été transformé et rénové ensuite, à quelques
reprises, pour satisfaire aux besoins de la population et aux exigences
du culte. Par exemple, en 1875, on a fait un jubé pour permettre
l’installation d’un orgue. En 1902, l’addition de l’abside a facilité
l’agrandissement du chœur et une disposition toute nouvelle de ses
abords. (…)
En 1909, ce
fut le parachèvement du chœur ; on l’entoura d’une clôture ornementale
et on érigea, au-dessus du sanctuaire, un baldaquin pourvu d’une
illumination électrique. Il a fallu alors changer le maître-autel pour
assurer l’unité du style. Mais la principale transformation de
l’intérieur de l’église est sans contredit celle qui s’est opérée en
1920 et 1921 avec la construction des galeries latérales de la nef et
des galeries du chœur.
Comme elle
était alors la seule église de Rimouski, on voulait qu’elle puisse
contenir le plus grand nombre possible de fidèles. Du reste, les
galeries du chœur étaient faites pour les élèves du Séminaire. À cette
occasion, il a été fait un nouvel arrangement du jubé et l’installation
d’un orgue plus puissant. Cet orgue de la Maison Casavant de
Saint-Hyacinthe, est encore en usage. Il y aurait encore à noter la
décoration générale que l’édifice reçut en 1947 et les travaux exécutés,
en 1949, pour installer un système de protection contre l’Incendie.
Quant à
l’extérieur de la cathédrale, il n’a guère changé notablement qu’à
l’occasion de l’agrandissement de 1902. C’est alors que le bâtiment a
pris la forme et les dimensions qu’il a actuellement. Sa couverture
métallique date toutefois de 1891 ; on l'avait d’abord couvert en
bardeaux de cèdre. En 1891, on procédait à une restauration du clocher
pour lui faire acquérir à la fois plus de solidité et plus d’élégance.
(…)
Presque cent
ans après le début de sa construction et quatre-vingt-six ans après son
élévation à la dignité de cathédrale, soit le 28 mai 1953, l'église de
Saint- Germain a reçu les honneurs de la consécration ou de la dédicace.
Mais déjà, en 1910, son autel principal avait été consacré. (…)
Cette église
est la mère de toutes celles qui ont été édifiées dans le diocèse ; elle
est le témoin des événements les plus marquants de notre histoire
religieuse. Elle a vu se dérouler bien des cérémonies mémorables : au
moins six sacres d’évêques, plusieurs centaines d’ordinations
sacerdotales, des professions religieuses, des mariages pompeux, des
funérailles imposantes, etc. ; des personnages éminents y ont été
solennellement reçus et des concerts de qualité y ont été donnés. (…)
À l’exemple
de l ’Église du Christ qui vient de rajeunir ses formes, de rénover ses
structures et de donner leur splendeur aux traits les plus simples et
les plus purs de ses origines, notre église cathédrale, en cette année
centenaire de sa dignité, a voulu se renouveler. On vient de terminer
les travaux qui ont opéré la transformation complète de son aménagement
intérieur. » (Fin du texte cité)
Dans son
édition du 17 août 2019, sous la plume de Nicolas Saillant, le
Journal de Montréal écrit en
parlant de la cathédrale de Rimouski :
« Fermée en
2014 par le diocèse, la cathédrale s’est vu refuser tout classement par
le ministère de la Culture, en raison des travaux qui ont dévalué son
importance historique en 1967.
Puis, une
mise en demeure contre l’archevêque et même le pape a été déposée par
des paroissiens qui souhaitaient sauver la cathédrale, dont la
dégradation est rapide.
À l’heure
actuelle, le diocèse se montre plus ouvert et se dit prêt à investir de
l’argent pour rouvrir le bâtiment, mais sa sauvegarde n’est pas encore
assurée. » (Fin du texte cité) |
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# 4740 15 mars 2019
Retour aux journaux
Qu’écrivait-on dans les journaux régionaux des années 1920 ? On y trouve
des curiosités et des bizarreries si on compare à notre époque.
J’ai choisi au hasard une édition du
Progrès du Golfe de Rimouski
datée du 11 février 1921. Voici quelques bribes :
1. La Société
d’agriculture de Rimouski organise une soirée où on joue au euchre, un
jeu de cartes. Voici quelques prix qui ont été gagnés :
• Un fer
électrique, don de M. Alphonse Gamache.
• Une
cravate, don de M. Fabien Thibault.
• Un
rôtisseur électrique pour le pain, don de M. A. A. Portugais.
• Un chapelet
monté en or, don de M. J. A. Garneau.
• Une robe
pour bébé, don de Mme Thomas Pineault.
• Une statue
de Jeanne d’Arc, don de M. Émilio Noël.
• Un
cendrier, don de M. L. P. Martin.
2. Dans une
annonce, on apprend que le goudron (sic) et l’huile de foie de morue
sont bons pour le rhume. C’est ce qu’on écrit dans le titre. Plus loin,
on parle de Goudrol et non de goudron.
3. Une
annonce : « Pendant la période de transformation qui est l’âge critique
de la jeune fille, elle a besoin pour combattre la chlorose et l’anémie
qui la guettent, d'un tonique généreux, d’un fortifiant éprouvé comme le
VIN ST-MICHEL. »
4. Une autre
annonce : « Nous offrons présentement au public d’excellentes
obligations municipales de la province de Québec au rendement de 6 ½ %.
Pour tous renseignements, adressez-vous à votre notaire. »
5. Lors de
l’exposition régionale de pommes de terre, des prix sont attribués dans
une dizaine de variétés : montagne verte, rochester, rose hâtive, irish
cobbler, etc. Les prix varient de 25 ¢ à 8 $. Dans une catégorie, on
relève 16 prix de 25 ¢. (Un montant de 25 ¢ en 1921 correspond à 5,45 $
en 2018).
6. Une
annonce personnelle : « Un chapelet en nacre de perle monté en or avec
étui en cuir rouge a été perdu. La personne qui le rapportera à
l’Imprimerie générale sera généreusement récompensée. »
7. Le
marchand Georges Dumont de Rimouski signale qu’un char de blé d’inde est
« à vendre à sacrifice ». Il en profite pour annoncer qu’il veut
discontinuer son commerce et que la balance de son stock est à vendre.
8. La Sun
Life fondée en 1871 fête son cinquantenaire. Elle annonce qu’en 1871 ses
revenus étaient de 48 210 $ et qu’en 1920 ils ont été de 28 751 578 $.
9. L’Association des marchands détailleurs
(sic) du Canada Inc., Bureau provincial du Québec, paie une annonce pour
dire au Gouvernement qu’il « n'a ni le mandat ni le droit de s'emparer
du commerce des boissons ».
10. On
annonce la charrue National,
une charrue perfectionnée. Il est écrit que cette charrue a été
« fabriquée par des ouvriers Canadiens pour permettre au laboureur
Canadien d’effectuer ses labours plus rapidement, plus efficacement et
plus économiquement ». Cette annonce a été payée par
La Machinerie Agricole Nationale
Ltée de Montmagny.
11. Un avis,
écrit en français et en anglais, provenant d’une firme d’avocats informe
la population qu’un marchand de la Gaspésie s’adressera au Parlement du
Canada pour demander la passation d’un bill de divorce d’avec son épouse
qui l’a quitté pour aller vivre au Maine (USA). La raison du divorce est
l’adultère et la désertion.
12. Le commerçant d’automobiles Joseph-Adalbert Landry qui a un garage à Rivière-du-Loup et à Mont-Joli annonce le nouveau “Master-Six”, modèle 1921 des automobiles de marque McLaughlin. J. A. Landry est cet homme qui est reconnu comme l’inventeur de l’autoneige. Voir article du 3 mars 2019 # 4720 dont le titre est : Le vrai inventeur de la motoneige. |
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4470
4 octobre 2018
Rimouski en 1860
Mgr Louis-Philippe-Romuald Sylvain
naît à Montmagny le 22 octobre 1852. De 1862 à 1875, il fait son cours
classique, puis ses études théologiques au Séminaire de Rimouski. En
1875, il est ordonné prêtre. Il enseigne au Séminaire. De 1890 à 1919,
il est successivement directeur du petit séminaire, directeur du grand
séminaire, assistant supérieur, puis supérieur du séminaire. Il est
décédé le 15 mars 1945.
En 1929,
dans le cadre du
centenaire de la paroisse de Rimouski, il donne une conférence dans la
salle des Fêtes du Séminaire en présence de 2000 personnes, selon le
Progrès du Golfe du 12 juillet 1929. Le titre de sa conférence est
Rimouski en 1860.
Il explique d’abord qu’en 1860, il n’y a que deux voies à Rimouski : le
chemin du roi et la route de l’église. Après avoir nommé les
propriétaires des maisons qui demeurent sur ces deux voies, Mgr
poursuit :
« En I860, on pouvait compter de
45 à 50 feux (foyers) dans le faubourg de Rimouski. L’église bénite en
1824 servait encore au culte. La cathédrale était en construction. Outre
le presbytère, il y avait le couvent des Sœurs de la Congrégation de
Notre-Dame.
Rimouski était la paroisse la plus
importante depuis la Rivière- du-Loup jusqu'à Matane. Elle était
renommée par ses pêches à fascines (assemblages de branchage) pour le
hareng, l'alose et le saumon. Elle offrait aux touristes de ce temps-là
une large hospitalité et tous les agréments de ses sites variés. Le
fleuve, l’Île Saint-Barnabé, la rivière, les coteaux qui s’étagent
jusqu'au deuxième rang, les bois de pin, d’épinette. Les peupliers
enchantent les yeux des citadins peu familiers avec 1es beautés de nos
paysages. (…)
Vous aimeriez sans doute faire une
visite à l’un de nos cultivateurs à l’aise soit du bord de l’eau soit
des concessions. Nous serons aussi bien reçus chez Damase Banville que
chez François Couture, chez Germain Langlois que Gabriel St-Laurent.
Dans ces anciennes maisons bien pourvues de tout, nous prendrons un
verre de sirop de vinaigre pour nous rafraîchir. Si vous êtes un peu
curieux, vous jetterez un coup d’œil sur le dressoir où brillent les
assiettes à fleurs, sur le banc des siaux
(meuble spécial sur lequel on pose des seaux d'eau), sur la table de famille garnie d'une nappe de toile faite au
métier. La miche vous invite à prendre une bouchée avec un bol de lait.
La mère Banville vous dira tout de suite qu’elle est bien occupée, que
les garçons et les filles travaillent de leur côté, les uns au train de
la grange et de l’étable, les autres au métier; le rouet ne chôme pas.
Pour lui, il n’y a pas de morte saison. Il y a toujours de la laine à
filer. C’est que dans ce bon vieux temps les habits étaient
confectionnés à la maison. Capots d’étoffe grise, câlines, mitaines,
bas, robes, draps de soie et de laine, souliers à quartiers, tout était
fait à la maison. Si pour les dimanches et les jours de Fêtes, on
achetait des bottines du magasin ou des souliers fins pour les filles,
celles-ci avaient soin de descendre à l’église pieds nus et de ne se
chausser qu’en arrivant à l’église, dans la maison du bedeau. Les petits
garçons portaient alors le col empesé et tuyauté avec un justaucorps.
Pendant la belle saison, ils allaient à la cueillette des fraises et
autres petits fruits des champs.
À celle époque lointaine, on
s'éclairait à la chandelle à l’eau, avant l'invention des moules. Au
collège, en 1863 et 1864, nous n’avions que l’éclairage à la chandelle
pendant les études du soir. La lampe à l’huile de charbon, comme on
disait, a causé toute une sensation lors de son apparition, vers 1865.
Pour ce qui regarde la vie
sociale, je vous recommande de lire dans l’Album du Centenaire les
étincelantes chroniques de Buies.
Peut-être serez-vous curieux de
savoir comment les cultivateurs de I860 s'y prenaient pour faire un peu
d'argent. Vous n'ignorez pas sans doute que les terres nouvelles
produisaient le blé en grande abondance. Les greniers regorgeaient de
céréales. “À cette époque. dit la Chronique de Rimouski, il se faisait
un commerce considérable d’exportation de grain du Bas-Canada, qui
produisait le blé en immense quantité, et un commerce d'importation des
Îles anglaises et françaises des Indes Occidentales." (I. p. 99) Les
marchands de Rimouski achetaient le blé des habitants et l'expédiaient à
Québec par les goélettes. Ils faisaient de même pour les patates.
Mais en 1866 il y eut une forte
crise financière qui causa la ruine d’un grand nombre de commerçants.
Les banques refusèrent d’escompter les billets des riches comme des
pauvres. (…)
Vous avez peut-être constaté par
vous-mêmes qu'il y avait à Rimouski. en 1860, des avocats, des médecins,
des notaires, des arpenteurs, tous hommes instruits qui avaient besoin
de se distraire, de s’instruire encore davantage. On peut se demander
quels moyens ils avaient de satisfaire leur curiosité. Nous savons que
M. le docteur Joseph-Charles Taché a fondé, dans ce but, un institut
littéraire où les personnes instruites se réunissaient toutes les
semaines pour discuter ou lecturer sur quelques sujets d’histoire, de philosophie,
d’industrie, en présence d’une assistance toujours plus nombreuse. (…)
Mesdames et Messieurs, il ne me
reste plus qu’à vous dire ce que sera Rimouski dans cent ans (en 2029).
La question est peut-être impertinente. Qui peut dire ce que l’avenir
nous réserve ? (...)
Dans cent ans, Rimouski sera un
grand port de mer : des quais borderont le rivage de l’est à l'ouest, en
face de l’Île, des vaisseaux de fort tonnage accosteront à eau profonde
pour apporter aux Rimouskois de l'an 2029 les produits des pays
étrangers et pour transporter au loin les produits des manufactures
locales. »
Que pensez-vous des prédictions de
Mgr Sylvain ? |
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4360
20 mai 2018
Alexandre Savard, pendu
Pendant les deux premières années de mes études au Séminaire de Rimouski, la
cour de récréation de l’est était adjacente à la cour intérieure de la
prison de la ville. J’ai souvent eu l’occasion de voir des prisonniers
exécuter des travaux dans cette cour. Je n’avais jamais pensé que trois
pendaisons avaient eu lieu à cet endroit. Quand je l’ai appris
dernièrement, j’ai été troublé. Les trois hommes pendus ont été François
Moreau en 1882, Ulric Germain en 1927 et Alexandre Savard dit Bergeron
en 1935. Aujourd’hui, je vous parle de la troisième pendaison.
Le 18 janvier 1935, Yvonne Lebel met au monde une fille appelée Noëlla
Gisèle, à Rimouski. Le père est Alexandre Savard dit Bergeron, un
célibataire de 23 ans taillé en athlète. Ce journalier demeure avec
cette dame depuis plus d’un an. Neuf jours après la naissance, l’enfant
décède d’une cause jugée suspecte. Les parents sont arrêtés.
Savard est accusé d’avoir étouffé son enfant illégitime. Son procès commence
le 27 mars 1935 au palais de justice de Rimouski. Il est reconnu
coupable du meurtre. Même si le jury recommande la clémence, il est
condamné à la peine capitale. Son exécution est prévue pour le 14 juin
1935.
Voici ce qu’on peut lire dans le
Progrès du Golfe du 14 juin 1935 :
« Au tintement grave et lugubre
d'une cloche de la cathédrale sonnant le glas à 7 heures ce matin sous
un ciel gris, nuageux et venteux, Alexandre Savard dit Bergeron,
condamné à mort le 29 mars dernier pour le meurtre de son enfant âgée de
9 jours, a gravi les degrés du gibet et a subi, aux mains du bourreau
Bradshaw, le supplice de la pendaison sur la potence dressée, depuis
l’avant-veille, dans la cour intérieure du palais de justice de notre
ville, Il était accompagné de l’aumônier de la prison Mgr S.-J. Langis,
V. G. et de M. l’abbé Pierre Banville qui l’avaient préparé à mourir
avec une résignation toute chrétienne et dans des sentiments admirables
de foi en la miséricorde divine.
Quelques minutes avant sept
heures, les gardes allèrent chercher le condamné dans sa cellule et le
conduisirent par les couloirs de la prison vers la porte nord-ouest qui
donne accès par l'intérieur â la cour où se dressait tristement
l’échafaud. Un petit cortège suivait silencieux, formé du shérif Charles
d’Anjou, de son adjoint le geôlier Charles Martin, de l'aumônier Mgr
Langis et M. l'abbé Banville, de l’avocat du supplicié Me R.-
E. Asselin, les jurés du coroner, les médecins, le chef de la police
provinciale M. Rosario Lemire, les détectives et les constables. Aucun
autre témoin ne fut admis, et pas un seul représentant des journaux.
À 5 h. 30, dans une salle de
l'appartement du geôlier, le condamné à mort assista à une messe
célébrée par Mgr Langis, qui lui donna la sainte communion. Le spectacle
fut pathétique et poignant pour le petit groupe des personnes présentes.
Savard pria avec une ferveur admirable, digne d’un agonisant chrétien.
Monseigneur Langis avait passé la nuit entière avec lui.
Après la messe, le condamné but un
bol de thé, puis fuma une cigarette. Toute son attitude dénotait chez
lui le calme, la résignation et l’énergie.
Il monta fermement les degrés de
l'échafaud avec rapidité, surtout les derniers, accédant â la plateforme
dans laquelle se trouvait la trappe prête à fonctionner. Il ne fit
aucune déclaration, ne prononça aucune parole. » |
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4340
8 mai 2018 Ulric Germain, pendu
Pendant les deux premières années de mes études au Séminaire de Rimouski, la
cour de récréation de l’est était adjacente à la cour intérieure de
l’ancienne prison de la ville. J’ai souvent eu l’occasion de voir des
prisonniers exécuter des travaux dans cette cour. Je n’avais jamais
pensé que trois pendaisons avaient eu lieu à cet endroit. Quand je l’ai
appris dernièrement, j’ai été troublé. Les trois hommes pendus ont été
François Moreau en 1882, Ulric Germain en 1927 et Alexandre Savard dit
Bergeron en 1935. Aujourd’hui, je vous parle de la deuxième pendaison.
Ulric
Germain, 46 ans, de Mont-Joli, travailleur sur les trains, est accusé
d’avoir empoisonné sa femme, Marie-Louise Germain (Roy) le 5 mai 1925.
Son procès commence le 25 mars 1927 à Rimouski. Le 27 mars, il est
reconnu coupable de ce crime après 45 minutes de délibération et
condamné à mort par le juge. La pendaison est prévue pour le 27 mai
1927. Après un appel infructueux, l’exécution a lieu le 10 juin 1927
dans la cour de la prison de Rimouski.
Dans son édition du 10 juin 1927,
le Devoir écrit :
« Ulric Germain, qui a été pendu
ce matin, a été préparé à la mort par le R. P. Michaud, O. M. I., de
Mont-Joli. Il a été assisté sur l’échafaud par M. l’abbé Hudon, vicaire
à la cathédrale. En arrivant sur l’échafaud, Germain a déclaré d’une
voix forte qu’il acceptait sa sentence en expiation de toutes les fautes
de sa vie. Il demanda alors à toute l’assistance dc réciter avec lui
l’acte de contrition, ce qui fut fait. Après qu’on lui eut mis le
capuchon noir sur la tête, Germain récita de nouveau l’acte de
contrition et la trappe s’ouvrit comme il prononçait les dernières
paroles. »
Le Progrès du Golfe du
10 juin 1927 écrit :
« À 6 heures, en la prison, il
avait assisté, très pieusement à la sainte messe pendant laquelle, du
commencement à la fin, il resta pieusement agenouillé. C'est avec grande
ferveur qu’il reçut la sainte Communion et fit, après la messe, son
action de grâce. (…)
Germain, s’il a conservé jusqu'à
la dernière minute le plus grand sang-froid a aussi tait preuve d’une
modération dans le boire et dans le manger. Bien que depuis sa
condamnation il eût droit, chaque jour, à trois verres d’eau de vie, il
s’est abstenu d’en prendre, excepté ce matin, alors qu’il accepta du Dr
M.- A. Drapeau un verre de cognac qu’il réduisit davantage en y versant
de l’eau. » |
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4325
29 avril 2018
François Moreau, pendu
Pendant les deux premières années de mes études au Séminaire de Rimouski, la
cour de récréation de l’est était adjacente à la cour intérieure de la
prison de la ville. J’ai souvent eu l’occasion de voir des prisonniers
exécuter des travaux dans cette cour. Je n’avais jamais pensé que trois
pendaisons avaient eu lieu à cet endroit. Quand je l’ai appris
dernièrement, j’ai été troublé. Les trois hommes pendus ont été François
Moreau en 1882, Ulric Germain en 1927 et Alexandre Savard dit Bergeron
en 1935. Aujourd’hui, je vous parle de la première pendaison.
François Moreau demeure au rang 5 de Saint-Anaclet. À l’âge de 26 ans, il
courtise Démerise Roy dit Lauzon, la veuve de François St-Laurent.
Celle-ci a plusieurs enfants et est âgée de 20 ans de plus que lui.
Comme les deux ont un lien de parenté du 3 au 4, ils demandent une
dispense à l’Évêché qui la refuse. Le Vicaire général Mgr Edmond
Langevin justifie sa décision ainsi : « Le mariage de cet homme avec une
veuve chargée d’enfants me paraît tout à fait mal assorti. Cet individu
ne me semble pas du tout calculé pour prendre le dessus et conduire de
grands garçons mal élevés et ivrognes. Il y a assez de misère dans cette
maison sans en ajouter. » Une nouvelle demande est acheminée et elle est
acceptée.
Les relations entre les époux
sont souvent tendues et tumultueuses. L’époux
qui est cultivateur s’occupe très peu de sa famille. Il quitte la maison
familiale à plusieurs reprises pour faire des séjours aux États-Unis. La
séparation a lieu pendant quelques années, mais l’épouse revient
finalement au foyer. Le 16 septembre 1881, les époux quittent leur
domicile de bonne heure le matin. François va faucher, tandis que son
épouse va cueillir des noisettes. Elle ne reviendra pas. Une battue est
organisée et son corps ensanglanté est découvert.
Le procès a lieu le 25 octobre 1881. François, 38 ans, est reconnu coupable
d’avoir tué sa femme dans les bois de Saint-Anaclet au moyen d’une
hache. La pendaison est prévue pour le 13 janvier 1882 à Rimouski. Voici
ce que rapporte
le journal
L’Opinion Publique, édition du 19 janvier 1882 :
«
François Moreau qui, le 16 septembre [1881] dernier, a assassiné sa
femme dans les bois de St-Anaclet, comté de Rimouski, et qui fut
condamné à mort, a subi la peine capitale vendredi dernier, à 8 heures
30 du matin, (le 13 janvier 1882) dans la cour de la prison de Rimouski. |
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# 3880
5 octobre 2017
Saint-Germain de Rimouski en 1937
En 1938, l'Office de recherches
économiques du Québec a publié le rapport d’un inventaire des ressources
naturelles et industrielles du comté municipal de Rimouski. L’auteur y
décrit la situation de 1937. Voici un extrait de ce texte qui montre que
la ville de Rimouski a fortement changé depuis 80 ans :
Situation géographique
Saint-Germain-de-Rimouski est la
municipalité rurale attenante à la ville de Rimouski. Elle couvre une
superficie de 14 560 acres dans la seigneurie de Rimouski. Située en
partie sur la rive du fleuve Saint-Laurent, elle est traversée par la
route nationale Québec-Sainte-Flavie, et par la voie ferrée qui va de
Québec à Mont-Joli. Elle est entourée par les municipalités rurales de
Sainte-Anne-de-La-Pointe-au-Père, Saint-Anaclet-de-Lessard,
Sainte-Blandine, Notre-Dame-du-Sacré-Cœur et la ville de Rimouski. Le
fleuve Saint-Laurent la borne au nord.
Ce dernier est la grande décharge
où s'égouttent les terres de la municipalité par la Grande rivière
Rimouski surtout et par quelques petits ruisseaux de peu d'importance.
Il n'y a pas de lac important dans la municipalité. On n'y trouve que
quelques petits étangs.
La principale agglomération de la
municipalité est constituée par l'habitat rural comprenant 4 rangs
simples. On relève aussi 2 autres agglomérations : le Quai de Rimouski
où 1'activité du port a amené un groupement ayant l'allure d'une petite
ville ; une autre agglomération secondaire d'une quinzaine de maisons
autour d'une ancienne fabrique de pâte à papier.
A l'exception de l'agglomération
du quai desservie par la ville, la municipalité ne possède ni service
d'eau ni système d'égouts. La Compagnie de Pouvoir du Bas-St-Laurent ne
fournit également l'électricité qu'au Quai de Rimouski.
Population
La paroisse religieuse de
Saint-Germain-de-Rimouski, qui comprend aussi la ville de Rimouski,
englobe toute la municipalité civile de Saint-Germain-de-Rimouski à
l'exception de la desserte de Saint-Yves du quai de Rimouski également
située dans les limites de la municipalité civile. |
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3820
9 septembre 2017
Voies terrestres à Rimouski en 1937
En 1938, l'Office de recherches
économiques du Québec a publié le rapport d’un inventaire des ressources
naturelles et industrielles du comté municipal de Rimouski. L’auteur y
décrit la situation de 1937. Voici un extrait de ce texte qui montre que
la ville de Rimouski a fortement changé depuis 80 ans :
Chemin de fer
La gare de Rimouski desservie par
le CN a aussi repris beaucoup d'importance depuis le développement de la
Côte-Nord. L'augmentation de la circulation est de l'ordre de 20 % pour
les marchandises et de 30 % pour les voyageurs. Chaque année, on
améliore l'outillage et les entrepôts. On a dépensé à cet effet environ
30 000 $ en 1937 et 20 000 $ en 1938. Actuellement, on y trouve 10 voies
d'évitement à part la voie principale. La gare est munie de bonnes
salles, d’entrepôts et de tous les services publics nécessaires.
Il part de la gare de Rimouski
environ 40 000 passagers par année. Quant au volume de circulation des
marchandises, il se chiffre par près de 150 000 tonnes pour l'année
1937. Ce chiffre comprend 80 000 tonnes de marchandises reçues et 70 000
tonnes de marchandises expédiées. Ces dernières comprennent surtout des
produits de la forêt.
Routes
1. Voyageurs
Trois services d'autobus partent
régulièrement de Rimouski. L'un fait tous les jours le trajet entre
Rimouski et Matane. Un autre fait également un voyage par jour entre
Rimouski et Biencourt. Le troisième parcourt 2 fois par jour la route
entre Rimouski et Les Hauteurs. Ces différents services sont interrompus
le dimanche.
Les services touristiques
d'autobus ne font cette année que passer par Rimouski. L'an dernier
cependant (1937), l'Hôtel St-Laurent était un des points d'arrêt dans
l'itinéraire de quelques compagnies. Cotte année, ces dernières ont
choisi l'hôtel du Rocher Blanc à Sacré-Cœur.
On relève dans la ville une
vingtaine de chauffeurs de taxi à la disposition du public.
2. Marchandises
La ville est régulièrement
desservie par les camions de Baudet Pool Car et de Verreault Pool Car de
Mont-Joli.
Quant au camionnage non organisé,
il comprend d'abord quelques commerçants de l'extérieur qui viennent
vendre dans la ville leurs produits, surtout des produits alimentaires.
On relève aussi une vingtaine de
camionneurs locaux affectés occasionnellement au service public. Ils
transportent surtout du bois et des matériaux de construction. |
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3735
13 juin 2017
Transports à Rimouski en 1937 En 1938, l'Office de recherches économiques du
Québec a publié le rapport d’un inventaire des ressources naturelles et
industrielles du comté municipal de Rimouski. L’auteur y décrit la
situation de 1937. Voici un extrait de ce texte qui montre que la ville
de Rimouski a fortement changé depuis 80 ans : Navigation Le quai de Rimouski prend une importance
croissante depuis 1932. On y construit actuellement un nouveau quai, on
creuse le chenal et les plans sont de poursuivre les développements. La
Compagnie de Transport du Bas St-Laurent surtout, la Clarke Steamship et
de nombreuses goélettes desservent le port. Ils y trouvent un chenal
artificiel de 16 pieds à marée basse et un quai en très bon état. La
navigation ouvre vers le 15 avril et se termine vers le 10 décembre. On estime que 721 navires ayant séjourné au total
1551 jours se sont arrêtés dans le port en 1937. Ils ont transporté 25
000 passagers et un fort tonnage de marchandises impossible à déterminer
avec précision, mais parmi lesquelles on trouve à l'arrivée : 10 331
tonnes de produits agricoles 333 396 gallons d'huile, 2800 tonnes de fer
; au départ : 418 têtes de bétail, 36 303 043 p.m.p. de bois de sciage,
20 273 cordes de bois à pâte, et 159 440 m. bardeaux. Les marchandises reçues intéressent toute la
région de Mont-Joli vers l'Est, à Saint-Fabien vers l'Ouest, ainsi que
tout l'arrière-pays du comté. Les marchandises expédiées viennent d'un peu
partout. Les produits agricoles viennent de la région et sont expédiés
surtout sur la Côte Nord. Les produits forestiers viennent de Matane,
Price, Saint-Pacôme, Rimouski et de la région. Ils partent de Rimouski à
destination des marchés extérieurs. On expédie aussi sur la Côte Nord du
bois importé de Colombie-Britannique et des marchandises diverses
provenant de Montréal, Toronto et des États-Unis. Aviation La Quebec Airways établit pendant l'été la
liaison entre Rimouski, Québec et Montréal pour le transport du courrier
d'outre-mer arrivant à la Pointe-au-Père. L'hiver, elle assure le
transport des voyageurs, des marchandises et du courrier entre Rimouski
et la Côte Nord (Forestville, Baie-Comeau, Chute-aux-Outardes). |
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#
3665
12 mai 2017
Fabriques à Rimouski en 1937
En 1938, l'Office de recherches
économiques du Québec a publié le rapport d’un inventaire des ressources
naturelles et industrielles du comté municipal de Rimouski. L’auteur y
décrit la situation de 1937. Voici un extrait de ce texte qui montre que
la ville de Rimouski a fortement changé depuis 80 ans :
Fabrique de carpettes
Monsieur Philippe Dubé de Rimouski
a inventé un genre de carpettes qu'il fabrique avec des vieux pneus
d'automobile. Il a fait enregistrer son invention et, depuis janvier
1938, il a lancé son produit sur le marché. Cette entreprise fonctionne
sous la raison sociale de Manufacture de Carpettes Fabrix Enr. Monsieur
Dubé fabrique lui-même ses carpettes avec l'aide de sa femme, de deux
employés qu'il garde en permanence et d'une autre femme qu'il emploie
occasionnellement.
Depuis qu'il a commencé cette
exploitation, c'est-à-dire de janvier à la fin de juin, monsieur Dubé a
fabriqué et vendu 489 carpettes, soit 2210 et demi pieds cubes. Le
montant total des ventes fut de 1800 $. Le propriétaire achète les vieux
pneus dans les garages. Il vend sa production dans la province par
l'intermédiaire d'agents et il agit lui-même assez souvent comme agent
pour son produit. Cette petite industrie a bien commencé et semble
vouloir se développer.
Fabriques d'eaux gazeuses
La ville de Rimouski possède deux
fabriques d'eaux gazeuses exploitées respectivement sous les raisons
sociales Henri Jacob et Compagnie Riki Ltée. Le gérant de cette dernière
est Monsieur J. A. Marquis. La première fonctionne depuis 1930 alors que
la compagnie Riki Ltée n'a commencé son exploitation qu'en mai 1937.
La plus importante est celle de
Monsieur Henri Jacob. Ce dernier emploie trois hommes en permanence,
deux aides temporaires et trois hommes sur les camions pour la
distribution. Il a fabriqué en 1937 environ 18 000 à 20 000 caisses de
24 bouteilles. Cette production comprend surtout le Pepsi-Cola dont
monsieur Jacob est distributeur pour cette région. Le Pepsi-Cola s'est
vendu 0,80 $ et les autres 0,70 $ et 0,60 $ la caisse. Monsieur Jacob
vend toute sa production aux commerçants de détails de Saint-Fabien à
Matane et sur la Côte Nord.
La Compagnie Riki Ltée emploie
quatre hommes en permanence à la fabrique et deux hommes sur les
camions. Sa production pour 1937 fut de 3776 caisses qui se sont vendues
à 0,60 $ la caisse. Ce chiffre comprend la production pour 7 à 8 mois,
car l'entreprise n'a débuté qu'au cours du mois de mai 1937. La
Compagnie fabrique les caisses de 6 bouteilles (Jumbo), les caisses de
12 bouteilles (30 ozs) et les caisses de 24 bouteilles (10 et 12 ozs).
Ces deux entreprises semblent
assez bien fonctionner. Le chiffre d'affaires de la première est
naturellement beaucoup plus élevé et cela s'explique du fait que
monsieur Jacob est distributeur du Pepsi-Cola qui est très en vogue sur
le marché.
Fabrique d'eau de Javelle
Cette entreprise, propriété de
Monsieur J. H. D'Anjou, n'est même pas en pratique une petite industrie.
Le propriétaire ne la garde en exploitation que pour permettre à son
employé, un jeune infirme, de gagner quelque argent. Il a fabriqué en
1937 environ 100 douzaines de bouteilles d'eau de javelle qui se sont
vendues au prix de 0,75 $ la douzaine. |
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3615
20 avril 2017
Manufactures à Rimouski en 1937
En 1938, l'Office de recherches
économiques du Québec a publié le rapport d’un inventaire des ressources
naturelles et industrielles du comté municipal de Rimouski. L’auteur y
décrit la situation de 1937. Voici un extrait de ce texte qui montre que
la ville de Rimouski a fortement changé depuis 80 ans :
1. Manufacture de monuments funéraires
Rimouski possède une manufacture
de monuments funéraires exploitée sous la raison sociale de Beaudet &
Frénette Ltée et fonctionnant 11 mois par année. Cette entreprise existe
depuis 25 à 30 ans, mais avant 1935 elle était exploitée comme simple
boutique d'artisanat. En 1937, le prix de revient de la Compagnie s’est
chiffré par 9338,50 $. La Compagnie a acheté 150 pieds cubes de marbre
des États-Unis, 450 pieds cubes de granit de Stanstead et 100 pieds
cubes de pierre calcaire de Saint-Marc-des-Carrières ; ces derniers
chiffres sont approximatifs.
Les monuments sont vendus par
l'intermédiaire d'agents. La production est écoulée dans la province
dans une proportion de 90 à 95 % ; le reste est vendu dans les autres
provinces. La compagnie emploie 8 hommes à son atelier.
Cette entreprise éprouve certaines
difficultés à cause du coût trop élevé de la matière première qu'on doit
faire venir des États-Unis. Les exploitants prétendent également que
l'industrie serait plus prospère si la vente était réglementée par le
Gouvernement ou par des associations corporatives. Actuellement, cette
industrie subit la concurrence d'une trentaine de petits fabricants de
la province et du Nouveau-Brunswick qui fabriquent sans main-d'œuvre
étrangère et vendent à rabais. Ces derniers ne calculent pas le prix de
revient, l'intérêt sur le capital investi, la dépréciation de
l'outillage, etc. De plus, les carrières tendent à centraliser chez
elles la préparation de la pierre et dans ce but elles vendent la pierre
brute à un prix peu différent de la pierre travaillée. Ainsi, il devient
plus avantageux d'acheter aux carrières des monuments tout fabriqués et
de les revendre, que d'acheter la matière première brute et de fabriquer
les monuments. Le coût de transport est aussi moins élevé, car l'agent
fait alors expédier le monument directement à destination au lieu de
faire passer la pierre par la manufacture pour la faire travailler
d'abord et l'expédier ensuite à destination.
2. Manufacture de matelas
Cette entreprise, propriété de
Monsieur Octave Bertin, est établie à Rimouski depuis juin 1937 et elle
a fonctionné sans interruption depuis, mais non pas à plein rendement.
Monsieur Bertin ne fait presque pas de matelas neufs. Il répare et
refait les vieux matelas et fait le rembourrage des meubles pour les
gens de la région. Il a refait au cours de la dernière année de 350 à
400 matelas environ. Il charge 3,50 $ du matelas pour ce travail et 3,75
$ pour faire un matelas neuf. Il fait venir de Montréal sa matière
première. Monsieur Bertin garde deux employés une couple de mois au
printemps.
Dans les
conditions actuelles d'exploitation, il y a très peu de possibilités de
grand développement pour cette entreprise. Le marché régional serait
cependant très bon pour les matelas neufs. Mais il manque à monsieur
Bertin le capital pour s'organiser de manière à pouvoir fabriquer en
grande quantité. De plus, dans cette ligne il ne peut pas soutenir la
concurrence des gros manufacturiers des grands centres de la province ou
d'ailleurs qui peuvent eux se procurer à bien meilleur compte la matière
première. Monsieur Bertin prétend que s'il pouvait faire venir cette
dernière par grosse quantité, les taux de transport seraient beaucoup
moins élevés car il pourrait alors faire venir par goélette. Remarquons
que cette entreprise est la seule petite industrie du genre existant
actuellement dans toute la région du bas du fleuve. |
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3560
29 mars 2017
Ateliers de menuiserie à Rimouski en 1937
En 1938, l'Office de recherches
économiques du Québec a publié le rapport d’un inventaire des ressources
naturelles et industrielles du comté municipal de Rimouski. L’auteur y
décrit la situation de 1937. Voici un extrait de ce texte qui montre que
la ville de Rimouski a fortement changé depuis 80 ans :
« On relève dans Rimouski deux
manufactures de portes et châssis : l'une appartenant à Monsieur Albert
Sirois et l'autre à Monsieur Éphrem Gagné. Le premier exploite son
industrie une dizaine de mois par année et emploie trois hommes dont
l'un occasionnellement. En 1937, il a fabriqué 1800 à 1900 portes et
châssis et il a atteint le chiffre d'affaires de 8687,40 $.
L'établissement de Monsieur Gagné
fonctionne toute l'armée avec deux employés. La production de 1937 fut
de 900 à 1000 portes et châssis que Monsieur Gagné a vendus au prix
moyen de 4,50 $ l'unité. MM. Sirois et Gagné achètent de la Compagnie
Price tout le bois qu'ils utilisent à leur atelier. Ils fabriquent pour
le marché local et celui de la Côte-Nord. Monsieur Sirois s'occupe aussi
occasionnellement de la préparation du bois (planage).
Il y a aussi dans Rimouski deux
autres ateliers de menuiserie générale, exploités respectivement sous
les raisons sociales de Lavoie & Frères et de Georges Bélanger.
MM. Lavoie, deux menuisiers de
Rimouski, viennent d'ouvrir leur atelier de menuiserie et de préparation
de bois. Ils n'avaient commencé leur exploitation que depuis une
quinzaine de jours lors du passage des enquêteurs, au mois d'août 1938.
Quant à monsieur Bélanger, un
ouvrier à l'emploi de la compagnie Santerre de Rimouski, il possède un
petit atelier où il fabrique le soir et par temps perdu quelques portes
et châssis et des articles de menuiserie générale.
Ces deux
derniers établissements ne peuvent pas être considérés comme
des établissements industriels ; ce sont plutôt des boutiques
d'artisanat. » (Fin du texte cité) |
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3495
3 mars 2017
Scieries à Rimouski en 1937
En 1938, l'Office de recherches
économiques du Québec a publié le rapport d’un inventaire des ressources
naturelles et industrielles du comté municipal de Rimouski. L’auteur y
décrit la situation de 1937. Voici un extrait de ce texte qui montre que
la ville de Rimouski a fortement changé depuis 80 ans :
1. Price Brothers
La principale industrie de la
ville est sans contredit la scierie exploitée à Rimouski depuis 1902 par
la Price Brothers et dont la production en 1927 a atteint les chiffres
suivants : 26 000 000 p.m.p. (pieds mesure de planche) de bois de
sciage, 946 000 p.m.p. de bois de fuseau et 17 146 000 bardeaux. Cette
production ne varie guère depuis quelques années. La compagnie a aussi
vendu comme sous-produit 13 750 tonnes de déchets de bois (chips).
Le bois utilisé dans les usines de
la compagnie provient des terres de la Couronne dans une proportion de
90 % environ. Le reste, soit 10 %, est coupé sur les réserves
forestières de la compagnie dans la seigneurie Nicolas-Rioux, ou encore
sur des lots privés que la compagnie possède ailleurs. (Le sapin et
l’épinette sont utilisés à 88,9 %, le cèdre à 4,3 %, le pin à 3,5 % et
le bouleau à 3,3 %.)
Toute la production fut vendue aux
commerçants en gros du Canada, et surtout de l'extérieur dans les
proportions suivantes : 85 % aux États-Unis, 10 % dans l'Ontario, la
Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick, et 5 % dans le Québec.
La Compagnie a établi sa scierie à
Rimouski par suite des facilités de flottage du bois ; ses usines sont
en effet situées à l'embouchure de la Grande rivière Rimouski.
La Compagnie emploie en permanence
24 hommes dont 9 employés de bureau. La période de sciage du bois se
prolonge pendant 6 mois, de mai à novembre, et occupe environ 325
ouvriers. Pendant ce temps, l'industrie fonctionne à plein rendement. En
hiver, la Compagnie emploie à différentes périodes une soixantaine
d'hommes soit aux réparations ou à la garde du moulin, soit à
l'expédition du bois, etc.
Il est évident que cette
industrie, qui fait vivre une bonne partie de la population de Rimouski,
ne pourrait disparaître sans causer dans la localité une perturbation
économique. Dans les conditions actuelles d'approvisionnement, la
scierie peut encore fonctionner environ 25 années à ce que prétendent
les autorités de la Compagnie qui nous ont fourni les présents
renseignements. (…)
2. La Perrelle Lumber
La deuxième industrie importante
de Rimouski est propriété de La Perrelle Lumber qui possède une scierie
et une usine de préparation du bois (planage) qu'elle exploite dans la
ville depuis environ 25 ans. La production de la scierie en 1937 accuse
les chiffres suivants: 500 000 p.m.p. de bois de sciage (bois dur),
12 000 000 de bardeaux et 15 000 000 de lattes. Tout ce bois est acheté
à l'état brut en dehors du comté à l'exception de 50 000 p.m.p.
provenant des terres patentées de la région.
La Compagnie a de plus acheté en
1937 environ 20 000 000 p.m.p. de bois scié surtout dans la
Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick ; elle n'a acheté que 100 000
p.m.p. dans la province de Québec. Ce bois a été plané à l'usine de
préparation du bois de Rimouski et expédié comme suit aux commerçants de
gros sur les différents marchés : 70 % aux États-Unis, 27 % en Ontario
et 3 % seulement dans la province de Québec. (…)
La Compagnie a établi son
industrie à Rimouski par suite des facilités de transport du bois par
eau et par chemin de fer et de l'abondance de la main-d'œuvre.
Cette industrie fait vivre
plusieurs familles et la cessation complète des activités causerait
évidemment une certaine perturbation économique dans la ville. La
Compagnie emploie actuellement environ 75 hommes à ses usines pendant
les 6 mois de plus forte production. L'hiver, elle ne garde quo 25
hommes. On relève en plus 3 hommes de bureau employés en permanence. On
estime que la production de la Compagnie a augmenté d'environ 25 %
depuis 3 ans.
3. Scierie de Louis-Philippe Sirois
Monsieur Louis-Philippe Sirois
exploite aussi dans la ville depuis 1914 une scierie et un atelier de
planage pour les besoins des cultivateurs. Cette petite industrie
fonctionne 7 à 8 mois par année et emploie 3 hommes. En 1937, monsieur
Sirois a scié 400 000 p.m.p. et plané 50 000 p.m.p. pour les
cultivateurs de la région. Cette production ne varie guère depuis
quelques années, mais le bois tend actuellement à diminuer sur les
terres patentées. » (Fin du texte cité) |
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3425
3 février 2017
Industries à Rimouski en 1937
En 1938, l'Office de recherches
économiques du Québec a publié le rapport d’un inventaire des ressources
naturelles et industrielles du comté municipal de Rimouski. L’auteur y
décrit la situation de 1937. Voici un extrait de ce texte qui montre que
la ville de Rimouski a fortement changé depuis 80 ans :
« Nous avons vu que la ville de
Rimouski est à peu près entièrement constituée par un habitat urbain. On
n'y relève que 3 cultivateurs qui possèdent des terres dans les limites
de la ville. La municipalité rurale qui se rattache à la ville de
Rimouski est la paroisse de Saint-Germain-de-Rimouski.
Rimouski n'est pas lui-même un
centre agricole, et cependant toutes les industries dérivées de
l'agriculture exploitées pour les besoins des cultivateurs de la région
sont centralisées dans la ville.
Beurrerie
La Société Coopérative agricole de
Rimouski exploite une beurrerie dans la ville de Rimouski. Cette
industrie fut établie en coopérative en 1931, mais elle existait déjà
alors depuis plusieurs années. Elle fonctionne actuellement pendant
toute l'année à rendement irrégulier suivant la saison.
La production de 1937 fut de 84
120 livres de beurre qui furent vendues au prix moyen de 0,265 $ la
livre. Le lait servant à la fabrication du beurre provient surtout des
cultivateurs de Saint-Germain-de-Rimouski, Notre-Dame-du-Sacré-Cœur et
Sainte-Anne-de-la-Pointe-au-Père. Quelques cultivateurs de Sainte-Luce
et de Saint-Donat y apportent leur lait au printemps et à l'automne.
Toute la production de la
beurrerie est vendue en gros et en détail dans Rimouski et les environs.
Non seulement le marché local absorbe toute la production, mais il
requiert un surplus étranger. La beurrerie a une capacité de production
beaucoup plus grande et produirait certes davantage si elle recevait une
plus forte quantité de lait.
La principale concurrence que
subit la Coopérative est celle d'un cultivateur de Bic qui vient
régulièrement avec un camion chercher le lait chez les cultivateurs pour
le transporter à la beurrerie de Sainte-Cécile-du-Bic.
Plusieurs prétendent qu'il serait
très bon d'instituer à Rimouski un établissement pour la pasteurisation
du lait et de la crème et pour la fabrication du Yoghourt.
Tannerie et fabrique de chaussures
Monsieur Edmond Dumont exploite
une tannerie à Rimouski depuis une cinquantaine d'années. Il tanne les
peaux que les cultivateurs de la région lui apportent et charge en
moyenne 4 $ la peau. Il a ainsi tanné 350 à 400 peaux on 1937.
Le propriétaire de la tannerie
achète aussi des cultivateurs un certain nombre de peaux qu'il utilise
pour son propre compte à sa fabrique de chaussures qu'il exploite depuis
1937. Monsieur Dumont fabrique surtout des bottes qu'il vend dans la
région. Depuis que cotte industrie fonctionne, c'est-à-dire depuis
environ 1 an, il a vendu aux cultivateurs et aux commerçants de détail
de la région près de 700 paires de bottes dont 500 paires à 5 $ et le
reste à 3,50 $ et 4 $ la paire.
Monsieur Dumont emploie deux
hommes en permanence dont l'un à la tannerie et l'autre à la fabrique de
chaussures ; à cette dernière, il emploie aussi une femme
occasionnellement. » (Fin du texte cité) |
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#
3360
8 janvier 2017
Services à Rimouski en 1937
En 1938, l'Office de recherches
économiques du Québec a publié le rapport d’un inventaire des ressources
naturelles et industrielles du comté municipal de Rimouski. L’auteur y
décrit la situation de 1937. Voici un extrait de ce texte qui montre que
la ville de Rimouski a fortement changé depuis 80 ans :
« Le commerce fait vivre 60
familles et comprend 2 commerçants de gros et 56 commerçants de détail ;
on relève en outre 109 commis employés dans les divers magasins.
Les transports occupent
régulièrement 7 employés de chemin de fer et 6 employés de navigation.
La ville compte également 16 camionneurs et 20 chauffeurs de taxi.
On relève dans Rimouski une
douzaine d'établissements industriels qui, à part les exploitants,
occupent près d'une cinquantaine d'employés permanents et au-delà de 400
employés temporaires, ces derniers travaillant pendant une période
moyenne d'environ 6 mois par année ; ces employés sont pour la plupart
des journaliers que nous avons déjà mentionnés ; quelques-uns sont des
hommes de métier également énumérés plus haut. On doit cependant noter
qu'un certain nombre de ces employés de l'industrie demeurent dans les
municipalités voisines de la ville.
À part les communautés
religieuses, l'enseignement occupe dans la ville 2 professeurs laïques
au Séminaire et 4 institutrices. Il nous a été impossible de déterminer
le nombre de jeunes filles de la ville qui enseignent en dehors.
À part l'enseignement, le travail
féminin est assez en honneur dans Rimouski. On compte environ 200 jeunes
filles en service domestique dans la ville ; les 2/3 de ces dernières
viennent cependant de l'extérieur. Quant aux jeunes filles employées
dans les bureaux ou les magasins, on en relève environ 75 dont la
plupart sont des jeunes filles de la ville de Rimouski.
Les hommes de profession libérale
sont assez nombreux à Rimouski où l'on compte 13 avocats, 3 notaires, 1
protonotaire, 13 médecins, 3 dentistes, 1 vétérinaire, 10 ingénieurs, 7
agronomes, 2 ingénieurs forestiers, 1 arpenteur, 1 chimiste et 2
journalistes.
Quant aux autres occupations que
nous n'avons pas encore énumérées, elles comprennent 8 hôteliers, 11
contracteurs de chantiers, 3 entrepreneurs, 2 ouvriers agricoles, 6
policiers et 162 employés et agents divers. Signalons enfin que la ville
compte 126 rentiers.
Après toutes ces énumérations, on
peut conclure que l'industrie, surtout l'industrie du bois dirigée par
les compagnies Price Brothers et La Perrelle Lumber, font vivre une
bonne partie de la population de la ville par l'ouvrage qu'elles
fournissent principalement aux journaliers. Rimouski est aussi
le grand centre de consommation
et de distribution des produits agricoles de la région ; c'est ainsi que
le commerce y est assez développé. De Rimouski, notamment les produits
laitiers, et les produits animaux sont expédiés vers la Côte-nord ou
vers les grands centres. » (Fin du texte cité) |
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# 3295
13 décembre 2016
Métiers à Rimouski en 1937
En 1938, l'Office de recherches
économiques du Québec a publié le rapport d’un inventaire des ressources
naturelles et industrielles du comté municipal de Rimouski. L’auteur y
décrit la situation de 1937. Voici un extrait de ce texte qui montre que
la ville de Rimouski a fortement changé depuis 79 ans :
« Il est évident que l'agriculture
n'a aucune importance comme mode de vie dans la ville même de Rimouski.
On y compte cependant 6 cultivateurs domiciliés dont 3 possèdent des
terres dans les limites de la ville. On relève en plus 2 aviculteurs.
Les journaliers forment sans
contredit la catégorie de travailleurs la plus nombreuse. Nous n'avons
pas pu distinguer les chefs de familles et les célibataires qui gagnent
leur vie en travaillant à la journée ; mais nous savons que la ville
compte 491 journaliers employés surtout au travail dans les scieries et
aux chantiers. La ville ne compte pas actuellement de véritables
chômeurs, mais un grand nombre de journaliers n'ont pas d'ouvrage
pendant les mois d'hiver.
L'artisanat compte 64 boutiques de
toutes sortes que nous énumérons :
Quant aux hommes de métier
travaillant pour le compte des autres, parfois comme
journaliers, on en compte 133 à savoir : 50 charpentiers et
menuisiers, 23 mécaniciens de garage, 10 électriciens, 4 plombiers, 1
horloger, 1 cordonnier, 9 coiffeurs, 3 maçons, 2 plâtriers, 4 marbriers,
7 typographes, 14 peintres, 4 mesureurs de bois, 1 aviateur.
À peu près tous ces hommes de
métier tirent la plus grande partie de leur subsistance de l'exercice de
leur métier. Plusieurs cherchent à se perfectionner. L'École des Arts et
Métiers du Séminaire fournit aux ouvriers des cours du soir où l'on
enseigne le travail du fer et du bois ; 30 ouvriers ont suivi
régulièrement ces cours jusqu'à date. » (Fin du texte cité) |
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# 3240
21 novembre 2016
Radio-Canada en 1959
En 1959,
CJBR-Rimouski était un poste de télévision affilié à Radio-Canada. Voici
un aperçu de la programmation dans la semaine du 19 octobre :
Du 19 au 23 octobre
14 h 30 −
Ouverture du poste généralement par un film
15 h 30 −
Votre menu
16 h − Bobino
16 h 30 − La
boîte à surprises
17 h −
Courrier du Roy (lundi), La vie qui bat (mardi), Le dernier des Mohicans
(mercredi), Kosmos 2601 (jeudi), Tumelet (vendredi)
17 h 30 −
César (lundi), Radisson (mardi), Popeye le vrai marin (mercredi), Enfant
du cirque (jeudi), Casse-cou (vendredi)
18 h − Au
coin du feu
De 18 h 30 à
19 h 30, CJBR présente des sujets locaux, des nouvelles mondiales,
régionales, sportives et la météo.
19 h 30 −
Ciné-feuilleton : un film découpé en séquences de 15 minutes
19h 45 − Chez
Clémence (lundi), Par le trou de la serrure (mardi), Car l’amour
(mercredi), Toi et moi (jeudi), Pour elle (vendredi)
20 h − Les
belles histoires des pays d’en haut (lundi), Jeunes visages (mardi),
Point d’interrogation (mercredi), À la porte St-Louis (jeudi), Aventures
(vendredi)
20 h 30 − La
poule aux œufs d’or (lundi), Joie de vivre (mardi), La pension Velder
(mercredi), Le Survenant (jeudi), Tour d’horizon (vendredi)
21 h − Vous
êtes témoin (lundi), C’est la vie (mardi), En haut de la pente douce
(mercredi), Rendez-vous avec Michelle (jeudi), Projection d’un film
(vendredi)
À partir de
21 h 30, la programmation varie d’une journée à l’autre. On retrouve
notamment la soirée de lutte le mercredi à 22 h. Le télé-journal est
présenté à 23 h. La soirée se termine par des nouvelles en anglais
présentées par CBC-TV News.
Le samedi 24
octobre, le poste ouvre à 10 h. Voici quelques émissions de la journée :
10 h − Maman
Fonfon
11 h − Domino
14 h −
Football
18 h 30 − The
Ed Sullivan Show (en anglais, bien sûr)
20 h − Club
des autographes
20 h 30 − Clé
de sol
21 h – La soirée du hockey
Le dimanche 25 octobre, le poste
ouvre à 12 h 50 avec les nouvelles de CBC-TV News. Voici quelques
émissions de la journée :
11 h – La grand-messe
13 h − This is the life
14 h 30 − Les travaux et les jours
16 h − L’heure des quilles
18 30 − Guillaume Tell
19 h − Caméra 59
19 h 30 − Robin des Bois
20 h − Papa a raison
20 h 30 − La clé des champs
21 h − Music Hall
24 h − Le télé-journal
1 h – Fermeture
Les renseignements proviennent du
Progrès du Golfe, hebdomadaire de Rimouski, édition du 16 octobre 1959. |
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# 3190
1er novembre 2016
Rimouski
En 2016, la ville de Rimouski a une population de 49 281 personnes. Elle
couvre une superficie de 529,5 kilomètres carrés, soit l’équivalent de
23 kilomètres par 23 kilomètres.
En 1938, l'Office de recherches économiques du Québec a publié le
rapport d’un inventaire des ressources naturelles et industrielles du
comté municipal de Rimouski. L’auteur y décrit la situation de 1937.
Voici des extraits de ce texte qui démontrent que la ville de Rimouski a
fortement changé depuis 79 ans :
« La ville de Rimouski couvre une superficie de 841 acres (3,4
kilomètres carrés) dans la seigneurie de Rimouski. Elle est située sur
le littoral du fleuve Saint-Laurent à l'embouchure de la Grande rivière
Rimouski. La ville est entourée par les deux municipalités rurales de
Saint-Germain-de-Rimouski et de Notre-Dame-du-Sacré-Cœur.
Le relief présente l'aspect d'une plaine échelonnée sur des terrasses.
La rivière Rimouski traverse la partie est de la ville. La municipalité
est à peu près entièrement constituée par un habitat urbain.
La municipalité de la ville de Rimouski couvre un territoire moins
étendu que la paroisse religieuse de Saint-Germain-de-Rimouski. Cette
dernière, en effet, comprend toute la ville et une bonne partie (de la
municipalité rurale de St-Germain formée de quatre rangs).
La population actuelle de la ville […] est d'environ 6500 âmes. Le
recensement fédéral de 1931 donne une population de 5589 âmes. Il y
aurait donc une augmentation réelle de 911 âmes depuis 1931.
Depuis quelques années, surtout depuis l'ouverture de Baie-Comeau et des
autres localités de la Côte-Nord, il existe à Rimouski un mouvement
régulier d'immigration et d'émigration. Les arrivants viennent pour des
occupations diverses (journaliers, employés divers, voyageurs, agents
d'assurances, maisons de pension, etc.) Les partants se dirigent parfois
vers l'arrière du comté et s'établissent sur des lots de colonisation,
mais le plus souvent ils s'en vont s'engager comme ouvriers de moulin à
Baie-Comeau ou ailleurs sur la Côte-Nord.
La ville compte au total 546 propriétaires, dont 510 domiciliés et 36
non domiciliés. Il y a 3 propriétaires de fermes et 543 propriétaires de
maisons. Ces dernières sont habitées par les propriétaires domiciliés et
par 595 locataires. Presque tous les propriétaires domiciliés et environ
la moitié des locataires cultivent un petit jardin. Très peu de gens
domiciliés dans la ville gardent des animaux domestiques. » (Fin du
texte cité) |
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#
3155
18 octobre 2016
Le Salon du livre de Rimouski
Au Québec, le plus
ancien salon du livre est celui de Rimouski. Il a vu le jour en 1964
grâce à l’initiative des Chevaliers de Champlain et des Dames Hélène de
Champlain qui ont délégué respectivement Clément Alary et Mme Georges
Raymond (Madeleine Bélair) pour voir à son organisation. Voici ce
qu’écrit le Progrès du Golfe dans son édition du 16 octobre 1964 :
« Le Salon du livre (a ouvert ses portes hier)
soir à 8 h. à l’Hôtel de Ville de Rimouski. Le public aura le privilège
de rencontrer trois écrivains canadiens. Les responsables de cette
exposition ont invité Mme Émilia B. Allaire, M. Louis-Roland Paradis,
natif de Rimouski, et M. Yves Thériault, auteur canadien dont les œuvres
connaissent une diffusion mondiale. Ces écrivains seront au Salon du
livre dès vendredi. Les visiteurs verront plus de 8000 volumes à
l’étalage. »
Ce salon qui a duré du 15 au 18
octobre 1964 était très différent de ceux qui existent actuellement. Il
n’y avait pas de kiosques loués par des éditeurs. Il n’y avait pas
d’activités spéciales. Le nombre d’auteurs était restreint. Les livres
provenaient d’une succursale de la
librairie Fides établie à Rimouski. Le thème du salon était :
« Pour connaître le chemin de la librairie ». On raconte qu’environ 1000
livres furent vendus pendant les quatre jours de l’exposition. C’était
donc considéré comme un succès.
Au cours de son histoire, le Salon
du livre de Rimouski a fait relâche pour différentes raisons pendant
trois années : 1968, 1970 et 1984. En 2015, c’était la 50e édition. Selon le site de l’organisme dans un
texte récent, « Année après année, cet événement rassembleur permet au public de rencontrer
près de 250 auteurs d’ici et d’ailleurs, et de s’y voir offrir les
livres de plus de 300 maisons d’édition réparties dans plus de 100 stands. Le programme
d’animation, le volet maritime unique et les diverses activités
proposées y suscitent l’intérêt de plus de 15 000 visiteurs. »
J’ai participé activement à l’organisation du Salon du livre de Rimouski
pendant trois ans : en 1985, comme responsable des communications, puis
en 1986 et 1987, comme président. Pendant ces années là, le nombre de
visiteurs variait de 5000 à un peu plus de 7000.
En 2016, la 51e
édition du Salon du livre aura lieu du 3 au 6 novembre 2016
au Centre de congrès de l’Hôtel Rimouski. |
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#
2425
26 août 2015
« L’histoire
occupait une place de choix dans l’idée que l’on se faisait de la
littérature au XIXe siècle.
L’abbé Casgrain, dans son article fondateur « Le mouvement littéraire
en Canada » de 1866, considérait que les deux plus grands écrivains
québécois étaient, ex æquo, le poète Octave Crémazie et
l’historien François-Xavier Garneau. C’est dire la place et
l’importance des historiens, amateurs ou professionnels, comme Charles
Guay (1845-1922), auteur de la Chronique de Rimouski, première histoire
de la ville et de sa région, publiée en deux volumes en 1873 et 1874. L’auteur,
aujourd’hui méconnu, mériterait à lui seul une étude, en raison de
sa carrière ecclésiastique qui a été fulgurante, sinon météorique,
et de sa personnalité bien trempée qui lui a valu de nombreuses et
solides inimitiés. Au moment où paraît sa chronique, il est vicaire
à la cathédrale de Rimouski et il doit beaucoup à l’évêque Jean
Langevin, dédicataire du livre : « Premier
évêque de la ville Vous
avez droit à cet hommage… Cette
histoire a donc, par la force des choses, une perspective religieuse.
Pour autant, il ne s’agit pas d’une banale monographie de paroisse,
ne serait-ce que parce que Rimouski est un diocèse, que la ville est
desservie par le chemin de fer et qu’elle dispose d’un séminaire,
autant de conditions qui lui promettent un développement rapide aux
yeux d’écrivains comme James McPherson Le Moine ou Arthur Buies
qu’on ne peut pas soupçonner de complaisance à l’endroit de l’Église. Deux
traits caractérisent l’écriture de cette Chronique
de Rimouski : sa forme anthologique et sa manie de l’exhaustivité. Loin
d’être constitué exclusivement par la prose de Charles Guay, cet
ouvrage d’histoire se présente en fait comme une anthologie de textes
sur Rimouski, compilés par l’auteur. Il peut s’agir d’articles déjà
publiés comme « L’île Saint-Barnabé » de Joseph-Charles
Taché, paru en 1865 dans Les Soirées
canadiennes et dont l’auteur cite de larges extraits à propos de
l’ermite Toussaint Cartier. Il peut également s’agir d’inédits
comme les notes réunies par le généalogiste Cyprien Tanguay ou encore
les recherches manuscrites de l’abbé Georges Potvin. Cette forme
anthologique fait du livre à la fois une œuvre collective et une somme
de tout ce que les archives avaient consigné sur le passé rimouskois
au début des années 1870. Par
ailleurs, la Chronique de Rimouski
se signale par son goût de l’inventaire et sa manie des listes de
toute sorte. On y trouve, par exemple, l’énumération de tous les prêtres
qui ont desservi la paroisse, la liste des députés du comté, le
nombre de mariages, de naissances et de sépultures, année par année,
de 1701 à 1872, le catalogue des supérieurs, directeurs et professeurs
du Collège industriel et agricole et du Séminaire de Rimouski, etc.
Cette propension à la compilation témoigne de la volonté de totaliser
tout ce que l’on peut documenter sur l’histoire d’un lieu,
jusqu’à la vie de chaque individu enregistrée dans la comptabilité
annuelle des naissances et des décès. D’une manière artisanale et
involontaire, on trouve là en germe des éléments qui peuvent faire
penser à la dimension « statisticienne » de la future
histoire sociale ou à la très petite échelle de la microhistoire
d’un Carlo Ginzburg. Il
est étonnant que Charles Guay soit, grâce à sa chronique, lié à
jamais à Rimouski, où, pourtant, il ne séjourna en tout que cinq ans.
La suite de sa carrière l’amènera dans la vallée de la Matapédia,
aux États-Unis et en Europe, pour y obtenir, entre autres, des fonds
pour la construction et les œuvres du séminaire. Son entregent et son
habileté lui vaudront d’être nommé secrétaire apostolique lors
d’un séjour à Rome et de pouvoir porter ainsi le titre de
Monseigneur sans être évêque. Il est piquant par ailleurs de se
rappeler la posture déférente qu’il adopte à l’égard de Mgr
Langevin en 1873, quand on sait les démêlés qu’auront les deux
hommes quelques années plus tard. Dans une lettre de juillet 1888
adressée à l’évêque qui refuse de bénir et de payer les nouvelles
cloches de la chapelle de Restigouche, Charles Guay écrira entre autres
amabilités : « Il est
parfaitement connu que vous demander un sou, c’est vous arracher le cœur
et vous saigner aux quatre membres. » Se trouvent ainsi
curieusement réunis dans la même personne le plus fidèle partisan du
diocèse de Rimouski et le plus farouche adversaire de son premier évêque. »
(Fin du texte cité) |
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2290
29 juin 2015 Le
transport du courrier de Sa Majesté a été depuis toujours le service
public le plus important dans tous les pays. Vers le début du dix-neuvième
siècle, ce sont les frères Rioux de Trois-Pistoles qui assuraient le
transport du courrier depuis Québec jusqu’à Rimouski. Ils assuraient
aussi, et en même temps, un service de diligence assurant aux voyageurs
rapidité et fiabilité grâce aux relais leur permettant de changer
d’attelage lorsque leurs chevaux étaient fatigués. Or,
voilà qu’en 1831, Jean-Baptiste Cordeau est le maître de poste
responsable de ce service à partir du Portage jusqu’à Rimouski. Afin
de maintenir la qualité de ce service, il se devait d’utiliser des
sous-traitants et même des personnes-ressources pour remplacer ces
derniers au cas où ils seraient dans l’impossibilité d’accomplir
leur tâche certains jours. Ici,
il s'agit de François Thibault, 6e génération canadienne,
fils d'Hilarion et Marie-Marthe Lefebvre-Boulanger qui vit sur une terre
de Saint-Simon, aux limites de la paroisse de Saint-Fabien de Rimouski.
Il s'engage à transporter le courrier de la Reine. Les conditions ne
sont pas faciles à remplir ; les routes ne sont que des sentiers
entretenus par chaque cultivateur, ce qui rend les chemins d'autant plus
mauvais, particulièrement en hiver. Le climat est très rude ; les
froids extrêmes, le vent, les tempêtes, les verglas sont choses
communes, mais le courrier de la Reine doit se rendre à destination à
chaque jour, beau temps, mauvais temps. Voyez ce document qu'a signé
François. Les obligations sont nombreuses et difficiles à respecter.
S'il avait su lire, il n'aurait probablement pas accepté de telles
obligations. Voici
les principales clauses d’un tel accord et toute la minutie qu’on y
apporte dans sa rédaction : « Par
devant les notaires soussignés, le sieur François Thibault devenant
courrier et porteur des malles et lettres de Sa Majesté s'engage envers
M. Jean-Baptiste Cordeau, maître de poste, à transporter toutes les
malles ou lettres de Sa Majesté transportées chez lui par le dit
Cordeau et les prendre immédiatement et les transporter de suite à
Rimouski, chez Pierre Gauvreau, écuyer, l'un des notaires soussignés. François
devra aussi fournir une place dans son écurie pour mettre les chevaux
dudit Jean-Baptiste Cordeau ainsi que le foin pour les nourrir. Ce
transport devra commencer vers la fin de novembre prochain et se
continuer jusqu'au six de novembre 1832 sous peine de tous frais, dépenses,
dommages et intérêt. François
s'oblige en outre à mener ledit Cordeau à Rimouski chaque fois qu'il
s'en requerra et ce avec ses chevaux et voitures et le ramener au dit
lieu de Saint-Simon. Le tout pour une somme (annuelle) de vingt-deux
livres dix shellings courant (environ 90 $). En
outre, le sieur Basile Bernier, cultivateur de Saint-Simon, s'est
volontairement prêté caution et répondant pour ledit François
Thibault envers ledit Cordeau, il s'est obligé solidairement avec lui
à l'accomplissement et exécution des obligations par lui ci-dessus,
etc. » (Fin du contrat) Ce
texte est tiré de La Thibaudière
dont l’auteur est Fernand Thibault. Le livre de 596 pages a été
publié en 2015 aux éditions Première Chance. Pour se procurer ce récit
historique, écrivez à fthibault2013@hotmail.com
ou téléphonez à 418 872-3955. Le coût est de 30,00 $, plus frais de
poste. |
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2190
9 juin 2015 Dans
Le Soleil du 14 juin 2014,
Jean-Simon Gagné écrit :
« Jusqu'à
la mi-juillet 1914, les journaux suivent l'enquête sur le naufrage de
l'Empress of Ireland, qui a fait 1012 morts, au large de Rimouski, le 29
mai. Un mois après la tragédie, l'émotion est encore palpable. La
Chambre de commerce recueille toujours des vêtements et de l'argent
pour les veuves et les orphelins. L'énorme
paquebot se dirigeait vers l'Angleterre lorsqu'il a été éventré, en
pleine nuit, par un navire transportant du charbon. Il a coulé en 14
minutes ! La plupart des victimes n'ont pas eu le temps de sortir de
leur cabine. Chaque jour ou presque, des scaphandriers retirent des
corps de l'épave, qui repose à 42 mètres de profondeur. Mais
les mauvaises langues racontent qu'ils cherchent surtout le coffre-fort
du navire, qui contient notamment 170 lingots d'argent, d'une valeur
estimée à 1,1 million $ (22,9 millions en dollars d'aujourd'hui). »
(Fin du texte cité) Sur
le Site historique maritime de la
Pointe-au-Père, on peut lire : « Le
29 mai 2014, cela faisait 100 ans que l'Empress of Ireland avait fait
naufrage au large de Sainte-Luce-sur-mer, près de Rimouski. |
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1525
19 janvier 2015
Si
vous allez dans Google et que vous entrez ketchup
Padoue, vous trouverez un site La
mine de ketchup de Padoue. http://www.minedeketchup.com/
C’est donc vrai qu’il existe là une mine de ketchup. Voici les
faits : Au
cours du 20e siècle, on a exploité à Padoue une carrière
d’ocre rouge qui permettait de produire un colorant. À l’époque,
certaines maisons et certaines granges du Bas-Saint-Laurent étaient
peintes en rouge. On peut penser que le produit provenait de Padoue. Les
journaliers qui travaillaient dans la carrière étaient vus avec des vêtements
teintés en rouge. En guise de taquinerie, on leur demandait parfois
s’ils travaillaient dans une mine de ketchup. En
2009, un enseignant de Padoue, Philippe Cavanagh,
a monté un projet parascolaire. Connaissant la « légende »,
il eut l’idée de produire du ketchup. Aidés par le chef de la
restauration des Jardins de Métis, Pierre-Olivier Ferry, les 16 élèves
produisirent un ketchup qui s’envola rapidement. L’année
suivante, le Comité d’économie sociale de la paroisse qui en était
à ses débuts s’interrogea sur une façon de développer leur économie.
Ils se rallièrent rapidement derrière un projet de production de
ketchup. À titre de clin d’œil à la « légende », ils décidèrent
de fonder une entreprise qu’ils appelèrent La
mine de ketchup de Padoue. Aujourd’hui,
sur leur site web, on peut connaître leurs produits : ketchup
lisse, salsa douce et salsa moyenne. Ils ont plusieurs points de vente
dans la région de la Gaspésie et quelques-uns dans la région du
Bas-Saint-Laurent, dont Rimouski et Saint-Mathieu-de-Rioux. C’est
vraiment une belle histoire où le développement économique se fait en
concordance avec l’histoire. Je leur souhaite beaucoup de succès avec
leur mine de ketchup. |
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1200
15 novembre 2014
Lors
de mon premier cours à l’automne 1969, soit Calcul
1, le professeur a demandé si nous connaissions le calcul différentiel
et intégral. La plupart ne connaissaient même pas ces expressions.
Pour ma part, j’avais fait un peu de calcul différentiel. Le
professeur a donc dû remanier son cours pour nous permettre d’acquérir
ces notions qui normalement auraient dû être un prérequis. J’ai
obtenu un B comme résultat. À
l’hiver 1970, j’ai suivi le cours Algèbre
linéaire 1. J’adorais cette branche des mathématiques qui s'intéresse
à l'étude des espaces vectoriels et des transformations linéaires. On
y apprenait notamment à convertir des systèmes d’équations linéaires
en matrices. J’ai obtenu un A. À
l’été 1970, je me suis inscrit au cours Algèbre
1. Le professeur était Yvan Roux, un diplômé de récente date.
C’était un excellent pédagogue qui aimait passionnément les mathématiques.
Il écrivait au tableau et donnait des explications en circulant de long
en large devant la classe. On était en juillet et, comme il n’y avait
pas de système de ventilation, il suait à grosses gouttes. Nous
étions environ 40 étudiants. À l’examen donné à la fin de la
première semaine, j’ai obtenu 29 %. Je riais en voyant ma note, car
j’étais probablement dans les cinq meilleurs. Une religieuse qui
enseignait au secondaire avait eu un magnifique 0. Lors
de la deuxième semaine, une femme s’est présentée en classe pour la
première fois, M. Roux s’est dirigé vers elle et lui a dit :
« Connaissez-vous telle ou telle notion ? » en énumérant
en long et en large ce qu’on avait appris précédemment. Elle est
devenue rouge et a dit : « Est-ce ici qu’on donne tel cours ? »
en nommant le cours. Elle s’était trompée de locaux. M.
Roux n’a pas modifié ses exigences ; mais, il a dû convertir
les notes car, à la fin de la troisième semaine, il ne restait plus
qu’une quinzaine d’étudiants. J’ai obtenu un C. Le
cours suivant, toujours en été, fut plus calme. C’était Probabilités et statistiques. Le professeur nous expliquait la théorie
en avant-midi et en après-midi il nous donnait des problèmes à résoudre.
J’ai obtenu un A. Le
cours suivant à l’automne 1970 était Analyse
1. Il était donné par un Chinois qu’on connaissait sous le nom
de Pierre-Paul Chen. Il parlait très peu français. Il avait été
engagé par l’université même s’il n’avait pas pu
présenter ses diplômes prétextant à tort ou à raison qu’il
les avait perdus lors d’un naufrage en mer. Pendant les trois premières
heures, à cause de son français approximatif, je n’ai rien compris
de ce qu’il disait. Il semblait connaître sa matière mais il
utilisait abondamment des mots techniques anglais. Les rumeurs
circulaient à l’effet qu’il risquait d’être déporté. Son épouse,
une ancienne religieuse, assistait aux cours. On disait qu’elle était
là pour le surveiller. Les
cours suivants ne méritent pas d’attention particulière, sauf le
cours Algèbre linéaire II à
l’été 1971. À la fin de première semaine, j’ai eu un excellent résultat.
Sauf que j’ai découvert les carrés magiques à ce moment-là si bien
que je passais plus de temps à ce loisir qu’à mes études. À la fin
de la session, le professeur m’a interpellé pour savoir ce qui s’était
passé. Un
des inconvénients mineurs était que nos cours étaient donnés dans la
partie sud. Préalablement, ce secteur avait servi à des élèves du
primaire alors que la bâtisse appartenait aux Ursulines. Entre autres,
les salles de bain étaient équipées de miroirs très bas. Bref,
mon passage à l’université fut une expérience enrichissante malgré
les débuts de l’institution. |
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#
1160
7 novembre 2014 Toutefois,
j’obtins un poste d’enseignant à cette école. J’avais quatre
groupes de mathématiques en secondaire IV. Ces groupes étaient composés
uniquement de filles, sauf un gars dans un des groupes. Je n’avais
jamais enseigné à des filles. Mes expériences précédentes de trois
ans d’enseignement s’adressaient uniquement à des garçons.
J’avais de la difficulté à m’adapter. La dynamique dans un groupe
d’élèves du même sexe se traduit par une multiplication des qualités
ou des défauts des éléments qui composent l’ensemble. On dirait que
les réactions des élèves sont portées à leur paroxysme. Au
fil du temps, je m’étais habitué à réagir devant une classe de garçons.
Mais là, la situation était totalement différente. L’année
suivante, j’ai eu une classe mixte et j’ai pu remarquer combien c’était
plus facile. On dirait que, dans une classe mixte, les excès des garçons
sont amenuisés par la présence des filles et vice versa. Ce
qui n’arrangeait pas la situation, c’est que pendant les quatre
premiers mois, je pouvais voir mes groupes à tous les deux jours
seulement. Évidemment, pour moi, c’était un jour de repos sur deux.
En classe, toutefois, il fallait condenser la matière pour respecter le
programme de mathématiques. De leur côté, les élèves n’étaient
pas habituées à une présentation concentrée de la matière. En
janvier, avec l’ouverture de nouveaux locaux, j’ai pu enseigner
chaque jour. Cela a fait baisser la pression. En même temps, je me suis
habitué à présenter la matière différemment. On le comprendra.
Encore là, les filles et les garçons n’ont pas la même
approche concernant l’apprentissage des mathématiques. Chaque groupe
a ses spécificités propres. Le
directeur de la polyvalente, le Frère Jean-Marc Trottier, de la
communauté des Frères du Sacré-Cœur, qui était un homme de bonne
prestance, était habitué à mener son école d’une main de maître.
Mais quand cette école est devenue polyvalente passant de 1200 à 3000
élèves, il ne retrouvait pas ses repères. Par exemple, il obligeait
les professeurs masculins à porter veston et cravate. Je n’étais pas
d’accord. Au lieu de porter la cravate, je nouais un foulard autour de
mon cou. En
mai, j’ai commencé à me laisser pousser la barbe. Un vendredi, il
m’a fait venir à son bureau et m’a dit : « Si lundi,
vous portez encore ta barbe, vous ne pourrez pas entrer à l’école. »
Pour moi, c’était évident qu’il ne pouvait pas appliquer un règlement
qui n’existait pas. J’ai longuement réfléchi en fin de semaine et
j’ai décidé de me raser, considérant que l’affrontement n’est
pas un bon moyen de résoudre des situations conflictuelles. L’année
suivante, le port de la barbe était permis et les règlements
concernant l’habillement des professeurs masculins furent abolis. Bref, l’année 1969-1970 fut une année difficile pour tous à la nouvelle polyvalente, sans compter que les élèves venaient d’horizons différents. Il est clair qu’un changement de structure ne peut amener que des inconvénients temporaires. |
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#
900
15 septembre 2014
Le
camp Trois-Saumons est situé sur un mont à la pointe ouest du lac
Trois-Saumons dans la municipalité de Saint-Aubert près de Saint-Jean
Port-Joli. Dans les Anciens
Canadiens, Philippe-Aubert de Gaspé parle de ce lac. Quand
je suis arrivé chez mes parents vers la mi-juin, j’ai à peine défait
ma valise. Le 21 juin 1960, soit la veille de l’élection provinciale
où les libéraux avec en tête Jean Lesage ont été élus, j’ai pris
le train à Saint-Simon vers le camp … avec ma valise. Il était
entendu qu’en arrivant à la gare de Saint-Jean Port-Joli je téléphonais
au camp pour avoir une voiture. Ce que je fis. J’ai
eu une surprise parce que c’est le directeur du camp lui-même,
l’abbé Raoul Cloutier, qui est venu me chercher. Quand il a vu ma
valise, il m’a demandé si j’avais prévu un long séjour au camp.
J’ai senti son ironie. Je réalisai trop tard que je venais de faire
une gaffe. Normalement,
en arrivant au camp, j’aurais pu me rendre à pied à pied dans le
campement qui m’était assigné. Il a fallu que l’abbé Cloutier
vienne m’y reconduire. L’abbé n’était pas très content. Le
campement était un dortoir qui accueillait une douzaine de futurs
moniteurs. J’ai placé ma valise au pied de mon lit. Quand un nouvel
arrivé entrait, il regardait ma valise. Quelques-uns m’ont interrogé.
Il m’est arrivé d’entendre chuchoter entre eux mes compagnons de
nuit en me désignant comme l’homme à la valise. Cela
a assombri quelque peu mon séjour d’une semaine au camp. Mais, le
tout est revenu à la normale après un jour ou deux. Par ailleurs,
certains ont dû me trouver bizarres parce que je n’avais aucune idée
de ce qu’était le camp Cap-à-l’Orignal. Quand on me questionnait
sur les bâtisses et les activités du camp, je répondais évasivement. Quoi
qu’il en soit, je suis retourné l’année suivante parfaire ma
formation … sans ma valise. Je pouvais alors répondre à toutes les
questions sur le Cap-à-l’Orignal. J’ai obtenu mon diplôme de
moniteur que j’ai conservé précieusement. On pouvait y lire que
j’avais « complété, selon les exigences requises, les deux
sessions de perfectionnement pour moniteurs. » C’était signé
Raoul Cloutier, prêtre, directeur. |
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# 820
27 août 2014 Deux
ou trois fois par année, le principal – c’est comme cela qu’on
appelait le directeur – réunissait tous les enseignants. Il y en
avait à ce moment plus de 200. Les assemblées étaient parfois
houleuses puisque c’est le principal lui-même qui les dirigeait.
Lorsqu’un enseignait se levait pour donner son opinion, le principal
ou un adjoint rétorquaient. Il n’y avait vraiment pas de prise de décision
commune si bien que les enseignants en ressortaient parfois frustrés. Devant
la critique, le principal accepta de léguer la responsabilité de la
gestion d’assemblée à un enseignant. Je fus choisi pour effectuer
cette tâche. En tant que président d’assemblée, je me suis donné
comme mandat de favoriser l’expression de chacun. Bien plus, les
propositions étaient reçues et discutés selon les règles du Code
Morin, avec amendements s’il y avait lieu. Ce fut tout un choc pour la
direction de l’école car leur droit de parole était diminué vu que
le principal ou un adjoint était maintenant considéré comme un membre
de l’assemblée au même titre qu’un enseignant. Au
début, j’ai de la difficulté à assurer la cohésion de l’assemblée
car peu connaissait les procédures. Avec le temps, les assemblées générales
sont devenues plus efficaces. Par
la suite, j’ai été demandé pour présider les assemblées générales
du SERM (Syndicat des enseignants de la région de la Métis). Ma façon
d’appliquer les règles rendait les assemblées plus calmes. Je
devais toutefois éviter les pièges que me tendaient parfois les
enseignants qui connaissaient aussi bien que moi les procédures. Le
Code Morin que je vins à connaître dans ses détails étaient toujours
à portée de la main. De
plus en plus de participants aux assemblées connaissaient les procédures
parce que les dirigeants syndicaux avaient eu la bonne idée de donner
une session de formation. J’ai donc passé une fin de semaine a
explicité les règles en compagnie de Raymond Levasseur. À
l’occasion, je devais prendre des décisions difficiles. Mais je n’hésitais
pas. Je sentais que j’avais de plus en plus la confiance des
participants. Un jour, après que j’aie rendu une décision, un
enseignant invoqua une question de privilège et se dit en désaccord
total avec cette décision. Je lui expliquai alors que c’était son
droit, qu’il devait expliciter les raisons de sa prise de position,
qu’il n’y avait pas de discussions sur le sujet, que le vote était
pris sur-le-champ, que si l’assemblée décidait de rejeter la décision,
le président, pourrait démissionner s’il considérait cela comme un
vote de non confiance. Le vote fut pris. Seuls le proposeur et l’appuyeur
votèrent à l’effet de rejeter ma décision. J’ai
continué à présider les assemblées délibérantes. Mais j’avais
peur de faire faire à l’assemblée des faux pas vu la confiance
qu’on me témoignait. Pas longtemps après, je quittai pour une autre
fonction et je n’ai plus eu l’occasion de présider des assemblées
délibérantes. |
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#
702
25 juillet 2014 Vers
1976, j’ai eu un groupe de Sec. IV qui étudiait au professionnel et
qui n’avait aucun intérêt en mathématiques. J’avais l’habitude,
comme d’autres enseignants, de terminer mon cours deux ou trois
minutes avant la cloche. J’exigeais que les élèves demeurent à leur
place jusqu’à la fin, alors que d’autres enseignants toléraient
qu’ils se regroupent devant la porte. Un
jour, environ une minute avant la cloche, un élève a pris ses livres
et cahiers et s’est dirigé vers la porte. Cela m’a surpris,
d’autant plus que d’autres élèves ont suivi. J’ai laissé faire
et quand la cloche a sonné, il ne restait plus que deux ou trois élèves
dans la classe. J’étais bouleversé et choqué par le fait que je
venais peut-être de perdre le contrôle de ce groupe. Toutefois, à tête
reposée, cela ne m’a pas empêché de mijoter une stratégie Au
début du cours suivant, je leur ai dit : « Vous savez
qu’il est interdit de quitter le local de classe avant la fin du
cours. La direction de l’école est intransigeante là-dessus.
Connaissez-vous les conséquences d’un tel geste ? » Les élèves
fautifs baissaient la tête et s’attendaient à une punition
exemplaire. J’ai
continué. « Le geste que vous avez posé pourrait entraîner
qu’on me congédie. Est-ce que c’est ça que vous voulez ? »
Les élèves étaient de plus en plus mal à l’aise. En réalité, je
bluffais parce qu’en neuf ans d’enseignement au secondaire à ce
moment, je n’avais jamais référé un cas d’indiscipline à la
direction de l’école. Si celle-ci avait été informée de ce délit,
c’est certain qu’elle aurait passé l’éponge. D’ailleurs, mon
dossier était sans taches. Me référant à la mimique des élèves, il était clair que les élèves voulaient me garder. J’ai donc commencé mon cours sans punir personne. Tout le reste de l’année, je n’ai eu aucun cas d’indiscipline. Ce groupe d’élèves avait fait une gaffe ; mais mon attitude a transformé la situation au point où ceux-ci montraient plus de motivation aux cours par la suite. |
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# 648
7 juillet 2014
Un
jour qu’un de mes frères était aussi affecté à cette tâche, ma mère
est venue nous visiter. Quand je l’ai vu arriver, je me suis dirigé
vers elle. J’étais très heureux de sa visite. La température était
idéale et il faisait très chaud. J’ai descendu la côte avec elle.
Mon frère et son compagnon qui étaient à restaurer l’extérieur du
Vieux camp près de la piscine sont venus vers nous. Tous deux étaient
torse nu et en bermudas. Voyant leur accoutrement, ma mère n’était
pas contente. Elle s’est exclamée : « On se croirait au
paradis terrestre. » On a bien ri. Le compagnon de mon frère
devint plus tard un avocat réputé. Pendant
que nous effectuions nos travaux, le camp recevait des jeunes adultes
qui suivaient un cours d’une semaine pour devenir moniteurs
principalement dans les terrains de jeux. Un après-midi, alors que j’étais
à faire l’entretien de la piste d’hébertisme, un responsable des
cours est venu vers moi. Il m’a demandé si je pouvais faire une brève
présentation aux futurs moniteurs sur la façon de couler une piste
d’animal au moyen de plâtre. J’acceptai volontiers étant donné
que je l’avais fait des dizaines de fois avec les campeurs les années
précédentes. J’allai
chercher mon matériel dans mon local de sciences naturelles et je me présentai
devant le groupe. J’étais impressionné. Il y avait là une trentaine
de jeunes gens et je n’avais jamais donné de cours à un si vaste
auditoire, surtout sans préparation immédiate. Ma prestation a duré
environ cinq minutes. J’étais fier de cette expérience. Un
autre souvenir m’est resté. C’était un samedi soir. J’étais
seul avec un jeune moniteur qui préparait ses examens de Secondaire V.
Il repassait ses mathématiques et je lui expliquais les notions qu’il
maîtrisait mal. Vers 23 heures, la faim se pointant, nous avons décidé
d’aller manger un morceau au réfectoire. Il y avait environ 100 mètres
entre le local où nous étions et le réfectoire. Le camp n’était
pas éclairé et il faisait très noir. J’avais peur des animaux
sauvages comme les coyotes. Il y avait pas très loin des automobiles
qui venaient stationner à l’entrée du camp, mais les occupants n’étaient
pas dangereux. Ils venaient pour d’autres raisons. Finalement, nous avons fait honneur aux barres de fromage et nous sommes revenus à notre local sans anicroche. |
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# 627
30 juin 2014
Le
jeu de nuit le plus populaire était celui des bootleggers.
C’est un terme américain pour désigner les contrebandiers qui
faisaient le commerce illicite d’alcool pendant la prohibition aux États-Unis.
Il y avait d’ailleurs près du rivage du fleuve Saint-Laurent à
quelques kilomètres du camp une cachette dont j’ai parlé à
l’article 323. Le
jeu revêtait un sens historique en ce qu’on en profitait pour
expliquer aux jeunes ce qui s’était passé pendant cette période
assez récente à ce moment où il était interdit de vendre de
l’alcool au pays de l’oncle Sam. Pour
faire revivre l’époque de la prohibition, on divisait les campeurs en
deux groupes. Les plus jeunes étaient les contrebandiers et les plus
vieux les gendarmes. À la tombée de la nuit, on réunissait tous les
campeurs dans le terrain en bas de la côte. On donnait à chaque
contrebandier une bouteille de liqueur. Au signal donné, ceux-ci
allaient se cacher en haut de la côte ou ailleurs. Certains, parmi les
plus jeunes des contrebandiers ne comprenaient pas très bien le sens du
jeu. Il fallait non seulement leur expliquer abondamment, mais les
accompagner dans leur cachette. À
un autre signal, quand les contrebandiers avaient eu amplement le temps
de se cacher, les plus vieux devaient partir à la recherche des
contrebandiers. Tous les moniteurs étaient présents pour éviter les
tricheries et les intimidations. Quand un gendarme découvrait un
contrebandier, il avait le droit de confisquer sa bouteille. Il fallait
parfois consoler les plus jeunes pour avoir perdu leur liqueur lorsque
les larmes coulaient abondamment. Les
gendarmes qui réussissaient à s’emparer d’une bouteille devaient
cesser l’activité ; mais ils étaient fiers de leur trophée.
Les contrebandiers qui avaient réussi à déjouer les gardiens de la
paix pouvaient boire leur précieux liquide à la santé des moniteurs
et de leurs pourchasseurs. Ils étaient surtout heureux d’avoir déjoué
les plus grands. D’autres formes de jeux de nuit étaient réalisées parce que le directeur du camp croyait fermement à l’initiative des moniteurs. Une constante cependant, tout se faisait toujours dans la noirceur et le plus possible en dehors des clairs de lune. Tous les campeurs adoraient vivre de tels moments qui étaient pour eux une expérience unique. Il est certain que les campeurs ont par la suite raconté à leurs parents et à leurs amis ce qu’ils avaient vécu quand le soleil avait foutu son camp. |
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#
606
23 juin 2014
À
l’été 1960, j’ai commencé à travailler comme moniteur de
sciences naturelles au Camp Cap-à-l’Orignal, plus tard appelé Camp
Louis-Georges-Lamontagne. La première fois que
j’ai vu arriver le commissionnaire du camp avec des poches de moulée,
j’ai demandé au directeur, l’abbé Louis-Georges Lamontagne, qui était
à vérifier les biens achetés, pourquoi il avait commandé cette
marchandise. Il m’a répondu en riant : « C’est pour
nourrir les campeurs. » Sur le coup, j’étais froissé. Il m’a
donné rapidement la raison. C’était pour des combats de moulée. Lorsqu’un
tel combat était prévu, en avant-midi, nous remplissions des petits
sacs en papier d’une poignée de moulée. Comme les combats étaient
souvent précédés d’une course au trésor, nous allions dans un boisé
situé sur la terre d’Arsène Michaud au sud de la chapelle. Nous
cachions des papiers contenant des questions de sciences naturelles.
Celui qui trouvait le papier devait répondre à la question. Le
combat de moulée était le point culminant de l’activité. Nous
formions deux équipes de campeurs. Nous distribuions à chacun cinq ou
six sacs de moulée. Les campeurs devaient s’éloigner temporairement
du centre de distribution. Quand le signal était donné, ils lançaient
un à un les sacs à l’équipe adverse. Quand un joueur était touché,
il était éliminé et devait donner le reste de ses sacs à un équipier.
Un campeur avait le droit de ramasser les sacs par terre et ceux-ci
pouvaient être utilisés s’ils contenaient suffisamment de moulée
pour atteindre une cible. À
cette occasion, nous étions trois ou quatre moniteurs pour surveiller.
Car, même si c’était catégoriquement interdit, des campeurs avaient
parfois la tentation de mettre une petite roche ou un bout de bois dans
le sac et de le lancer. Si cela arrivait, le fautif était exclu du jeu. Il
y avait aussi des combats de moulée sur l’eau. Les jeunes
embarquaient dans deux chaloupes conduites par des moniteurs. Les
embarcations s’éloignaient du rivage à une distance où l’eau était
encore peu profonde. Au signal, le lancement s’effectuait. Il arrivait
alors que des jeunes tombent à l’eau. Les campeurs adoraient ces activités et ils en redemandaient. À ma connaissance, il n’y eut jamais d’accidents graves si ce n’est de la moulée dans les yeux. |
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#
582
15 juin 2014
L’ascension
s’adressait seulement aux campeurs de 13 et de 14 ans. Il m’est
arrivé de diriger un groupe d’environ huit garçons. Nous avons
d’abord prévu une trousse de secours et une grosse corde comme celle
qui sert au souque à la corde. Nous sommes partis du camp vers 10
heures de l’avant-midi. Nous nous sommes dirigés vers l’ouest en
passant dans le champ d’Arsène Michaud. Nous avons marché au moins
deux kilomètres jusqu’à atteindre des chalets de
Saint-Fabien-sur-mer. Nous
avons choisi la partie la moins escarpée de la face nord dans une zone
peuplée d’arbres. Le moniteur junior qui m’assistait, un scout
d’environ 16 ans, a montré aux campeurs comment faire un nœud en
toute sécurité. Dans
les zones où il était impossible d’avancer sans l’aide de la
corde, un campeur plus robuste montait le premier et attachait la corde
à un arbre idéalement entouré d’un plateau même minuscule
permettant aux campeurs de s’arrêter pour une pause. Je suivais derrière.
Je voyais et entendais les roches dégringoler. J’avais peur
d’autant plus que je n’avais aucune formation dans ce genre de
randonnée et que je ne pouvais pas prodiguer des conseils comme un
expert l’aurait fait. D’un
plateau à l’autre, nous avons gravi la montagne. Parfois, la face était
très abrupte et la montée était ardue surtout pour des jeunes. Ce fut
un ouf général quand nous avons atteint le sommet. Aucune blessure,
aucune égratignure. On avait alors une vue imprenable sur le fleuve
Saint-Laurent et sur les alentours. Il y avait là des antennes de
communication. Il
fallait surveiller les campeurs pour qu’ils ne s’approchent pas trop
du bord de la falaise parce qu’il n’y avait pas de belvédère à
l’époque. Après un repas aux sandwiches, certains campeurs ont fait
provision de feuilles et de plantes pour leur collection. En tant que
moniteur de sciences naturelles, j’en ai profité pour leur indiquer
le nom des plantes et des arbres. Nous
sommes revenus par la route, une marche d’environ trois kilomètres.
Ce fut ma première escalade du Pic Champlain et ma dernière. J’y
retournai une autre fois avec des plus jeunes, mais par la route. Une note en terminant. Dans un document, la Commission de la toponymie du Québec mentionne que le nom de Pic Champlain remonte à la fin des années 1970. Cela m’a étonné parce que j’ai toujours connu cette montagne comme le Pic Champlain. D’ailleurs, l’abbé André-Albert Dechamplain dans une note écrite en 1936 écrit : « Le lendemain, 27 juillet 1936, l'abbé Dechamplain et 8 scouts plus âgés escaladent le Pic Champlain, la plus haute montagne de la région. » Le toponyme Pic Champlain a été officialisé en 1979. |
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# 558
7 juin 2014
Un
jour, j’ai indiqué mon intérêt pour une excursion à l’Île-aux-Amours
qui fait aujourd’hui partie du Parc du Bic. C’est une charmante
petite île située à environ 200 mètres du rivage dans l’Anse à
Doucet. À partir du camp, il fallait parcourir autour de deux kilomètres.
Une douzaine de campeurs de 8 et 9 ans acceptèrent de participer à la
randonnée. Aussitôt
le déjeuner terminé, ce fut la confection de sandwiches. Puis, assisté
d’un moniteur junior, je suis parti avec la troupe de jeunes. Nous
avons suivi un sentier qui avait été tracé pour les véhicules de
ferme. En route, j’en ai profité pour indiquer aux campeurs le nom
des plantes et des arbres que nous rencontrions. Nous
avons traversé facilement sur l’île parce que la marée était
basse. Après une séance d’animation, nous avons dîné. Puis ce fut
une autre séance d’animation et une sieste pour les campeurs. Vers
13 heures 30, la marée a commencé à monter. Nous avons rejoint la
terre ferme. Normalement, nous étions censés revenir au camp par le même
versant que pour l’aller. Le moniteur junior a alors proposé
d’emprunter le rivage du fleuve Saint-Laurent : ce que j’ai
accepté d’emblée. Mon manque d’expérience des marées m’a joué
un vilain tour. Tout
en prenant notre temps, nous avons d’abord contourné une immense
anse. L’expédition avançait lentement car les jeunes trouvaient sur
le rivage des coquilles ou des roches qu’ils mettaient dans leurs
poches en vue de les collectionner. Quand
nous avons abouti sur le rivage du fleuve, la marée était devenue
suffisamment haute pour recouvrir la partie sablonneuse. Il fallait
avancer en marchant sur les nombreux rochers. Parfois, aucun campeur de
cet âge n’était capable de passer d’un rocher à l’autre, soit
que la pente était trop prononcée, soit que la distance entre deux
rochers était trop grande pour eux. Dans d’autres cas, les plus
petits ou les moins habiles étaient incapables seuls de sauter d’un
rocher à l’autre. Au
début, le moniteur junior, sous ma supervision, attendait la cohorte.
On s’arrêtait pour le comptage. Mais, à un moment donné, la fatigue
aidant et oubliant son rôle de responsable, le junior cessa de nous
attendre et continua son chemin avec les jeunes les plus robustes.
Pendant ce temps, je devais m’occuper des trois ou quatre
retardataires. L’un d’eux était tellement épuisé que je devais le
porter à bout de bras. Normalement, nous devions être de retour vers
15 heures 30. Quand nous avons atteint la terre ferme à environ 300 mètres
du camp, j’étais seul avec les retardataires. J’entends encore le
haut-parleur du camp nous interpeller. L’abbé Lamontagne était
vraiment inquiet. Finalement,
je suis arrivé avec les derniers campeurs vers 17 heures. J’étais épuisé.
Mais ce qui m’angoissait au plus haut point, c’est que je n’avais
pas été assez vigilant pour conserver la cohésion du groupe. Dans une
excursion de ce genre, une règle d’or, c’est de s’arrêter de
temps à autre pour un comptage, et ce jusqu’à la destination finale.
Dans la dernière partie du trajet, j’avais été dans
l’impossibilité de respecter cette règle. Cela aurait pu provoquer
des conséquences fâcheuses. Une autre leçon que j’ai tirée de
cette expérience, c’est que je n’ai plus jamais accepté, les yeux
fermés, les propositions d’un moniteur junior. C’était la première excursion de ma vie que je dirigeais. Mais ce ne fut pas ma dernière. Au contraire. J’avais appris de mes erreurs. |
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#
506
20 mai 2014
Au
printemps 1969, sentant que les diocésains se désintéressaient de
plus en plus de la revue, le comité de rédaction, formé de prêtres
et de laïcs bénévoles, a décidé de faire enquête auprès des abonnés
pour avoir une image nette de la situation. Un questionnaire a été
encarté dans une édition de la revue. Très peu de personnes ont répondu.
En même temps, le comité de rédaction était confronté à un déficit
de 5000 $. La survie du Centre Saint-Germain était en danger.
Le
comité de rédaction a élaboré le projet d’une nouvelle structure.
Un communiqué de presse émanant de l’Archevêché suivit :
« Mgr l’Archevêque a approuvé récemment la création d’un
conseil qui s’occupera désormais de l’administration du Centre
Saint-Germain. Cette décision fait suite à un projet préparé par
Charles-Édouard Jean avec le comité de rédaction et Mgr Philippe
Saintonge. » Il
y aurait désormais un comité de rédaction et un conseil
d’administration. L’abbé J.-Léonard Parent (Basque) était confirmé
dans son rôle de responsable du comité de rédaction et moi dans celui
de président du conseil d’administration. Pour
pouvoir aller de l’avant, nous avons estimé qu’il fallait une mise
de fonds de 15 000 $ de la part de l’Archevêché. La demande fut
transmise et la réponse se faisait attendre. À la mi-août 1969,
l’abbé Parent et moi avons signé conjointement une lettre ouverte à
l’intention des journaux diocésains. Dans cette missive, on rappelait
à l’Archevêque, Mgr Louis Lévesque, le montant demandé de la mise
de fonds. De plus, on l’assurait, au nom des membres du comité de rédaction
et du conseil d’administration, de la continuité de notre engagement
bénévole. L’Archevêque décida de mettre fin à la revue. Le dernier numéro fut celui de juillet-août 1969. Par hasard, j’avais écrit l’éditorial qui s’intitulait Remettre en question toutes ses certitudes. |
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# 468
6 mai 2014 Pour
pouvoir retrouver l’entrée de la caverne, il fallait être attentif
à une corde posée entre deux roches sur la rive. Par la suite, il
s’agissait de suivre la corde. Il fallait être mince pour pouvoir
ramper à travers les obstacles rocheux. On devait parcourir une
vingtaine de mètres le plus souvent à plat ventre. À un moment donné,
on devait passer entre deux grosses roches qui laissaient peu
d’espace. Les campeurs qui refusaient d’y entrer ou qui
rebroussaient chemin étaient sous la surveillance d’un moniteur
junior à l’extérieur. Arrivés
dans la caverne, on voyait dans un coin un filet de clarté provenant du
ciel. C’était impressionnant. On pouvait être une dizaine de
personnes debout. Il y avait là encore quelques stalactites et quelques
stalagmites que nous prenions plaisir à récupérer. Comme
moniteur de sciences naturelles, j’aurais dû savoir que ce n’était
pas une bonne idée que de spolier la caverne de ces sédiments.
Personnellement, j’en recueillais pour les exposer dans mon local de
sciences naturelles. Mais, c’était quand même une agression contre
la nature qui avait secrété ces substances depuis des millénaires. Je
pense bien que si l’abbé Louis-Georges Lamontagne, un naturaliste
chevronné et directeur du camp, nous avait mis en garde contre cette
spoliation, nous aurions respecté ses directives. Mais, la conservation
de la nature n’était pas à la mode à cette époque. J’imagine
que cette caverne existe encore ; mais je ne sais pas si
elle fait encore l’objet de visite. Pause. Aujourd’hui, 6 mai, c’est le 64e anniversaire du feu de Rimouski qui a rasé le tiers des habitations de la ville en 1950. |
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# 452
27 avril 2014
Le
hic de l’affaire à la colonie de vacances, c’est que l’infirmier
en chef, Robert Rioux, était aussi commissionnaire. Il était donc sur
la route du lundi au vendredi. Un après-midi, un campeur, du nom de
Marc Nadeau, se présente à l’infirmerie avec une coupure sérieuse
dans les cheveux en avant de la tête. Il avait été frappé par une
planche à la piscine. Évidemment, il saignait abondamment. Or, je suis
incapable de voir du sang : cela peut même me mener à une perte
de connaissance. Je
n’avais pas le choix. Je devais agir. Dans le feu de l’action, la
vue du sang me laissa indifférent. Je nettoyai la plaie avec beaucoup
d’attention et en prenant mon temps. Ayant été mis au courant de ce
fait, le directeur du camp fit venir le soir même une infirmière de
Rimouski qui était officiellement la
responsable de la santé des campeurs. Elle examina la plaie et conclut
que le travail avait été bien fait. J’étais soulagé. Un
autre cas lourd m’est arrivé. Il s’agissait d’un campeur qui fit
une crise ressemblant à l’épilepsie.
Je n’avais pas les connaissances et les outils pour intervenir. Je me
contentai de l’accompagner. Je me suis assis avec lui sur un lit de
l’infirmerie et je lui ai longuement parlé. Au bout d’une quinzaine
de minutes, il me dit : « Il me reste encore 30 minutes ».
Je me suis mis à douter de l’authenticité de sa crise ; mais j’ai
agi comme si elle était réelle. Après un questionnement serré, il
m’a avoué être victime d’une telle crise de temps à autre. J’ai
alors compris que ce n’était pas un caprice. À un moment donné, il
m’a dit : « Il me reste encore cinq minutes ». Ce qui
s’avéra. Le tout se termina bien ; mais les parents furent avertis de
venir chercher leur fils. On
ne verrait pas ça aujourd’hui : un infirmier sans compétence spéciale.
Mais, dans ce temps-là, les exigences étaient minimes et on souhaitait
des gens qu’ils fassent leur possible. |
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# 323
8 mars 2014 |
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# 279
14 février 2014 Le congrès fut remis en 1955, soit du 30 juin au 3 juillet. À ce moment, j’étais en Méthode (Sec. III) au Séminaire de Rimouski et j’avais 13 ans. Une des activités du congrès était un grand jeu scénique intitulé Pêcheurs d’hommes. Je voulus alors y participer comme figurant. Le Père Georges St-Aubin était le metteur en scène et l’abbé Georges Beaulieu était son assistant. Quand on m’a informé que l’abbé Beaulieu était à la recherche de figurants et qu’il faisait des auditions dans une salle de l’École de Marine, je me suis précipité. L’abbé Beaulieu a sorti son gallon et il m’a mesuré. "Désolé, me dit-il, tu n’es pas assez grand pour faire partie du spectacle." Je suis sorti de l’École de Marine le cœur gros. Je me suis assis sur une marche de l’escalier et je pleurais. Un vieux Monsieur qui passait par là, me voyant dans cet état, est venu vers moi et m’a demandé la cause de mon chagrin. Je lui expliquai que j’avais été refusé comme figurant. Il m’a dit : "Mon jeune, il y en aura d’autres congrès eucharistiques." Cette réponse fut loin de me rassurer et je suis retourné au pensionnat du Séminaire le cœur en lambeaux. Je ne sais pas ce qui s’est passé dans les jours suivants, mais l’abbé Georges Beaulieu m’a fait dire par un maître de salle que j’étais accepté. J’étais totalement ravi. La fin de l’année scolaire arriva le 15 juin. Je retournai chez mes parents, tout fier de leur annoncer ma participation à ce jeu scénique. Le 26 juin, je suis revenu au Séminaire où les figurants étaient logés et nourris gratuitement. Les plus jeunes couchaient au dortoir B. Au début, les nuits étaient courtes car il n’y avait pas de surveillant. Le premier jour, avant la répétition, on nous a attribué un costume de couleur blanche ressemblant à une soutane. Certains avaient des rôles précis comme représenter les apôtres, les premiers chrétiens, les premiers prêtres, etc. Mon rôle, comme pour la majorité des figurants, consistait à poser des gestes synchronisés et à participer au chant. Il s’agissait de suivre au fur et à mesure les consignes du Père Georges St-Aubin qui était assis dans une loge placée à une centaine de pieds de la scène. L’abbé Georges Beaulieu était à ses côtés. Pour ma part, je faisais partie de la première rangée. Le mercredi soir 29 juin, ce fut l’avant-première devant quelques curieux des alentours. Le jeudi, il n’y avait pas de répétition. Les responsables ont nolisé un autobus et nous sommes allés visiter la Pointe-à-Santerre, à Rivière-Hâtée où était le chalet des prêtres du Séminaire. La première eut lieu vendredi le 1er juillet dans l’après-midi à l’intention des écoliers. En plus d’être figurants, on nous avait demandé d’assurer l’ordre sur le terrain. En soirée, muni d’un brassard, j’assumai cette responsabilité. Je dirigeais les visiteurs vers les endroits les moins achalandés. À un moment donné, un couple se présenta. La dame était en pantalons. Or, on nous avait dit de ne pas laisser entrer les dames dans une telle tenue. J’ai dit à la dame : "Les pantalons sont interdits sur le terrain du congrès." Elle m’a regardé d’un air hautain et m’a dit : "Comme ça, mon mari ne peut pas entrer." Elle a pris son mari par le bras et elle a passé outre. J’ai compris rapidement que je n’avais pas la prestance pour imposer la discipline. Je me réfugiai alors à l’entrée de l’École de Commerce, plus tard l’École Normale. Trois autres représentations eurent lieu : samedi le 2 juillet au soir et le dimanche une première dans l’après-midi et l’autre en soirée. Ce fut un très grand succès. Comme la majorité des gens n’avaient pas encore de téléviseur, ils n’avaient jamais vu un spectacle aussi grandiose. Le dimanche après-midi, j’ai rencontré par hasard Ernest Vaillancourt qui était notre voisin au rang 5. Je lui ai demandé si je pouvais retourner avec lui. Il accepta avec plaisir. Quand le jeu scénique fut terminé, j’ai pris la direction de Saint-Mathieu avec Monsieur Ernest. Mais, il y avait un hic. Une autre représentation était prévue en soirée plus précisément à minuit. Je craignais d’être accusé d’avoir abandonné ma responsabilité. Heureusement, personne ne m’a jamais reproché cette fuite. Il faut dire qu’il y avait plus de 400 figurants. Alors, un de moins semble ne pas avoir causé de problèmes. |
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# 248
31 janvier 2014 J’ai été moniteur du Camp Cap-à-l’Orignal pendant sept saisons, soit de 1960 à 1966. Le camp durait six semaines et recevait alors autour de 120 jeunes garçons de 9 à 13 ans par période de deux, quatre ou six semaines. À partir de 1966, les jeunes filles y étaient admises. Pendant huit ans, soit de 1966 à 1974, j'ai été membre et secrétaire de la Corporation de la Colonie du Cap dont le siège social était à Rimouski. L’abbé Louis-Georges Lamontagne dirigeait d’une main de maître le camp. C’est lui qui recevait les inscriptions, qui veillait à l’organisation matérielle du camp et qui recevait les campeurs à leur arrivée. Dès le premier souper, il était capable de désigner à peu près tous les jeunes par leur nom. Même s’il nommait un chef de camp dont le rôle était de planifier les activités, il ne pouvait s’empêcher à l’occasion, après avoir donné des directives générales, de proposer lui-même des activités aux campeurs. Cela se faisait à la cafétéria à la fin de chaque repas. La plupart des activités étaient libres et il suffisait que les campeurs s’y inscrivent. Plusieurs jeunes doivent se remémorer • les excursions en forêt, • les activités sportives auxquelles ils ont participé dont le tir à l’arc, le tir à la carabine et les jeux de ballon, • les combats sur l’eau ou dans les bois avec des petits sacs de moulée, • les fameux jeux de nuit, • les activités de sciences naturelles, • les baignades dans une eau plutôt froide, • les séances de bricolage, • les sorties en chaloupes ou en canots, • les élections à la mairie, • l’essuyage de la vaisselle, • les escalades de rochers, • les initiations, • les séances de cinéma lors des jours de pluie • ou encore les moments passagers d’ennui … de leurs parents. |
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# 150
18 décembre 2013 En mai 1968, je fus invité à devenir membre du comité de rédaction qui était sous la direction de Gilles Roy. En juillet, je signais mon premier article Les loisirs des 15-18 où je déplorais l’absence de loisirs appropriés pour cette tranche d’âge. En novembre de la même année, je m’interrogeais sur la pertinence d’organismes consultatifs dans À quoi servent-ils tous ces offices diocésains ? En février 1969, je faisais état du déclin de la paroisse dans La paroisse se meurt-elle ? En avril, dans l’article Entre le travail et le sommeil, j’affirmais que la pastorale des loisirs ne peut plus se faire dans les presbytères. Bien plus, j’affirmais bien naïvement : "On estime qu’en l’an 2000 un homme travaillera de 20 à 30 heures par semaine et de 30 à 35 ans dans une vie !" En mai 1969, je m’interrogeais sur l’avenir du synode de Rimouski dans un article Le synode diocésaine serait-il le synode des laïcs ? J’affirmais : "On a parfois l’impression que des conclusions sont déjà prêtes dans les tiroirs de certains clercs." Je concluais en disant : "Il est à espérer que le synode nous donne une Église un peu moins divine mais plus humaine." La journaliste Lisette Morin, dans le Progrès du Golfe de Rimouski, en date du 6 juin 1969 a écrit l’éditorial de son journal en partant de mon article. En juillet 1969, je signais l’éditorial de la revue sous le titre Remettre en question toutes ses certitudes. Étant moi-même membre de la Commission de la jeunesse du synode, j’avais pu observer l’engagement de certains jeunes envers les valeurs religieuses. Dans l’article, j’affirmais : "L’Église doit penser en termes d’efficacité et de mise en marché d’un produit." Ce fut mon premier éditorial d’une revue et mon dernier article dans cette revue puisque c'était le dernier numéro du Centre Saint-Germain. |
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# 124
7 décembre 2013
Le Centre Saint-Germain à
l'école Quand j’étais jeune, ma mère organisait des réunions entre voisins pour lire des articles de cette revue. On appelait cela des veillées d’équipe. Voici d’ailleurs un compte-rendu d’une de ces veillées, rédigé par ma mère en 1940 : "Le 13 novembre a eu lieu chez M. Joseph Lagacé, la veillée d’équipe à laquelle étaient présents Mme Mathieu Plourde et la famille Edmond Jean. Nous avons commencé par la prière ; ensuite, nous avons lu la page d’évangile du Centre de novembre, auquel nous avons rappelé la disparition du prêtre dans la paroisse, auquel était tous d’avis que ce serait la désolation du catholique de perdre notre père spirituel qui est notre support dans les épreuves et pour être capable de faire notre religion. Ensuite nous avons lu une page dans le livre des quatre Évangiles sur la naissance de saint Jean-Baptiste. C’est là que nous avons vu une fois de plus que pour être parfait devant Dieu, il ne faut pas douter de la puissance de Dieu mais il faut une foi sincère et une grande confiance en la grandeur de Dieu. Nous avons terminé l’équipe se donnant rendez-vous chez qui nous sommes ce soir." En 1943, le Centre Saint-Germain co-éditait avec les éditions Fides un livre écrit par le chanoine Alphonse Fortin et qui s’intitulait Les saints Martyrs canadiens. Les textes de ce livre avaient fait l’objet de causeries données à la station radiophonique CJBR de Rimouski en 1941. En 1949-1950, le Centre Saint-Germain parlait abondamment du Congrès eucharistique de Rimouski qui devait avoir lieu du 2 au 6 août 1950. Dans son encart, on nous invitait alors à offrir à Dieu des bouquets spirituels. Un bouquet spirituel consistait en une liste d’actes religieux que nous promettions de faire pendant une période précise. Par exemple, nous pouvions indiquer le nombre de journées offertes à Dieu, le nombre de communions, de messes, de chapelets, de visites au Saint-Sacrement, de sacrifices et d’invocations particulières comme des prières. Nous le faisions pour assurer le succès du Congrès. Malheureusement, l’événement a été annulé à cause du feu survenu le 6 mai 1950 et qui a dévasté presque la moitié de Rimouski. Plus tard, quand j’étais au Séminaire de Rimouski je lisais la revue. Je me souviens, un jour, d’être allé voir un prêtre qui écrivait des articles dans cette revue. Quand je suis arrivé, il était en train de lire son propre article. Cela m’avait étonné. |
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# 070
12 novembre 2013 Voilà un livre fort sympathique et très documenté que vient de publier Monsieur Albert Dionne, un citoyen de Rimouski. Ma vie et ce que j’en ai fait est une autobiographie simple, remplie de détails et de faits qui ont marqué la vie de ce bâtisseur et de cet autodidacte. C’est également une page d’histoire puisque les informations laissent transparaître la couleur et les particularités des 80 dernières années. L’auteur relate les faits de sa vie dans un ordre chronologique. Il mentionne les personnages et événements qui ont entouré ces faits. Il ne s’agit pas d’une confession ou d’un journal personnel. On ne trouve pas de confidence ni de jugement sur les personnes qu’il a côtoyées. C’est une chronique purement factuelle de sa vie qui est livrée sans émotion. L’auteur présente d’abord un bref historique des Dionne dont le premier ancêtre s’est établi à l’Île d’Orléans vers 1663. Pour sa part, Albert Dionne est né à Saint-Mathieu en 1905. Il a fréquenté l’école primaire pendant quatre ans ; puis à 24 ans, il s’inscrit à l’École technique de Montréal dans un cours de mécanique automobile d’une durée de trois mois. Il devint par la suite mécanicien et garagiste à Rimouski. Monsieur Dionne nous relate l’évolution de sa vie professionnelle et de son commerce d’automobiles. Il donne de nombreuses informations sur les terrains achetés et aménagés, les dimensions des bâtisses construites, leur utilisation, les agrandissements et transformations. Il n’oublie pas de mentionner les coûts, les détails de ventes et même certains montants de profits ou de déficits. Un fait amusant qui montre bien sa passion de la mécanique automobile : en 1942, Albert Dionne construisit un prototype d’un véhicule d’hiver doté d’un système de traction-chenilles pour se déplacer sur la neige. Il en fit un second en 1943 mais sans succès (à gauche). Comme il le relate, Albert Dionne s’impliqua fortement dans son association professionnelle de même que dans les affaires. De plus, pendant 11 ans, il fut échevin de la ville de Rimouski, puis député provincial du comté de Rimouski pendant 10 ans. Il remplit bien d’autres fonctions dans des organismes à vocation sociale ou économique. En particulier, il dota Rimouski de son premier service d’autobus et participa à la fondation de Québecair. Somme toute, Ma vie et ce que j’en ai fait est une œuvre utile pour se souvenir d’un des bâtisseurs du Bas-Saint-Laurent. Dionne, Albert, Ma vie et ce que j’en ai fait. Impression des Associés, 1987, 149 pages. |
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# 047
21 octobre 2013 L’institutrice nous prévenait des semaines à l’avance de cette visite. Elle nous indiquait qu’il fallait s’habiller plus proprement que d’habitude. Elle nous montrait à dire : "Oui, monsieur l’inspecteur" ou "Non, monsieur l’inspecteur". Elle nous faisait revoir les notions les plus élémentaires sur lesquels l’inspecteur avait déjà questionné lors de ses visites précédentes dans son école ou ailleurs. En septembre 1969, je commençai à enseigner à l’école Paul-Hubert. Des images de ses visites à mon école comme inspecteur me sont revenues en tête. J’ai enseigné 10 ans dans cette école et, assez souvent, ces souvenirs resurgissaient. Toutefois, aux élèves à qui je demandais : "Qui était Paul Hubert ?", la plupart levaient les épaules et disaient : "C’est le nom de l’école." Paul Hubert est né à Havre-aux-Maisons en 1893. Il obtint son diplôme supérieur de l’École Normale Laval de Québec en 1914. Après avoir enseigné quelques années, il fut nommé inspecteur des écoles primaires et secondaires de la région de Rimouski, puis inspecteur coordonnateur pour tout l’Est du Québec. Outre son action au plan scolaire, Paul Hubert a milité dans de nombreux organismes de Rimouski. Il est décédé en 1958. En 1964, pour souligner l’implication éducative de cet homme, la commission scolaire de Rimouski donna son nom à une école de deuxième cycle du Secondaire dédiée à la formation générale. Cette école qui venait d’être construite est devenue une école polyvalente en 1969 en intégrant la formation professionnelle. Paul Hubert fut le premier historien des Îles de la Madeleine. En 1926, il a publié Les Îles de la Madeleine et les Madelinots. En 1937, devant les membres du Deuxième Congrès de la Langue Française tenu à Québec, il a prononcé une conférence sur la concordance de la langue acadienne et celle des Îles de la Madeleine, sa patrie d’origine. Dans un article de la revue Relations de juin 1942, il a dressé un portrait des bibliothèques scolaires en région. On y apprend que chaque inspecteur d’écoles de sa région donnait annuellement en prix aux élèves environ 600 livres d’auteurs québécois. Ses archives ont été confiées au Centre régional du Bas St-Laurent des Archives nationales du Québec. Son fonds couvre la période 1908-1958 et comprend 1,88 mètre linéaire de documents écrits. Il est étonnant de constater que, sauf erreur, les sites de l’école Paul-Hubert et de la commission scolaire des Phares ne font pas mention de l’origine du nom de cette école et ne parle pas de celui qui a été choisi pour identifier l’école. À quand un livre ou un documentaire sur cet homme qui a marqué l’éducation dans l’Est du Québec pendant la première partie du 20e siècle ? À quand une place de choix sur le site de l'école Paul-Hubert ?
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# 027
2 octobre 2013 En 1991, la paroisse Saint-Robert-Bellarmin située dans la ville de Rimouski fêtait son 50e anniversaire. On m’a demandé d’écrire un court texte sur l’école Paul-Hubert où j’avais enseigné les mathématiques pendant 10 ans. Ce texte a fait partie de la Monographie de la paroisse de Saint-Robert-Bellarmin (1941-1991). Le voici : La paroisse Saint-Robert avait à peine 23 ans quand elle accueillit sur son territoire une école secondaire de deuxième cycle : l'école Paul-Hubert. Sise à l'angle du boulevard Arthur-Buies et de l'avenue Sirois, elle fut appelée ainsi pour souligner l'implication éducative d'un ancien inspecteur d'école, Paul Hubert. En septembre 1964, elle reçut ses premiers élèves au nombre de 835 : 795 garçons et 40 filles. D'abord consacrée à la formation générale par les cours général, scientifique et préparatoire aux études supérieures et à la formation commerciale, l'école Paul-Hubert élargit son éventail d'options en 1969 par l'intégration de la formation professionnelle reliée à différents secteurs d'activités. Elle devenait alors une école polyvalente qui admit jusqu'à 3717 élèves en septembre 1974. Cette année-là, 347 adultes y oeuvraient. Tout au long de son histoire, l'école Paul-Hubert a fourni des services d'éducation à des adultes, mais principalement à des jeunes de 14 à 18 ans de Saint-Fabien à Sainte-Luce, en incluant les paroisses de l'arrière-pays jusqu'à Trinité-des-Monts. Elle desservit également un bon nombre d'élèves de la Gaspésie et de la Côte-Nord, surtout en formation professionnelle. Depuis 1964, près de 70 000 élèves ont fréquenté les classes, les laboratoires et les ateliers de cette école, considérée comme un des édifices les plus imposants de la ville de Rimouski. D'abord sous la juridiction de la commission scolaire de la ville de Rimouski, l'école Paul-Hubert passa, en 1965, à la commission scolaire du Bas-Saint-Laurent, puis 21 ans plus tard, soit en 1986, à la commission scolaire La Neigette. Si l'école Paul-Hubert pouvait parler, elle nous conterait bien des anecdotes sur les faits divers qu'elle a observés; mais elle insisterait, sans doute, sur toutes les transformations du système d'éducation qu'elle a vécues au fil des années. |
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