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Les charleries Bienvenue sur mon blogue, Ce blogue contient des souvenirs, des anecdotes, des opinions, de la fiction, des bribes d’histoire, des récréations et des documents d’archives. Charles-É. Jean
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Poèmes |
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#
5145
9 décembre 2019
Quand il neige
Le Québécois
Albert Lozeau (1878-1924) aimait décrire la nature. Voici un de ses
poèmes :
Quand il
neige sur mon pays
De gros
flocons couvrent les branches,
Et les
regards sont éblouis
Par la clarté
des routes blanches.
Et dans les
champs ensevelis,
La terre
reprend le grand somme
Qu’elle fait
pour mieux nourrir l’homme,
Quand il
neige sur mon pays.
Quand il neige sur mon pays,
On voit
s’ébattre dans les rues
Les petits
enfants réjouis
Par tant de
splendeurs reparues.
Et ce sont
des appels, des cris,
Des extases
et des délires,
Des courses,
des jeux et des rires,
Quand il
neige sur mon pays.
Quand il
neige sur mon pays,
C’est que
tout le ciel se disperse
Sur la
montagne et les toits gris
Qu’il revêt
de sa claire averse,
Ou qu’une
avalanche de lis
De sa pureté
nous inonde…
C’est le plus
beau pays du monde, Quand il neige sur mon pays ! |
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#
5010
24 septembre 2019
L’heure des vaches
Blanche
Lamontagne (1889-1958) est la première poète québécoise. Voici un de ses
poèmes :
Elles venaient, faisant sonner leurs sabots lourds |
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#
4975
3 septembre 2019
Je suis un fils déchu…
Alfred
DesRochers (1901-1978) a renouvelé la poésie du terroir donnant à la
nature une place prépondérante dans ses écrits. Voici un de ses poèmes :
Je suis un
fils déchu de race surhumaine,
Tout le passé
brutal de ces coureurs des bois :
Et je rêve
d’aller comme allaient les ancêtres;
Quand
s’abattait sur eux l’orage des fléaux,
Mais quand le
souvenir de l’épouse lointaine
Ils l’ont si
bien redite aux échos des forêts,
Si je courbe
le dos sous d’invisibles charges,
Si d’eux, qui
n’ont jamais connu le désespoir,
Par nos ans
sans vigueur, je suis comme le hêtre
Mais les mots
indistincts que profère ma voix
Ma joie ou ma douleur chante le paysage. |
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#
4945
15 août 2019
Le Vaisseau d’or
Émile
Nelligan (1879-1941) est un des plus célèbres poètes québécois. Il est
né à Montréal d’un père irlandais et d’une mère canadienne-française. En
1899, il compose le sonnet que voici :
Ce fut un
grand Vaisseau taillé dans l'or massif :
Ses mâts
touchaient l'azur, sur des mers inconnues ;
La Cyprine
d'amour, cheveux épars, chairs nues,
S'étalait à
sa proue, au soleil excessif.
Mais il vint
une nuit frapper le grand écueil
Dans l'Océan
trompeur où chantait la Sirène,
Et le
naufrage horrible inclina sa carène
Aux
profondeurs du Gouffre, immuable cercueil.
Ce fut un
Vaisseau d'Or, dont les flancs diaphanes
Révélaient
des trésors que les marins profanes,
Dégoût, Haine
et Névrose, entre eux ont disputé.
Que
reste-t-il de lui dans la tempête brève ?
Qu'est devenu
mon cœur, navire déserté ? Hélas! Il a sombré dans l'abîme du Rêve ! |
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#
4680
9 février 2019
Temps déplorable
Il est venu.
Il s’est excusé.
J’avais tellement
l’air pressé.
Il est resté debout
les mains bien serrées.
Je lui ai signifié
que je n’avais pas le temps
de le recevoir.
Il s’est excusé.
Il m’a demandé
un rendez-vous.
J’ai sorti
mon agenda.
J’ai cherché
un temps libre.
Il est resté debout
les yeux hagards
les mains moites.
Il s’est épongé
le front.
Il a échappé
ses mains.
Il s’est excusé.
J’ai plongé
à nouveau
dans mon agenda.
Il a ouvert la bouche :
« Excusez-moi
je suis trop pressé. Je vous écrirai. » |
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#
4635
12 janvier 2019
Tendre souffle
Souffle attendri
déversoir de la vie.
Vie qui sourit
eden de la terre.
Terre qui guérit
ber en gaieté.
Gaieté qui virevolte
Parodie en buées.
Buées de rires
parade d’écrins.
Écrins de plaisirs
mort du diablotin
Diablotin en fugue
joie du firmament.
Firmament qui rit
cendres déboussolées.
(Poème écrit en 2014) |
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#
4605
24 décembre 2018
Il est né
Il est né le
divin enfant
À Nazareth,
on croit.
Il est né le
divin enfant
dans une
étable.
Joseph et
Marie sont en route
pour visiter
la parenté.
Marie avance
péniblement à pied.
Il fait 10
degrés Celsius.
Marie voit
venir avec appréhension
ses premières
contractions.
Ils n’ont pas
de toit.
La noirceur
se pointe le nez.
Joseph est
rempli d’émotions.
Son premier
enfant.
Un fils, il
l’espère.
Il sait qu’il
en est le père.
Il fait 10
degrés Celsius.
Vaut mieux ne
pas accoucher dehors.
Une blafarde
lumière passe à travers
les fenêtres
d’une modeste maison.
Joseph cogne
à la porte.
Un homme
élégant ouvre.
« Pourriez-vous nous recevoir, de dire Joseph ?
Ma femme est
sur le point de délivrer. »
« Entrez, de
répondre l’homme.
Nous n’avons
pas de place à l’étage.
J’ai une
étable au sous-sol.
Trois de mes
fils y couchent.
Je peux vous
installer dans une crèche.
Mon âne, mon
jeune bœuf, mes deux vaches,
mes trois
moutons réchauffent l’étable.
Si mon coq
chante au milieu de la nuit,
ce sera pour
annoncer la bonne nouvelle. »
Il est né
doucement le divin enfant
grâce à la
sage-femme de la maison.
Il est né le
divin enfant.
Le coq a
réveillé la maisonnée.
(Poème-récit imaginaire écrit en 2018) |
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#
4575
6 décembre 2018
Requiem
Si l’amour n’entoure pas
le pauvre
un écueil
fracassera
son fragile bonheur.
Son hivernale chemise
pâlie par un soleil de plomb
prêtera à la mer
son humeur saline.
Son pantalon troué
flottera
rampant
au gré des vagues.
Son corps usurpé
à la terre
usinera dans la mer
une piètre nourriture.
Si l’amour n’entoure pas
le pauvre
c’est le requin
qui l’entourera.
(Poème écrit en 2002) |
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#
4385
4 juin 2018
Oiseau oublié
Déjà dans le hameau
l’hiver a planté sa tente.
Pris au dépourvu
un oiseau
aux ailes alourdies
par le verglas
tente un timide vol.
Ses plumes
ressemblent
aux pétales
d’une fleur violée.
Ses yeux
ressemblent
à des grains de sable
perdus dans un mur de glace.
Le hameau sympathique
retient son haleine.
Haletant
gémissant
l’oiseau s’égare
dans l’air gelé.
Happé en lui-même
il s’endort
dans une chaude vallée
concoctée par les esprits
du hameau.
(Poème écrit en 1995) |
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# 4255
25 mars 2018
Île
nouvelle
Des pavillons géants
vêtus de rameaux écaillés
dressent leurs racines éphémères
sur une île inventée.
Des images féeriques
sorties d’une boîte chétive
inondent la coque
de navires en partance.
Des sons vertigineux
tissés d’un essaim d’azur
volent sur un tapis
planté d’un feuillage volubile.
Des milliers d’hôtes
courent d’un pavillon cossu
à une auberge dessinée
dans l’émeraude.
Pendant une seconde
l’île s’assagit
d’une indigestion soudaine.
Pendant une seconde
l’île reprend ses ébats
trop longtemps refoulés.
Pendant une seconde
l’île vit dans la poussière
et le brouillard.
(Poème écrit en 1967 après la visite de l’Expo 67 à Montréal) |
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# 4230
15 mars 2018
Plaisir effeuillé
Les feuilles de ma vie
usées
barbouillées
s’envolent
bousculées
par le vent.
Feuilles de floraison
vertes
épanouies.
Feuilles d’automne
jaunes
rouges.
Feuilles du matin
délurées
attachantes.
Feuilles du soir
épuisées
recluses.
Elles planent
courent
comme des faons égarés.
Le tapis de verdure
grisaillé
maculent les feuilles.
Tristes et pensives
elles s’éteignent
englouties
dans un calme feu.
Les limbes endormis
brûlent.
Le grésillement
fait bégayer les champs
gavés de pétioles.
(Poème écrit en 2009) |
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# 4185
25 février 2018
La
marguerite
Quand j’eus mastiqué
la tendre chair
de la marguerite
je la crachai
comme une insanité.
De mes deux pieds complices
je l’écrasai.
Mes entrailles
flattées de volupté
se mirent à lancer
des cris délictueux.
Une larve volcanique
oubliée
se mit à bouillonner
au centre de mon écorce.
Elle se fraya une voie
autour d’un cratère ruisselant.
Un fleuve d’herbes
de cailloux
de grains de sable
glissa son chemin
à travers mes sens.
La fournaise de l’écœurement
explosa
et me réduisit
en un crachat de marguerite.
(Poème écrit en 2003) |
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# 4085
16 janvier 2018
Mèches grises
La mèche
a tourné au gris.
Elle décourage
les cheveux noirs
circonspects.
La mèche
a disparu.
Elle a entraîné
les cheveux noirs
suspects.
Le crâne inquiet
hisse ses nouvelles couleurs
calcinées
au mât du plateau.
Le désert
vit
sous une tuque
accolée au génie.
(Poème écrit en 1998) |
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# 4040
8 décembre 2017
Sérénité
Quand l’obscurité
plonge ses premières lueurs
au milieu de stupidités
je me cache
sous une feuille de tilleul.
Mes yeux vitrés
se surprennent
à cracher
des étoiles verdoyantes.
Et là
en face du brouillard
je regarde les étoiles
qui se querellent
s’excitent
se lancent du venin.
Les nébuleuses atterrées
invoquent
ma sérénité
au prix de mille sérénades.
Mes yeux vitrés
percent la vitre.
Ils se surprennent
à avaler
les étoiles verdoyantes
et à éclater
d’un orgueil bien mystique.
(Poème écrit en 1988) |
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# 4015
28 novembre 2017
Ménage outré
Un clocher majestueux
raille
sa cloche névrosée.
Une cloche esseulée
injurie
son grelot apeuré.
Sur la route
un convoi
tranquillement avance.
Un cahot importun
Se montre le nez.
Le ménage outré
sème
une bourrasque
fâchée.
Le ménage éclate
en mille morceaux.
Un barreau fonceur
frappe le grelot esseulé.
Le grelot fortifié
frappe la cloche.
La cloche gifle
le clocher.
Les lamelles du ménage
épousent
les parcelles du clocher.
(Poème écrit en 1964) |
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# 3985
16 novembre 2017
Lacet du lynx
Un animal mièvre
aux yeux argentés
se cache
près d’un arbre nu.
Les feuilles brunies
intriguent
le vent craintif.
Un lacet fourchu
se mêle
aux racines de l’arbre.
Une poudre argentée
colore
les poils tremblants.
Un énorme bloc d’argent
prend forme
près de l’arbre sournois.
Des guiches sensuelles
habillent
l’animal amoureux
et l’arbre enfourché.
Le lacet habile
tend une embûche.
Pendant que la poudre argentée
atteint l’œil du lynx
le lacet
se noue.
La bourrasque dénouée
se répand
en mille épines engainantes.
Sous l’arbre contrit
le lynx s’est évanoui.
(Poème écrit en
1988) |
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# 3955
4 novembre 2017
Quiétude
Dans ma prison
j’entends des sons
d’une fraîcheur virginale.
Mes oreilles se repaissent
mes yeux s’écarquillent
mon cerveau se réveille.
Les montagnes
parées d’ailes fleuries
frappent les murs
du caveau.
La terre martelée
par le choc
tremble de frayeur.
Les fragiles sons
à peine voilés
caressent le tympan.
Au bout du vestibule
les sons s’éteignent
dans la quiétude.
(Poème écrit en 1998) |
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# 3920
21 octobre 2017
Friselis
Aujourd’hui
j’ai en moi
le bonheur.
Un tendre friselis
envahit tout mon être.
Les pétales du cœur
sont gonflés par l’amour.
Aujourd’hui
je chante
le bonheur.
Aux rivages lointains
mon cœur court s’épanouir.
J’ai appris à voler
Là-haut vers le bonheur.
(Poème écrit en 2012) |
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# 3875
3 octobre 2017
Rêve
J’ai rêvé
que j’étais un oiseau
et qu’un précieux fil
me reliait
à la terre.
Fil invisible
il était.
Fil invisible
sans odeur
Le fil s’est étiré
et s’est effilé.
Il a fait
le tour du monde.
En passant
il a englouti l’oiseau.
Il l’a empaillé
comme une balle
de laine.
Je suis tombé
dans le néant.
(Poème écrit en 2004) |
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# 3850
23 septembre 2017
Empreintes
Sur le sable
j’ai écrit un poème.
Des pas d’une sentinelle
l’ont éparpillé.
Dans ma main
j’ai écrit un poème.
Ma baignade précoce
l’a effacé.
Sur les nuages
j’ai écrit un poème.
Le vent a soufflé
et a tout emporté.
Dans mon cœur
j’ai écrit un poème.
Mais mon cœur
a cessé de battre.
(Poème écrit en 2007) |
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#
3815
7 septembre 2017 Tout le
monde est égal Celui qui répand des fausses nouvelles mérite autant d’attention qu’un expert. Oui, tout le monde est égal. Les gouvernements cachent des informations. Celui qui veut savoir est un curieux. Oui, tout le monde est égal. Le migrant qui entre au pays illégalement a autant de droits que celui qui le fait
légalement. Oui, tout le monde est égal. Les gouvernements favorisent l’immigration. Celui qui s’interroge là-dessus est intolérant. Oui, tout le monde est égal. Abolissons immédiatement les frontières. J’accepte que des gens s’installent dans ma
cour. Oui, tout le monde est égal. Les Québécois veulent conserver leurs valeurs. Ils sont racistes et xénophobes. Oui, tout le monde est égal. À vouloir donner exactement les mêmes droits à
tous, on affaiblit et ostracise la majorité. Oui, tout le monde est égal. À bien y penser, tout le monde est égal. Toutefois, il y en a qui sont plus égaux que
d’autres.
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#
3720
4 juin 2017
Décor de pluie
Les rues de la ville
bourdonnent.
Le soleil affaibli
flatte de ses rayons
les trottoirs noircis
par une pluie subite.
Les rues de la ville
gazouillent.
Le vent craintif
pourchasse
une pluie de grêle.
Le gazouillis des rues
s’affadit.
Le bourdonnement de la pluie
divague.
Les fleurs
prisonnières du déluge
consacrent leur fraîcheur
aux pieds traînants
des marcheurs.
Les rues de la ville
murmurent.
Les fleurs essoufflées
cessent
leur gazouillis.
Le soleil noirci
minimise
sa faiblesse.
Seule la pluie
cinglante
bourdonne
dans les rues de la ville.
(Poème écrit en 1999) |
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#
3650
6 mai 2017
Abscisse
Visages curieux
dévisagent
mon échec pantelant.
Yeux en abscisse
s’agrandissent.
Cils s’allongent
pour cacher
ma paupière humide.
Timide larme
sonne l’alarme
s’écoule
lente
indifférente.
Une cohue
afflue
ensemence
relance
relents terreux.
À même les fibres
de ma chair
un lit
se creuse.
Dans ce lit
je me couche
rumine
dégouline
échecs
varech.
(Poème écrit en 1997) |
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#
3595
12 avril 2017
On honhonne
Bon !
Je suis con.
C’est un don,
Loin de
l’éon.
Comme le font
Les gonds,
Je goûte à
l’ion.
J’en perds
mon jonc.
C’est long
De gravir un
mont.
Non !
Je traverse
le pont.
Je n’ai pas
un rond.
J’entends un
son
Toujours sur
le même ton
Ils s’en
vont.
On dirait que
je suis zonzon.
(Poème écrit
en 2017) |
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#
3530
17 mars 2017
Quel est cet homme
?
C’est un
homme à la chevelure orange
Qui se donne
l’air d’un archange.
Les uns le
disent déséquilibré mental
Juché sur son
piédestal.
Les autres le
disent fêlé
Comme le
serait un vase écervelé.
Les uns le
disent mêlé
Tout comme un
fuseau désarticulé.
Les autres le
disent brouillon
Pris dans un
tourbillon.
Notre homme
est un fin renard
Avide de
traquenards.
Quand il se
sent piégé,
Il ne prend
pas congé.
Il attaque
sur un autre plan
En ne
ménageant pas ses élans.
Il cache sa
malignité
Sous son
instabilité.
Il sait très
bien ce qu’il fait
Et même ce
qu’il défait.
Il joue un
rôle maléfique
Dans un décor
médiatique.
Bref, il est
de cette race
Dont on
voudrait perdre la trace.
(Poème écrit
en 2017) |
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#
3465
19 février 2017
Tout en moi
Elle est là.
Elle me suit
pas à pas.
Elle m’enlace
et ne me
lâche pas.
Parfois, elle
s’en va.
Elle revient
tout le temps
avec plus
d’amertume
ou avec plus
de douceur
Elle est là
au creux de
ma vie.
Elle
réfléchit comme un miroir.
Elle
s’épanouit comme un arbre sain.
Parfois, elle
vit un film.
Elle perd
doucement l’intrigue.
Elle savoure
les images,
mais ne plie
pas l’échine.
Elle est là
ma solitude.
(Poème écrit en 2016) |
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#
3390
20 janvier 2017
Réjouissons-nous!
Le poème qui suit a été composé
par ma sœur Suzanne Jean.
Sous nos pas cadencés
Que ce jour nous soit prêté
Pour nous donner la main
Et répandre la semence du cœur
Au genre humain!
Marchons vers l’Année nouvelle
En distribuant joie, paix et
santé!
Sous cette terre de liberté!
L’esprit des temps a fui
Rejoint ce que la voix nous dit :
Réjouissons-nous!
Comme l’écho joyeux
De ce cri fraternel!
Ce nom qui fait qu’on aime
Comme une saveur de miel
Pour chanter et embellir le ciel!
Buvons notre coupe toujours la
même
Sous le secret de l’onde
Aux convives d’un festin éternel
Pour rendre les gens heureux
À tous les peuples du monde!
L’humanité sous cet arc-en-ciel
Rejaillit ce souffle de vie
paternel
En ce jour de bonheur! |
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# 3345
2 janvier 2017
La borne de vie
Je publie
avec plaisir un poème de Georgette Renaud. |
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# 3270
3 décembre 2016
Un incident mystérieux
J’étais par
terre.
Quand
quelqu’un marcha sur moi,
Mon cœur
arrêta de battre.
Quelques
minutes plus tard,
je reçus un
violent coup de pied.
Je faillis
perdre le souffle.
Je me mis à
réfléchir
sur le chemin
que j’avais suivi
pour me
rendre jusqu’ici.
J’avais été
une fois utile.
On m’avait
jeté à la rue
comme un vil
rebut.
Quelques
minutes plus tard,
Une brise
matinale s’éleva
et m’envoya
en l’air.
Je contournai
les poteaux de rue.
Je valsai sur
les trottoirs.
Je ne voyais
plus rien.
Finalement,
j’échouai
sur un arbre
majestueux
qui
m’accueillit à bras fermés.
J’essayai
d’amadouer l’arbre.
Il ne voulut
pas me lâcher.
Il avait
trouvé un supplicié.
J’étais
maintenant dans les airs
me balançant
de gauche à droite.
J’avais peur
de tomber au sol.
Aujourd’hui,
je suis encore là.
Il n’y a pas
de vent.
J’oscille
doucement.
J’ai toujours
peur,
Je retiens
mes gémissements.
Personne ne
veut me décrocher.
Qui suis-je ?
Un sac de
plastique.
(Poème écrit en 2016) |
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# 3220
13 novembre 2016
Vide
Vie, amour
paix, sérénité
Calme impassible
Trou béant
Indicible horreur
Aliment de la faim
Mot symbolique
mot absurde
mot rêveur
mot absent.
Au contraire
Plénitude
Universalité
Abondance
Passion
Vide.
Vie sans D
Comme dans distraction.
(Poème écrit en 2011) |
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#
3165
22 octobre 2016
Gazouillis
Les trottoirs
gazouillent.
Les rues de la ville
bourdonnent.
Le vent hargneux
bouscule les trottoirs.
L’ouragan pernicieux
confisque les rues.
Le gazouillis des trottoirs
s’affadit.
Le bourdonnement des rues
s’endort.
Les petites fleurs
transpercent le macadam
et avalent la pluie.
Les petites fleurs
courent sur les trottoirs
et bousculent les marcheurs.
Les pieds traînants
s’empêtrent
dans une purée
qui gazouille.
(Poème écrit en 1984) |
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#
3120
4 octobre 2016
Un grand-père fatigué
Dernièrement,
j’ai reçu un texte écrit par un homme de 75 ans qui signait
Un
grand-père indigné. Il se disait fatigué de… et de… On
connaît la litanie de ceux qui perçoivent négativement tout ce qui bouge
dans la société. Il n’y a pas de gris. Voici le poème que j’ai composé à
titre de réponse :
Pauvre homme
! qui a écrit ce pamphlet.
Il porte en
lui-même un dur boulet.
Perdu dans
une série d’avalanches,
Il doit
passer ses nuits blanches
À broyer des
pensées noires
Qui
s’incrustent dans sa mémoire.
Pauvre homme
! qui a écrit ce pamphlet.
Il porte en
lui-même un dur boulet.
J’ai beaucoup de peine pour lui.
Il ne voit pas le soleil qui luit.
Il ne perçoit que les ténèbres
Qui rendent sa vie funèbre.
Pauvre homme
! qui a écrit ce pamphlet.
Il porte en
lui-même un dur boulet.
J’aimerais
lui souffler à l’oreille
Qu’il faut
voir la vie comme merveille
Plutôt que
d’accrocher ses pieds
Dans toutes
les fleurs fanées.
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#
3050
6 septembre 2016
Désir
À l’automne 1974, j’ai offert à
Gabriel April de lui composer des textes de chansons. Il a accepté. Il
était alors directeur de la pastorale à l’école Paul-Hubert et donnait à
l’occasion des récitals. Voici une des chansons pour laquelle il a écrit
la musique :
Refrain
Pendant plusieurs jours
j’ai désiré l’amour
Pendant plusieurs cœurs
j’ai vécu la douleur.
Couplets
I
J’ai parcouru les champs
J’ai trouvé l’ouragan
J’ai voltigé en fleurs
J’ai mordu la fraîcheur.
II
J’ai sondé au détour
le cœur de mes amours
J’ai poussé des volets
timidement muets.
III
J’ai volé sur la bouche
des baisers si farouches
J’ai épuisé mes yeux
dans de cruels adieux.
IV
J’ai coupé la verdure
J’ai souillé mon armure
J’ai frôlé le bonheur
J’ai récolté la peur.
V
J’ai dirigé mes yeux
vers un vide peureux
J’ai ralenti mes pas
et frôlé le trépas. |
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#
3010
21 août 2016
Lutte
Seul
en un fol univers
mystifié
déchiqueté
je médite.
Une poudrerie
grisaillée
gèle
en cette aube nouvelle
les relents de mon rêve.
Mes doigts
graves
inquiets
tracent
une piste sauvage.
Une bouffée de brise
étouffe
ma main.
Ma poitrine désaxée
éclate de fureur
et chasse
toute haleine traîtresse.
(Poème écrit en 1982) |
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#
2990
27 juillet 2016
Refrains
Ah ! modeste vie
au regard inquiet
chasse de moi
tout visage pensif
tout regard écervelé.
Enseigne-moi
tes détours si épanouis
tes refrains si flatteurs.
Désigne-moi
d'un franc doigté
tes cahots harmonieux.
Ah ! si j’étais toi.
Je tournerais
des rouages délicats.
Je volerais
les amours fanées.
Je croquerais
les pâturages verts.
Je cacherais
les messages amoureux.
Ah ! si modeste vie
éloigne-toi de moi.
Je veux voler
les amours fanées
Je veux croquer
les pâturages verts.
Je veux cacher
les messages amoureux
pour te perdre
sous ceux-ci.
(Poème écrit en 1967) |
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# 2945
8 juillet 2016
Palmarès
Je partirai un jour
vers un pays nouveau.
J’amènerai ma guitare
et mes chansons.
Là, je chanterai le muguet
et le chrysanthème.
Là, j’écrirai dans le roc
mon pudique nom.
Là, j’inscrirai au palmarès
mes exploits inégalés.
Mais ce jour
où est-il ?
Devrais-je le calfeutrer
du limon de mon être ?
Devrais-je le pétrir
du tissu de ma douleur ?
Devrais-je le semer
dans un coin de la forêt ?
Devrais-je l’arracher
du trognon de ma vie ?
Et ce jour, où est-il ?
Perdu au fond du néant
ou serti dans un chaton
égaré pour toujours ?
(Poème écrit en 1967) |
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# 2910
25 juin 2016
Tourbillon
Déjà
s’envole
mon poème
Battant de l’aile
perdant son gouvernail.
À peine est-il sculpté
qu’il s’éparpille
aux quatre coins
de l’horizon.
Devrais-je attendre
pour le pondre
qu’il immortalise
son auteur ?
Devrais-je attendre
qu’il vole là-haut
de ses propres ailes ?
Devrais-je attendre
qu’il amortisse
ma douleur ?
Ne t’éloigne pas
mon poème.
Étale tes refrains
azurés.
Exalte ta mélodie
céleste.
Demeure
mon poème.
Ne quitte pas mon sein.
Vogue sur mes lèvres.
Tourbillonne dans mon cœur.
(Poème écrit en 2006) |
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# 2850
1er juin 2016
Pollution
Notre univers
tourne à l’envers
sens dessus
sens dessous
sans dessein.
Les hommes
se bousculent
se déchirent
comme de vrais étourdis.
Devant les yeux
un voile coloré
cache
de tristes parricides.
Sous leur écorce de poussière
ils construisent
des catafalques
pour les autres hommes.
Sous leur croûte encrassée
ils construisent
des pièges
pour les autres hommes.
Dans leur petite tête
ils construisent
de grands paradis
où coule le miel
de leur pollution.
(Poème écrit en 2005) |
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# 2810
15 mai 2016
Moustique
Une mer affolée
frappe ses vagues
au rivage vagabond.
Les grains de sable enfouis
projettent tout haut
leur ridicule espoir.
Le varech pétillant
endort
la marée capiteuse.
Sur l’eau meurtrière
nage un minable moustique.
Le vent effleure
son abdomen fleuri.
Le soleil jaunit
ses pétales ailés.
Les cailloux de la berge
tressent une forteresse
blindée
d’une passerelle accueillante.
Le moustique confiant
enjambe le pont.
Derrière lui
la forteresse resserre
ses murs
et emprisonne
le naïf voyageur.
(Poème écrit en 1986) |
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# 2760 18 avril 2016
Rouge
Je suis rouge de colère
rouge d’ennui
rouge de timidité.
Je cherche une étoile rouge
plus filante qu’une autre.
Je cherche une gloire rouge
plus douloureuse qu’une autre.
Je cherche une rose rouge
plus menue qu’une autre.
Je cherche un calvaire rouge
plus subtil qu’un autre.
Je suis rouge du sang
qui a coulé
en un carnage d’hécatombe.
Je suis rouge d’une vie
qui coule
en une volupté éphémère.
Je suis rouge
à broyer du noir
et d’être mis à blanc. (Poème écrit en 1992) |
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# 2695
23
mars 2016
Macadam
Au pied de cette colline
où autrefois la verdure
était maître des lieux
s’élèvent aujourd’hui
des maisons bien rangées
mais vides de vie
et vides d’espoir.
Avec la complicité
de l’homme envahisseur
un macadam
froid et rugueux
y étend ses tentacules.
Des grains de sable
à l’allure de moquerie
affichent
leur titre de conquête
dans les parois des cœurs.
Des pierres concassées
s’agglutinent
comme pour se moquer
de la machine
qui les a créées.
Toute tentative de vie
est pétrifiée.
Tout espoir de liberté
est encadré
dans des actions
standardisées
robotisées. (Poème écrit en 1978) |
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# 2655
26
février 2016
Gel
Dans la neige effeuillée
une vagabonde chanson
virevolte.
Son rythme
couleur de roulis
gigue
parmi les babioles
de la mare.
Son pouls blasé
chevauche
se glisse
sous les glaciers.
Son aiguille gelée
se débat
dans un cauchemar
de maquis.
Ses attraits morcelés
s’évaporent
dans les limbes hautains.
Dans la neige effeuillée
dans les feuilles enneigées
une vagabonde chanson
vague
d’un manège
à nul autre pareil.
(Poème écrit en 2007) |
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# 2600 4 février 2016
Combat
Dans la nature endormie
règne
une stupeur exaspérante.
Mon âme persécutée
livre un combat
stupide.
Mes sens en détresse
torpillent dans la nuit
des rafales sournoises.
Mon corps tout entier
baigne
dans une mare
verdâtre
puante.
Pas un arbre
n’ose cacher de ses feuilles
mon cadavre morcelé.
Mes ongles
Mes doigts
Mes dents
foisonnent
en aval du pré.
Ma chair parfumée
éparpille
ses sensibles relents.
Mes yeux
figés par le mépris
oscillent
à la surface de l’étang.
(Poème écrit en 1969) |
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# 2555 25 novembre 2015
Fuite
Il n’est pas heure de mourir
et pourtant mon cœur ploie
sous les fardeaux accablants.
Il n’est pas minute de sourire
et pourtant mes yeux s’écarquillent
sous les huées de l’encens étouffé.
Il n’est pas seconde de penser
et pourtant mon âme s’égare
en un paradis forcené.
Plutôt que de me reprocher
mes fredaines oubliées
ne vaut-il pas mieux
amadouer le temps ?
Je pourrais mourir
sans crainte de pétrir
la misère.
Je pourrais sourire
sans crainte d’ankyloser
ma patience.
Je pourrais penser
sans crainte de craindre
des insanités.
Je pourrais même
si le destin le veut
jouer avec la mort
pour qu’elle ne fasse
qu’effleurer mon épaule. (Poème écrit en 1993) |
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# 2505 13 octobre 2015
De feu en feu
Un feu ardent
brûle dans mon âme.
Un voile épais
tapissé de souffrances
s’est brisé
comme autrefois
le voile du temple.
Une lumière brillante
a tamisé mes yeux.
Des rayons ardents
ont plongé
dans l’obscurité profonde.
Comme un vent
plein d’énergie
ce feu court
partout.
Sa veine
ne s’éteint pas.
Les années fuient
rongées
par le feu du temps.
Le cœur se brise
rongé
par le feu de l’amour.
Le feu darde mon âme
de ses brûlants rayons
comme un feu
qui a vieilli dans les ruines. (Poème écrit en 1993) |
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#
2455
12
septembre 2015
Univers nu
Je me sens tout gelé.
Mes membres grelottent.
Les cristaux de neige
bloquent mes oreilles
ma bouche
mon nombril.
Aucun fil
ne me rattache plus
à l’univers nu.
Où suis-je ?
Peut-être suis-je
en train de vivre
une autre dimension ?
Peut-être suis-je
de mes dents d’ivoire
en train de mordre
la tige effilée
qui me retient à la vie ?
Peut-être suis-je
en train de mâchouiller
le long fil d’acier
que j’ai tissé jusqu’ici ?
Peut-être suis-je
en train de couper
le fil qui retient
mon bateau
dans un port bourgeois ?
Peut-être suis-je
en train de ne pas être ?
(Poème écrit en 1999) |
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#
2405
7 août 2015 Fille
de joie Lèvres
maculées figure
grimée yeux
corsetés elle
marche au
milieu de la foule. Les
passants la
dévisagent la
fixent. Les
gisants admirent ses
cuisses veloutées remplies
de volupté. Déculottée traînée
dans la boue piétinée elle
marche quand même écrasant
de
ses genoux dégainés les
regards trop fardés. Elle
marche effleurant
de son épaule cuirassée les
paroles farfelues. (Poème
écrit en 2005) |
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#
2360
27 juillet 2015 En
larmes Sur
le chemin je
cours. Des
murs je
dégringole. Mes
jambes flageolent. Mon
cœur palpite. Mes
yeux s’écarquillent. Je
cours sur
le chemin. Ma
tête ploie. Mes
yeux éclaboussent des
larmes anémiques. Un
chêne gâté
par les ans se
moque de
mes ardeurs. La
chaussée humide m’enlise dans
un nuage de boue. Je
tombe sur
le chemin. Mes
yeux se ferment mon
cœur s’arrête mes
jambes fuient. (Poème
écrit en 1996) |
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#
2310
3 juillet
2015 Exécution Au
milieu du cénacle près
d’une table timide un
disciple lève son
regard de pierre. Dans
un coin un
moine soumis crache
des grognements sur
une note étrange. Le
disciple épouvanté baisse
la tête baise
la joue de
son voisin. Le
moine complice tire
de sa bure le
cordon de
la potence. Plus
personne n’ose respirer. La
trappe bascule la
fosse s’élargit. Tête
première pieds
derrière. Le
reclus embrasse
le sol. Une
foule proclame cette
profanation. (Poème
écrit en 1981) |
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#
2260
23 juin 2015 Hommage Un
jour je
chanterai sur
ma lyre désaxée ton
visage mal famé. Dans
ma boîte à outils je
cacherai tes yeux sertis
dans des prunelles plus
chétives que belles. Je
donnerai aux gueux ton
sourire triste. J’engloutirai
sans honte tes lèvres avides
de vengeance. J’éloignerai
ton
front caverneux et
je me noierai dans
tes larmes confuses. (Poème
écrit en 1967) |
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#
2220
15 juin 2015 Lèpre Le
sang pointe. La
bouche échappe ses
lèvres morcelées. Le
menton court sous
les tumeurs dirigées
par les doigts. Une
plaie géante contaminée se
réveille. Sans
espoir l’œil
morcelé accueille
la gangrène. Sans
galoches les
pieds pétrissent
la glu pénétrée d’un
sang verdâtre. La
plaie se plaît de
tourner au vert envers
et contre la
rigole infecte qui détruit
doucement la nature. (Poème
écrit en 1997) |
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#
2175
6 juin 2015 Artisane Le
dos voûté les
rides creusées par les ans le
sourire en attente une
vieille femme tresse
de ses doigts menus des
tapis de bonheur. Elle
glisse le crochet de
fil en fil jusqu’au
fil prophétique. Le
long cordon tressé se
cherche un chemin à
travers le tissu de
la vie. Les
brindilles misent un
espoir inquiet. Le
métier frappe. Ses
gonds gondolent se
déchaînent. Le
fil enchaîne et
forme une longue chaîne tissée
et retissée sous
le halo de
l’incertain. (Poème
écrit en 1987) |
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#
2135
29 mai 2015 Jalousie
Dans
un coin dénudé
de montagnes serpente un
ruisselet confiant. La
nature souriante étale
un cachet mystérieux. Pas
un bruit pas
un cri la
nature crie en silence. Le
vent se
ballade doucement. Le
soleil jette
un nuage pâle. Les
arbres jalousent l’apparente
candeur. Les
ombres de la forêt tentent
une
dernière escapade. Le
ruisselet a peur. Il
craint le
vide le
calme trompeur. Il
se recroqueville lentement. Il
replie son liquide serein. Le
liquide tourne
au visqueux et
dessine une
énorme montagne. (Poème écrit en 1999) |
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#
2090
20 mai 2015 Duel Le
macadam grouille. Protozoaires
affamés se
décortiquent entre eux. L’herbe
voisine prête
sa tige névrosée aux
bêtes marines. Parasols
herbacés croisent leurs
chapeaux en
des duels ardents. Même
l’estoc jouit d’un
prestige cellulaire. Gantelets casques cuirasses cottes
de maille gisent
pêle-mêle autour
de l’étang carnassier. (Poème
écrit en 1989) |
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#
2055
5 mai 2015 Entaille Bercé
par les souvenirs du passé l’aïeul
ferme ses yeux meurtris. Là-haut dans
un champ tranquille une
frêle charrue bouleverse la
terre nourricière. Un
lourd percheron engourdi
par l’âge renâcle
à son labeur. Le
harnais frémissant ralentit. Le
coutre tranchant se
blottit sous la plaie. Le
soc meurtrier retourne
la cicatrice. Les
lourds mancherons grisaillés suivent. Le
laboureur pleure le
destin de la terre. La
terre sourit à
cette compassion. (Poème
écrit en 1975) |
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#
2020
28 avril 2015 Fourmilière Sur
mon chemin j’ai
vu une fourmilière qui
n’est pas celle des
hommes égoïstes. De
laborieuses fourmis sans
un brin de contestation y
construisent leur logis. Des
œufs en pain recouvrent
les cellules. Toute
la colonie travaille
à l’unisson. Tout à
coup les
voix s’affaiblissent et
s’éteignent. La
fourmilière dort. Demain le
labeur reprendra sans
un brin de
contestation. Seul
raisonne autour
de la fourmilière le
battement de l’absurde. (Poème
écrit en 1992) |
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#
1985
21 avril 2015 Plumes Des
ennemis me
mordent au
derrière. Comme
le chêne je
plie mais
ne rompt pas. Je
pastiche mes chaînes mais
les déteste. Je
galvaude ma vertu mais
ne lambrisse pas mes
sens délurés Une
fourmi mal chaussée s’empare de
ma fourrière. Je
grimpe sur
le hamac. Je
sème une
couverture. J’étire
les oreillers pour
m’en faire des
plumes. Je
me couvre de
ces plumes qui
empoisonnent mes
ennemis. (Poème
écrit en 1981) |
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#
1945
13 avril 2015 Faim Un
frisson d’amertume me
coule dans le dos. Désabusé écoeuré je
me jette dans ses bras. Le
cirque de la lune affadit ma
vigueur incertaine. La
faim comme
une affamée grisaille
ma fadeur. Un
peu de pain un
peu de vin dehors
la faim. Dans
ses bras je
m’enlace dehors
la faim. Dans
ses bras je
me repais dehors
la faim. La
musique des
intestins s’éteint. (Poème
écrit en 1967) |
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#
1900
4 avril 2015 Un
conflit Le
lac mystérieux issu
au hasard des bouleaux serpente au
milieu des clameurs. Sur
ses bords un
cèdre plusieurs
fois centenaire penche
la tête et
encense de ses rameaux les
tendres violettes et
les herbes d’escorte. Plus
loin un
sapin chétif
et mal épineux courbe
sa monture vers
le colosse. Sa
pâture est sèche comme
une ardoise. Une
image glaireuse y
apparaît sous la nausée de
la licorne. Le
sapin s’agenouille. Son
mirage est brouillé par
la réputation du vieux. (Poème écrit en 1986) |
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#
1860
27 mars 2015 Oh,
belle tempête ! Voici
un poème écrit par Fernand Thibault : Dans
notre mémoire déficiente nous
avions oublié ton existence Mère
Nature t'a enfin libérée désentravée
de tes liens tel
un enragé en crise vents,
tourbillons et
bourrasques ont tenu en laisse une
population impuissante devant
un pouvoir dont tu abuses il
nous semble Le
ciel gris de la nuit de
qui se dégage une nuée de flocons blancs recouvre
le sol, les chemins, les rivières retourne
dans ton nid, dans l'oubli le
doux rayon du soleil sous
la voute azur à l'infini bienfait
de Mère Nature nous
assurera la
tranquillité d'esprit pour les jours à venir |
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#
1825
20 mars 2015 Fanal
attendri La
princesse de
mon empire voltige
doucement sous
le fanal de
la lampe attendrie. Ses
ailes se
dessèchent. Son
bourdonnement éclate. Ses
antennes déclinent. Sous
le halo la
lampe tinte. La
princesse gémit. Son
hamac se
découd. Son
froc de soie se
déchire. La
princesse de
mon empire prend
feu brutalement. (Poème
écrit en 1990) |
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#
1785
12 mars 2015 Nostalgie J’aurais
dû vivre il
y a un siècle près
du soc bourlinguant tout
près de la terre sauvage non
loin des marécages fiévreux. J’aurais
dû vivre Il
y a un siècle dans
ces forêts vierges tout
près du cri des oiseaux non
loin des pissenlits envahissants. J’aurais
dû vivre il
y a un siècle au
milieu des ruines de l’espoir tout
près des temples de la joie non
loin des colonnades rustiques. J’aurais
pu tailler mon tombeau dans
la verdure à
même la coque de l’escargot. Puis
aujourd’hui je
me reposerais dans
les jardins oubliés. (Poème
écrit en 2005) |
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#
1750
5 mars 2015 Crépuscule
matinal Fernand
Thibault m’a fait parvenir un poème de son crû. C’est en revenant
sur son expérience de 30 ans au service d’Air Canada qu’il a eu
l’idée de ce texte. Soleil
levant couchant
de la nuit dernière
goutte de rosée séchée au vent au
cœur de l'amaryllis l'abeille
valse au-dessus des champs aspirant
le pistil fleuri soûlée
du pollen enivrant exaltée
des parfums jaillis amène
les sucres lénifiants à
la ruche blanchie |
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#
1705
24 février 2015 Midi
de la vie Le
soleil déjà haut clame
à tout l’univers son
radieux sourire. La
lune exténuée d’une
course mensongère s’accroche
au firmament. Les
étoiles capiteuses guerroient sous
la flambée des armures. Sur
un chemin innocent je
marche. Ma
tête touche à
l’azur des cieux. Mes
pieds touchent aux
tombes fleuries. Au
détour du chemin je
cache mes pieds meurtris dans
un tombeau perdu et
je lègue au
soleil, à la lune et aux étoiles ma
tête fleurie. (Poème
écrit en 1998) |
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#
1665
16 février 2015 Falaise Les
fibres de ma chair s’effilochent. Mon
pied glisse. Ma
tête fracasse une
roche égarée. Ma
ceinture montée
d’une large boucle s’accroche à
une frêle tige. D’un
bond mes
pieds frappent l’axe
de la falaise. Ma
ceinture de cuir s’étire en
une lame de tan. Les
anneaux affolés tissent de
frêles ardillons. Toute
mon armature éclate ne
laissant qu’un
ardillon dans
l’écorce du chêne. (Poème
écrit en 1967) |
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#
1620
7 février 2015 Trace Je
suis de cette race dont
on pourrait un jour perdre
la trace. J’erre
dans ce désert et
personne ne
me rattrape. Je
rêve d’une terre si
fertile si
féconde qu’elle
mettrait au monde des
planètes allumées. Je
rêve d’un paradis planté
dans un champ de mil qui
tresserait les désaccords en
un panier de pain. Je
rêve d’une espérance explosant
à mille lieues qui
me propulserait loin
des discordes. Je
rêve d’un rêve qui
est inquiet de cette race dont
on pourrait un jour perdre
la trace. (Poème
écrit en 2011) |
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#
1580
30 janvier 2015 Scandale Je
gambade comme
un homme ivre. La
levure nourricière suit
les veines roturières. Le
cerveau attardé ploie
sous la nausée. Je
gambade tombe et
me relève. J’habite
les fossés cancéreux. Je
visite les champs dénudés et
me repais de
ce scandale humoral. Je
cours et
tombe dans une bière close. Puis
je m’enlise au
milieu de la levure. Là
j’étouffe de vivre. (Poème
écrit en 1983) |
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#
1545
23 janvier 2015 Feu
d’artifice Ma
tête est
un feu d’artifice. Mes
idées sillonnent
les ondes célestes. Des
particules esseulées plongent
dans
la boue câline. Des
spectateurs surpris s’accrochent aux
éclairs de feu. Mon
estomac stigmatisé se
cambre se
révolte. Il
bloque les
canaux odorants. Il
endort les
grenailles ternies. Mes
idées explosent comme
des bolides de
poudre à canon. Mes
idées se
cachent sous
le terreau et
s’endorment d’un
désespoir englouti. (Poème
écrit en 2001) |
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