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Les charleries Bienvenue sur mon blogue, Ce blogue contient des souvenirs, des anecdotes, des opinions, de la fiction, des bribes d’histoire, des récréations et des documents d’archives. Charles-É. Jean
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Séminaire de Rimouski |
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# 5485
6 août 2020
De
collège en collège
Un collège
industriel et agricole a précédé le Séminaire diocésain de Rimouski. Ce
collège a été fondé en 1853 par le curé de la paroisse de Rimouski,
l’abbé Cyprien Tanguay. Voici ce que rapporte le
Journal de l’Instruction publique,
dans son édition d’octobre 1862 :
« Nous sommes heureux d’apprendre que l’on fait de grands efforts
dans le comté de Rimouski pour mettre sur le meilleur pied possible le
collège industriel et agricole, qui a été fondé il y a quelques années
au chef-lieu.
Cet établissement a occupé jusqu’ici un local beaucoup trop étroit
pour ses besoins ; on vient d’approprier à cette nouvelle destination
l’ancienne église de St. Germain de Rimouski, et une souscription
ouverte pour cet objet s’élève déjà, dans cette seule paroisse à la
somme de 800 $. Déjà le directeur, M. l’abbé Potvin, cinq professeurs
dont un, M. William Fahey, est muni d’un diplôme de l’école normale
Laval, et 120 élèves ont pris possession du nouveau collège.
De grands efforts ont été faits pour former le noyau d’une petite
bibliothèque composée surtout d’ouvrages sur les arts et l’agriculture;
le cours devant être strictement agricole et industriel. » (Fin du texte
cité)
Le fait d’avoir pu recruter 120 élèves en 1862 montre que le projet
répondait à un réel besoin.
Le Séminaire de Rimouski a donné naissance en 1967 à un autre genre de collège, le cégep de Rimouski. |
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5445
12 juin 2020
La
Société Saint-Pierre
Au début des
années 1900, les élèves du Séminaire de Rimouski ne sont plus
enrégimentés dans des travaux de construction et d’entretien des
bâtisses comme auparavant. Les autorités se rendent compte qu’il faut
que les élèves se conservent en forme physiquement.
Dans
Le livre de raison du Séminaire de Rimouski publié en 1963,
l’auteur, l’abbé Armand Lamontagne, écrit :
« On conclut
rapidement à la nécessité des sports, pratiqués pour eux-mêmes, parce
qu’ils étaient nécessaires pour l’enfant rivé à sa chaise et absorbé
pendant de longues heures à un travail intellectuel. À peu près inconnus
au début, les sports en vinrent donc à être cultivés raisonnablement et
partagés entre le travail utile (qu’on se rappelle les élèves qui
allaient fendre du bois pour l’hôpital vers 1920) et l’activité de
loisir.
Mais l’argent
faisait défaut. Par contre, l’institution pauvre, manquant même de
l’équipement scolaire de première nécessité, croyait indigne d’aller
demander l’aumône et la gaspiller ensuite dans une activité encore
inutile aux yeux de bien des gens. On pensa donc trouver une solution au
plus haut point diplomatique en fondant une société à laquelle on donna
le nom de saint Pierre. Ce fut alors le recours aux bienfaiteurs les
plus généreux et dont le gousset était mieux garni. (…) Nous sommes un
peu après 1900.
Les premières
contributions s’engouffrèrent dans les objets les plus essentiels :
gants, balles, mitaines pour la balle-au-camp. Les patins étaient encore
un luxe de Crésus. » (Fin du texte cité)
À l’interne,
la Société Saint-Pierre avait comme mandat de voir à l’organisation des
sports d’équipes, d’en coordonner la pratique et leur promotion. De
plus, elle prêtait certains articles de sport. Cette société a perduré
jusqu’à la fermeture du Séminaire de Rimouski.
En 1964-1965,
le gérant de la Société Saint-Pierre est Vincent Caron, le commis au
Pavillon est Jean-Yves Marquis, les commis à la Grande salle sont
Vincent Caron et Claude Paradis.
Les
responsables du comité des jeux à la Petite salle sont Gérard Lord, Yvan
Caillouette, Michel Dionne et Guy Belzile.
En 1965-1966,
le gérant de la Société Saint-Pierre est Claude Paradis, le commis au
Pavillon est Vincent Caron, les commis à la Grande salle sont et Claude
Paradis et Yvan Thériault.
Les responsables du comité des jeux à la Petite salle sont Guy Belzile, Alain Gagnon, Jean-François Roy et Régis Beaulieu. |
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5425
30 mai 2020
Fondation du Collège de Rimouski
Dans
l’édition du 25 août 1853, le
Journal de Québec publie une lettre d’un citoyen qui a assisté aux
premiers balbutiements de la fondation du Collège industriel et agricole
de Rimouski. Ce collège deviendra le Séminaire de Rimouski. Sans doute,
ce citoyen y voyait un événement marquant car il semble avoir composé
son texte avec beaucoup d’optimisme.
Cet article
est intéressant parce que nous avons l’impression d’être aux premières
loges d’un rêve qui aura fait progresser grandement Rimouski jusqu’au
titre de capitale régionale. Le voici :
« M. le rédacteur,
Un tout petit espace dans votre intéressante feuille pour les
quelques lignes suivantes au sujet d’un appel fait par le vénérable curé
de Rimouski à ses paroissiens, priés de se rendre en assemblée dans une
des salles de la maison d’école académique du lieu. Le vénérable curé
dans son annonce ayant laissé le plus grand nombre de ses auditeurs à
deviner le motif d’une telle assemblée, et la plus grande partie était
très désireuse d’en connaître le sujet, je ne fus pas longtemps, à
ignorer le louable but de la susdite assemblée.
Un individu à la figure gothique m’aborda tout à coup et me fit
entendre ces paroles ennemies de l’éducation et du progrès. « Comment un
Séminaire par ici ? On n’est pas assez riche pour bâtir des couvents
nous autres ». J’ajoutai foi à l’expression du vieil adage qui dit, M.
le rédacteur, qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Je me laissai dire tout
de suite par une personne qui connaissait parfaitement ce qui en était,
qu’on se disposait à prendre des mesures pour se procurer les moyens de
bâtir un collège dans cette réputée belle paroisse de Rimouski.
Cette assemblée a eu lieu, je crois, le 15 de mai dernier. Elle
était présidée par le révérend curé de la paroisse qui en est, j’en suis
bien sûr, le premier auteur. (NDLR Il s’agit
du révérend
Cyprien Tanguay, bien connu par ailleurs pour ses travaux en
généalogie.)
Je ne crains pas de vous le dire, M. le rédacteur. Sans le zèle
infatigable de ce vénérable prêtre, et la forte énergie avec laquelle il
entreprend toutes choses, la paroisse de Rimouski n’aurait pas à se
glorifier aujourd’hui du grand nombre d’améliorations qui proviennent de
son zèle.
Une souscription fut ouverte, M. le rédacteur, pour s'assurer les
moyens de commencer une si belle œuvre. Il y fut souscrit une assez
forte somme qui se monte de 8 à 9 cents louis. Quoique je connaisse bien
la souscription de plusieurs messieurs du fort et celle du vénérable
curé, je me dispenserai de vous les faire connaître pour ne pas blesser
l’humilité de personne; mais toujours elles furent très généreuses tant
celles des premiers que celles du dernier. Il est à souhaiter, et même
très désirable, qu’un tel profit se réalise au désir de celui qui en a
conçu le premier l’idée; et c’est le vœu de toute la paroisse en
général, vœu et désir qui doivent s'introduire dans tous les cœurs de
ceux qui composent les paroisses environnantes et même de bien loin,
particulièrement ceux qui sont amis de l’éducation.
Vous concevez, M. le rédacteur, le bien immense que peut procurer à
une paroisse un tel établissement. Les habitants y trouvent un double et
même triple avantage quand ils ont le bonheur de posséder une de ces
maisons d’éducation, qui répandent un si grand bien dans notre pays.
Aussi, M. le rédacteur, j’espère qu’une si noble entreprise tentée par
des cœurs généreux, et qui sera conduite, comme il y a toute apparence,
par le révérend curé de Rimouski, ne manquera pas d’heureux succès.
Dieu, cet habile et puissant architecte, donnera les moyens de faire
réussir une si belle œuvre et bénira les efforts de ceux qui veulent
bien contribuer à la construction si utile d’un tel édifice.
Il est vrai qu’il ne faut pas trop se féliciter d’avance, M. le rédacteur, mais je puis dire, comme presque certain, que la paroisse de Rimouski verra bientôt s’élever sur sa belle colline qui borde le fleuve, une de ces maisons où la jeunesse y puise une éducation solide et complète. Il faut espérer, que la législature fera tout ce qui sera en son pouvoir pour venir en aide à la construction de ce collège en projet, comme elle l’a toujours fait ailleurs d’une manière si libérale. (Signé) Un passant » (Fin du texte cité) |
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5385
6 mai 2020
Fabrication de chapelets
Dans l’édition du 29 janvier 1960,
le Progrès du Golfe nous
apprend que des jeunes du Séminaire de Rimouski fabriquent des chapelets
pour les pays de mission. Ces jeunes font partie d’un parascolaire
appelé Service missionnaire des
jeunes (SMJ). Cette année-là, le président est Pierre-Paul Parent,
élève finissant.
Le 18 janvier 1960, Mgr
Charles-Eugène Parent,
archevêque de Rimouski, se déplace au Séminaire pour bénir les chapelets
qui ont été fabriqués avec des petites pinces. Par la suite, les
chapelets
sont expédiés
aux anciens de l’institution qui sont missionnaires
un peu partout dans le monde. En retour, le récipiendaire s’engage à
prendre une photo montrant les mêmes chapelets entre les mains de jeunes
ou de moins jeunes.
Dans son édition du 29 janvier
1960, L’Action catholique, un
quotidien de Québec, traite du même sujet. Il ajoute les précisions
suivantes :
« C’est une belle initiative qui mérite
de trouver des imitateurs dans d’autres institutions. Ce travail de
fabrication de chapelets est facile, peu coûteux et occupe très bien les
loisirs des jeunes. Il existe déjà aux États-Unis un important cercle du
genre qui a rendu d’immenses services aux missionnaires. Fait à noter,
ces chapelets ne sont pas vendus ; c’est un échange amical des jeunes
entre différentes nations.
Il semble que le Séminaire de Rimouski
soit le premier à lancer ce mouvement au pays. Il l’a fait à la demande
et sous la direction de M. l’abbé Robert Michaud, directeur diocésain de
l’œuvre de la Propagation de la
foi de qui dépend le Service missionnaire des jeunes. »
Outre la fabrication des chapelets, les élèves de
cette association recueillent des remèdes et des timbres qui sont aussi
expédiés dans les pays de mission. En 1960-1961, l’abbé Robert Michaud
est toujours l’aumônier du SMJ qui est composé de 120 membres. J’en suis
le président. Les autres responsables sont :
Vice-président : Jules-Guy Cazes
Secrétaire : Richard Rioux (syntaxe)
Trésorier : Louis-Philippe Morin
Expédition : Jean-Marie Desjardins
Film : Jean-Charles Dumont
Récupération des remèdes : Richard Rioux (méthode A)
Chronique hebdomadaire : Raynald Lavoie
Affiches-tableaux : Raynald Lagacé
Chapelets : Louis-Philippe Morin
Timbres : Jean-Charles Dumont Archives : Yvon Poirier |
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5355
18 avril 2020
Fête du Supérieur
Pour
atténuer la grisaille de l’automne, chaque année au Séminaire de
Rimouski, une équipe de
prêtres organisait une fête au Supérieur de la maison. Selon les années,
cette fête revêtait un caractère plus ou moins solennel. Bien sûr, on y
incluait des cérémonies religieuses et des séances d’hommage au
Supérieur. Les élèves se donnaient avec beaucoup d’entrain pour préparer
cette fête qui se tenait ordinairement en octobre.
Dans
l’édition du Progrès du Golfe
du 22 octobre 1943, on décrit une de ces fêtes.
« Les
autorités, les professeurs et les élèves du Séminaire de Rimouski ont
célébré brillamment, les 19 et 20 octobre, la fête de leur vénéré
Supérieur, M. le chanoine Georges Dionne.
Mardi,
le 19, à 4 heures 30, sous la présidence de Son Excellence Mgr Georges
Courchesne, évêque de Rimouski, des vêpres pontificales furent chantées
au Séminaire en présence de la communauté. Il y eut ensuite réception
des congréganistes et procession à la Madone. De retour à la chapelle,
il y eut salut du Très Saint Sacrement et souper.
Le
soir, à 8 heures, dans la salle des promotions du Séminaire, les élèves
présentèrent leurs hommages à leur supérieur, M. le chanoine Georges
Dionne. Des élèves interprétèrent ensuite
Le Fils du Croisé avec chœur
et orchestre.
Le lendemain, mercredi, à 9 heures, une messe solennelle fut célébrée par M. le chanoine Dionne. Un sermon de circonstance fut prononcé et les fêtes se terminèrent par un grand banquet qui réunissait plusieurs invités d’honneur, anciens élèves, de même que les professeurs et les élèves. » (Fin du texte cité) |
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5325
30 mars 2020
Nouvelles de 1892
En juin 1892, neuf élèves
du Séminaire de Rimouski sont inscrits en Rhétorique. Parmi ceux-ci,
• un deviendra courtier
d’assurances
• deux deviendront
médecins dont l’un fut lieutenant-gouverneur, Eugène Fiset
• trois deviendront
avocats dont l’un fut juge, Antonio Couillard
• trois deviendront
prêtres dont l’un fut évêque, J.-Romuald Léonard, et un autre, chanoine,
Charles-Borromée Beaulieu.
À la même période, sept
élèves terminent leur cours classique. Parmi ceux-ci :
• un deviendra notaire
• un deviendra marchand
• un deviendra médecin
• deux deviendront
jésuites dont Samuel Bellavance, récipiendaire du prix du Prince de
Galles
• deux deviendront prêtres
dont un chanoine, Louis-Fabien Côté.
Par rapport au nombre d’élèves à titre de comparaison, en juin
1961, 66 sont inscrits en Rhétorique et 61 sont finissants.
Dans un hebdomadaire de
Québec, le Journal des Campagnes,
du 14 juillet 1892, on peut lire :
« Le Séminaire de Rimouski, situé
dans un endroit très salubre, donne un cours commercial complet. Les
directeurs n’épargnent rien pour former les élèves à la piété, leur
donner une bonne éducation et leur faire
faire des études sérieuses.
Cette maison,
jeune encore, a gagné deux fois le prix du prince de Galles. L'année
dernière, dans le concours pour ce prix dans les sciences, le Séminaire
de Rimouski a obtenu le troisième rang. Cette année, il y a eu en
Physique deux lauréats, et deux bacheliers sur 6 élèves.
En
Rhétorique, il y a eu un lauréat et un bachelier. Tous les autres élèves
ont eu une forte inscription.
Des 16 élèves
des différents collèges qui ont concouru pour le prix du Prince de
Galles en Philosophie, celui qui a conservé le plus de points sur cette
matière, est M. Samuel Bellavance, élève de Rimouski. Ces succès font
honneur à cette maison.
Le Séminaire
s'est assuré pour la nouvelle année scolaire les services d'un
professeur pour la 4e classe du cours commercial. Ce
professeur qui a dirigé pendant plusieurs années une académie
commerciale importante enseignera l'anglais, l’arithmétique, la tenue
des livres, la correspondance commerciale, en un mot, tout ce que l’on
désigne sous le nom de banquerie.
Les jeunes gens qui se destinent aux affaires trouveront donc, dans
cette institution, l’enseignement pratique qui leur est nécessaire pour
se placer avantageusement dans les maisons de commerce.
D'importantes modifications seront aussi faites dans le programme du cours classique. Les parents qui veulent faire instruire leurs enfants, ne sauraient mieux faire que de les envoyer au Séminaire de Rimouski où avec une éducation chrétienne, ils recevront une instruction solide et pratique. » Fin du texte cité |
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5295
12 mars 2020
La
santé au Séminaire
Depuis les débuts du Séminaire de Rimouski, les infirmiers étaient des
prêtres qui n’avaient pas ou peu de formation médicale. Toutefois, un
médecin était engagé par l’institution pour les superviser, leur donner
des conseils et intervenir personnellement dans les cas les plus
sérieux.
Dans Le livre de raison du
Séminaire de Rimouski publié en 1963, l’auteur, l’abbé Armand
Lamontagne, écrit :
« D’après les témoignages, (autrefois) la santé des jeunes élèves était
beaucoup plus résistante qu’aujourd’hui; d’abord à cause d’une certaine
sélection naturelle où seuls les plus robustes survivaient, ensuite,
parce que la plupart des élèves étaient originaires de familles rurales
où les enfants avaient l’occasion de développer leurs forces physiques
grâce aux multiples travaux qu’on pouvait adapter à tous les âges. »
Selon l’auteur, la première épidémie de grippe a frappé les élèves du
Séminaire vers 1900. Une autre épidémie eut lieu en mars 1910. Un
chroniqueur rapporte :
« Depuis hier (6 mars 1910), nous sommes isolés du reste des mortels
pour un temps indéterminé. Un gros monsieur, officier de la ville, est
venu placarder. (…) Les enfants passent le plus loin possible de la
maison (Séminaire), osant à peine lever les yeux, sur les pelés, sur les
galeux … »
Une autre épidémie de grippe qui semble avoir échappé à l’auteur du
Livre de raison est survenue
en 1916. Le Progrès du Golfe du 21 janvier écrit :
« Beaucoup de gens souffrent de la grippe. Personne n’en meurt,
mais presque tous en sont atteints. On nous rapporte qu’au Séminaire
au-delà de 50 élèves lui doivent d’être détenus à l’infirmerie. »
À l’automne 1918, la grippe espagnole frappe tout le Québec. L’abbé
Armand Lamontagne écrit :
« Le Séminaire, pour sa part, ne fut pas épargné. Vers le milieu
d’octobre, dès que l’épidémie commença à prendre des proportions
sérieuses, les élèves furent renvoyés chez eux et les autorités les
rappelèrent vers le milieu de décembre. En fait, le virus avait cédé à
l’apparition des premiers froids de l’hiver. Il fallait donc boucler les
malles à la veille des Fêtes (18 décembre) et retourner au bercail.
Personne parmi les élèves n’était mort. Quelques-uns, cependant,
lorsqu’ils franchirent le seuil de l’institution, passèrent pour des
fantômes (parce qu’on avait entendu dire qu’ils étaient décédés).
Une autre épidémie de grippe survint à l’automne 1928. Le Séminaire
ferma ses portes le 18 décembre. Il ne restait au Séminaire que ceux qui
avaient attrapé le virus. Pour la première fois depuis les débuts de
l’institution, les élèves purent passer Noël dans leur famille.
La dernière épidémie fut celle de la grippe asiatique à l’automne 1957.
Le premier élève qui tomba malade a été hospitalisé. « Le congé dura
trois semaines : du milieu d’octobre jusqu’au 11 novembre. »
À quelques occasions, il y eut des épisodes de diarrhée dus à des mets
ingurgités sans que les élèves n’y soupçonnent un poison potentiel.
En terminant, voici les règles de conduite que devaient suivre les
élèves lors d’un séjour à l’infirmerie dans les années 1950 :
« L’infirmerie est à la disposition
des élèves qui souffrent de malaises réels. Ce ne doit pas être un
endroit de pèlerinage quotidien.
Dans un cas urgent, on peut se rendre à l’infirmerie en tout temps.
Pour les autres cas, on attendra aux récréations de 10 h 30 a. m.
et 4 h p. m. et on ne pourra s’y rendre qu’avec la permission du
surveillant. Le soir, la Petite salle à 8 h, la Grande salle à 8 h 30.
Pour se rendre à l’infirmerie durant les études, il faut toujours
la permission de M. le directeur.
On s’efforcera d’être poli, discret avec MM. les infirmiers et les
autres malades qui se trouvent là.
Pour tout séjour à l’infirmerie, on suivra le règlement qui y est en vigueur. » |
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5260
18 février 2020
Bref historique du Séminaire
Dans le
Progrès du Golfe du 7 décembre 1967, dans le cadre du 100e
anniversaire du diocèse de Rimouski, on peut lire un bref historique du
Séminaire de Rimouski. Voici ce texte :
« Le Séminaire a été sans
contredit l'œuvre de prédilection de chacun des évêques qui se sont
succédé sur le siège épiscopal de Rimouski. Il tire ses origines du
collège industriel mis sur pied par M. l’abbé Cyprien Tanguay, curé de
Rimouski en 1855 et converti en collège classique par les soins de M.
l'abbé Georges Potvin en 1863. C'est Mgr Jean Langevin qui lui a conféré
le titre de séminaire diocésain en 1870 et obtenu son affiliation à
l’Université Laval en 1872. L’institution a d'abord habité la vieille
église (1862-1876), puis successivement un édifice de pierre qu’un
incendie a détruit en 1881 et le couvent des Sœurs de la Congrégation de
Notre-Dame (1882-1950). Elle avait dû se donner plus de logement en 1905
et 1925. Refait en partie après le trop célèbre incendie de 1950,
l’édifice actuel a acquis ses dernières dimensions en 1959 (par l’ajout
d’un Pavillon de Philosophie).
Naguère encore, le Séminaire avait
la direction de plusieurs institutions d'enseignement spécialisé qu’il
encadrait : une école moyenne d'agriculture (1926), un institut de
technologie (1936), un institut de marine (1944), une école de commerce
(1944) et une école normale pour les garçons (1958). Mais à l’heure du
Rapport Parent, ces institutions jouissent de leur autonomie et font
l'unité avec ce qui s'appelle, depuis septembre dernier, le Cégep
(Collège d’enseignement général et professionnel). » (Fin du texte cité)
De 1967 à 1969, les étudiants recevaient le baccalauréat-ès-Arts de la Faculté des Arts tout en suivant le programme du Cégep. En juin 1970, le ministère de l'Éducation décernait les premiers diplômes d'études collégiales (DEC). |
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5220
24 janvier 2020
Les
travaux manuels
« On sait, par les récits des anciens témoins, qu’au début le problème
des loisirs n’existait pas. Les élèves qui ont habité dans la vieille
église (premier Séminaire) ont dû la réparer durant leurs récréations et
leurs congés pour la rendre un peu plus confortable. On conserva la même
habitude, une fois monté dans le Séminaire neuf (deuxième Séminaire).
Les prêtres eux-mêmes devaient travailler pour rendre leur chambre
habitable.
Lorsqu’on déménagea dans le collège des Sœurs de la Congrégation
(troisième Séminaire), il fallut continuer car la maison n’était pas
encore finie et il fallait en faire une réadaptation pour les nouveaux
occupants. En plus de ces travaux d’aides-menuisiers d’occasion, les
élèves devaient aider à scier le bois et à le mettre à l’abri. On aidait
aussi à la culture de la ferme et, à l’automne, on mangeait des légumes
qu’on avait semés et qu’on avait récoltés.
(…) Lorsque les autorités décidèrent de construire un nouveau Séminaire
(cinquième Séminaire inauguré en 1925), ce furent les séminaristes qui
préparèrent le terrain et abattirent les arbres du bocage. Pendant la
construction elle-même, je ne serais pas surpris que les élèves aient
rendu de menus services à l’occasion. Ce furent eux qui construisirent
la glissoire (…).
Puis, ce fut le travail de la cour de récréation (…). Les élèves
s’attelaient à la pelle à cheval et aplanissaient le terrain,
supprimaient les bosses et remplissaient les trous. Il fallait aménager
des croquets, des tennis, un terrain pour la balle-au-camp et préparer
le lieu de la patinoire. Les jours de congé, les deux cours (de
récréation) travaillaient ferme pour approprier leur territoire. Les
élèves n’avaient pas ainsi l’impression de faire œuvre de mercenaires.
Mais tout s’accomplissait dans la joie et ils se croyaient largement
récompensés s’ils avaient la chance de fumer une cigarette et de manger
quelques tartines à la mélasse vers les quatre heures (de l’après-midi).
Tout le monde, par la suite, se mit à la besogne pour aménager le
parterre (parc situé près du terrain de l’Archevêché). Et cet endroit, où l’on ne pouvait
donner un coup de bêche sans frapper un morceau de brique, est
maintenant recouvert d’une riche pelouse et ombragé d’arbres somptueux
qui, en 1928, n’étaient que de frêles petits fouets.
Il ne faudrait pas omettre le nettoyage du bocage (situé au sud de la
rue St-Jean-Baptiste) que M. Talbot réservait aux élèves de Philosophie.
On arrachait les souches avec d’immenses leviers (…) Pendant ce temps,
les élèves de la petite salle s’affairaient à l’arrachage des patates et
le lendemain les jeunes reins se reposaient des tubercules dans les
« racines (grecques ou latines) ». (Fin du texte cité)
Par la suite, les élèves n’avaient qu’à faire l’entretien des cours de récréation, à réparer certains articles de sport, à poser les bandes de la patinoire et à la déneiger. Même si on croyait alors à l’inutilité des sports, peu à peu ceux-ci s’implantèrent et en vinrent « à être cultivés raisonnablement ». |
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5175
27 décembre 2019
Le
cours classique
Au cours de l’histoire du
Séminaire de Rimouski, la durée du cours classique a varié.
Période 1863-1903
À partir de septembre 1863, le
cours classique s’étale sur six ans. Il est constitué de six classes :
Humanités latines, Versification, Belles-Lettres, Rhétorique,
Philosophie et Finissants (dite Physique plus tard). La première cohorte
d'élèves est considérée comme étant du 6e cours.
On y trouve huit élèves :
• Édouard Banville de Rimouski :
Humanités. Il fut cultivateur.
• Charles Desgagnés de Rimouski :
Humanités-Versification. Il fut commis.
•
Alphonse Dubé de Trois-Pistoles: Philosophie-Finissants. Il fut
médecin.
• Louis Lepage de Rimouski :
Humanités-Versification.
• Louis Martin de Rimouski :
Humanités.
• Josué Pineau de Rimouski :
Humanités-Finissants. Il fut médecin.
• Théodule Smith de Rimouski, puis
de Montmagny : Humanités-Philosophie. Il fut prêtre.
• Ulfranc St-Laurent de
Ste-Luce, puis de Rimouski : Humanités-Versification. Il fut prêtre.
Période 1903-1934
En septembre 1903, est ajoutée une
nouvelle classe, Éléments latins, qui précède la classe des Humanités
latines. À partir de ce moment, le cours classique s'étale sur 7 ans.
Le 47e cours comprend
21 élèves dont cinq qui deviendront prêtres.
• J.-Eudore Desbiens de La
Malbaie, puis d’Amqui : Belles-Lettres-Finissants.
• Adrien Fortin de
Rivière-du-Loup, puis de Notre-Dame-du-Lac : Éléments
latins-Belles-Lettres.
• Joseph-Charles Langlois de
Ste-Flavie : Humanités-Finissants.
• Philias Litalien de
Ste-Anne-des-Monts : Éléments latins-Rhétorique.
• Edgar Miville de Cap-Chat :
Humanités-Finissants.
Période 1934-1935
En septembre 1934 est ajoutée une
nouvelle classe, Méthode. Cette classe s'insère entre celle des
Humanités, qui porte désormais le nom de Syntaxe latine, et celle de
Versification. Cet ajout crée un certain déséquilibre dans la
répartition des élèves des trois premières classes. Pour en diminuer
l'impact, on retire les élèves les plus performants d'Éléments latins
1933-1934 ainsi que les moins performants des Humanités latines
1933-1934 pour peupler la nouvelle classe de Méthode 1934-1935.
Une partie des élèves se trouve
dans le 78e cours, 1933-1941 et l’autre partie dans le 79ecours,
1934-1942.
Cette courte période vit de
profonds changements. En septembre 1965, sont mis en place les nouveaux
programmes du cours collégial et ceux du cours secondaire. On introduit
les classes de secondaire I à V qui remplacent celles du cours
classique, Éléments latins à Belles-Lettres, ainsi que les classes de
collégial I à III qui remplacent celles de Rhétorique, de Philo I et de
Philo II respectivement.
Le 111e cours est le
dernier où les élèves ne suivent que les deux premières classes du
secondaire Sec. I et Sec. II, de 1966 à 1968. Les derniers élèves du
Séminaire à avoir fait un cours classique complet sous l'ancien régime
sont ceux du 102e cours (1957-1965).
(Ces données ont été puisées en partie dans le site du Séminaire de Rimouski.) |
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5120
24 novembre 2019
Le
chauffage au bois
Dans Le livre de raison du
Séminaire de Rimouski publié en 1963, l’auteur, l’abbé Armand
Lamontagne, nous renseigne sur le mode de chauffage à partir du bois.
En août 1867,
l’inventaire pour le chauffage mentionne 12 poêles (88 $), 138 feuilles
de gros tuyaux (23 $), 64 tuyaux à branches, tisonniers et devant de
poêle (12 $), une corde de bois non sciée (2 $), 15 cordes de bois
sciées (37,50 $), un lot de bois (8 $) et 60 voyages de bois scié (24
$), pour un total de 194,50 $. À ce moment, on compte 27 élèves,
pensionnaires et externes.
On peut
imaginer qu’il y a un poêle dans chacune des classes, un dans la salle
de récréation, un dans la chapelle, un dans la salle d’études, un dans
le dortoir et les autres dans les chambres des prêtres ou dans les
corridors.
En 1889-1890,
Le chauffage constituait une partie importante du budget où seul l’achat
de bois dépassait 500 $, dont 30 cordes de bois d’érable qu’on appelait
bois de curé. L’auteur du Livre de
raison écrit :
« (Après
l’achat du bois), il fallait le scier, le placer à l’abri pour l’hiver
et le distribuer aux endroits stratégiques. Il serait difficile
d’expliquer aux élèves actuels que, dans notre Moyen-Âge, il fallait un
poêle à chaque pièce et, pour un groupe de poêles, une cheminée.
Or, le
thermostat du poêle, c’est le chauffeur, et le chauffeur arrive souvent
en retard, parce qu’il doit assister à la classe, faire ses devoirs ou
tout simplement dormir. L’homme, qui a pris plaisir à imposer ses lois
et même ses caprices à la matière, a toujours éprouvé beaucoup de
difficulté à s’en imposer à lui-même.
Ce qui fait
que selon les dispositions du chauffeur ou les caprices du poêle, on
crevait de chaleur ou on grelottait. Si nous étions capables de vous
transposer la scène dans un dessin, vous pourriez voir un bon groupe
d’élèves qui consacrent leur récréation du soir à distribuer le bois
dans les différentes pièces pour fournir
la nourriture suffisante à cet ogre des nuits de janvier.
Ces
« porteurs de bois » avaient pourtant inventé un outil qui, pour
l’époque, pouvait correspondre à notre chargeuse moderne. Il s’agissait
d’un sac, assez voisin de celui des forestiers, supporté par deux
bretelles (…) et qu’on porte par en arrière. Je vois mal certains élèves
actuels, chargés par leurs confrères un peu au-delà de la puissance du
moteur, s’acheminer vers le dortoir à travers trois grands escaliers.
Durant le
jour, il était assez facile de ne pas dépasser les extrêmes, quoiqu’ils
fussent assez peu nombreux ceux qui pouvaient trouver la place idéale.
Les doigts du malheureux qui était éloigné du poêle paralysaient sur le
crayon; par contre, la chaleur de l’instrument calorifique entraînait
dans un sommeil irrésistible l’enfant qui se trouvait trop près.
Si la nuit
plus profonde avait retenu trop longtemps le chauffeur loin de son
problème, le lendemain matin, les élèves devaient casser la glace dans
leur bassin. Mais le traitement tenait encore davantage du modus vivendi
spartiate quand il fallait descendre « tranquillement pas vite » dans
une baignoire remplie d’eau froide. » (Fin du texte cité)
En mars 1915, la communauté est en liesse. Fini le chauffage au bois. On inaugure un nouveau système central de chauffage à l’eau chaude. |
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5045
15 octobre 2019
Les salaires
Dans Le livre de raison du
Séminaire de Rimouski publié en 1963, l’auteur, l’abbé Armand
Lamontagne, nous renseigne sur les salaires alloués aux employés du
Séminaire.
Année 1888-1889
Cette année-là, les professeurs-prêtres gagnent au total 235,34 $. Les
étudiants du Grand Séminaire qui enseignent au Séminaire touchent
ensemble la somme de 110 $. Quant aux manœuvres, les hommes gagnent
111,77 $ et les femmes 74,83 $, toujours au total.
En 1888-1889,
le Séminaire
reçoit environ 80 pensionnaires et une trentaine d’externes. Comme il y
a six classes, il faut au moins six titulaires qui normalement sont des
prêtres. Ceci étant admis, chacun gagne 39,20 $ annuellement. Or, selon
la Banque du Canada qui établit l’évolution de l’inflation à partir de
1914, un gain de 39,20 $ en 1914 équivaut en 2019 à 907,58 $. On peut
déduire que les professeurs-prêtres gagnent beaucoup moins que 900 $
actualisés annuellement.
L’auteur établit une comparaison non équivoque. Le salaire total de tous
les employés est de 531,94 $, alors que le seul coût du beurre, cette
année-là, est de 565,92 $.
Année 1929-1930
En cette année scolaire, les professeurs gagnent 6089,18 $ au total. Le
salaire du personnel préposé à l’entretien, y compris les religieuses,
est de 10 678,99 $. Au total, le coût du personnel est de 16 768,17 $,
alors que le seul coût du chauffage est de 10 542,49 $ et celui des
provisions de 29 476 $.
Les professeurs-prêtres gagnent de 150 $ à 250 $ par année, selon leur
ancienneté. Tous les élèves du Grand Séminaire font de l’enseignement ou
de la surveillance et, fait assez curieux, doivent payer pour rendre ce
service. Un montant de 250 $ en 1930 équivaut à 3712 $ en 2019.
Année 1961-1962
Pour les 57 prêtres, professeurs, préposés à l’administration ou aux
études, les salaires totaux sont de 28 960 $. Les prêtres gagnent de 480
$ à 600 $ annuellement. Un montant de 600 $ en 1962 équivaut à 5187 $ en
2019. Dix-huit professeurs laïques gagnent 120 660,80 $ pour l’année,
soit une moyenne de 7098 $.
Le coût des provisions est de 151 295 $, soit un peu plus de cinq fois
le salaire total des prêtres. Le chauffage coûte 27 242 $.
Bref, ces données nous démontrent, sans l’ombre d’un doute, que
notamment les prêtres ont participé de manière importante à la pérennité
du Séminaire, non seulement par leur enseignement, mais aussi par leur
abnégation. Il va de soi qu’on doit leur rendre un hommage fort mérité. |
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4995
15 septembre 2019
La nourriture
Pierrot, 12 ans, élève d’Éléments latins et pensionnaire au Séminaire de
Rimouski, revient à la maison pour le congé de la Toussaint. Il n’a pas
vu ses parents depuis son entrée au collège au début de septembre. Sa
mère l’interroge : « Dis-moi, Pierrot, comment trouves-tu la nourriture
? » Pierrot répond : « Le chiard n’est pas mangeable. J’aime mieux le
vôtre. »
Pourtant si on en croit les écrits dans
Le livre de raison du Séminaire de
Rimouski publié en 1963, au cours de son histoire, les autorités du
Séminaire ont fait beaucoup d’efforts pour offrir une nourriture
convenable. Dans les années 1940, le Père Sapin disait que la nourriture
servie aux élèves était « succulente et variée ». Il faut dire que, dans
les années 1950, en plus des pensionnaires du Séminaire, les élèves de
l’école Technique, de l’école de Commerce, de l’école de Marine et,
pendant un certain temps, ceux de l’école d’Agriculture fréquentaient la
cafétéria du Séminaire : ce qui pouvait représenter autour de 3000
bouches à nourrir par jour.
Dans le livre cité plus haut, l’auteur, l’abbé Armand Lamontagne, décrit
le menu de la troisième semaine de janvier 1960.
• Déjeuner : pommes, corn flakes, gruau, beurre de sucre, confiture aux
framboises, pain, beurre, lait, café.
• Diner : soupe aux tomates, croquette au porc et céleri, légumes râpés,
patates bouillies, chartreuse aux bleuets, pain, beurre, thé.
• Souper : hot chicken, patates, biscuits au thé, compote aux pommes,
pain, beurre, lait, thé.
L’auteur ajoute : « Dans des menus voisins, je relève, au déjeuner, des
oranges, au diner, de la dinde, au souper, une omelette, jus de tomates,
biscuits au chocolat, macédoine aux fruits. »
Plus loin, on peut lire : « Si nous voyons du steak au menu, il en faut
275 livres; pour le jus de tomates, 30 gallons; les bananes, 8 régimes;
les oranges, 4 caisses; le beurre de sucre, 3 chaudières de 40 livres
chacune; de la dinde 400 livres et ainsi de suite. »
Qui a eu le privilège, à l’époque, de faire le service aux tables au
réfectoire des prêtres a tout de suite remarqué que la nourriture servie
aux prêtres était très différente de celle servie aux élèves. La
comparaison n’était pas seulement liée à la vue, mais au goût car les
élèves serveurs avaient la chance de déguster la même nourriture que les
prêtres.
L’auteur du Livre de raison
insiste sur le fait que les prêtres professeurs ont dû faire des
« sacrifices immenses » pour que le Séminaire puisse poursuivre sa
mission, étant donné que leur salaire était très bas. Heureusement, ils
étaient logés, nourris, blanchis et chauffés.
Il écrit : « L’histoire des Séminaires, si elle s’écrit un jour,
prouvera qu’ils ont survécu grâce aux sacrifices du clergé. »
Bref, on peut dire que la nourriture servie aux élèves n’était pas celle de maman, mais c’était une nourriture de cafétéria. |
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4940
12 août 2019
Souscriptions pour le Séminaire
« Vous tous à qui le Ciel a
accordé les dons de la fortune, empressez-vous de contribuer à cette
œuvre si excellente, soit en aidant à quelque jeune homme à payer sa
pension, soit en lui fournissant des livres, soit même en fondant une
bourse ou une partie de bourse, ou en faisant un legs en faveur de cette
œuvre. Une quête à cette fin pourrait se faire dans l'église chaque
année au mois de juillet. »
Les évêques successifs ont
encouragé les souscriptions publiques annuelles ou occasionnelles. En
juin 1934, une association est fondée. Elle a pour nom
Association des Amis du Séminaire de Rimouski. Elle a été constituée
en corporation le 20 juin 1934. Son but est de recueillir des fonds pour
l’œuvre du Séminaire. L’un des moyens est de désigner un ou une
propagandiste pour chaque paroisse du diocèse de Rimouski.
Le
Progrès du Golfe du 22 juin 1934 cite les noms des promoteurs de la
nouvelle association. Ce sont : « M. l’échevin Martin Lepage, président,
M. le docteur Pierre-Paul Gagnon, vice-président, M. l’abbé Antoine
Gagnon, secrétaire, M. le chanoine Flavius d’Anjou, trésorier, M. le
chanoine Lionel Roy, M. l’abbé Adolphe Tremblay, curé de la cathédrale,
MM. Albert Michaud, Adéodat Lavoie, MM. les abbés Louis-Philippe
Chénard, Louis Martin, Charles-Eugène Parent, MM. J.-Baptiste Côté et
Joseph Michaud, directeurs. »
Dans le
Progrès du Golfe du 27 juillet 1934, on peut lire : « M. l’abbé
Antoine Gagnon a reçu la mission de parcourir les paroisses du diocèse
de Rimouski pour prêcher l’assistance au Séminaire et faire l'exposé
d’un nouveau mode de souscription. Au lieu de verser une contribution ou
obole annuelle entre les mains du curé lors de la visite paroissiale,
les diocésains adultes sont tous invités à devenir membres de l’Association des Amis du Séminaire, à raison d’un dollar par personne
par année. M. l’abbé Gagnon a fait un convaincant appel aux paroissiens
de Rimouski, dimanche dernier. »
Les sermons de l’abbé Gagnon,
futur Supérieur du Séminaire, portent fruit car, le 21 décembre suivant,
ce dernier fait connaître les résultats de la souscription publique à
l’Auditorium du Séminaire. Presqu’incroyable, 16 000 personnes
contribuent en versant un dollar. Par tirage au sort, de nombreux prix
sont attribués.
Le prix de 2000 $ est obtenu par
Ozanam Proulx, cultivateur de Sainte-Blandine et père de 15 enfants. Le
deuxième gagnant, J. P. Gagné de Sayabec reçoit 500 $. Le troisième prix
d’une valeur de 100 $ va à J. H. Somers d’Halifax. Deux prix de 50 $,
cinq prix de 25 $, 21 prix de 10 $ et 60 prix de 5 $ sont aussi
attribués.
En 1937, l’Association se donne
comme objectif de recueillir 2 $ par famille. Dans le
Progrès du Golfe du 4 février 1938, on trouve la lettre de
l’Association adressée au curé de chaque paroisse du diocèse, le bilan
financier pour 1937, le nom des gagnants de plus de 25 $ et le montant
de la souscription par paroisse. Le premier prix, un montant de 500 $,
est attribué à Mme Alphonse Lebrun de Ste-Flavie. La propagandiste de
cette paroisse reçoit 50 $.
En 1937, 21 106 $ sont recueillis et 3 524 $ sont distribués en récompenses. Par
ailleurs, les cinq paroisses qui ont le plus contribué au prorata du
nombre de familles sont : Saint-Éloi (3,42 $), Saint-Laurent de
Matapédia (2,64 $), Saint-Clément (2,39 $), Saint-Mathieu (2,36 $) et
l’Isle-Verte (2,33 $).
Dans le
Progrès du Golfe du 5 février 1960, on peut lire :
« C’est en présence des
administrateurs de l’Association
des Amis du Séminaire et d’une trentaine de représentants des
localités des alentours qu’on a révélé, dimanche après-midi, au Salon du
Séminaire de Rimouski, le nom des membres de cette association à qui des
récompenses seront envoyées, d’ici quelques jours.
La souscription à l'Œuvre du
Séminaire en 1959-60 a été satisfaisante et les autorités de cette
institution ont exprimé leur gratitude aux responsables qui étaient
présents, dimanche après-midi. Mgr Antoine Gagnon P. D. supérieur du
Séminaire, présidait cette assemblée.
La récompense de $300 ira à M.
Denis Rousseau, de St-Jean-de-Dieu. Les quatre de $100 chacune à MM.
Antoine Turcotte, de St-Cléophas, Aubert Côté, du Bic, Alfred Gagnon, de
St-Épiphane et Elie Pépin, de St-Vianney.
Recevront chacun $50 : M. Ernest
Labrie, de St-Pierre-Lamy, Mlle Claire Côté, de St-Cléophas, Mme Donat
Claveau, de St-Donat, MM. Charles-Armand Moreau, de St-Goddard Lejeune,
Robert Michaud, de St-Octave, Antonio Bélanger, 325, rue Ste-Marie,
Rimouski. »
Dans le
Progrès du Golfe du 3 février 1961, on apprend :
• Les Amis du Séminaire
bénéficient de privilèges spirituels par la prière quotidienne de la
communauté, prêtres, enseignants et étudiants, la célébration de 50
grand-messes payées au Monastère de Nazareth et 10 messes du premier
vendredi du mois.
• La paroisse de Notre-Dame du
Sacré-Cœur s’est classée première en souscrivant une moyenne de 2,32 $
par famille, suivie de près par Saint-Mathieu, Saint-Simon et
Pointe-au-Père. Le président est Elzéar Côté.
La même année, les Amis du Séminaire invitent la population à acheter symboliquement une chambre au Pavillon de philosophie au montant de 1000 $. Mgr Charles-Eugène Parent, Gérard Roy, l’abbé Louis-David D’Auteuil et Jean-Marie Leblanc ont notamment souscrit ce montant. |
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4910
21 juin 2019
Le
pavillon de philosophie
La cohorte à laquelle
j’appartenais, soit le 98e cours, a été la première à
inaugurer le Pavillon de Philosophie du Séminaire de Rimouski et à y
séjourner pendant les deux dernières années du cours classique.
Le 9 avril 1958, les autorités du
Séminaire décident de construire ce pavillon devant être une annexe à la
bâtisse centrale. Les travaux commencent environ un mois plus tard. Le
bruit étourdissant des foreuses et des marteaux nuit à la concentration
des élèves de la Grande salle en classe et à la salle d’études. Mais, il
faut bien procéder.
Sur le site du Séminaire, on peut
lire :
« Le 15 septembre (1958) on pose
la pierre du linteau du portique : Sedes Sapientiae. Le 4 novembre, en
la fête des anciens et la fête du couronnement du Pape Jean XXIII à
Rome, Monseigneur Parent bénit la pierre angulaire; il est assisté par
le supérieur du séminaire, Mgr Antoine Gagnon, et par le directeur du
séminaire, M. l'abbé Pascal Parent, qui deviendra le premier directeur
des étudiants et le premier directeur des études au Pavillon de
philosophie. Dans cette pierre ont été insérés un procès-verbal de cette
cérémonie, un annuaire du Séminaire, des médailles et des pièces de
monnaie de l'année 1958. »
Le 7 novembre 1958, le
Progrès du Golfe écrit :
« La bénédiction de la pierre
angulaire du Pavillon de Philosophie du Séminaire a donné lieu, mardi
après-midi (4 novembre), à une brève cérémonie rehaussée par la présence
des hautes autorités religieuses du diocèse. Son Excellence Mgr C.- E.
Parent, archevêque de Rimouski, présidait la cérémonie, entouré de Mgr
Eudore Desbiens, vicaire général, de M. le chanoine Antoine Gagnon,
supérieur du Séminaire, de M. l'abbé Pascal Parent, directeur, du corps
professoral et des étudiants du Séminaire. On remarquait aussi
l’architecte Albert Leclerc, les contremaîtres des travaux MM Camille
Rioux et Gilbert Brisson. Les travaux extérieurs sont terminés. Les
ouvriers pourront travailler à l'intérieur tout l’hiver, afin que ce
pavillon de philosophie soit prêt pour septembre prochain.
La pierre angulaire a été posée
près de la porte centrale, rue de l'Évêché. Cette cérémonie coïncidait
avec la fête annuelle traditionnelle des anciens du Séminaire, la
Saint-Chs-Borromée, qui a rassemblé cette année de nombreux
amicalistes. »
Le 3 juillet 1959, le
Progrès du Golfe annonce qui
sera le premier responsable du Pavillon de Philosophie. « M. l’abbé
Pascal Parent vient d'être nommé directeur du nouveau pavillon de
philosophie qui sera
inauguré au Séminaire de Rimouski en septembre prochain, et qui sera
connu sous le vocable de Pavillon Notre-Dame de la Sagesse. M. l’abbé
Jean-Pierre Sirois occupera les fonctions de directeur des élèves du
cours de lettres au Séminaire. »
Le 3 octobre 1959, le Pavillon de
Philosophie est bénie par Mgr Charles-Eugène Parent en présence
d’Onésime Gagnon, Lieutenant-Gouverneur, et de Paul Sauvé, premier
ministre du Québec.
On peut lire sur le site du
Séminaire : « Ce pavillon contient 107 chambres et un salon d'étudiants,
3 amphithéâtres, des laboratoires de physique, de chimie et de biologie,
une bibliothèque, un gymnase, une chapelle et quelques chambres de
professeurs. »
Dans son
édition du 9 octobre 1959, le Progrès du Golfe, écrit : « Le Pavillon de philosophie, fréquenté par 108 étudiants et étudiantes depuis septembre, a coûté 1 200 000 $. Aucun luxe, mais tout est fonctionnel et adéquatement aménagé, que ce soit dans les salles de cours en amphithéâtre, les laboratoires, la bibliothèque, le gymnase ou les chambres individuelles des philosophes. » (Merci à Raymond Levasseur pour m’avoir communiqué cet extrait.) |
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4875
3 juin 2019
Les
bienfaiteurs
Dans les
années 1950, le Séminaire de Rimouski accueillait autour de 150 nouveaux
élèves par année. La grande majorité était des fils de cultivateurs,
d’autres des fils de journaliers et rarissime des fils de
professionnels. Il en coûtait autour de 400 $ par année en frais de
pension et de scolarité. Ce montant équivaut à peu près à 4422 $ en
2019. Ceux dont les parents vivaient à Rimouski pouvaient être externes.
Près de 90 % étaient pensionnaires.
Plusieurs
parents avaient de la difficulté à payer les frais de pension et de
scolarité, d’autant plus que d’autres frais s’ajoutaient comme la
redingote ou plus tard le blazer, les livres et l’argent de poche. En
même temps, les parents devaient subvenir aux besoins de leurs autres
enfants. Il n’était pas rare que des familles soient constituées de 10
ou de 12 enfants.
Dans ce
contexte, les parents faisaient appel à des personnes, majoritairement
des membres du clergé, pour les aider. On appelait ces personnes des
bienfaiteurs.
Dès mon
entrée au Séminaire en 1953, ma mère m’a demandé d’écrire à Mgr
Charles-Eugène Parent, archevêque de Rimouski pour obtenir une bourse
d’études de l’archevêché. Ma mère connaissait très bien Mgr Parent
puisqu’elle avait fréquenté l’école modèle de Saint-Mathieu-de-Rioux en
même temps que lui dans les années 1910. Après quelques brouillons d’un
jeune de 12 ans, je me décidai à transcrire à la plume une lettre à
l’intention de Mgr Parent. Une fois l’écriture terminée, je mis la
lettre dans une enveloppe timbrée que je déposai dans une boîte à
l’entrée de la salle d’études.
Deux ou trois
jours plus tard, la lettre me revint. Le directeur des élèves, l’abbé
Gérard Cayouette l’avait lue et me signalait des fautes de grammaire et
d’orthographe. De plus, il m’indiquait qu’il n’était pas nécessaire de
mettre de timbre pour écrire à l’archevêché. J’ai été surpris de cette
intrusion dans mon intimité et même un peu vexé. Je pris mon courage à
deux mains. Je recommençai. Mon action fut bénéfique car l’archevêché
m’attribua un généreux montant de 100 $. Ce montant fut récurrent si
bien que, pendant huit ans, mes parents n’ont pas eu à débourser cette
somme.
Ma mère n’a
jamais voulu me signaler le nom des bienfaiteurs à mon égard. J’ai de
bons indices de croire que les personnes suivantes ont contribué à payer
une partie de mes études : Mgr Charles-Eugène Parent personnellement,
l’abbé Élie Beaulieu, l’abbé Ernest Couillard, les abbés Jean-Baptiste
et Stanislas Gauvin.
En 1993, j’ai
eu un appel téléphonique du secrétaire-trésorier du Séminaire de
Rimouski m’informant qu’en 1956, alors que j’étais élève au Séminaire,
un montant de 391 $ avait été déposé au procureur à mon intention et à
celle d’un de mes confrères. Ce montant était inscrit aux livres, mais
il n’avait jamais été utilisé pour payer une partie de nos études.
D’après des témoignages recueillis auprès de mes confrères, la plupart ont eu recours à des bienfaiteurs clercs ou laïcs. Certains de ces bienfaiteurs ou bienfaitrices étaient motivés par le fait qu’ils pourraient aider à donner un prêtre de plus à l’Église. Lorsque le finissant annonçait qu’il ne se destinait pas à la prêtrise, il y avait de grandes déceptions. L’élève lui-même se sentait coupable de faire de la peine à une personne qui l’avait tant aidé. |
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4845
18 mai 2019
Dernières années de la Congrégation
L’année
mariale 1954 fut particulièrement active pour les congréganistes du
Séminaire. De nombreuses activités ont été organisées. Chaque classe a
eu temporairement son petit sanctuaire car la madone placée sur des
brancards a été transportée solennellement d’une classe à l’autre. Un
groupe d’élèves qui formaient le cortège chantaient des cantiques et
récitaient des prières comme le chapelet.
Une tradition s’est maintenue pendant plusieurs années : celle
d’aller assister à l’office divin d’un dimanche de mai en l’église
Notre-Dame du Sacré-Cœur. Voici ce qu’en dit le
Progrès du Golfe du 7 mai
1954 :
« Les
congréganistes du Petit Séminaire ont fait un pèlerinage, dimanche matin
(2 mai), à l’église de Notre-Dame du Sacré-Cœur, dont le chœur était
artistiquement décoré de fleurs naturelles. La messe paroissiale a été
célébrée à 9 h. 30 par M. l’abbé Émile St-Pierre, assisté de MM. les
abbés P.-É. Michaud et Gilles Beauchemin, du Séminaire. Le sermon fut
donné par M. l’abbé Raoul Thibault, directeur. Une chorale, formée de
congréganistes étudiants, dirigée par Jean-Paul Gagnon, exécuta la messe
en partie. À l’orgue, un autre étudiant, Régis Simard. Les fidèles de la
paroisse furent vivement impressionnés par ce pèlerinage organisé à
l'occasion de l’année mariale dans une église placée sous l'un des
vocables de la Vierge. »
Par ailleurs, le
Progrès du Golfe du 23 mai
1958 écrit :
« Quatre-vingt-deux étudiants du Séminaire de Rimouski, poursuivant la
tradition, ont effectué, dimanche, leur pèlerinage annuel de
congréganistes, en l’église de Notre-Dame du Sacré-Cœur. Le trajet
Rimouski-Notre-Dame du Sacré Cœur s’est effectué à pied, drapeau en
tête.
La
grand-messe à laquelle ils ont assisté, comme chaque année, fut célébrée
par M. le curé D’Auteuil. Le chant par la chorale congréganiste était
dirigé par Jean-Marie Bérubé, avec à la console des orgues, M.
Jean-Louis Smith. Le sermon fut donné par M. l’abbé Raoul Thibault,
directeur des congréganistes. Au chœur, M. l’abbé Gérard Plourde. À
l’issue de l’office religieux, l’acte de consécration fut lu par M.
Alfred Dumais, préfet des congréganistes. »
Vers 1960, on peut lire parmi les règles de conduite à l’intention
des élèves du Séminaire :
« La dévotion à la Très
Sainte-Vierge doit être particulièrement cultivée par les jeunes. Non
seulement la récitation du chapelet se fera quotidiennement, mais les
élèves sont aussi invités à faire partie de la Congrégation mariale,
afin de mieux connaître et servir cette bonne mère. »
La dernière année où l’abbé Raoul
Thibault fut le directeur de la Congrégation mariale est l’année
scolaire 1964-1965. Voici le nom des élèves qui l’épaulaient :
Préfet : René Ouellet
Assistants : Jocelyn Lindsay,
Marcel Dubé
Secrétaire : Albert Bélanger
Trésorier : Grégoire Vignola
Responsable du
Phare (petit journal) : Gilles
Belzile, Richard Beauregard
Chefs de groupes :
Philosophie II : Yvon Poirier
Philosophie I : Paul-André Charron
Rhétorique : Conrad Blais
Belles-Lettres : Pierre-Paul Thériault
Futurs membres : Jean-Yves Marquis
La
Congrégation mariale du Séminaire a cessé ses activités en juin 1967
avec le passage du niveau collégial du Séminaire au cégep de Rimouski.
Elle aura été active pendant 100 ans.
En terminant,
je laisse la parole à Jacques Guay dans
Croc d’octobre 1984 : « Lorsque j’étais au Petit Séminaire, il
existait un mouvement de jeunes catholiques dévoués à la Vierge Marie et
dont le nom était la Congrégation mariale. Messe et communion,
méditations, réunions de prières et de réflexions, œuvres pies,
constituaient le menu quotidien de ces apôtres.
Ils étaient le levain dans cette pâte trop molle, je l’avoue, que nous constituions, nous les autres étudiants, qui, pourtant devions devenir l’élite de demain. » |
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4800
21 avril 2019
Premières années de la Congrégation
Au diocèse de Rimouski, la Congrégation de la sainte Vierge
communément appelée congrégation
mariale est fondée en 1867 par Mgr Jean Langevin peu après qu’il eût
pris possession de son diocèse. La même année, la Congrégation voit le
jour au Collège industriel de Rimouski qui sera remplacé par le
Séminaire diocésain en 1870.
Au
Séminaire de Rimouski, le 8 décembre 1867, fête religieuse de l’Immaculée-Conception, les
nouveaux congréganistes sont reçus solennellement. Par la suite, pendant
plusieurs années, la même cérémonie se déroule. Elle est présidée le
plus souvent par l’évêque lui-même le 8 décembre.
À cette époque, pour accéder à la Congrégation mariale, l’élève
doit avoir une conduite exemplaire et doit faire preuve d’une solide
piété. Les moyens recommandés sont la méditation quotidienne de 15
minutes, la récitation du chapelet plus d’une fois par jour, l’examen de
conscience et la confession hebdomadaire. En tout moment, le
congréganiste doit être un exemple pour ses confrères et pour toute la
communauté. Cette attitude lui servira plus tard afin de devenir un
homme influent positivement dans son milieu.
Plusieurs élèves refusaient de faire partie de ce club sélect.
Malgré cela, il y avait toujours quelques élèves qui se faisaient
propagandistes de la dévotion à Marie et faisait ouvertement du
recrutement qui était, bien sûr, encouragé par les autorités du
Séminaire.
Dans le
Progrès du Golfe du 13
décembre 1907, J. Alphonse Fortin écrit un compte-rendu de la cérémonie
du 8 décembre de cette année-là. Il avait alors 18 ans et était élève au
Séminaire. Il devint prêtre et enseigna l’histoire
pendant plus de 50 ans dans son
alma mater. Voici ce texte :
« Le 8
décembre dernier eut lieu au Séminaire la réception solennelle de 11
nouveaux congréganistes de la Sainte Vierge.
La cérémonie
se fit avec toute la pompe possible. L’autel de la Congrégation était
orné à profusion et disparaissait littéralement sous les fleurs.
Au-dessus de cette verdure, étaient entrelacées de jolies guirlandes de
sapin, entourant des écussons portant les drapeaux du Pape et Carillon
Sacré-Cœur (NDLR. Le drapeau
Carillon Sacré-Cœur est inauguré en
1902. C’est une version du drapeau de Carillon assortie d'une croix
blanche et d'un cœur de Jésus à la place des armoiries.)
Au milieu de
ce décor, trônait la statue de la Sainte Vierge, au sein d’une alcôve
formée de lampes électriques, de diverses couleurs, dont les nuances
chatoyantes faisaient resplendir l’image de Marie des reflets de
l’arc-en-ciel. Ajoutez à cela une éblouissante illumination, … et vous
aurez une faible idée du coup d’œil féérique que présentait notre autel
le soir du 8 décembre.
La réception
des congréganistes eut lieu à cinq heures (de l’après-midi). De nombreux
invités y assistaient. On y remarquait les Révérends Messieurs J. D.
Michaud, procureur de l’évêché, Jos. Langlois, vicaire à la cathédrale,
Fortunat Charron, secrétaire de l’évêché, M. le shérif L. N. Asselin, M.
l’avocat Elzéar Sasseville, M. le notaire Charles D’Anjou et plusieurs
autres personnes distinguées de la ville de Rimouski.
Après une
marche entrée, jouée par la fanfare Sainte-Cécile du Séminaire, et le
chœur, Oui, je le crois, Elle est
Immaculée, chanté par les élèves du Petit Séminaire, il y eut sermon
de circonstances donné par M. le Supérieur, le Révérend Monsieur P.
Banville. »
L’auteur fait
un résumé du sermon et continue :
« Aussitôt à
la suite du sermon, on chante « Ave Maris Stella ». Et après le
Veni Creator, les nouveaux
congréganistes prononcent leur acte de consécration à la Sainte Vierge ;
et dès que chacun d’eux a reçu la médaille d’enfant de Marie, le préfet
de la Congrégation, M. J. Amédée Rioux, renouvelle l’acte de
consécration, au nom de tous les congréganistes.
Après la réception, il y eut salut solennel du Saint-Sacrement. Le Révérend M. T. Charron officiait, assisté de diacre et sous-diacre. Il y fut exécuté du chant spécial, entre autres, le célèbre Ave Maria de Gounod, avec accompagnement d’orgue, flûte et violon, et un joli Rorate, cœli de Battman. » |
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4770
3 avril 2019
L’allée du Séminaire
L’allée du Séminaire, comme elle existe encore aujourd’hui, était
une voie qui permettait d’atteindre le Séminaire à partir de la rue de
l’Évêché. D’un côté, c’était la cour de récréation des Grands et de
l’autre, un magnifique parc. J’ai traversé cette allée de temps en
temps, mais surtout je l’ai beaucoup regardée. Elle fut, pour moi, un
symbole de réclusion et de liberté. Réclusion, quand j’y entrais ou que
je la voyais. Liberté, quand j’y sortais.
La première fois où j’ai franchi cette allée, j’avais à peine 12
ans. J’étais avec ma mère qui venait me reconduire au Séminaire pour ma
première année scolaire. Sur cette voie, j’ai senti immédiatement qu’une
cassure s’invitait dans ma vie. C’est comme si j’avais eu à choisir
entre ma mère et cette bâtisse qui m’intimidait par tout l’espace
qu’elle occupait, cette bâtisse qui avait les bras largement ouverts,
non pas pour m’accueillir mais pour m’engloutir.
Il y avait d’autres issues pour aller en ville ou quitter pour un
congé, mais cette allée demeurait dans mon esprit comme étant la seule
voie royale. Sûrement que depuis ses débuts, elle avait vu de jeunes
garçons entrer en habit de ville et, un peu plus tard, passer par là en
redingote ou en blazer. Elle a dû éprouver une certaine jouissance dans
ces moments puisqu’elle avait réussi à transformer ces garçons.
Je me souviens qu’après le souper les prêtres du Séminaire
arpentaient cette allée dans un sens et dans l’autre. Rendus à la rue de
l’Évêché, ils rebroussaient chemin comme si, eux aussi ne pouvaient pas
fouler le sol extérieur. Cela m’impressionne encore quand je fais rouler
ces pensées dans ma tête.
Un beau dimanche après-midi de juin 1957, j’ai vu les Finissants
marcher au pas militaire dans cette allée. « Que se passe-t-il, me
dis-je ? » Ils tapaient tellement fort sur le sol qu’on pourrait croire
qu’ils voulaient anéantir le macadam. Ces élèves étaient en colère et
pas à peu près. Un des leurs venait d’être mis à la porte pour avoir
passé une nuit en ville sans permission. Le fait que ces
élèves aient choisi de faire leur manifestation dans cette allée
montrait bien l’ambiguïté et la force de sa présence. Elle appartenait à
la fois au Séminaire et à l’extérieur. Et une telle manifestation à
l’époque, c’était de l’insubordination pure et dure.
En 1959, vers 18 h 15, un petit groupe d’élèves dont j’étais, nous
avons aperçu l’abbé Georges-Étienne Talbot
déambuler tranquillement dans « son » parc le long de l’allée.
Nous avons trouvé étrange sa présence là à cette heure. Nous avons
traversé l’allée. Il nous a raconté qu’un de ses confrères prêtres
venait de mourir. Il était lui-même très malade. Nous avons rapidement
traversé à nouveau l’allée pour revenir à notre point de départ. L’abbé
Talbot est décédé deux ou trois mois plus tard.
En 1960, nous étions un petit groupe de
confrères qui discutaient comment se faisait la fécondation des œufs
chez la poule. L’abbé Gilles Roy, un agronome, est apparu dans l’allée
du Séminaire. Il passait tout près de notre groupe. Nous l’avons
interpellé. Il nous a expliqué en détails le processus naturel de
fécondation.
En 1962, alors que j’étais jeune
ecclésiastique je foulais cette allée. Je me rendais à un des premiers
concerts de Gilles Vigneault. Je fus rapidement rejoint par quatre ou
cinq jeunes de la Grande salle pour qui j’étais un héros. Qu’avais-je
fait de spécial ? Rien. Pour les élèves qui étaient dans des classes
après nous, le seul fait d’avoir terminé ce cours de huit ans était
considéré comme un acte d’héroïsme.
Cette dernière fois, ce fut ma revanche sur l’allée du Séminaire à qui j’avais attribué des responsabilités qu’elle n’avait même pas. |
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4745
18 mars 2019
L’annuaire du Séminaire
Le premier
numéro de l’annuaire du Séminaire de Rimouski a paru à la fin de l’année
scolaire 1887. Ce document
servait à faire un portrait le plus fidèle possible de la dernière année
écoulée. Il était notamment expédié aux journaux québécois dans le but
de faire la promotion de l’institution.
Dans son
édition du 29 août 1890, le
Courrier du Canada fait une brève présentation du numéro 4 de
l’annuaire. La voici :
« Ce
fascicule, le quatrième de la série renferme les noms du personnel du
Séminaire de Rimouski pour l’année 1899-90, des étudiants en théologie
et des élèves du petit Séminaire, les gradués de l’Université Laval
depuis 1870, la liste des prix décernés à la fin de l’année scolaire,
les noms des officiers des différentes sociétés religieuses, musicales
et littéraires, et de l’Académie dite St-Jean l’Évangéliste fondée en
1875 par M. l’abbé F. E. Couture, alors préfet des études, la liste des
académiciens et enfin celle des dons faits à la bibliothèque et aux
musées du Séminaire. La brochure comporte 40 pages de matière, et a été
imprimée chez M. A. G. Dion, typographe de la ville de Rimouski. »
Le 20 juin
1919, le Progrès du Golfe
écrit :
« Nous
recevons un exemplaire, très joliment édité, de l’Annuaire 1918-19 du
Séminaire de Rimouski. Cet annuaire est, comme ceux des dernières
années, fort intéressant surtout par sa chronique de l’année et ses
notices nécrologiques sur les principaux bienfaiteurs de la maison
décédés au cours de l’année. »
Le 25 juin 1926, le Progrès
du Golfe écrit :
« Nous
accusons réception, avec remerciement, de l’annuaire du Séminaire de
Rimouski, pour l’année scolaire 1925-1926.
Comme
l’institution qui le publie, l’Annuaire a pris de l'ampleur. C’est en
1926, un magnifique volume de 166 pages. On y trouve entre autres choses
un intéressant compte-rendu des fêtes à l’occasion de la bénédiction du
nouveau Séminaire les 3 et 4 novembre.
Nous lisons
avec plaisir, dans l'annuaire, que “cédant au vœu nettement exprimé de
la population de notre région, le Séminaire rouvrira en septembre
prochain le cours commercial qui a existé sans interruption, depuis sa
fondation jusqu’à 1916 et dont pour diverses raisons, entre autres,
l’insuffisance du local, avait exigé la suppression temporaire. Les
nouveaux édifices permettent au Séminaire de reprendre l’enseignement
commercial dont ont bénéficié dans le passé les principaux hommes
d’affaires des comtés du Bas du fleuve.
On y annonce
aussi, pour l’automne 1926, l'ouverture de l’École moyenne
d'agriculture, bâtie sur la ferme du Séminaire et où 50 fils de
cultivateurs pourront suivre, pendant deux ans, un cours d'agriculture à
la fois théorique et pratique. » (Fin du texte cité)
Le 1er août 1929, le
Soleil écrit :
« Nous
recevons l'Annuaire du Séminaire de Rimouski pour l'année terminée le 18
juin dernier. Cet annuaire contient un intéressant prospectus du Petit
Séminaire de Rimouski, les noms du personnel enseignant au Petit et au
Grand Séminaire, ainsi que les noms des élèves. Il donne aussi quelques
notes sur les diverses sociétés de l’institution.
Un prospectus
sur l’École moyenne d’Agriculture intéressera sans doute un bon nombre
de lecteurs de l’annuaire. (…) Une chronique de l’année passe en revue
les faits intimes de la vie scolaire. Le palmarès de fin d’année
souligne les succès des élèves de l’institution. » (Fin du texte cité)
En 1950, malgré le fait que les cours ont été suspendus à partir du
6 mai 1950 jusqu’à la fin de l’année scolaire à cause du grand feu de
Rimouski, l’annuaire est quand même publié.
Le 30 juin
1950, le Progrès du Golfe
écrit :
« Malgré
l’épreuve qui s’est abattue sur lui lors du sinistre du 7 mai, le
Séminaire de Rimouski vient de publier son Annuaire pour l'année
académique 1949-1950. Outre les détails habituels concernant le
Séminaire même et ses écoles de Commerce, d’Agriculture, des Arts et
Métiers (Technique) et de Marine, le volume, qui a 105 pages, contient,
entre autres illustrations, deux intéressantes photos inédites des
ruines du vieux Séminaire et de ses annexes ; mais pour cette fois on
n’y voit point la liste des prix et diplômes, sauf ceux de l’École
d’Agriculture, la seule dépendance du Séminaire où il y eut, cette
année, (le 27 avril), une distribution de prix. » (Fin du texte cité)
Dans les années 1950, l’annuaire annuel comprend entre 150 et 190
pages. On n’y trouve pas de chronique relatant les principaux événements
comme dans les premières années. De plus, ce n’est pas seulement le
Séminaire qui s’y trouve, mais les six écoles rattachées au Séminaire :
le Grand Séminaire, l’Institut de Technologie, l’École de Commerce,
l’Institut de Marine, l’École normale Tanguay et l’École moyenne
d’Agriculture.
Jusqu’en 1964, le format et le contenu demeurent sensiblement les
mêmes. En juin 1965 et 1966, l’annuaire n’inclut plus ses écoles. Pour
la première année en juin 1966, le nom des professeurs est placé par
ordre alphabétique au lieu de l’ancienneté traditionnelle.
En juin 1967, on sent que le Cégep n’est pas loin. L’annuaire est
divisé en deux parties. La moitié est consacrée au cours collégial et
l’autre moitié au cours secondaire. C’est d’ailleurs, le dernier
annuaire qui comporte les cours secondaire et collégial.
En juin 1968, l’annuaire sera consacré uniquement au cours secondaire, puisque le cégep de Rimouski est devenu responsable de l’enseignement collégial à partir de septembre 1967. J’ai eu l’honneur d’être le responsable de ce dernier annuaire, soit le numéro 82, celui de l’année scolaire 1967-1968. |
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# 4715
1er mars 2019
La
grille espagnole
La grippe espagnole fit son apparition timidement à Rimouski au début
d’octobre 1918. Dans une lettre datée du 9 octobre et publiée dans le
Progrès du Golfe du 11
octobre, le chanoine Fortunat Charron, supérieur du Séminaire, sent le
besoin de faire le point sur la situation. Sa lettre est intitulée de
façon ambigüe : Raisons pour
lesquelles le Séminaire est fermé. Voici ce texte :
« Monsieur le Directeur du Progrès du Golfe,
Voulez-vous me permettre d’expliquer brièvement aux lecteurs de votre
journal qui ont des parents au Séminaire pourquoi nous nous sommes
renfermés dans notre splendide
isolement ?
Ce n’est pas que nous craignions de communiquer la grippe. Jusqu’ici
nous n’en avons aucun cas. Et nous espérons bien n’en pas avoir. C’est
même précisément pour appuyer solidement notre espérance que nous avons
dû fermer notre externat et supprimer les visites au parloir. Nous nous
sommes rappelé le précepte des Anciens :
Principiis obsta, sero medicina
paratur. Ce qui veut dire à peu près : « Si vous permettez à la
grippe de poser seulement sur vous une de ses malpropres griffes, tout
le peroxyde du monde y passerait sans laver la souillure. »
Entre temps, le soleil luit et les médecins avisent. Nous comptons que
les lumières combinées des uns et de l’autre chasseront loin de nous,
telles des ténèbres épaisses, les germes morbides.
Et il y aura alors plus de joie de retrouver notre complète liberté
qu’il y a eu de chagrin à la perdre.
Bien à vous,
Fortunat Charron
Supérieur du Séminaire »
Il est probable que la décision du Supérieur a déplu aux parents des
élèves externes, car ces derniers ne pouvaient plus franchir les portes
du Séminaire pour suivre leurs cours. Le Séminaire s’était complètement
isolé.
Moins d’une semaine plus tard, soit le 15 octobre, la situation avait
évolué. Les élèves furent renvoyés chez eux. Ce départ fut douloureux
car chaque élève se demandait s’il reverrait ses confrères lors du
retour, d’autant plus que la maladie s’attaquait souvent à des jeunes en
bonne santé. Les élèves revinrent le 18 décembre. Satisfaction générale.
Aucun mort n’a été enregistré. Des élèves avaient vécu des décès dans
leurs familles et une dizaine avaient dû lutter contre la maladie si
bien que certains semblaient physiquement épuisés. On raconte que
certains élèves avaient joué un rôle important auprès de leurs proches
malades et de leurs voisins.
L’auteur d’une chronique publiée dans la Vie écolière tente une explication au fait qu’aucun élève ne soit décédé. « Avant le départ, ils s’étaient consacrés au Sacré-Cœur de Jésus. Les Directeurs les avaient placés sous la tutelle des Anges Gardiens, patrons du Séminaire, et de la Sainte Vierge de la Congrégation. Les protecteurs étaient suffisamment puissants pour garder jalousement ceux qui leur avaient été confiés. » |
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4690
15 février 2019
Conrad Ringuet
Il y a 101
ans, soit en 1918, la grippe
espagnole qu’on a appelé la grande faucheuse a fait autour de 30
millions de victimes dans le monde alors que la Première guerre mondiale
en a fait 10 millions. Cette
grippe a atteint l’Amérique en octobre.
À Rimouski, le premier décès dû à cette grippe est
celui du Dr Conrad Ringuet. Cet événement tragique qui a causé une
commotion dans la population est survenu le 17 octobre 1918. Le
Dr Ringuet n’avait que 34 ans. À titre de comparaison, à
Saint-Mathieu-de-Rioux, le premier décès avait eu lieu le 12 octobre.
Le Progrès du Golfe du 18
octobre 2018 écrit ceci : « Le service du
Dr Ringuet fut chanté (aujourd’hui) à la cathédrale par M. l’abbé A.
Bujold, vicaire. An chœur, on remarquait les prêtres suivants, amis
personnels du défunt : M. l’abbé Fortunat Charron, supérieur
du Séminaire,
M. l'abbé Lionel Roy, directeur du Grand Séminaire, M. l'abbé Alphonse
Fortin, professeur, Mgr Bolduc P. D., M. l’abbé J.–M. Roussel,
professeur, M. l'abbé Gauvin, vicaire, M. J.-E Lepage, ecclésiastique. »
Notons que,
par ordre du Bureau
d’hygiène, le service devait avoir lieu
sans la
présence du corps. Aucune tenture ou autre décoration n’étaient permises dans l’église
lors des funérailles. En outre, au plus 25 personnes pouvaient y
assister.
Le journal continue : « Le docteur
Ringuet […] avait fait ses études classiques au Séminaire de Rimouski,
ses étude médicales à l’Université Laval à Québec, qu’il avait été
parachever à Paris […]. Il avait marié en 1912 Mlle Alice Dumont, de
Québec, qui lui survit avec trois jeunes enfants, Jacques, Claire et
Françoise, ainsi que sa mère Madame veuve Michel Ringuet, ses frères
Michel et Fortunat, ce dernier de Montréal, ses sœurs Mlles Mathilde,
Anna et Améla, celle-ci garde-malade à Montréal. »
Le journal fait un long
panégyrique du défunt. En voici une partie :
« Quand
vendredi dernier, au retour d'une course épuisante auprès de ses
patients, il jugea nécessaire de se mettre au lit, il avait comme un
pressentiment de sa fin prochaine et tragique. Il le dit d'abord et avec
ménagements à son épouse, et sans réserve au médecin dévoué qui lui
prodigua ses soins dès le début de la maladie, et qui essaya toutes les
ressources de son art pour arracher son infortuné confrère à la mort qui
le guettait et devait le terrasser si tôt.
Le pauvre
docteur s’était rendu compte dès le premier jour du cruel malheur qui
devait affliger sa chère femme et sa famille. Il en fut d’abord
profondément désolé et les souffrances morales qu’il en éprouva furent
sans doute plus vives et plus pénibles encore que le mal physique qui
devait venir à bout de sa robuste constitution. Mais,
confiant en Dieu qui veillerait sur les siens, il ne recula pas,
en homme sans peur et accoutumé à voir la mort de près, devant le
suprême sacrifice à accomplir. Il le fit avec le calme et la sérénité
d’un vaillant et d’un bon chrétien, sans murmures, sans impatiences,
sans vaines protestations contre les décrets de la Providence.
Dès mardi
soir, il demandait à sa digne et énergique femme d’aller lui chercher
son confesseur, M. l’abbé Lemay. Et il mit ordre à ses affaires
spirituelles, se préparant consciencieusement à paraître devant le juge
suprême. Le lendemain, il recevait les derniers sacrements que lui
administra M. le vicaire Bujold. Et jeudi avant-midi, vers 11.30 h, il
expirait tranquillement, n’ayant plus depuis quelques heures d’autres
préoccupations matérielles que celle d’encourager les siens à se
résigner comme lui et surtout à se protéger contre le mal contagieux et
redoutable qui l’emportait, lui, à la fleur de l’âge, »
Son fils Jacques Ringuet a été notamment médecin consultant du Séminaire de 1943 à 1958, sauf pour un stage d’études en 1950 alors qu’il est remplacé temporairement par Napoléon Langis. |
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4660
27 janvier 2019
Les
dernières années
Dans l’Album des Anciens du
Séminaire de Rimouski publié en 1940, l’abbé Alphonse Fortin a écrit :
« L’histoire du Séminaire de Rimouski, quand elle sera achevée, montrera
à l’évidence que cette institution n’a pas été l’œuvre d’un homme ou
d’un groupe d’hommes, mais bien le fruit de la collaboration du clergé
et du peuple rimouskois. » Plusieurs contemporains ont dû
sursauter à la lecture d’une possibilité que l’institution cesse
un jour ses activités. Pourtant cela s’est produit et s’est fait de
façon graduelle.
En 1957, le cours classique, sous
la supervision de la Faculté des Arts de l’Université Laval est partagé
en deux : le cours secondaire d’Éléments latins à Versification et le
cours universitaire de Belles-Lettres à Philosophie 2e année.
Les écoles affilées au Séminaire, le Grand Séminaire, l’école
d’Agriculture, l’École de Commerce, l’Institut de Technologie,
l’Institut de Marine ont leur place dans l’annuaire avec leur programme
d’études, le nom des professeurs et des élèves, les conditions
d’admission, les activités parascolaires et la liste des récipiendaires
de prix de fin d’année.
Sauf pour l’École Normale Tanguay
qui s’ajoute à la liste des écoles affiliées dans l’annuaire 1959-1960,
tout continue jusqu’en 1963-1964, année où l’annuaire présente le même
contenu et la même présentation que dans les années antérieures.
En 1964-1965, les écoles affiliées
ne font plus partie de l’annuaire. Le cours secondaire se termine en
Belles-Lettres et le cours collégial commence maintenant en Rhétorique.
Cette année-là, le cours secondaire accueille 456 élèves et le cours
collégial 198 élèves, pour un total de 654 élèves.
Pour les jeunes d’Éléments à
Versification, les Commissions scolaires régionales où réside l’élève
assument les frais de pension et de scolarité. Des bourses sont
disponibles au ministère de l’Éducation pour les quatre dernières
années.
Les élèves de Philosophie 1ère
année ont droit à deux cours optionnels parmi les suivants : chimie,
français, mathématiques (en plus du cours obligatoire) et physique. Les
élèves de Rhétorique ont droit de choisir un ou deux cours parmi les
suivants : chimie, physique, français (en plus du cours obligatoire) et
histoire (en plus du cours obligatoire).
En 1965, les appellations
anciennes pour les classes sont modifiées. Le cours secondaire va de
Sec. I à Sec. V, le cours collégial de Collège I à Collège III. Le cours
collégial continue sa transformation. En Collège II et III, trois cours
seulement sont obligatoires : français, philosophie et religion. Le
Collège I, autrefois la Rhétorique, présente les cours suivants, tous
obligatoires : biologie, français, histoire, mathématiques, philosophie,
religion et chimie.
Une nouveauté au Secondaire en
1965 : l’ajout d’une classe de Sec. V spéciale. Cette classe est offerte
aux élèves qui ont réussi leur 11e année en sciences-lettres
ou en sciences-mathématiques à l’école publique. Elle conduit
éventuellement au baccalauréat ès arts et aux études universitaires. Le
programme comprend du latin, mais pas de grec et pas de physique. Les
filles y sont admises. La gratuité scolaire est en vigueur pour les
élèves du Secondaire.
Dans l’annuaire 1966-1967, on peut
lire : « Le Séminaire de Rimouski a été l’un des premiers collèges à
dispenser le nouveau cours collégial de la Faculté des Arts de
l’Université Laval. Il a assuré dès 1964-1965 le cours de transition et,
depuis 1966-1967, donne la plupart des options du nouveau cours. Les
principales concentrations pour l’année courante sont : anglais,
français, géographie, psychologie, histoire, philosophie, sciences et
sciences sociales ». Tout un contraste avec le programme des années
1950.
Cette année-là, au collégial, les
cours commencent le 6 septembre et se terminent le 28 avril. L’année
suivante, soit en 1967, le collégial passe sous la responsabilité du
cégep et le Séminaire cesse de dispenser le Sec. I.
Les deux premières cohortes d’élèves qui étudient au cégep reçoivent le baccalauréat ès arts de l’université Laval. C’est en juin 1970 que le ministère de l'Éducation décerne les premiers diplômes d'études collégiales (DEC). Les derniers élèves qui ont reçu le baccalauréat-ès-arts à Rimouski sont ceux du 106e cours. Ils ont aujourd’hui autour de 70 ans. |
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4625
6 janvier 2019
Année scolaire 1914-1915
Les 23 et 30
juillet 1915, le Progrès du Golfe
publie une chronique des principaux événements qui sont arrivés au
Séminaire de Rimouski au cours de l’année scolaire qui vient de se
terminer. Cette chronique provient de l’Annuaire du Séminaire 1914-1915.
En voici un résumé :
1er juillet. Seize
élèves sur 16 sont bacheliers en Rhétorique.
2 juillet. « Des ouvriers
piochent, creusent, brassent le béton, font du mortier, entassent les
briques, apportent des machines plus brillantes les unes que les autres.
Le Procureur en a jusqu’aux yeux, surtout quand il faut faire des
chèques pour tout ça. »
4 août. « La France et la Russie
cognent sur l’Allemagne et l’Autriche, et la Grande Bretagne est
entrée en danse du côté de la
France. »
5 août. « Pendant que les canons
aiguisent leurs griffes et leurs dents, (figure hardie), s’achève
paisiblement la longue cheminée grise de 104 pieds, que le Séminaire
fait construire pour sa boutique. »
20 août. Décès de Pie X.
3 septembre. Benoît XV est le
nouveau pape.
4 septembre.
Rentrée des élèves : 230 pensionnaires et une vingtaine d’externes.
« Cohue bruyante, riante et criante d’escholiers,
braves petites gens, aspirants tous au titre de docteur en quelque
chose, tous remplis à déborder de talents divers selon les mères
satisfaites, tous possédant dans leur giberne le bâton de maréchal ou la
verge fleurie d’Aaron. »
9 septembre.
Retraite prêchée par le R. P. Dumont, C. S. S. R.
21 septembre.
Émile Gagnon, élève de Philosophie, reçoit le prix d’honneur d’Histoire
du Canada, accordé par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Il
s’agit d’un bronze représentant Dollard.
29 septembre.
Pique-nique au bocage d’en haut. Diner sur l’herbe, parties de balle,
courses sous les sapins, gaieté folle.
9 octobre. La
porte de l’usine est trop étroite pour laisser passer les deux énormes
bouilloires dans la nouvelle usine. On doit se résigner à enlever le
toit de l’édifice.
30 octobre.
La cour est prête pour l’hiver. De fait, il neige à plein ciel.
5 novembre.
Conférence du Supérieur sur la guerre Anglo-Boer.
22 novembre.
Une Sainte-Cécile enneigée et frileuse.
25 novembre.
Une Sainte-Catherine rayonnante. Présentation d’une comédie par les
Philosophes.
15 décembre.
Pour la première fois, on allume les feux sous les bouilloires de la
nouvelle usine. Faute de charbon, le feu s’éteint rapidement.
16 décembre.
Fête de M. le Supérieur. On compte 80 prêtres présents. Les élèves
présentent la pièce intitulée La
tour du Nord de Faure.
8 janvier. Un
redoux exceptionnel. Les bancs de neige ont fondu. Les voitures
roulantes ressortent.
13 janvier.
La buanderie commence à opérer.
19 janvier.
Les voitures roulantes sont remisées. Il neige.
27 janvier.
Fin des examens du premier semestre. Le Cercle St-Joseph de l’A. C. J.
C. (Association catholique de la jeunesse canadienne-française) présente
une soirée au profit de la cause canadienne-française de l’Ontario.
13 février.
Rappel du premier anniversaire du début d’épidémie de picote.
17 mars. Il
n’y a pas de congé de la Saint-Patrice cette année car on ne compte
aucun Irlandais au Séminaire. Inauguration du nouveau système central de
chauffage à l’eau chaude. Même si les turbines sont lancées à 3000 tours
à la minute, le chauffage ne fonctionne pas. On pense que les pompes ont
été montées à l’envers. En réalité, la valve qui devait faire passer
l’eau chaude vers le Séminaire était fermée.
4-5-6 mai.
Fêtes solennelles à l’occasion des noces d’argent du cardinal Bégin.
Sont présents 12 évêques, 5 ou 6 prélats, 200 prêtres.
31 mai. Séance publique du Cercle de l’A. C. J. C. |
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# 4590
15 décembre 2018
Le Séminaire en 1894
Le journal l’Électeur de
Québec, qui fut remplacé par le
Soleil, publie dans son édition du 18 août 1894 une description du
Séminaire de l’époque. Ce texte provenait de l’annuaire du Séminaire. Le
voici intégralement :
« Cette maison est située, dans la ville de Saint-Germain de Rimouski,
au bord du fleuve Saint-Laurent, à 180 milles de Québec. Ici, le fleuve
n’a pas moins de 30 milles de largeur, on y jouit de l'avantage des
bains à l’eau salée.
À 2 milles seulement, se trouve un quai où les vaisseaux
transatlantiques prennent
et déposent le courrier d'Europe ; de plus à quelques arpents de
l'établissement, est la gare du chemin de fer intercolonial qui offre
une communication journalière, d’un côté avec les grandes villes de
Québec, Montréal, Ottawa, Toronto et les États-Unis, et de l'autre avec
St-Jean, Halifax et toutes les autres villes des provinces maritimes.
La maison est construite sur un côteau, dans la partie haute de la
ville, et on y jouit d’une vue splendide de tous les côtés. L’air y est
très salubre. La maison a des dortoirs spacieux et bien aérés, des
salles d’études et des classes bien éclairées; les cours de récréation
sont très vastes, et offrent tous les avantages possibles pour les
amusements et les jeux. » (Fin du texte cité)
Le même journal précise que les cours d’études se divisent en deux
parties : le cours commercial et le cours classique.
1. Le cours commercial dure 5 ans. Pour y être admis, il faut savoir
lire et écrire. Les matières enseignées pendant les trois premières
années sont le français, l’anglais, l’arithmétique, l’histoire sainte,
l’histoire du Canada, la géographie, l’art épistolaire, l’agriculture et
la calligraphie. Pendant les deux autres années, outre le français et
l’anglais, on enseigne l’arithmétique commerciale sous toutes ses
formes, la calligraphie, la sténographie, la télégraphie, la
clavigraphie et le dessin industriel. Les matières commerciales sont
enseignées en anglais.
2. Le cours classique dure six ans et renferme notamment l’étude des
langues latine et grecque, l’histoire, la littérature, la rhétorique,
les mathématiques, la philosophie, la physique, la chimie, l’astronomie,
l’histoire naturelle et l’anglais.
Ajoutons que l’élève pouvait être classé selon son degré d’instruction et de réussite à l’entrée et même en cours d’année. À l’époque, certains curés ou professionnels donnaient des cours privés aux élèves les plus talentueux : ce qui permettait à ceux-ci de sauter des classes au Séminaire. |
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# 4560
27 novembre 2018
Fin de l’année scolaire 1913
Comment se passait la fin de l’année scolaire au Séminaire de Rimouski
en 1913, soit il y a 105 ans ? L’élève des années 1940 ou 1950 a-t-il
vécu les mêmes événements ? Voici ce que nous apprend le
Progrès du Golfe du 20 juin
1913 :
« La distribution des prix a eu lieu en séance solennelle mercredi soir
(18 juin) au Séminaire. La salle des promotions était comble de
spectateurs, parents et amis des élèves. Il y eut chant par M. J.-M.
Roussel et déclamation par M. Frs Thibault. L’un et l’autre furent très
applaudis.
Un nombre extraordinaire de prix spéciaux furent accordés aux élèves de
la plupart des classes. Le discours d'adieu fut prononcé avec beaucoup
d’éloquence par M. Alexandre Michaud, au nom des finissants. M. le
Supérieur, le Rév. Chanoine C.-P. Côté, fit ensuite une touchante
allocution qu'il termina en invitant les élèves et leurs parents à se
rendre à la chapelle pour le Salut Solennel du Saint-Sacrement et le
chant du Te Deum. La distribution des prix avait eu lieu sous la
direction de M. le préfet des Études.
Des douze élèves finissants, huit, nous dit-on, entreront au Grand
Séminaire l’an prochain. De ceux qui resteront dans le monde, l’un
étudiera le droit, un autre l’art dentaire, et le troisième entre à
1’emploi du Chemin de fer Pacifique Canadien. Un des finissants entrera
chez les Oblats.
Quatre élèves du Cours commercial ont reçu leur diplôme cette année :
MM. Arthur Godbout et Wilfrid LeBlanc, avec grande distinction, MM.
Joseph Tremblay et Albert Bourget, avec distinction.
Les examens du baccalauréat ont eu lieu cette semaine. MM. les abbés
Lionel Roy et J.-Alphonse Fortin, les correcteurs représentants du
Séminaire de Rimouski, partiront demain pour l’Université Laval à
Québec.
À MM. les directeurs et professeurs du Séminaire, ainsi qu’à MM. les élèves, nous souhaitons de très heureuses vacances. » |
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#
4535
12 novembre 2018
Année scolaire 1913-1914
Le 17 juin
1914, le Progrès du Golfe
publie une chronique des principaux événements qui sont arrivés au
Séminaire de Rimouski au cours de l’année scolaire qui vient de se
terminer. Cette chronique provient de l’Annuaire du Séminaire 1913-1914.
En voici un résumé :
18 juin 1913.
Séance de distribution des prix à 20 heures.
19 juin. Les
élèves retournent dans leur famille. À l’université Laval, l’abbé
Fortunat Charron, préfet des études, reçoit un certificat honorifique de
maître ès-arts.
15 août. Le
chanoine R.-Ph. Sylvain devient Supérieur du Séminaire en remplacement
du chanoine C.-P. Côté.
26 août. Sept
des 12 finissants de juin entrent au Grand Séminaire.
5 septembre.
Seul le cours classique accepte les externes. Le cours commercial ne les
accepte pas, faute de places. Les abbés Alphonse Fortin, Charles
Charrette et Arthur Beaulieu se joignent au personnel.
8 septembre.
Il y a 60 élèves en Éléments latins qui forment une seule classe.
10 septembre.
Retraite prêchée par le P. Berchmans.
20 septembre.
Un nouveau dortoir est créé à l’ancien étage des classes. Il a fallu
abattre deux murs. Antérieurement, l’infirmerie servait de dortoir.
30 septembre.
Grand pique-nique au bocage « d’en haut » pour toute la journée.
2 octobre. La
Société St-Louis-de-Gonzague élit son nouveau président : Adélard
Leblanc.
5 octobre. La
Société St-Stanislas élit son nouveau président : Adhémar Beaulieu.
15 novembre.
Depuis 15 jours, c’est un « soleil d’août ».
20 novembre.
Les élèves sont soumis à des exercices militaires.
22 novembre.
Une Ste-Cécile sans neige.
25 novembre.
Fête des Philosophes. Les « bonnes Sœurs » n’ont pas voulu se charger de
faire la tire.
30 novembre.
La séance d’automne qui se passait à la Saint-André aura désormais lieu
à la fête du Supérieur.
8 décembre.
Plus de 50 élèves sont admis dans la Congrégation mariale. Ce sont de
nouveaux enfants de Marie.
17 décembre.
Fête du Supérieur. Les élèves présentent une pièce de Maurice
Ordonneau : Les Moulinard (nom de famille). Les principaux acteurs
sont : François Thibault, Herman Roy, Joseph Lebel, Joseph Chénard,
Camille Côté et Émile Côté.
30 décembre.
Début du congé du Jour de l’An. Les élèves rejoignent leurs familles.
8 janvier.
Retour des élèves au Séminaire.
13 février.
Début d’une épidémie de picote.
14 février.
Vaccin obligatoire. Une vingtaine d’élèves se retrouvent à l’infirmerie.
Le Séminaire se met en quarantaine. L’accès et la sortie sont interdits.
25 février.
Hiver très froid.
6 mars.
Malgré la tristesse de la réclusion, les philosophes organisent une
petite soirée récréative en l’honneur de saint Thomas.
9 mars. Fin
de la réclusion pour les élèves. Le Séminaire ouvre de nouveau ses
portes.
15 mars. La
compagnie électrique de Rimouski ne peut plus produire de l’électricité.
Il faut revenir au pétrole.
1er
avril. Les élèves reçoivent deux tables de billard : une pour la Petite
Salle et une pour la Grande Salle.
16 avril. Les
six Finissants terminent leur retraite de vocations.
20 avril.
L’électricité revient.
7 mai. À
Sainte-Angèle, funérailles de Pierre Lévesque, un élève de Seconde. Il a
succombé à la consomption galopante.
8 mai.
Nouvelles pannes d’électricité.
9 mai. À
Saint-Fabien, funérailles d’Antonio Bellavance, élève d’Humanités et
congréganiste.
13 mai.
Séance académique raccourcie de la partie dramatique due à l’absence
d’électricité.
29 mai. L’Empress of Ireland sombre dans le fleuve St-Laurent au large de Rimouski engloutissant plus de 1000 personnes. Le deuil est général. |
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4510
28 octobre 2018
Année scolaire 1911-1912
Pendant
quelques temps, l’annuaire du Séminaire de Rimouski est doté d’une
section où on relate les principaux événements de la dernière année
scolaire. Le Progrès du Golfe publie alors cette chronique dans ses pages. Voici
un résumé du contenu pour l’année scolaire 1911-1912, qui provient de
l’édition du journal du 26 juin 1912 :
2 septembre.
Rentrée des élèves. Le Séminaire accueille 225 pensionnaires et 70
externes.
5 octobre. La
Société d’élocution et de déclamation St-Louis de Gonzague se réunit
pour choisir ses officiers. Étant donné le grand nombre de postulants,
le préfet des études scinde le groupe en deux sections.
27 octobre.
On fête les 50 ans de sacerdoce de l’assistant-supérieur, le chanoine
Joseph-Omer Normandin qu’on appelle le bon Père Normandin.
2 novembre.
Depuis deux mois, la Rivière Rimouski s’est progressivement asséchée
provoquant des pannes temporaires d’électricité autant au Séminaire que
dans toute la ville. Le procureur décide de
faire installer un système
d'éclairage à acétylène dans les grandes salles.
8 novembre.
En provenance de New York, la fanfare Ste-Cécile reçoit 15 instruments
neufs, un don du clergé du diocèse de Rimouski.
22 novembre.
La fanfare donne une prestation avec ses nouveaux cuivres. Un goûter
« délicieux » suit au réfectoire : du pain avec du son.
25 novembre.
Ils sont 13 Philosophes à fêter la Ste-Catherine.
10 décembre.
En soirée, un vent de panique survint à la salle d’études. Des globes de
feu formés par l’acétylène surgissent des tuyaux et se forment sur les
becs. Des dégâts sont causés par des élèves qui fuient la scène. Après
un moment, le calme revient.
29 décembre.
Les élèves quittent le Séminaire pour le congé dit du Jour de l’An. Il
neige « à pochetée ». Des vents violents perturbent la circulation sur
le chemin de fer.
8 janvier. Le
retour au Séminaire se fait dans la tempête. Les élèves de la
Baie-des-Chaleurs ne peuvent pas revenir à temps.
11 janvier.
Une période de froid ultra-sibérien entraîne le gel des calorifères au
dortoir. Les élèves sont invités à aller chercher leur matelas et leurs
couvertures et s’installent dans les salles de classes.
1er février. L’A. C. J. commence la
publication d’un journal appelé La
Vie écolière, le tout écrit à la main. On pense que le journal
« paraît destiné à vivre longtemps si l’on en juge par l’excellence et
la variété de sa rédaction »,
8 février. Le froid sibérien persiste à
Rimouski.
16 avril. On
parle du Titanic que la mer a englouti pendant la nuit d’hier avec 1035
passagers,
14 mai. L’évêque du Témiscamingue
vient faire une visite au Séminaire. Les élèves ont droit à une journée
de congé.
15 mai. Élections provinciales. Trois anciens
élèves se présentent dans les comtés de Rimouski, Matane et Gaspé. Aucun
n’est élu.
24 mai. Les élèves se plaignent que la
température est froide pour la saison.
2 juin. Le Cercle de l’A. C. J. C. présente une démonstration populaire « en faveur du beau verbe de France ». Des discours et des improvisations par les membres du Cercle sont au programme. |
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#
4485
13 octobre 2018
Le
train routier
C’est en 1873 que Rimouski
accueille la ligne de chemin de fer intercolonial reliant Halifax à
Québec. Pour le Séminaire naissant, c’est sans doute une bénédiction et
un espoir de progrès.
Dans un texte de 1894 visant à
promouvoir le Séminaire de Rimouski, le chroniqueur ne manque pas de
souligner que la gare de chemin de fer est « à quelques arpents de l'établissement » et qu’elle permet de
rejoindre Québec, Montréal, Ottawa, Toronto, les villes des provinces
maritimes et même celles des États-Unis.
Avant
l’avènement de l’automobile, ai-je lu quelque part, lorsque les élèves
quittent ou reviennent de vacances, on peut apercevoir une file
presqu’ininterrompue entre le Séminaire et la gare.
On peut
facilement imaginer que les pensionnaires utilisent ce moyen de
transport pour tout déplacement. Il en est sûrement ainsi des prêtres.
Autrement, c’est la voiture à cheval : celle conduite par des
particuliers ou celle qui transporte la Malle Royale de Sa Majesté.
Dans les
années 1940 et 1950, l’achat d’automobiles et de camionnettes s’accroît.
Le train perd quelque peu de son intérêt, mais il a encore sa place. La
première fois que j’ai utilisé ce moyen de transport, c’était en
décembre 1953. C’était ma première année au Séminaire et mes premières
vacances, car le congé de la Toussaint n’existait pas encore.
Peu de temps
auparavant, ma mère m’avait écrit pour me dire de prendre le train pour
revenir à la maison. J’avais à peine 12 ans et je n’avais jamais voyagé
seul. Pour me rendre à la gare, j’ai suivi les autres. J’étais très
nerveux. Heureusement qu’une de mes sœurs qui étudiait à Mont-Joli était
sur le train.
Tant que les
chemins ne sont pas ouverts pendant la saison froide, le train demeure
encore le moyen de transport privilégié. Lors du retour des vacances des
Fêtes, il arrivait qu’un snowmobile parte du village de
Saint-Mathieu-de-Rioux et amène les élèves à la gare de Saint-Simon en
passant par les champs lors de tempêtes.
Au moins une
fois, je n’ai pas eu de place
dans les wagons de passagers. Qu’arriva-t-il alors ? Il arriva ce qui
n’arriverait pas aujourd’hui. On nous fit monter dans les wagons à
bagages. C’était plutôt malpropre car ces wagons pouvaient servir non
seulement aux valises, au déménagement, mais aussi … au transport
d’animaux, sans compter le manque de sièges adéquats.
Le train a fait bien des heureux et bien du vacarme. Aujourd’hui, il n’y a presque plus de « train ». Le train routier se retire doucement. |
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#
4455
25 septembre 2018
Des filles au Séminaire
J’ai eu le
bonheur de faire partie de la première cohorte qui a inauguré le
Pavillon de Philosophie, une bâtisse attenante au Séminaire de Rimouski.
On était en septembre 1959.
Nous avions
chacun notre chambre. De plus, des salles de classe, une bibliothèque,
un gymnase, des laboratoires, un salon et une chapelle (bien sûr) y
avaient été aménagées. La vie de pensionnaire prenait un tout autre
sens. Sans compter que les règles de conduite étaient passablement
réduites et que les sorties en ville étaient permises lors des congés
sans avoir besoin d’en faire la demande. En plus de tout ça, une
surprise nous attendait au début de l’année scolaire.
Au printemps
1959, la supérieure des Ursulines avait demandé que quelques-unes de ses
filles puissent poursuivre leurs études de philosophie au Séminaire. Le
supérieur du collège avait accepté à la condition qu’une religieuse
accompagne les jeunes filles, même pendant les cours. Durant l’année
1959-1960, dans ma classe, une religieuse a suivi les cours
religieusement mais elle n’est
pas revenue l’année suivante. Les deux jeunes filles de ma cohorte,
Louise Dumais et Cécile Gendreau, ont donc perdu leur « chaperonne ».
Le
Progrès du Golfe a jugé que la
situation méritait d’être connue. Le 18 septembre 1959, en page 20, on
peut lire :
« Pour la
première fois dans l’histoire rimouskoise, jeunes gens et jeunes filles
suivront les mêmes cours de philosophie en vue de l’obtention du
baccalauréat-ès-arts. Le Séminaire de Rimouski, qui met dès cette
semaine un pavillon de philosophie des plus modernes à la disposition
des étudiants des deux dernières années du cours classique, recevra
quotidiennement, pour les cours, les étudiantes du collège classique
féminin des Ursulines, en 1ère et en 2e années de
philosophie. Il y aura deux religieuses d’inscrites aux cours de
philosophie du séminaire et cinq jeunes filles, dont trois en 2e
année, soit Louise Lévesque, Céline Hudon et Monique Dumais. » (Merci à
Raymond Levasseur qui m’a fourni ce texte.)
À l’époque,
le Séminaire de Rimouski existait depuis près de 100 ans. Jamais scène
pareille n’avait été vue. Comme quelqu’un disait laconiquement : « Un
début de promiscuité ».
J’ai donc
assisté à ma grande surprise à une petite révolution qui a été très
tranquille et qui n’a causé aucun dommage. |
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#
4425
7 septembre 2018
Polyeucte de Corneille
Il est de ces
événements qui sont inoubliables, surtout quand on est jeune. En
1957-1958, le professeur de français en Belles-Lettres A est l’abbé
Ernest Garnier (nom fictif). Son autorité est très fragile. Quand la
cloche du début des cours sonne, il clame : « Messieurs, messieurs ».
Les élèves prennent leur temps pour regagner leur pupitre.
En mars 1958,
lors de son cours du mercredi 11 heures, l’abbé Garnier commence en
disant : « Quels sont ceux qui ont apporté leur Polyeucte ? » Seulement,
la moitié des élèves lèvent la main. L’abbé Garnier est furieux. Il nous
dit : « Depuis ces derniers mois, le cours du mercredi est consacré à
l’étude de Polyeucte. » Il continue pendant au moins cinq minutes, le
visage rouge, les mains en l’air, à vociférer contre cette situation.
Personnellement, je me sens mal, parce que je n’avais pas apporté le
précieux livre. Pourtant, il m’arrivait rarement de ne pas être attentif
aux demandes des professeurs. Je ne comprends pas comment j’avais pu
oublier cette directive. Je ne me rappelais pas avoir entendu l’abbé
Garnier faire cette demande.
Le lendemain,
l’abbé Ludger Rioux, le préfet des études, vient nous informer que
l’abbé Garnier a fait une crise cardiaque pendant la nuit. Consternation
chez les élèves de la classe et surtout chez ceux qui, comme moi,
avaient été négligents.
Trois
personnes remplacent l’abbé Garnier pour le reste de l’année.
1. Mgr
Georges Dionne
Il a 66 ans
et est à sa retraite. Il souffre, dit-on, de pénibles maux de tête
depuis des années. Il est responsable de l’étude de Polyeucte. Il nous
récite par cœur des bribes de cette tragédie. La classe est très
silencieuse par respect pour cet homme.
2. Guy
Lapointe
C’est un
ancien professeur laïc du Séminaire. Il a quitté l’enseignement pour
devenir vendeur d’assurances. Il enseigne l’histoire de la littérature
française du 17e et du 18e siècle. Dès son premier
cours, il nous demande d’être très discrets sur sa présence pour ne pas
perdre son emploi dans l’assurance.
3. L’abbé
Ludger Rioux
Il n’a pas pu
trouver de remplaçant. Alors, il assume la responsabilité de la
dissertation littéraire. Son cours est le samedi à 11 heures. Il
s’absente de temps à autre. Dans ces cas, des responsables de la classe
font jouer des pièces de musique classique. Un jour, sur une musique
dont j’ai oublié le titre, les élèves de la classe ont chanté en
chœur : « Charles-Édouard, prends la porte, puis sors dehors. »
L’abbé
Garnier n’a jamais retourné en classe, mais d’autres tâches lui furent
confiées par la suite. |
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4395
10 juin 2018
Prix spéciaux
Chaque année,
au Séminaire de Rimouski, comme dans tous les collèges classiques, il y
avait la distribution solennelle des prix à la fin de l’année scolaire.
Il y avait d’abord remise de prix pour souligner les résultats scolaires
dans chaque classe. À la même séance, suivait la remise de prix
spéciaux.
Bon an, mal
an, plus d’une centaine d’élèves recevait
des prix. Alors que les prix de classe étaient constitués de
livres et s’appuyaient sur des données chiffrées, les prix spéciaux se
traduisaient principalement par de montants d’argent variant de 2 $ à 25
$. En majorité, ce sont les élèves des classes supérieures qui
recevaient ces prix et le choix des récipiendaires semblait parfois
aléatoire.
Ces prix
étaient destinés aux élèves qui avaient eu une bonne conduite, qui
s’étaient distingué par leur application au travail, qui avaient
manifesté un grand esprit sportif, qui étaient vainqueurs de certains
tournois ou encore qui avaient réussi dans certaines matières scolaires.
Les
donataires, pour la plupart, étaient des membres du clergé, mais aussi
des particuliers et des organismes. Voici cinq exemples lors de la
distribution des prix spéciaux en 1953-1954 :
• Deux prix
de cinq dollars chacun offerts par Mgr Charles-Eugène Parent en faveur
de deux élèves qui se sont particulièrement distingués aux œuvres
d’Action catholique.
• Prix de 10
dollars offerts par Mgr le Supérieur en faveur d’un élève finissant qui
s’est fait remarquer par son dévouement et sa sociabilité.
• Prix de
cinq dollars offert par M. Alfred Dubé, député de Rimouski, en faveur de
l’élève de Philosophie I qui a eu le plus de succès dans l’étude de la
philosophie.
• Prix de
cinq dollars offert par M. et Mme Gérard Dionne d’Amqui comme prix de
mathématiques en Méthode A.
• Prix de
cinq dollars offert par l’abbé Hilaire Demeules comme deuxième prix
d’excellence en Versification A.
Certains prix
attiraient la suspicion et étaient accueillis par les élèves avec un air
moqueur. Ceci se passait lorsque le donateur avait une certaine relation
avec le récipiendaire ou que les raisons semblaient avoir été choisies
en fonction du récipiendaire. Voici trois exemples :
• Prix de
cinq dollars offert par M. l’abbé Eustache Santerre, ex-curé de
Saint-Arsène, en faveur de l’élève de Méthode B qui s’est classé premier
en version grecque. (Comme par hasard, le récipiendaire était natif de
Saint-Arsène. Pourquoi la version grecque ?)
• Prix de
cinq dollars offert par M. le chanoine Joseph Gauvin, curé du Bic, en
faveur de l’élève de Syntaxe latine C qui s’est le plus distingué par
son application au travail. (Comme par hasard, le récipiendaire était
natif du Bic.)
• Prix de 10
dollars offert par Mgr Louis-Théodore Landry, ex-curé de Cacouna, en
faveur de l’élève qui a obtenu le plus d’accessits. (Comme par hasard,
le récipiendaire était natif de Cacouna.)
La séance
était très longue. Plusieurs parents quittaient avant la fin. |
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4345
11 mai 2018
Élèves du Séminaire 1863-1903
Une
religieuse du Saint-Rosaire, Georgette Grand'Maison, a fait une étude
exhaustive sur la situation des élèves du Séminaire de Rimouski dans la
période de 1863 à 1903.
Pendant cette période, 39,3 % des élèves sont fils de cultivateurs, 27,3
% d’ouvriers, 15 % de marchands, 10,2 % de professionnels et 0,6 %
d’instituteurs. Pour les autres, soit 7,6 %, le père est décédé.
Parmi les élèves inscrits, on retrouve 25 noms de consonance
étrangère. Quelques-uns viennent des milieux où on trouve la
Compagnie Price Brothers et L’Intercolonial Railway.
Les autres sont originaires de la Gaspésie où la colonisation
était encouragée par l’Angleterre.
Les élèves sont issus de familles en moyenne de près de 10 enfants. Il
n’y a aucun fils unique.
Les frais de pension et de
scolarité sont les suivants :
1863-1868. Pensionnaires : 70 $
par année. Externes : 10 $.
1868-1883. Pensionnaires : 80 $
par année. Externes : 10 $.
1883-1900. Pensionnaires : 90 $
par année, plus 15 $ de rétribution. Externes : 10 $.
1900-1915. Pensionnaires : 100 $
par année. Externes : 18 $, puis 20 $.
Voici ce qu’écrit l’auteure
concernant le paiement des frais :
« À la fin du XIXe siècle, la
région du Bas Saint-Laurent est relativement pauvre. L'agriculture n'est
pas très florissante et les industries dépendantes de la forêt peu
prospères ne peuvent employer une abondante main-d'œuvre. L'argent est
plutôt rare.
À part les professionnels dont les
honoraires ne sont pas très élevés, les autres groupes sociaux
pratiquent encore le système du troc dans les échanges commerciaux.
D'ailleurs les administrateurs du collège, connaissant la situation
financière des parents des élèves, acceptent facilement que l'on paie en
"nature". Le collège était organisé en conséquence et les marchandises
les plus variées servaient à payer la pension et l'instruction.
Il n'est pas rare de trouver dans
les Livres de comptes personnels des élèves les articles suivants : 10
livres de beurre, 2 cordes de bois, 5 livres de pois, 1 bœuf, 1 porc, 2
moutons, 3 volailles et même, exceptionnellement, 2 barils de poils.
Toutefois, il n'y a pas seulement le cultivateur qui paie avec des
produits agricoles, le notaire et même l'avocat donneront la vache
qu'ils possèdent pour payer le collège de leur fils. » (Fin du texte
cité)
Les deux tiers paient seulement en
argent, les autres paient en argent et marchandises. À mesure qu’on
s’achemine vers la fin du 19e siècle, les paiements en argent
augmentent. Environ 17 % des finissants quittent avec des comptes non
réglés. Les bourses sont de plus en plus nombreuses. De ce nombre, une
vingtaine d’étudiants qui entreprennent des études en théologie paient
leurs dettes en faisant de la surveillance ou en donnant des cours au
Séminaire.
Ajoutons que les membres de la
direction et le personnel enseignant gagnent 100 $ par année.
Source. Les élèves du
collège-séminaire de Rimouski, par Georgette Grand'Maison, R. S. R.,
Université d'Ottawa, 1971. |
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4315
23 avril 2018
Systèmes de bourses
Une religieuse du Saint-Rosaire,
Georgette Grand'Maison, a fait une étude exhaustive sur la situation des
élèves au Séminaire de Rimouski durant la période de 1863 à 1903. Elle
raconte que Mgr Jean Langevin, premier évêque du diocèse de Rimouski, a
payé les études de huit élèves et en a aidé 20 autres. Mgr Edmond
Langevin, Grand Vicaire et frère de l’évêque, paya les études de 3
élèves et en a aidé 4 autres. Elle a recensé près de 200 bienfaiteurs,
prêtres et laïques, pendant cette période.
Les sources d’alimentation de ces
bourses étaient :
1. Les successions. Par exemple,
la succession Picard en 1869 a donné 407,07 $, la succession Audet en
1871 a donné 1300 $, la succession Théberge en 1887, 250 $, la
succession Roy en 1899,
738,44 $. La succession Chouinard en 1901, 10 000 $. Même montant pour
la succession chanoine Audet en 1903.
2. Sommes d’argent confiées au
Séminaire à titre de fondations. Les intérêts étaient versés en bourses.
Par exemple, la fondation Jean Langevin a pu verser 2582,74 $, la
fondation F. X. Audet 3404,25 $, la fondation Dame Georges Prével
1933,51 $
3. Distribution des biens des
Jésuites. La part qui revenait au Séminaire : 10 458, 57 $.
4. Dons de biens immeubles au
Séminaire : En 1872, un moulin à farine (274 $), deux terres (1000 $)
par Maurice Powers, célibataire de Cascapédia (New-Richmond) ; en 1873,
une terre (1200 $) par Mgr Jean Langevin pour la construction du
Séminaire ; en 1874 une autre terre (850 $) par Messire Georges Potvin
5. Participation des paroisses à
l’œuvre du Séminaire diocésain. En 1868, Mgr Langevin propose une
contribution de 15 sous par communiant.
6. Dons recueillis par l’abbé
Charles Guay aux États-Unis, à Ottawa, à Montréal, à Sherbrooke et à
Saint-Hyacinthe.
7. En 1892, percentage de la
fabrique. Celle-ci doit verser chaque année un pourcentage des revenus
pour payer une bourse à des séminaristes de la paroisse.
Source. Les élèves du collège-séminaire de Rimouski, par Georgette
Grand'Maison, R. S. R., Université d'Ottawa, 1971. |
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# 4285
11 avril 2018
Rôle du Séminaire
Au Séminaire de Rimouski, y avait-il une pression auprès des élèves pour
que ceux-ci deviennent prêtres ? La réponse est non. S’il y avait
pression, elle venait beaucoup plus des parents et des bienfaiteurs,
surtout des bienfaiteurs laïcs. Les autorités du Séminaire et les
professeurs prêtres souhaitaient que le plus grand nombre choisissent
la prêtrise, mais sans plus. Ils
savaient bien que certains de leurs anciens élèves deviendraient un jour
des intervenants importants dans la société et qu’ils pourraient compter
sur eux.
Dans la circulaire au clergé du 29 septembre 1936, Mgr Georges
Courchesne, premier archevêque de Rimouski, écrivit :
« Il m’est arrivé souvent de rappeler à nos fidèles que ce qui nous a
permis de disposer de nos destinées quand la Providence eut permis que
nous fussions abandonnés à la domination d’un pouvoir non catholique et
étranger à notre culture française, ce fut ce double fait : nous avions
notre classe agricole possédant le sol, et un clergé qui vivait dans
l’intimité de notre peuple.
Des circonstances providentielles, tenant d’abord à notre pauvreté, nous
ont valu que toutes les études secondaires se soient faites dans des
maisons où se formaient nos prêtres. De sorte que ceux qui se
préparaient à défendre dans le sanctuaire l’âme de nos fidèles, voyaient
grandir à côté d’eux ceux qui, dans les diverses professions et dans la
vie publique, auraient à défendre le patrimoine commun de nos droits
nationaux. Nos collèges-séminaires ont donc été l’âme de la résistance à
tout ce qui, pour nos gens, aurait été la mort de la religion et de la
nationalité.
Vous êtes témoins de l’effort qui se fait pour donner au personnel de
notre séminaire diocésain les études supérieures qui, dans le domaine
des lettres, de la philosophie, des sciences et des arts, lui permettent
non seulement d’être à la hauteur de sa tâche, mais de la dominer. Nos
professeurs et les directeurs de la maison ne veulent pas se dérober au
souci d’ouvrir des voies à leurs élèves non seulement dans le clergé,
dans les professions traditionnelles, mais encore dans toutes les
carrières où les sciences appliquées
peuvent procurer aux nôtres leur part des bénéfices qu’il nous
est trop souvent arrivé d’abandonner aux étrangers comme un fief
réservé. »
Le message de Mgr Courchesne est clair. Le Séminaire est là pour former
des personnes, peu importe leur choix de carrière. |
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# 4250
23 mars 2018
Prise de rubans du 98e cours Sous le titre
Prise de rubans au Séminaire de
Rimouski et du curieux sous-titre
Action concertée des laïques et de
la milice ecclésiastique, le Progrès du Golfe du 28 avril 1961
dévoilait le choix de carrière des finissants de cette maison
d’enseignement. Voici le texte :
« C’est en présence de plus d'un
millier de personnes, en l’auditorium du Séminaire de Rimouski, dimanche
après-midi (le 23 avril 1961), que les soixante finissants en
Philosophie II firent connaître le choix de leurs carrières par la prise
du ruban symbolique.
Son Excellence Mgr C.-E. Parent,
archevêque, Mgr Eudore Desbiens, V. G., Mgr L.-P. Saintonge, V. G., Mgr
Antoine Gagnon, P. D., supérieur, M. Albert Dionne, député de Rimouski
au Parlement de Québec, ainsi que d'autres personnalités religieuses et
civiles et le corps professoral avaient pris place aux premiers rangs
dans la salle de réception.
Le président de la classe des
finissants, M. Damien Chouinard, de Squatteck, se fit l'interprète de
ses confrères pour les hommages aux autorités et l'expression des
sentiments de gratitude à l'Alma Mater et aux parents.
Un apostolat concerté
En exprimant sa joie aux dix-sept
finissants qui se destinaient au clergé ou à la vie religieuse, le
pasteur du diocèse invita les autres, qui seront dans les professions
diverses, à un apostolat engagé pour suppléer à la pénurie de prêtres,
pour mener le combat avec la milice ecclésiastique. Le remous inquiétant
d'idées nouvelles dans le monde en perpétuelle évolution donnera
l'occasion à nos futurs laïcs de garder bien solides les convictions
acquises au collège. Il invita les parents à conserver à leur foyer
l’ambiance chrétienne, les mettant en garde contre les fréquentations
précoces.
Choix des vocations
Dix-sept des philosophes se
destinent au sacerdoce. Ce sont :
Clovis Théberge, de St-Mathieu,
Roch Pelletier, d’Amqui,
Jean-Ernest Gagné, de St-Moïse,
Clément Lavoie, de St-Joseph de
Sept-Îles,
Joseph St-Pierre, de Ste-Rose du
Dégelé,
Marcel Rioux, de St-Jean-de-Dieu,
Léopold Fournier, de St-Alexis de
Matapédia,
Georges-Henri Beaulieu, de
St-Valérien,
Hermet Roy, de St-Arsène,
Georges Bérubé, de Ste-Françoise,
Rémi Desmeules, d’Albertville,
Paul-Émile Vignola, de St-Fabien,
Lévis Belzile, de Trois-Pistoles,
Charles-Édouard Jean, de
St-Mathieu,
René Beaulieu, de St-Eusèbe, dans
le clergé séculier.
Gilbert Lebel, de Ste-Blandine
et Rosaire Gagné, de Mont-Joli,
aux Missions Étrangères.
Ont opté pour la médecine.
Jean Morisset, de Rimouski,
Camille Banville, de St-Narcisse,
Gaston Drapeau, de
Ste-Luce-sur-mer,
René Boisvert, de
Saint-Robert-Bellarmin,
Gaétan Smith, de Ste-Flavie,
Albert Dionne, de St-Germain de
Rimouski,
Martin Gamache, de
St-Jean-de-Dieu,
Raynald
Pineault, de Les Boules.
Sciences politiques
Rodrigue Lavoie, de
Ste-Odile-sur-Rimouski,
Yves Gauthier, de Ste-Irène,
Charles-Henri Desrosiers, de
Luceville,
Alban D’Amours, de Ste-Françoise.
Droit
Yvan Bernier et Ghislain Bouchard,
de Rimouski.
Orientation
Raymond Côté, de
St-Robert-Bellarmin,
André Garneau, de St-Germain de
Rimouski.
Architecture
Rémi Thibault, de St-Mathieu,
Gustave Leblanc et Léo Michaud, de
St-Robert-Bellarmin.
Chimie
Paul-Émile Lavoie, de St-Gabriel.
Psychologie
Damien Chouinard, de Squatteck.
Sciences économiques
Jean-Marc Sinclair, d’Amqui,
Marc Tremblay, de St-Paul du Nord.
Génie mécanique
Jean-Paul Cyr, de Matapédia,
Claude Desjardins, de
Trois-Pistoles.
Philosophie et lettres
Horace-Albert Gagné, de
St-Charles-Garnier.
Pédagogie et orientation
Romain Rousseau, de
Trois-Pistoles.
Sociologie
Alvin Caron, de Notre-Dame du Lac,
Jean-Laurent Bélanger, de
Ste-Angèle de Mérici,
Michel Bellavance, de St-Germain
de Rimouski.
Commerce
Léonard Desjardins, de
St-Léon-le-Grand,
Pierre Ouellet, de
St-Robert-Bellarmin,
Ghislain Jean, de St-Mathieu.
Mathématiques.
Jacques Bérubé, de St-Donat.
Lettres et pédagogie
Raymond Levasseur, de St-Léandre
de Matane.
Pédagogie
Jean-Paul Lafrance, de St-Pie-X.
Agronomie
Ghislain Gendron, de
Rivière-Blanche.
Lettres
Roger Thériault, de St-Épiphane,
Gilles Gamache, de St-Hubert,
Jean-Marc Morin, de Laval-des
-Rapides.
Service social
Jean-Yves Dumont, de
St-Jean-de-Dieu.
Physique
Jérôme Gendron, de St-Damase.
Actuariat
Louis-Jacques Pelletier, de
St-Robert-Bellarmin.
Un excellent programme musical fut
exécuté par les chorales collégiales, la Fanfare et l’Orchestre du
Séminaire. » (Fin du texte cité)
Note : La
première prise de rubans d’élèves de Rimouski qui venaient de terminer
leur cours secondaire avec une 11e année a eu lieu en juin
1958 à l’école secondaire Langevin. Six des 17 finissants ont opté pour
l’université. L’école
Paul-Hubert n’existait pas encore. |
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# 4220
11 mars 2018
Les
externes
Dans les
années 1950 et au début des années 1960, au Séminaire de Rimouski, bon
an mal an, il y avait autour de 500 élèves. Ceux-ci étaient soumis à des
règles précises. Voici les règles concernant les externes :
Quand ils
sont dans la Maison, ils sont soumis absolument au même règlement que
les pensionnaires.
Ils
veilleront à mener une vie en accord avec leur état d’étudiants
catholiques : lever et coucher à des heures raisonnables, étude à la
maison durant au moins une heure chaque soir, devoirs religieux bien
remplis, etc.
Ils doivent
visiter leur directeur spirituel régulièrement, se confesser et
communier de même.
Il leur faut
éviter toutes sorties fréquentes et prolongées le soir. Faites surtout
avec des compagnons qui ne fréquentent pas le Séminaire, elles les
détourneront rapidement de leurs études.
Qu’ils aient
toujours à l’esprit que leur titre d’étudiant au Séminaire ne leur
permet pas des attitudes et une conduite déplacées.
Les externes
doivent arriver au Séminaire pour entrer avec les pensionnaires qui sont
alors en récréation. Ce qui signifie 8 h 20 a. m., 1 h 30 p. m., le
samedi et le dimanche 3 h 50 p. m.
Ils
quitteront le Séminaire à l’heure des repas, jamais avant et sortiront
par les portes de leur salle respective.
Quand ils
reviennent au Séminaire après une absence, si courte soit-elle, ils
doivent présenter à M. le Directeur un billet explicatif signé par leurs
parents.
Il leur est
strictement défendu d’apporter quoi que ce soit aux pensionnaires,
surtout des livres. Il ne leur est pas permis de mettre à la poste les
lettres des pensionnaires.
Ils doivent
se faire un devoir et un plaisir de s’inscrire dans les clubs sportifs
du Séminaire, plutôt que de se joindre aux clubs de la ville.
Les externes
ne fonderont pas de clubs en ville sous le nom du Séminaire ou avec la
prétention de le représenter.
Enfin, pour faire partie de
certaines associations sportives, folkloriques ou autres, il leur faudra
une double autorisation et de leurs parents et de M. le Directeur. |
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# 4195
1er mars 2018
Notes et bulletins
Dans les années 1950 et au début des années 1960, au Séminaire de
Rimouski, bon an mal an, il y avait autour de 500 élèves. Ceux-ci
étaient soumis à des règles précises. À chaque semaine, le directeur des
élèves se rendaient aux deux salles d’études. Il attribuait à chaque
élève deux notes sur 10, l’une pour la conduite et l’autre pour
l’assiduité au travail. Voici la signification de ces notes et leurs
conséquences :
Les notes ont 10 comme maximum.
• 8 et 9 méritent la mention « excellent ».
• 7 mérite la mention « très bon ».
• 6 mérite la mention « bon » et enlève les petites sorties :
commissions, hôpital, couvent, etc.
• 5 mérite la mention « mauvais » et raccourcit les sorties avec les
parents.
• 4 mérite la mention « très mauvais » et enlève toute permission de
sorties même avec les parents.
Quant aux externes,
• 5 les oblige à passer au Séminaire le congé du dimanche.
• 4 les oblige à passer au Séminaire les congés du dimanche et du
mercredi.
• 3 les oblige à passer au Séminaire les trois congés de la semaine.
Les notes se lisent le samedi soir durant l’étude de 4 heures p. m. et
elles sont accompagnées de remarques du Directeur pour la semaine.
Quand un élève a une note inférieure à 7, il doit voir le plus tôt
possible le premier Maître qui lui dira quel maître a mis cette note. Il
devra ensuite demander à celui-ci l’explication et les conseils requis.
Une note inférieure à 5 nécessite l’explication de sa conduite devant M.
le Directeur.
Toute mauvaise note qui n’a pas été réglée selon les indications données
ci-haut est automatiquement renouvelée la semaine suivante.
L’année scolaire se divise en deux semestres. À la fin de ces deux
semestres, un bulletin universitaire est envoyé aux parents. Par
ailleurs, un bulletin mensuel est également envoyé, qui renseigne les
parents sur la conduite et le travail de leur fils. |
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# 4175
21 février 2018
Horaire de la journée
Dans les
années 1950 et au début des années 1960, au Séminaire de Rimouski, bon
an mal an, il y avait autour de 500 élèves. Ceux-ci étaient soumis à un
horaire précis. Voici cet horaire en 1953-1954 :
Jours ordinaires (Lundi, mardi, jeudi et
vendredi)
La matinée
5 h 45 Lever.
6 h 10
Prière. Étude. Méditation.
6 h 50 Messe.
7 h 30
Déjeuner. Récréation.
8 h 20 Fin de
la récréation.
8 h 30
Classe.
9 h 30
Classe.
10 h 30
Récréation.
10 h 50 Fin
de la récréation. Étude.
11 h 55 Fin
de l’étude.
L’après-midi
12 h 00
Dîner. Récréation.
1 h 30 Fin de
la récréation. Étude.
2 h 00
Classe.
4 h 00 Fin de
la classe. Récréation.
4 h 20 Fin de
la récréation. Étude.
5 h 45
Chapelet.
6 h 00
Souper. Récréation.
7 h 30 Fin de
la récréation.
7 h 40
Prière. Étude (lecture).
9 h 00
Coucher.
Mercredi
Comme
ci-dessus excepté 11 h 00 Classe.
12 h 00
Dîner. Congé.
4 h 50 Fin du
congé.
5 h 00 Étude
et réunion des divers cercles.
6 h 00
Souper. Récréation.
7 h 30 Fin de
la récréation.
7 h 40
Prière. Étude.
8 h 45
Coucher.
Samedi
Comme
ci-dessus excepté
11 h 00
Classe.
12 h 00
Dîner. Récréation.
3 h 50 Fin de
la récréation.
4 h 00 Étude.
Confessions.
6 h 00
Souper. Récréation.
7 h 30 Fin de
la récréation.
7 h 40 Étude
et récitation de l’Office de la Sainte-Vierge.
9 h 00
Coucher.
Dimanche
5 h 45 Lever.
6 h 10
Prière. Étude. Méditation.
7 h 00
Communion.
7 h 30
Déjeuner. Récréation.
9 h 00
Grand-messe. Récréation.
10 h 30
Étude.
12 h 00
Dîner. Récréation.
3 h 50 Fin de
la récréation. Étude.
5 h 10
Vêpres.
6 h 00
Souper. Récréation.
7 h 40 Fin de
la récréation. Prière. Étude.
8 h 45
Coucher.
Au fil des
ans, l’horaire de la journée change très peu. Des ajustements mineurs
sont apportés. Par exemple, en 1960-1961, le lever se fait à 6 h 15 le
dimanche. De plus, il n’y a qu’une seule présence à la chapelle en
avant-midi étant donné qu’il est alors permis par l’Église de communier
pendant la grand-messe. |
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# 4150
11 février 2018
Archives du Séminaire
En
février 2017, la Corporation du Séminaire de Rimouski a légué ses
archives à
BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec), section de Rimouski.
Pour le centre d’archives de Rimouski, c’est la plus grande acquisition
de toute son histoire. Le fonds du Séminaire contient 350 boîtes de documents
et plus de 20 000 photographies témoignant de la vie paroissiale et
communautaire de la fin du 19e siècle.
Le fonds a été remis dans le but d’assurer la pérennité de
l’œuvre éducative du Séminaire.
Il est prévu que le classement de ces archives
prendra plusieurs années. D’ailleurs, certains documents seront exposés
à l’occasion. Les archives pourront être consultées à l’édifice
gouvernemental de la rue Moreault à Rimouski.
Voici un extrait d’un
article écrit par Adeline Mantyk, publié dans le journal l’Avantage le 5 mars 2017 : « Les premiers documents datent de 1830 et les derniers de
1968. Le Fonds se compose de 25 fonds, quatre provenant d’écoles comme
l'École de commerce de Rimouski ou l'École moyenne de l'agriculture de
Rimouski et 21 fonds de curés ou de prêtres qui ont enseigné, comme
Ernest Lepage ou André-Albert de Champlain. Ils étaient de grands
collectionneurs.
Ce qui donne davantage de valeur
au Fonds du Séminaire, remis gracieusement par la Corporation du
Séminaire à BAnQ Rimouski, c’est qu’il a été classé document patrimonial
par le ministère de la Culture et des Communications. Le fonds nous
informe sur les débuts de l'enseignement classique à Rimouski. Les
documents incluent les méthodes d'enseignement, la vie des étudiants,
les activités parascolaires et dressent un portrait de la ville de
Rimouski à travers différents moments de son histoire. »
Pour tous les anciens du Séminaire de
Rimouski, c’est une nouvelle importante, car les archives contiennent
notamment des renseignements sur chacun des élèves : notes de conduite
et d’application, résultats scolaires, résultats de tests
psychométriques et probablement des dossiers disciplinaires. Il serait
intéressant de connaître si le public
pourra avoir accès à tous les documents ou s’il y a des
restrictions pour certains documents. |
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# 4120
30 janvier 2018
Une caste au Séminaire
Annuellement, il y avait une nouvelle caste au Séminaire de Rimouski.
Les membres de cette caste possédaient des privilèges enviés de tous et
exerçaient des fonctions variées. Qui étaient membres de cette caste ? Les
Finissants.
Pour nous, jeunes débutants, ceux-ci jouissaient d’un prestige sans
pareil. Ils n’avaient pas de défauts, que des qualités. Ils auraient pu
faire trembler les colonnes de la salle de récréation, mais ils s’en
abstenaient. Ils concentraient leurs énergies sur leurs études.
Ces finissants, dont la grande majorité, étaient des pensionnaires,
vivaient leur huitième année au Séminaire dans une enceinte très
restreinte : la bâtisse elle-même et la cour de récréation des Grands le
long de la rue de l’Évêché. Pour sortir de ces lieux, individuellement
il fallait demander des permissions ou collectivement obtenir des
faveurs.
Certains finissants servaient les messes des prêtres, donnaient les
ustensiles à la cafétéria, servaient au réfectoire des prêtres, géraient
la cantine, distribuaient les articles de sport et étaient présidents
d’associations ou d’organisme internes. De plus, leur doyen sonnait les
cloches tout au long de la journée.
Quand je suis entré au Séminaire, depuis belle lurette, les Finissants
faisaient leurs travaux scolaires à la salle d’études où il y avait des
élèves de Philo I, Rhétorique, Belles-Lettres, Versification et même de
Méthode. En 1955-1956, un changement important se produit. Pour la
première fois dans l’histoire du Séminaire, trois classes de Méthode
sont formées alors qu’antérieurement il y en avait 2 : une à la Petite
salle et l’autre à la Grande salle.
Cette année-là, la décision a été d’assigner tous les élèves de
Méthode à la Grande Salle. Comme conséquence, les élèves de Philo I et
de Philo II devaient passer leur temps d’études dans leur classe. Une
décision qui a été chaleureusement accueilli par tous les élèves
concernés.
Cette situation a perduré jusqu’à l’ouverture du Pavillon de philosophie
en septembre 1959. À ce moment, les Finissants ont perdu presque tous
leurs privilèges. Personne n’a dit mot car le fait d’avoir une chambre
individuelle et un règlement fort assoupli comblait amplement pour cette
perte. C’était en quelque sorte la disparition d’une caste qui avait
régné pendant des dizaines d’années. |
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# 4090
18 janvier 2018
Les
activités sportives
Dans les années 1950 et au début des années
1960, au Séminaire de Rimouski, bon an mal an, il y avait autour de 500
élèves. Voici les règles concernant les activités sportives :
Culture physique
Pour
maintenir sa santé, il importe d’assurer son éducation physique non
seulement par la pratique assez régulière des sports, mais aussi par la
culture physique.
Pour cela,
les élèves seront fidèles à leur séance de culture physique. Ils
mettront toute leur ardeur à faire exactement et dans les mouvements
demandés et dans l’ordre voulu.
On veillera
particulièrement à observer la discipline et à respecter l’instructeur,
même si c’est un confrère ».
La piscine
La piscine
(de l’École Technique) est à la disposition
des élèves du Séminaire à certaines heures les jours de congé.
Ces heures sont fixées par l’instructeur au début de l’année scolaire.
Tous les
élèves devraient suivre un entraînement en natation. En plus d’être un
sport excellent, c’est une connaissance apte à rendre service.
On devra se
rendre en groupes déterminés à l’heure fixée, suivre toutes les règles
de la modestie et sortir de la piscine au signal de l’instructeur.
Il est
défendu à tout élève de se rendre à la piscine avec un autre groupe que
le sien.
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# 4050
12 décembre 2017
Moments de détente
Dans les
années 1950 et au début des années 1960, au Séminaire de Rimouski, bon
an mal an, il y avait autour de 500 élèves. Ceux-ci étaient soumis à des
règles précises. Voici les règles concernant les récréations et les
lieux permis :
Récréations
Les
récréations sont données pour détendre l’élève et lui permettre de
donner un meilleur rendement à l’étude. La vertu qui règle cette détente
s’appelle eutrapélie (Saint Thomas, 11 ac, q. 168).
Chaque élève
doit donc profiter de ses récréations pour se livrer raisonnablement à
quelque jeu et non seulement pour marcher.
Dans les
jeux, on évitera la rudesse, les injustices, les manquements à la
charité et les taquineries malveillantes. Que l’émulation ne dégénère
jamais en ambition exagérée et jalousie.
Les
bousculades, le tiraillage, les mots grossiers et les jurons ne sont
jamais tolérés. Ce sont toujours des attitudes déplacées pour quelqu’un
de bonne éducation.
On devra
aussi bannir les sifflements et toute autre vulgarité.
S’il est
permis de porter des vêtements qui favorisent la pratique du sport, il
ne faut pas tomber dans le débraillé. Ainsi les « jeans » et le veston
de cuir ne sont pas tolérés.
Personne ne
doit sortir des limites assignées pour la récréation. On voudra bien
sortir (à l’extérieur) à temps après les repas et ne pas entrer à la
salle de récréation le midi avant 1 heure et le soir avant 7 heures p.
m.
Par mesure de
justice et d’économie, on voudra bien rapporter à l’armoire des jeux
immédiatement après la récréation les articles de sport empruntés. Il
est tout à fait défendu de garder à son vestiaire des gants, balles ou
autres objets appartenant à la communauté.
En vertu du
civisme, on voudra bien aussi donner toute son entière collaboration au
Comité des jeux et l’aider à organiser les jeux d’équipe le mieux
possible.
Une attention
spéciale sera portée aux billards et à l’équipement prêté, en
particulier aux gilets, gants et balles.
Que chacun
fasse sa part pour le déblaiement de la patinoire, le nettoyage de la
cour de récréation et
l’entretien général du gymnase et de la salle de quilles. Personne ne
s’y soustraira lorsqu’il y sera requis par un maître.
Locaux
Les élèves
ont accès à plusieurs locaux qui sont confiés à la responsabilité de
certains de leurs confrères. On compte la salle de lecture, le studio de
peinture, l’armoire des jeux et les magasins.
Personne, pas
même les responsables, n’est autorisé à fumer dans ces locaux. Les
responsables ne doivent pas s’en faire un sanctuaire retiré et, par
ailleurs, les autres ne doivent pas les y déranger inutilement.
Salle de lecture
On peut s’y
rendre durant le temps de salle volontaire seulement soit de 1 heure à 1
heure 30 et de 7 heures à 7 heures 30 p. m. et les après-midis de congé.
On y trouve
plusieurs revues intéressantes ainsi que les journaux quotidiens. On les
consultera toujours sur place ; on ne les sortira jamais pour les
apporter chez soi ou à l’étude.
On devra
remettre les revues à leur place et toujours mettre en ordre les
journaux avant de les abandonner.
Il n’est
jamais permis de faire passer sur l’appareil de haute-fidélité ses
disques personnels, encore moins ceux de musique populaire.
La TV est à la disposition des
étudiants. Comme pour l’appareil haute-fidélité, il revient aux
responsables de s’occuper de leur fonctionnement. |
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# 4020
30 novembre 2017
Résurrection
Le poème qui suit a été écrit par
Jean-Marc Morin, un confrère du 98e cours au Séminaire de
Rimouski, alors que l’auteur avait 19 ans. Ce poème est paru dans la
Revue dominicaine, vol. LXVII, tome 1, avril 1961, p. 129. Jean-Marc
avait utilisé le pseudonyme de Maxime Elfax. Notez la facilité avec
laquelle l’auteur combine les mots.
Veines gonflées de baume pascal,
(Jean-Marc avait eu la générosité
de me dédier ce poème à l’époque.) |
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# 3995
20 novembre 2017 Jean-Marc Morin
Jean-Marc Morin étudia au Séminaire de Rimouski et fut mon confrère du
98e cours. Il naquit au Lac-Humqui le
30 mai 1941. Il fut notamment journaliste au Devoir où il était connu
sous le nom de Marc Morin. Il décéda le 14 juillet 1990 à l’âge de 49
ans.
Voici deux textes :
1. Celui de la directrice du Devoir publié le 17 juillet 1990.
2. Celui de Jean-Marc publié en septembre 1986.
1. Marc Morin, l’art du courage
LE DEVOIR est en deuil d’un collègue et ami, le journaliste Marc Morin,
et ce n’est pas une simple façon de parler. Depuis plusieurs mois déjà,
la salle de rédaction partageait son affrontement lucide avec la mort.
Elle est survenue tard samedi, et même s’il n’était plus à son pupitre
depuis longtemps, le vide s’est fait parmi nous, cruel.
Marc
Morin s’était joint au DEVOIR à l’automne 1983, journaliste expérimenté
qui dès le départ allait être au cœur de nouveaux développements au sein
du journal. Il y a créé de toutes pièces un cahier « Loisirs » dont les
principales chroniques ont été par la suite absorbées dans nos pages
régulières, et il a œuvré essentiellement aux pages culturelles toujours
en développement, selon son inclination la plus profonde.
Car Marc était un être de culture, un vrai. Son amour de la langue
tenait de la passion, souvent sévère d’ailleurs, et s’il était aussi
porté par la musique, rien des arts ne lui était étranger. Et parce
qu’il aimait les arts, il ne dédaignait pas de les servir : jour après
jour, tout en tenant ses chroniques, il montait les maquettes, faisait
les titres, et corrigeait d’innombrables collaborateurs. Son quant-à-soi
légendaire, c’était aussi l’admirable détachement de celui qui sait
distinguer l’essentiel, au milieu de l’agitation quotidienne d'un
journal. Ce regard nous manquera, nous manque déjà.
Avec l’autorisation de sa famille, que nous remercions, nous publions
ici un « témoignage » qu’il avait déjà livré au DEVOIR en septembre
1986, et qui permettra à nos lecteurs de participer, à leur tour, de sa
sagesse qui n’excluait pas l’indignation et l’émotion, et qui était
d’abord une force de caractère. Le titre était de Marc, un refus du
tragique. Il avait aussi l’art du courage.
À ses parents, Mme Marie-Jeanne Guérette et M. Maurice Morin, à ses
douze frères et sœurs qui
perdent leur aîné, toute l’équipe du DEVOIR redit sa sympathie. (…) Nous
leur offrons ici, la parole de Marc lui-même, sa réponse à notre deuil.
Lise Bissonnette
mardi 17 juillet 1990
2. « Mourir, la belle affaire... »
DIMANCHE SOIR, avec le dernier rayon du soleil d’automne, Carlos s’est «
éteint », comme on dit pudiquement. La dernière fois que je l’ai vu, il
fêtait ses 23 ans et projetait de rejoindre ses parents en vacances au
Portugal, d’où la famille a émigré lorsqu'il avait cinq ans. Cause du
décès, pneumonie double muée en tuberculose, qu’aucun antibiotique
n’arrivait à contrôler, mais derrière ces maladies familières, les ailes
noires du syndrome qui a osé dire son nom comme pour narguer la
recherche médicale, toujours impuissante à le circonscrire.
Carlos est le dernier en date d’une vingtaine de connaissances, dont
trop d’amis très chers, à déclarer forfait devant l’insidieuse et
toujours insaisissable rigueur d’un virus venu d’on ne sait où, auquel
la panique et l’intolérance se sont empressées de former escorte. Carlos
était le plus jeune, Pierre, le diminutif pharmacien boute-en-train
était le plus vieux, le premier aussi de ce cortège macabre qui n’en
finit plus de s’allonger (une demi-douzaine d’autres que je connais
s’étiolent dans l’antichambre de la mort). Il y a eu Bertrand, plus
proche de nous puisqu’il avait travaillé au DEVOIR, Peter, l’architecte
qui allait accéder à la présidence de son ordre professionnel, Georges,
timide courtier en valeurs mobilières, Laurent le Magnifique, Alain le
Huron aux doigts de manitou, partisan de poèmes sur cuir, Claude,
Michel, Gaétan, Jean, Aurèle.
Plusieurs ont été rejetés par leur famille dès que le médecin eut posé
les quatre lettres fatidiques du mal, comme un stigmate sur l’ultime
expérience de toute vie. Ce fut le cas l’automne dernier de Normand,
psychologue en milieu scolaire, animateur émérite de pastorale, dont les
qualités, insoupçonnées même de ses proches, ont été éloquemment
évoquées tant dans les témoignages de ses collègues que dans l’homélie
de l’évêque de Valleyfield, qui présidait à la cérémonie du dernier
repos. La famille de Normand n’était pas là pour entendre cet émouvant
bouquet d’hommages. Honteusement, abjectement, ses proches par le sang
s’étaient enfuis à la première mention de la maladie jugée « honteuse »
entre toutes.
Car - on l’a deviné, on l’a déjà trop répété - les victimes ont en
commun de mourir, comme on dit, dans la force de l’âge (la moyenne a 35
ans) et de partager, très souvent, une orientation et des pratiques
sexuelles étrangères à la majorité. Le pas était trop facile à franchir
d’invoquer la punition de Dieu. Les intégristes vengeurs, abreuvant
leurs dogmes aux eaux troubles de l’irrationnel, ne s’en sont pas
privés, jouissant perversement de voir le doigt du Créateur dans l’œuvre
de mort davantage que dans celle de vie.
Derrière la boutade un peu facile, « la vie est une maladie mortelle...
transmise sexuellement » se cache la plus fondamentale constante de la
condition humaine. Toute vie porte en elle un germe de mort auquel le
Sauveur même n’a pas voulu échapper. Les croyants s’en consolent à la
perspective d’un au-delà glorieux sur l’autre rive, ou d’une
réincarnation en un autre point, un autre temps de la grande roue
cosmique. Les athées ne peuvent, logiquement, que trouver la mort à
peine moins d’absurdité qu’ils en auront, logiquement, consenti à la
vie. Les uns comme les autres seront tentés par la révolte face à
l’inévitable. Dans la douleur du moment, on oubliera que le zéro et
l’infini sont les deux pôles de l’incessant recyclage commun à toute
créature, qu’elle soit, virus ou galaxie. Qu’il est vain de prétendre y
échapper. Que la mort, pour la vie, n’est qu’un rêve qu’on remue en
rêvant !
Carlos, Pierre, Bertrand et tous les autres, ceux qui se sont déjà «
éteints » comme ceux dont la flamme vacille, dans une chambre d’hôpital,
sous la coupe du grand éteignoir je retiendrai de vous par-delà le
deuil, par-delà l’inévitable et inutile révolte, une leçon essentielle,
mais trop rarement apprise, à trop craindre la mort on craint aussi la
vie.
(Le titre est emprunté au regretté Jacques Brel qui, pourtant,
continuera longtemps de chanter par la magie de la mémoire. Une chanson
qui nous faisait danser, il y a trois ans, dit la même chose en d’autres
mots : We’re all guilty of love !)
Marc Morin |
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# 3965
8 novembre 2017
Dortoir et cafétéria
Dans les
années 1950 et au début des années 1960, au Séminaire de Rimouski, bon
an mal an, il y avait autour de 500 élèves. Ceux-ci étaient soumis à des
règles précises. Voici les règles concernant le dortoir et la
cafétéria :
Dortoir
Les élèves
doivent se lever au premier son de cloche et offrir immédiatement leur
journée au Bon Dieu.
Qu’ils
fassent leur toilette immédiatement pour être prêts à descendre à la
troisième cloche. L’élève verra aussi à ce que son vestiaire soit sous
clef et que rien ne reste à l’abandon.
Pour
faciliter le repos et créer l’ambiance nécessaire, le silence est
toujours de rigueur au dortoir.
Pour monter
au dortoir durant la journée, il faut une permission spéciale qui ne
peut être accordée que très rarement. On prendra soin d’apporter avec
soi le matin tout ce dont on aura besoin dans la journée (serviettes,
mouchoirs, maillots de bain, sacs à linge).
Au coucher
comme au lever, on procédera avec célérité en respectant les lois de la
modestie. Il est aussi défendu de circuler le torse nu dans le dortoir.
On ne se couchera pas non plus sur son lit après s’être habillé le
matin.
Tout le linge
des élèves doit être marqué au numéro de chacun. Les réclamations à ce
sujet doivent être faites à la buanderie.
Deux fois la
semaine, on peut descendre des habits et les mettre dans un endroit
spécial pour qu’ils soient portés à la salle de couture. Seuls les
commissionnaires peuvent se rendre à cette salle.
Cafétéria
C’est à la
cafétéria surtout qu’un élève donne la preuve de la bonne éducation
qu’il a reçue et qu’il peut acquérir celle qu’il doit avoir.
C’est
pourquoi, l’on s’efforcera de mettre en pratique de façon intégrale
toutes les recommandations de bienséance et de politesse qui sont
rappelées régulièrement.
Pour
faciliter le service et le bon ordre, le silence est de rigueur à la
cafétéria.
On ne prendra
d’abord qu’un service, mais il sera loisible d’aller chercher un second
service à un endroit spécialement destiné à cette fin et là seulement.
Il faut
manger selon son appétit en respectant les lois de la tempérance, même
aussi de la mortification chrétienne qui indique parfois un petit
sacrifice.
En toutes
occasions, il faut éviter la précipitation qui ruine la santé et empêche
de prendre un repas suffisant.
On
n’apportera aucun mets spécial au réfectoire.
On évitera tout gaspillage en ne
prenant que la quantité nécessaire et on surveillera la propreté
surtout. |
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# 3930
25 octobre 2017
Relations avec l’extérieur
Dans les
années 1950 et au début des années 1960, au Séminaire de Rimouski, bon
an mal an, il y avait autour de 500 élèves. Ceux-ci étaient soumis à des
règles précises. Voici les règles concernant les relations avec
l’extérieur :
Parloir
Les élèves se
rappelleront qu’ils sont les hôtes de leurs parents au parloir. Ils les
recevront donc avec toute la courtoisie, la politesse et la distinction
dont ils sont capables. Il ne convient donc pas de passer le temps du
parloir dans les automobiles.
Ils ne
devront jamais se rendre au parloir dans un vêtement de sport.
Il est permis
de se rendre au parloir durant les récréations seulement après avoir
averti le surveillant en fonction. On ne s’y rend pas en passant par la
porte principale lorsqu’on est à l’extérieur.
Les visites
au parloir ne sont pas permises durant les offices religieux, les
classes ou les études. Pour une raison très spéciale, M. le Directeur
pourra accorder une permission pour un temps limité.
Téléphone
Pour faire
usage du téléphone, il faut en demander l’autorisation au surveillant.
S’il s’agit d’un interurbain, il faut le demander à M. le Directeur.
Que le
téléphone ne soit pas accaparé par certains dans des conversations
inutiles et interminables. Le téléphone est un bien commun et tous ont
droit d’en jouir.
Sorties en ville
Les sorties
en ville sont autorisées pour des raisons sérieuses seulement et selon
les conditions suivantes :
Toute
fréquentation des grills et des tavernes est formellement prohibée, même
accompagné de parents.
Les jours de
congé, toutes les demandes de sorties doivent être adressées à M. le
Directeur. Aux autres jours, on s’adresse au premier Maître de salle
après le dîner et à M. le Directeur aux autres récréations, s’il y a
urgence.
Pour qu’un
pensionnaire puisse sortir avec ses propres parents, ceux-ci doivent en
demander la permission eux-mêmes à M. le Directeur.
Un élève est
autorisé à visiter un oncle ou une tante en ville une fois par mois si
ses parents ont donné l’autorisation expresse à M. le Directeur et s’il
a une bonne note.
On peut
visiter une sœur pensionnaire ou religieuse dans un couvent de la ville
une fois par mois seulement, le dimanche.
Les visites
aux malades de l’hôpital sont autorisées :
• Le soir de
7 heures à 7 heures 30 s’il s’agit d’un proche parent c’est-à-dire père,
mère, frère, sœur et cela avec la permission du surveillant.
• Les jours
de congé pour les oncles et tantes, etc. avec la permission de M. le
Directeur.
Normalement,
il n’y a aucune sortie le samedi après-midi.
Enfin, les
élèves de Rhétorique ont droit à 5 sorties individuelles et au choix
durant l’année scolaire.
Pour prendre
un repas en ville avec ses parents chez l’un de ses oncles résidant en
ville, il faut une demande explicite et renouvelée à chaque fois de ceux
qui reçoivent. Seul M. le Directeur peut en accorder la permission. |
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# 3900
13 octobre 2017
Études et classes
Dans les
années 1950 et au début des années 1960, au Séminaire de Rimouski, bon
an mal an, il y avait autour de 500 élèves. Ceux-ci étaient soumis à des
règles précises. Voici les règles concernant les études et les classes :
Les élèves
doivent comprendre que les études sont en grande partie la raison d’être
de leur présence ici. Gardant à vue cet objectif, ils devront toujours y
subordonner toutes leurs autres activités.
Ils seront
particulièrement attentifs à mettre en pratique les directives de M. le
Préfet et de leurs professeurs.
Discipline à l’étude
Pour créer et
conserver ce climat favorable aux études, ils devront prendre leur place
en silence et se mettre au travail immédiatement après la prière. Un
travail sérieux commande toute leur attention.
Le plus grand
silence est donc exigé à l’étude, tant en paroles qu’en actions.
Personne ne doit quitter sa place sans la permission du surveillant. On
devra aussi éviter de distraire ses voisins.
Pour sortir
de la salle d’étude, l’élève doit se munir d’un billet de permission.
S’il s’agit d’une visite à un directeur spirituel, le surveillant donne
lui-même le billet. Dans tout autre cas, l’élève doit passer chez le
Directeur.
Les visites
au directeur spirituel se font surtout aux études de 11 heures a. m. et
de 8 heures p. m. Il faut une raison spéciale pour s’y rendre à l’étude
de 4 heures 30 p. m.
Un élève qui
s’absente de l’étude, même pour des raisons sérieuses, n’est pas
dispensé de ses devoirs et leçons. Le seul cas qui dispenserait d’un
devoir serait un séjour à l’infirmerie, confirmé par un billet de M.
l’Infirmier ou de M. le Directeur.
Lecture
Les lectures
sont un élément essentiel de la formation intellectuelle. Voici les
règlements à ce sujet :
1. La lecture
est non seulement permise mais fortement conseillée à l’étude de 8
heures p. m., à celle du mercredi à 5 heures p. m. et durant les
confessions le samedi soit à 5 heures 30 p. m.
2. Pour lire
en d’autres temps, il faut avoir une permission écrite de M. le Préfet,
à la condition expresse que les devoirs soient terminés et les leçons
apprises.
3. La lecture
des journaux et revues, sauf la Vie Écolière et la Vie Étudiante, est
défendue à la salle d’étude. Elle doit se faire à la salle de lecture.
4. Tout livre
qui n’est pas de la bibliothèque du Séminaire doit être approuvé par M.
le Préfet ou M. le Directeur. Les surveillants sont autorisés à enlever
tout volume qui n’a pas cette approbation. Par contre, un volume
approuvé pour un élève ne l’est pas nécessairement pour un autre et ne
donne pas l’autorisation de le faire circuler dans toute la communauté.
5. Il est
formellement interdit de s’abonner aux « clubs de livres » et aux
digests français ou anglais.
Correspondance
La
correspondance doit se faire aux études de lecture. Elle doit être
laissée à la surveillance discrète de M. le Directeur. Les lettres
seront par conséquent déposées non cachetées dans la boîte à l’arrière
de la salle d’étude.
Classe
La montée en
classe doit se faire en silence de chaque côté de l’escalier ou du mur à
l’appel du maître d’étude. Après la prière, tous doivent se mettre
immédiatement au travail.
Tout élève
qui arrive en retard en classe doit justifier son absence par un billet
des autorités compétentes.
Si un élève
est congédié de l’étude ou de la classe, il doit se rendre immédiatement
chez M. le Préfet ou chez M. le Directeur pour expliquer sa conduite et
recevoir sa sanction.
Quand il y a
classe à 11 heures a. m., tous les élèves doivent arrêter à l’étude et
attendre le signal du maître pour monter en classe.
Les élèves veilleront à la
propreté générale particulièrement des salles d’étude et des classes.
Ils conserveront leur bureau propre et ne le détérioreront d’aucune
façon. |
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# 3865
29 septembre 2017
Exercices religieux
Dans les
années 1950 et au début des années 1960, au Séminaire de Rimouski, bon
an mal an, il y avait autour de 500 élèves. L’aspect religieux prenait
une grande place. Les offices
religieux et les prières comme le chapelet prenaient environ 12 heures
dans une semaine, presque deux heures par jour.
Voici les
règles concernant les exercices religieux :
Messe
« L’auguste
sacrifice de l’autel est l’acte principal du culte divin ; il faut donc
qu’il soit la source et le centre de la piété chrétienne. » Mediator
Dei, Pie XII
Pour se
conformer à ce vœu de Pie XII, l’étudiant s’efforcera de comprendre la
valeur transcendante de la Sainte-Messe et son sens communautaire. Il y
participera de façon active en alternant dans les prières avec le
prêtre, en suivant dans son missel et en communiant à la Divine Victime.
(Note. La messe était obligatoire tous les jours.)
Vêpres
Parce
qu’elles sont une partie de l’office divin, prières de louange au
Très-Haut, les vêpres ne seront jamais un rite désuet. Les élèves
chanteront les psaumes avec tout leur cœur en essayant de s’unir aux
sentiments inspirés du psalmiste. (Note. Les vêpres étaient obligatoires
tous les dimanches.)
Confession et direction
Tous les
élèves doivent se confesser fréquemment et avec grand esprit de foi.
(Note. De façon concrète, des prêtres occupaient les six confessionnaux
de la chapelle tous les samedis entre 16 et 18 heures. Il était
recommandé de se confesser une fois par semaine.)
Ils se
rendront régulièrement, au moins une fois par mois, chez le directeur
spirituel de leur choix pour lui exposer leurs problèmes personnels et
recevoir les exhortations nécessaires au progrès de leur vie
spirituelle.
Exercices
Une pratique
religieuse fortement suggérée et à la fois très facile est l’offrande de
la journée au Divin Cœur de Jésus et la récitation des trois Ave le
soir.
Tous les
étudiants sont fortement invités à pratiquer la méditation quotidienne,
conversation intime avec Dieu, qui s’avère une source de grâces
abondantes et précieuses.
Ils devront
visiter souvent le St-Sacrement, faire une courte prière au moins en
passant à la chapelle.
Les prières
avant et après les classes et les études, de même que l’Angelus,
recevront une attention spéciale.
La dévotion à
la Très Sainte-Vierge doit être particulièrement cultivée par les
jeunes. Non seulement la récitation du chapelet se fera quotidiennement,
mais les élèves sont aussi invités à faire partie de la Congrégation
mariale, afin de mieux connaître et servir cette bonne mère.
Dans leur
milieu étudiant, les élèves devront s’efforcer de pratiquer l’apostolat
par l’exemple et par leur participation aux divers mouvements d’action
catholique. C’est la façon la meilleure de se préparer à jouer un rôle
important dans l’avenir.
Chacun fera
sa retraite annuelle avec esprit de foi et générosité afin de se mériter
les grâces d’une bonne année scolaire.
À la
chapelle, tous doivent avoir une tenue irréprochable, observant le
silence absolu, le recueillement et être prompt à obéir aux signaux
donnés.
Ils
réciteront lentement, à haute voix, les prières de la communauté et se
rendront servir la messe à leur tour. |
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#
3825
11 septembre 2017
58 ans plus tard
Voici les
noms de ces 12 confrères disparus :
René Beaulieu
Lévis Belzile
Jean-Paul Cyr
Léonard Desjardins
Léopold Fournier
Gilles Gamache
Clément Lavoie
Paul-Émile Lavoie
Jean-Marc Morin
Marcel Rioux
Jean-Marc Sinclair
Rémi Thibault
Requiescant
in pace ! |
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#
3730
8 juin 2017
Admission et exclusion
Dans les
années 1950 et au début des années 1960, au Séminaire de Rimouski, bon
an mal an, il y avait autour de 500 élèves. Ceux-ci étaient soumis à des
règles précises. Voici les règles concernant l’admission et
l’exclusion :
Admission
On admet en
Éléments-Latins un élève qui a obtenu son certificat de septième année
et qui a subi avec succès l’examen d’admission du Séminaire. On exige de
plus que l’élève ait des dispositions intellectuelles suffisantes pour
faire un cours classique, un certain intérêt pour ce genre d’études et
un bon naturel.
Il doit
remplir sa carte d’inscription et la retourner au Directeur avant le 15
juillet avec le montant demandé. Après cette date, on ne peut garantir
la place.
Il doit
apporter une lettre de recommandation de son curé, un certificat de
vaccination contre la varicelle et un certificat médical dûment signé
par un médecin. Une formule est fournie à ce sujet.
Aucune
demande d’un élève d’un autre collège ne sera prise en considération si
elle n’est pas accompagnée d’une lettre explicative des Autorités de ce
dit Collège et des deux bulletins universitaires de l’année précédente
ou en cours.
Exclusion
Les délits
suivants sont considérés par le Conseil comme des cas d’exclusion :
1.
L’éloignement habituel des exercices religieux.
2. La
négligence constante dans l’observance du règlement et le mauvais
esprit.
3. Les
mauvaises mœurs.
4.
L’insubordination grave.
5. Le fait
d’introduire au Séminaire, d’avoir en sa possession ou de faire circuler
des livres, journaux, revues, magazines considérés comme gravement
proscrits par la morale ou la foi.
6. Les
sorties en ville sans autorisation et l’usage de boissons alcooliques.
7. Le fait
d’avoir en sa possession et sans autorisation les clefs du Séminaire.
8. Tout autre
délit suffisamment grave au jugement du Conseil pour mériter cette
sanction. |
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#
3660
10 mai 2017
Congés et vacances
Dans les
années 1950 et au début des années 1960, au Séminaire de Rimouski, bon
an mal an, il y avait autour de 500 élèves. Ceux-ci étaient soumis à des
règles précises. Voici les règles concernant les congés et les
vacances :
Les congés
Les congés
sont fixés au mercredi de 12 heures à 5 heures p. m. et au samedi et
dimanche de 12 heures à 4 heures p. m.
Ces congés ne
sont pas donnés pour fournir l’occasion de sortir en ville. Au
contraire, ils doivent servir à organiser les jeux sur le terrain et
dans le gymnase.
On se fera un
point d’honneur d’être présent à l’heure et à l’endroit déterminé durant
le congé afin que les jeux puissent fonctionner à plein rendement.
Durant le
congé, un élève doit ordinairement être capable de faire une heure de
lecture environ à la salle de lecture, à la salle d’études ou à la
bibliothèque.
On profitera
de ce temps pour se rendre au studio de dessin et de peinture, si on y
est intéressé. On pourra de même pratiquer les instruments de musique
aux heures indiquées, sans oublier la visite au St-Sacrement fortement
recommandée.
On veillera
cependant à ne pas se trouver à des endroits indus et isolés. Ainsi on
ne peut pas se rendre en classe sans une permission du Directeur.
Pour
organiser des excursions scoutes ou de ski, il faut faire une entente au
préalable avec M. le Directeur.
On viendra
faire signer la liste des participants après le dîner. Seuls ceux qui
ont 7 et plus en travail et en conduite pourront y participer.
On se fera un
point d’honneur de se rendre seulement aux endroits indiqués et dans les
heures déterminées.
Tout concours
sportif organisé en dehors des limites du Séminaire et des Écoles doit
être expressément autorisé par M. le Directeur.
Les vacances
Durant
l’année scolaire, l’élève jouit de trois périodes de vacances : à la
Toussaint, à Noël et à Pâques. La date et la longueur de ces vacances
sont déterminées par le Conseil (du Séminaire).
Les élèves
sont autorisés à se rendre dans leur famille pour assister aux
funérailles de leurs proches parents (père, mère, frère, sœur,
grand-père, grand-mère) et au service anniversaire de leur père ou mère,
frère ou sœur.
Ils pourront
aussi se rendre aux noces d’argent de leurs parents ou pour toute autre
raison jugée assez sérieuse par M. le Directeur.
Il ne leur
est cependant pas permis d’assister au mariage de leurs frères et sœurs.
Quand un
élève revient d’une de ces sorties, il doit venir avertir M. le
Directeur de son retour. |
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#
3610
18 avril 2017
Esprit du règlement
Dans les
années 1950 et au début des années 1960, au Séminaire de Rimouski, la
majorité des élèves étaient des pensionnaires. Ceux-ci étaient soumis à
des règles de conduite strictes qui étaient généralement appliquées avec
souplesse. Les autorités du Séminaire étaient conscientes que ces règles
avaient été conçues pour des élèves de 12 à 22 ans. Aussi, elles avaient
eu la précaution d’établir des principes de base pour que la vie se
déroule normalement et le plus sereinement possible. Voici un texte
rédigé par les autorités du Séminaire qui établit dans quel esprit
devait être élaboré et appliqué un règlement et comment il devait être
reçu par les élèves :
« Tout
d’abord, le règlement ne doit pas être conçu et élaboré de façon à créer
une discipline militaire, unique et rigide pour tous. On sacrifierait
les personnalités à un ordre trop uniforme.
Il doit, au
contraire, créer un climat de sécurité en indiquant clairement les
obligations et les sanctions. Il doit créer un climat de liberté,
laissant aux élèves le plus d’initiatives personnelles possible dans des
cadres bien limités cependant.
Le règlement
doit guider le choix, mais celui-ci reste personnel : c’est le véritable
apprentissage de la liberté. On devra tenir compte de cet aspect dans
l’application du règlement par le directeur et les maîtres de salle.
Par contre,
le règlement doit être bien accepté par les élèves. C’est la condition
même de sa valeur formatrice. Il faut que l’élève comprenne que c’est un
bien pour lui d’obéir et d’être zélé dans l’observance du règlement.
L’autorité, en fait, n’est pas là pour briser ses élans, mais au
contraire pour les orienter dans la bonne direction.
Si, au
contraire, le règlement est mal accepté, il favorisera le développement
d’un esprit critique (voir la note ci-après) si facile et fréquent à cet
âge et si nuisible pour l’avenir.
Comment faire
comprendre à chaque élève que le règlement est bon pour lui, qu’il est
meilleur que son intérêt particulier ?
Comment
établir un règlement et l’appliquer de façon à ce qu’il soit formateur
pour les divers groupes d’élèves selon les âges respectifs ? Ce sont
deux grands problèmes qui ne seront jamais résolus complètement et il y
aura toujours du progrès à faire. Les principes de la solution se
trouvent énoncés dans un discours de Sa Sainteté Pie XII. Ils se
résument dans ces trois mots : discernement, modération et douceur ».
(Fin du texte cité)
Note.
L’esprit critique est généralement « la disposition d'une personne à
examiner attentivement une donnée avant d'établir la validité de
celle-ci. » (Wikipédia) À cette époque, quand on parlait d’esprit
critique, on faisait allusion au fait qu’un élève était négatif. Il est
probable que le grand philosophe Pascal Parent n’aurait pas utilisé ici
cette expression. |
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#
3550
25 mars 2017
Quelques souvenirs
Je me souviens qu’un soir à la chapelle en septembre 1953 lors de la prière
du soir au Séminaire de Rimouski, alors que j’avais 12 ans, je
réfléchissais à mon avenir. Je me disais : « Je vais être pensionnaire
pendant 8 ans. Quand j’aurai terminé mon cours classique, j’aurai 20
ans, presque la moitié de ma vie. J’espère ne pas être malade d’ici ce
temps ». J’étais angoissé.
Je me souviens quand le
cardinal Paul-Émile Léger est venu au Séminaire en 1953. Il est reçu en grandes pompes. Ses habits
cardinalices sont impressionnants. Il donne deux causeries et un congé
de classe. On le considère comme le Prince de l’Église. C’est le roi des
rois. Il règne sur le diocèse de Montréal.
Je me souviens quand Jean Drapeau est venu au
Séminaire en 1956. Il avait été élu maire de Montréal l’année précédente en faisant campagne sur la
base d'une épuration des mœurs dans la métropole. Lui aussi est reçu en
grandes pompes par les autorités du Séminaire. Il donne une conférence à
la salle d’études sur le rôle de la jeunesse canadienne. Il compare la
vie en société à une roue dont tous les moyeux sont nécessaires à
l’équilibre. Je me suis toujours demandé pourquoi on l’avait invité.
Je me souviens qu’à
chaque automne on fête le Supérieur du Séminaire comme si c’est un Dieu.
Il y a un spectacle organisé par les élèves où se côtoient chants,
musique et présentations d’hommages. Lui aussi donne un congé, mais ce
congé permet d’aller dans nos familles lorsque c’est possible, soit de
faire l’aller-retour en une seule journée. À défaut, on peut aller faire
un tour en ville.
Je me souviens que l’abbé
Raoul Thibaut, plus tard nommé chanoine, vient nous rencontrer à la
salle d’études à 6 heures 15 du matin pour nous dire qu’on sera plus
tard l’élite de la société à la condition de placer nos études et notre
carrière future sous la protection de la Vierge Marie.
Je me souviens de ces
retraites de vocation qui durent parfois une semaine dans le silence le
plus total où le prédicateur nous dit que la meilleure façon de nous
sauver (lire : aller au ciel), c’est de consacrer sa vie à Dieu en
embrassant l’état sacerdotal. Plusieurs réflexions du prédicateur
provoquent de l’angoisse chez la plupart des élèves, surtout chez ceux
qui veulent servir la société dans l’état civil.
Je me souviens de bien
d’autres choses. Nous vivions alors dans une société obnubilée par la
religion et plusieurs pasteurs de l’époque ont abusé de la situation.
Ils ont aidé à nous construire, mais il a fallu se déconstruire par la
suite. |
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#
3500
5 mars 2017
Les
employés du Séminaire
Quand le
Séminaire de Rimouski existait, les tâches d’enseignement et de
surveillance étaient attribuées principalement à des prêtres. Bon an mal
an, ils étaient une cinquantaine à se dévouer auprès des élèves pour un
piètre salaire.
Dans
l’enseignement, ils étaient assistés par des professeurs laïcs masculins
dont la rétribution était légèrement inférieure à celle des enseignants
masculins des écoles publiques. Pour le même travail, un enseignant
marié gagnait plus que le célibataire. C’est en 1965 que cette
disposition fut abolie. Gérard Bernier qui en était à sa dernière année
d’enseignement cette année-là m’avait dit : « Vous les jeunes, vous êtes
chanceux. Vous avez le même salaire que les hommes mariés ».
Personnellement, j’en étais à ma première année d’enseignement au
Séminaire.
Pendant
longtemps, le Séminaire a été une véritable PME. Du personnel était
affecté à l’entretien, à la surveillance de nuit et à la réception.
L’institution possédait une cafétéria, une menuiserie, une meunerie et
une buanderie dans son édifice.
Sauf la
cafétéria et la buanderie qui étaient gérées par les Petites Sœurs de la
Saint-Famille depuis 1906, les employés étaient des laïcs. En 1956-1957,
on comptait 112 employés dont 26 religieuses, 58 servantes et 11
serviteurs qui pensionnaient au Séminaire. Si on inclut le personnel
enseignant qui comptait cette année-là 51 prêtres et 7 laïcs, le total
était de 170 employés, tout cela pour 593 élèves dont 445 pensionnaires.
C’était donc un gros village avec presque tous les services de base.
Le Séminaire
possédait aussi une maison sur la rue Sainte-Marie en face du Centre des
loisirs. Un membre du personnel y résidait avec sa famille. Lors de la
vente du Séminaire au Cegep en 1968, les autorités du Séminaire avaient
l’intention de conserver cette maison, mais le négociateur en chef
Claude St-Hilaire ignorait ce détail si bien que la maison fit partie de
la transaction. La meunerie avait été vendue quelques mois plus tôt.
Parmi les
employés d’entretien, dans les années 1950, citons sœur Pauline qui a
dirigé la cafétéria pendant plus de 20 ans, un M. Picard, appelé le Père
Picard, qui avait débuté la même année que sœur Pauline et qui racontait
des histoires aux élèves, un M. Chassé à la menuiserie et J. A. Ouellet
à la meunerie.
Il ne faut pas oublier un
portier du nom de Pierre Cellier. C’était un homme pas très grand qui
accueillait les visiteurs, annonçait leur présence par intercom à la
salle de récréation et transférait les appels téléphoniques des parents
aux élèves. Quand le Séminaire ferma ses portes, on lui permit d’occuper
un modeste logement à l’entrée de la résidence des prêtres dans
l’ancienne école d’Agriculture. Il en était officiellement le portier.
Ajoutons
qu’un concierge de nuit avait la tâche de surveiller l’immense bâtisse
du Séminaire et de ses écoles adjacentes pour éviter le feu et les vols.
Des boîtes étaient installées au mur à des endroits stratégiques.
L’homme devait suivre un itinéraire précis à des heures données. Il
avait en main un trousseau de clés. Il insérait une clé dans chaque
boîte et ainsi la preuve et l’heure de sa présence étaient enregistrées.
Le Procureur du Séminaire pouvait donc vérifier son passage dans tout
l’édifice et dormir tranquille. |
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#
3435
7 février 2017
Les films
Dans les années 1950, quand j’étais pensionnaire au Séminaire de Rimouski,
des films étaient présentés à la Salle académique lors des congés où le
temps était maussade. C’était une joie d’entendre la voix des maîtres de
salle qui annonçaient une telle activité.
Personnellement, au début j’y assistais. Toutefois, j’avais un problème de
taille. Comme j’ai beaucoup de difficultés à reconnaître les visages, je
perdais des séquences à me demander si le comédien était le même qui
était apparu auparavant. Mes interrogations étaient si nombreuses en
cours de représentations que je finissais par sombrer dans le sommeil.
De tous les films que j’ai vus à l’époque, j’ai souvenance de n’en avoir
vu aucun en entier. Je sortais de la Salle académique le corps reposé,
mais j’étais frustré. Si bien que j’ai abandonné de me consacrer à cette
activité masochiste.
Rendu à la grande salle, il était permis d’aller voir des films au Cinéma
Auditorium de la rue Michaud le dimanche après-midi à la condition d’avoir 16
ans pour certains films. Il y avait présentation de deux films en
rafale. Le tout commençait à 13 heures. Chaque dimanche, un problème se
dessinait à l’horizon. Nous devions revenir au Séminaire à 16 heures 10.
Évidemment, le deuxième film roulait encore. Nous n’avions pas le choix
de respecter l’heure du retour, sinon ce privilège nous aurait été
personnellement retiré.
Quand mon maigre budget le permettait, je consacrais 25 sous pour aller à ce
cinéma. Avec beaucoup d’efforts, je réussissais à mieux suivre le film
surtout quand je connaissais certains acteurs. Évidemment, j’avais exclu
tout film d’espionnage, car il arrive qu’on joue sur la ressemblance des
figurants.
La grande majorité des spectateurs en ces dimanches après-midi étaient des jeunes du Séminaire et de d’autres institutions comme de
l’école de Commerce et de l’école Technique. À partir de 16 heures, les
élèves du Séminaire, portant le blazer marine, sortaient un à un gênés,
frustrés, la tête entre les deux jambes. On ne savait jamais comment
s’est terminé le deuxième film.
Parmi les films que j’ai retenus de cette époque, on retrouve :
•
Certains l’aiment chaud (Some
Like It Hot), un des films le plus drôle du 20e siècle
avec Marylin Monroe et Tony Curtis, 1959, dont la durée est de 120
minutes.
•
Le pont de la rivière Kwaï, 1957, d’une durée de 161 minutes.
•
Une vie, 1958,
d’après le roman du même titre de Guy de Maupassant. Ce film d’une durée
de 86 minutes que j’ai vu au Cinéma Cartier m’avait profondément
troublé. D’ailleurs, une nouvelle version a vu le jour en 2016. |
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# 3365 10 janvier 2017
Communautés religieuses
Au début de
la colonie, les institutions religieuses achetaient des terres pour
assurer notamment la subsistance de leurs membres. Là où elles
s’implantaient, les lieux se développaient rapidement et finissaient par
attirer suffisamment d’habitants pour former une ville.
En 1937, la ville de Rimouski
occupait un espace restreint, soit 3,4 kilomètres carrés, alors
qu’aujourd’hui son territoire est de 529,5 kilomètres carrés.
Les communautés et institutions
religieuses à savoir l'Évêché, le Séminaire, les Frères du Sacré-Cœur,
les Sœurs du Saint-Rosaire, les Sœurs de Jésus-Marie, les Sœurs de la
Charité et les Ursulines occupaient dans la ville 0,38 kilomètre carré,
soit 11 % de la superficie totale. Ces institutions employaient 267
personnes. En plus, la ville comptait 546 propriétaires : trois
propriétaires de fermes et 543 propriétaires de maisons.
Les quatre rangs de Rimouski
formaient la municipalité rurale de Saint-Germain-de-Rimouski qui
occupait 58,9 kilomètres carrés. Cette dernière était entourée par les
municipalités rurales de Sainte-Anne-de-La-Pointe-au-Père,
Saint-Anaclet-de-Lessard, Sainte-Blandine, Notre-Dame-du-Sacré-Cœur et
la ville de Rimouski.
Quatre institutions religieuses y
possédaient des terres qui étaient les prolongements de celles qu’elles
possédaient dans la ville de Rimouski. Ces institutions détenaient 2,66
kilomètres carrés : 1,04 kilomètre carré pour le Séminaire de Rimouski,
0,04 kilomètre carré pour
les Frères du Sacré-Cœur, 1,16 kilomètre carré pour les Sœurs du
Saint-Rosaire et 0,42 kilomètre carré pour les Ursulines.
De plus, le Séminaire de Rimouski
détenait une petite terre de 0,2 kilomètre carré au Bic. Cela correspond
à un lot de 2 arpents de front par 30 arpents de profondeur. Peut-on
penser qu’un père de famille a cédé son lot pour payer les frais de
pension et de scolarité d’un de ses fils au Séminaire ?
La paroisse religieuse de
Saint-Germain-de-Rimouski comprenait alors le territoire de la ville et
une bonne partie de la municipalité rurale de Saint-Germain-de-Rimouski.
Je me souviens que, dans les
années 1960, sous la deuxième rue, il y avait un tunnel pour laisser
passer les vaches du Séminaire dont le gestionnaire était l’École
d’agriculture.
(La plupart des renseignements de
ce texte sont puisés dans Rapport
d’un inventaire des ressources naturelles et industrielles du comté
municipal de Rimouski, publié en 1938 par l'Office de recherches
économiques du Québec. » |
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# 3305
17 décembre 2016
Mon professeur le moins estimé
De nouveau, c’est la rentrée au Séminaire de Rimouski en septembre
1955. Je suis en Méthode C. Pour la première année dans l’histoire de ce
collège classique, il y a trois groupes dans ce degré. Les titulaires
des classes A et B sont des laïcs qui ont bonne renommée.
Le professeur titulaire de mon groupe est l’abbé Firmin Bonnet (ce
n’est pas son vrai nom). C’est un amateur de littérature et de musique.
Il est plutôt de nature insouciante et n’a pas l’air d’aimer son métier,
sauf quand il nous parle de ses passions.
L’abbé Bonnet arrive souvent en retard en classe. Le temps, pour
lui, semble ne pas compter. Il fait son possible pour nous enseigner les
rudiments des matières dont il est responsable : français, latin,
histoire et géographie. Toutefois, on ne sent aucun enthousiasme dans
son enseignement. Il semble plutôt exercer sa tâche en amateur et sans
zèle véritable. Parfois, il a l’air endormi et ailleurs.
Il corrige rarement les travaux dont il nous gratifie. Quand il le
fait, les travaux reviennent deux ou trois semaines plus tard avec
presque pas d’annotation.
Un jour, l’abbé Bonnet arrive en classe … en retard. Pour une fois,
il nous donne la raison de ce retard. « Je viens de rencontrer le préfet
des études, dit-il, et il me demande les notes du trimestre pour
après-demain. Je n’ai aucune note en latin depuis le début de la
session. Demain, vous aurez un examen. »
Le lendemain arrive. Comme les autres élèves, je m’attends à une
version latine, à un thème latin ou encore à des questions de grammaire
latine. Pas du tout. Il nous propose 20 proverbes … en français. Il
s’agit pour nous d’associer deux à deux des proverbes qui ont à peu près
le même sens.
Après l’examen, il demande à trois ou quatre élèves de la classe
d’aller à sa chambre le soir même pour corriger les travaux. Le
lendemain, pour une fois rapidement, les résultats nous arrivent. Nous
avons notre note de latin pour le trimestre.
Un fait significatif. Quatre ans plus tard, l’abbé Bonnet est nommé
desservant dans une paroisse de la Gaspésie. Dès son arrivée, il annonce
aux fidèles qu’une messe aura lieu à 16 heures chaque jour de la
semaine. Toutefois, comme il sait qu’il est souvent en retard, il
indique qu’il sonnera la cloche de l’église 15 minutes avant le début de
la messe. De plus, si la cloche ne résonne pas, il n’y a pas de messe.
L’année où l’abbé Bonnet m’a enseigné, mes résultats furent
catastrophiques. Il est clair que j’ai porté le bonnet d’âne.
Je tiens à ajouter que cette appréciation relève de mon vécu. Les
autres élèves n’avaient pas nécessairement la même opinion à son égard. |
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# 3250
25 novembre 2016
Les
programmes d’études
Aujourd’hui,
le ministère de l’Éducation conçoit un programme d’études pour chaque
matière et pour chaque degré à l’intention des écoles du Québec. Il
n’est pas rare de voir un programme dans un document dépassant les 100
pages. Les éditeurs de manuels scolaires produisent à partir de ce
programme. Les élèves sont évalués par des examens du Ministère dans les
matières qu’il choisit.
Autrefois, le
Séminaire de Rimouski était affilié à l’université Laval. La
responsabilité des programmes relevait de la faculté des Arts de cette
université. Le diplôme était décerné par l’université. Il s’appelait
baccalauréat ès arts.
Cette faculté
faisait passer des examens de fin d’année dans certaines matières de
quatre degrés : Versification, Rhétorique, Philosophie I et Philosophie
II. Ces examens ne tenaient qu’à une feuille. Par exemple, en
Philosophie II, l’examen de mathématiques d’une année ne comportait que
six problèmes.
Les
programmes étaient généralement succincts.
La photocopieuse n’existait pas encore et les moyens d’impression
étaient plutôt artisanaux.
En 1953-1954,
alors que j’étais élève au Séminaire de Rimouski, les programmes pour
une matière ne dépassaient pas 10 lignes par degré. À titre d’exemple,
je présente dans leur intégralité les programmes de mathématiques pour
les huit années du cours classique cette année-là. Les mots en italique
réfèrent à un titre de manuel scolaire.
• Éléments
latins : Les mathématiques de la
vie courante (FEC).
• Syntaxe
latine : Arithmétique (FEC).
Algèbre et géométrie.
• Méthode :
Algèbre et géométrie.
•
Versification : Programme de l’immatriculation :
Arithmétique, cours supérieur (FEC). Algèbre, géométrie.
Trigonométrie (FIC).
•
Belles-Lettres : Programme de l’université Laval : algèbre, géométrie
plane et géométrie analytique.
Trigonométrie (FIC).
•
Rhétorique : Programme de l’université Laval : algèbre, géométrie plane,
géométrie analytique, trigonométrie.
• Philosophie
I : même programme qu’en deuxième année : algèbre, géométrie.
Trigonométrie (FIC).
• Philosophie
II : Programme du baccalauréat : Cours d’algèbre élémentaire (Réunion de professeurs).
Cours de géométrie (Classes de
2e et de 1e, Réunion de professeurs).
Trigonométrie (Hall & Knight). Calcul différentiel.
Certains
manuels avaient été écrits par des communautés de Frères (FEC : Frères
des Écoles chrétiennes et FIC : Frères de l’Instruction chrétienne).
Ceux provenant d’une réunion de professeurs avaient été édités en
France. Hall & Knight étaient deux auteurs américains dont le livre
avait été traduit en français.
Il est
probable que les jeunes enseignants de mathématiques d’aujourd’hui
seront surpris de constater la brièveté des programmes et des examens,
surtout quand on sait que, de nos jours, un examen de mathématiques peut
s’étendre sur une dizaine de pages. |
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# 3195
3 novembre 2016
Distribution des prix
À la fin de chaque année, au Séminaire de Rimouski, comme dans tous les
collèges classiques, il y avait la distribution solennelle des prix.
L’événement se tenait pour encourager la réussite scolaire, tout en
soulignant la fin des classes. Les parents étaient invités à assister à
cette cérémonie.
Généralement, deux prix d’excellence et deux accessits d’excellence
étaient attribués dans chaque groupe-classe. Les prix d’excellence
allaient aux deux élèves qui avaient obtenu la meilleure moyenne de
toutes les matières et ce, pendant toute l’année. Les deux suivants
obtenaient des accessits d’excellence. Il y avait aussi de telles
distinctions pour chaque matière. De plus, tout élève qui avait obtenu
une moyenne de plus de 66 ⅔ % et qui n’avait pas de prix ou d’accessits
recevait une mention honorable.
À titre d’exemple, voici les honneurs reçus par les quatre premiers de
classe d’Éléments latins C en 1953-1954 :
• Charles-Henri Desrosiers : Premiers prix d’excellence, de composition
française, de grammaire française, de grammaire latine, d’anglais, de
sciences, de devoirs et leçons. Deuxièmes prix d’explication française
et de version latine. Premiers accessits de thème latin et de
catéchisme. Deuxième accessit d’histoire.
• Jérôme Gendron : Deuxième prix d’excellence. Premiers prix d’analyse,
d’histoire et de thème latin. Deuxièmes prix de grammaire française, de
devoirs et leçons. Premier accessit d’anglais. Deuxièmes accessits de
composition française et de version latine.
• Paul Bérubé : Premier accessit d’excellence. Deuxièmes prix
d’histoire, de chant et de diction. Premier accessit de devoirs et
leçons. Deuxièmes accessits de dictée, de grammaire française, de
grammaire latine et de catéchisme.
• Raymond Levasseur : Deuxième accessit d’excellence. Premier prix de
version latine. Deuxièmes prix de dictée et d’analyse. Premiers
accessits de grammaire française, de grammaire latine et d’histoire.
Deuxièmes accessits de thème latin, d’anglais, de devoirs et leçons.
Il n’était pas rare que les trois ou quatre premiers d’une classe
raflent une grande partie des prix. En 1953-1954, pour cette classe, les
deux prix de catéchisme sont allés à Joseph Saint-Pierre et à Lévis
Belzile. Les deux prix de mathématiques sont allés à Louis-Germain
Lévesque et à Raymond Côté.
D’autres premiers prix ont été obtenus : diction (Raymond Côté), dictée
(René Dionne), chant (Georges-Noël Fortin) ; de même, d’autres deuxièmes
prix : composition française (Raymond Côté), grammaire latine (Romain
Rousseau), thème latin (René Boisvert), anglais (Jacques Bujold),
sciences (Georges-Noël Fortin), sans compter 12 accessits.
Lors de la cérémonie de distribution des prix qui se déroulait dans
l’auditorium du Séminaire (aujourd’hui salle Georges-Beaulieu du Cégep),
chaque élève concerné était invité à monter sur la scène où on énonçait
ses distinctions. Les plus méritants recevaient de trois à dix livres.
En 1953-1954, il y avait 15 groupes-classes au Séminaire. Imaginez la
patience qu’il fallait avoir pour entendre ce palmarès.
Toutefois, notre attention était très grande quand arrivait notre classe
car nous ne savions pas qui étaient les heureux nommés. « Peut-être,
aurais-je un prix ? » se disait-on. |
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#
3180
28 octobre 2016
Robert Michaud (1916-2011)
Demain le 29
octobre, c’est le centième anniversaire de naissance de l’abbé Robert
Michaud dont la paroisse natale est L’Isle-Verte.
L’abbé Robert
Michaud a été directeur des élèves au Séminaire de Rimouski de septembre
1954 à juin 1957. Dès son entrée en fonction, il a mis l’accent sur les
activités socio-culturelles et sportives. Reconnu pour sa jovialité, il
n’hésitait pas à faire confiance. Il fit des ententes de services avec
la ville de Rimouski pour que les élèves aient accès au Colisée de même qu’au gymnase et autres locaux du
Centre des Loisirs de Rimouski, édifice situé derrière le Séminaire.
En novembre
1954, il décida d’ouvrir un dossier pour chacun des élèves. Auparavant,
tout était inscrit dans des grands livres : les notes de conduite et
d’assiduité au travail de même que les résultats scolaires. Il me
contacta pour que j’inscrive sur chaque chemise le nom des élèves, soit
un peu plus de 500. Il prétexta que j’avais une belle écriture.
Peut-être que c’était vrai à l’époque, mais aujourd’hui cela a beaucoup
changé. Pendant quelques jours de congé, je me suis attelé à cette
tâche. Quand le Séminaire a fermé ses portes en 1968, le classeur
contenait encore les mêmes dossiers.
J’ai eu
l’occasion d’entrer en relation avec l’abbé Michaud à quelques
occasions. Il a été directeur du Cercle missionnaire alors que je
faisais partie de ce groupe dont j’ai été le président en 1960-1961. Il
m’a enseigné l’Écriture sainte au Grand Séminaire. En 1968-1969, alors
qu’il était aumônier au Séminaire, alors école de la Commission scolaire
régionale du Bas-Saint-Laurent, il avait conçu un projet pour que les
élèves se rencontrent le soir. Le Cegep de Rimouski avait accepté de lui
prêter un local sur la rue Sainte-Marie. Ce lieu de rencontres fut
appelé La meunerie.
Malheureusement, le site ferma ses portes quand il y eut un vol dans la
petite caisse. Ce fut très douloureux pour lui étant donné la confiance
qu’il témoignait envers les élèves.
Dans le site
du diocèse de Rimouski, on peut lire : « Robert Michaud a été nommé
professeur émérite et écrivain résident à l’Université du Québec à
Rimouski (UQAR) en 1982 ; il a reçu le prix Arthur-Buies du Salon du
livre de Rimouski en 1985 et le prix Esdras-Minville des Loisirs
scientifiques de l’Est du Québec et de Radio-Québec en 1986 ; il a été
fait membre de l’Ordre du Canada en 2000. […] L’abbé Michaud a aussi
publié neuf volumes sur l’Ancien Testament, dont cinq traduits en
italien, espagnol ou portugais, et sept livres sur l’histoire
régionale. »
En ce centième anniversaire, il me
semble opportun d’avoir une pensée pour cet homme qui est reconnu
mondialement à titre de spécialiste de la Bible, lui qui a écrit plus de
2600 pages sur le sujet. Il a aussi écrit plus de 1300 pages sur
l’histoire de L’Isle-Verte. Un bel héritage. |
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#
3140
12 octobre 2016
La
meunerie
En 1938, l'Office de recherches
économiques du Québec a publié le rapport d’un inventaire des ressources
naturelles et industrielles du comté municipal de Rimouski. On y
retrouve notamment des renseignements sur la meunerie du Séminaire.
Voici ce que l’auteur du rapport écrit :
« On relève dans la ville une
seule meunerie appartenant au Séminaire de Rimouski et administrée pour
ce dernier par Monsieur J. A. Ouellet. Cette petite industrie est
établie sur les dépendances du Séminaire depuis environ 25 ans. Elle
fonctionne actuellement 12 mois par année à rendement très irrégulier.
En 1937, on y a produit 20 000 livres de farine et 700 000 livres de
moulée.
Cette meunerie est exploitée pour
les besoins des cultivateurs de la région. Le Séminaire garde 10 % des
grains à titre de rétribution. Ce qui reste ainsi à l'administration est
employé en très grande partie soit à la boulangerie du Séminaire pour la
farine, soit à la ferme de l'École d'agriculture pour les moulées ; une
très faible proportion est vendue aux consommateurs locaux. » (Fin du
texte cité)
Le Séminaire n’avait pas le choix de minimiser les
dépenses liées à l’alimentation de ses centaines de bouches bon an mal
an, plus de 1000 dans les années 1950. Le pain que des générations
d’élèves à partir de 1912 ont consommé provenait de grains de blé
transformés dans la meunerie, local situé derrière le Séminaire à l’est
de la buanderie. La farine était pétrie dans la boulangerie du
Séminaire.
Dans le même
ordre d’idées, une bonne partie de la nourriture provenait de l’École
d’agriculture, notamment les œufs, les légumes, le lait et la viande.
Cette école a vu le jour en 1926 et a fermé ses portes en 1969.
La meunerie a
été vendue en 1968, peu avant la vente du Séminaire au Cegep de
Rimouski. |
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3100
26 septembre 2016
Les
Amis du Séminaire
Quand le
Séminaire de Rimouski existait, les frais de pension et de scolarité
demandés aux parents des élèves étaient le plus bas possible.
En 1956-1957, les déboursés pour
les pensionnaires s’élevaient à 425 $. Cela comprenait 20 $ pour
l’inscription, 250 $ pour la pension, 120 $ pour l’instruction, 15 $
pour le lit entretenu et 20
$ pour le lavage du linge.
La plupart des parents n’avaient pas tout
cet argent. Ils se faisaient aider par des bienfaiteurs prêtres et laïcs
qui avaient à cœur l’instruction de la jeunesse. Des bourses étaient
disponibles de la part de l’Archevêché. La cinquantaine de prêtres qui
enseignaient au Séminaire de Rimouski, à cette époque, touchaient de
maigres salaires, soit autour de 400 $ par année alors qu’une
institutrice de campagne gagnait autour de 1200 $. Bien sûr, les prêtres
étaient logés et nourris.
Un organisme a été créé pour permettre au
Séminaire de survivre : l’Œuvre du Séminaire. Cet organisme était appuyé
par l’Association des amis du Séminaire. Chaque année, dans toutes les
paroisses du diocèse de Rimouski, des bénévoles faisaient le tour des
foyers pour vendre des billets à 1 $ chacun. Pour encourager les gens à
ouvrir leur maigre gousset, des prix étaient attribués par tirage au
sort.
Voici ce que rapporte le journal
régional, le Progrès du Golfe,
en date du 22 février 1957 :
« M. Paul Hubert, inspecteur d’écoles régional,
a été choisi président de l’Association des Amis du Séminaire de
Rimouski, lors de l’assemblée générale annuelle de cet organisme. Au
cours de cette réunion, les Amis du Séminaire ont fait l’adjudication
des récompenses aux amis de l’œuvre.
Les cinq premières ont été remises
depuis à M. Marcel Turcot de Cabano, 500 $, à M. Augustin Michaud de
Sainte-Irène de Matapédia, 200 $, et les trois autres de 100 $ chacune à
MM. Pierre Charest de Mont-Joli, Fernand Paradis de
Saint-Jean-de-la-Lande, Témiscouata, et Mlle Marie Gagnon de Bic. Comme
1’an dernier, la paroisse de Notre-Dame du Sacré-Cœur s’est classée
première des localités du diocèse en souscrivant à l’Œuvre du Séminaire
une moyenne de 3 $ par famille. » (Fin du texte cité)
Un simple calcul nous permet de
constater qu’au moins 1000 $ étaient attribués en prix. Ce qui laisse
voir que plusieurs milliers de billets à 1 $ chacun avaient pris
preneur. |
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3070
14 septembre 2016
Amitié particulière de Zéphir
Zéphirin Verreau entra au
Séminaire de Rimouski en septembre 1887. Il avait alors 16 ans. Dans son
journal personnel, il décrit ses relations avec un ami. Ce texte
apparaît dans le livre Zéphirin
Verreau, élève du Séminaire de Rimouski, décédé le 7 décembre 1891.
Zéphir avait plusieurs amis, il en
avait un en particulier à qui il était étroitement uni. Cette amitié
paraît remonter à l'année 1888-1889. Dans son journal, on trouve le
texte suivant :
Samedi, 9 mars 1889
Ce soir, la récréation s'est
écoulée avec rapidité, car j'ai eu une conversation animée avec mon ami.
Durant la promenade nous parlions d'abord de l'amitié et de ses
douceurs. D'où, nous sommes venus à parler de Notre Mère (la Vierge
Marie), centre de notre amitié. Il ne m'avait jamais parlé avec autant
de sincérité et d'affection. Cette conversation si agréable pour les
enfants de Marie se prolongea après la promenade et nos cœurs se
réunirent encore davantage. Heureux ceux qui ont choisi Marie pour le
centre de leur amitié.
25 mars, fête de l'Annonciation.
À la récréation du soir, je marche
avec mon ami et nous nous communiquons les divers sentiments qui nous
ont animés pendant la journée et le chagrin avec lequel nous faisons nos
adieux à cette fête.
30 mars 1889.
Je commence à marcher seul sur le
jeu de balle. Je me rappelle tout-à-coup que c'est samedi soir et je
regrette de ne pas avoir été marcher avec mon ami ; mais un instant
après son compagnon le quitte et il vient marcher avec moi.
6 avril 1889.
Je marche d'abord avec G., puis
vient se joindre à moi mon ami qui ne fait qu'augmenter notre
conversation qui, comme tous les samedis, se tient au sujet de notre
aimable Mère.
11 avril 1889.
Je m'entretiens avec mon ami sur
les douleurs de notre Mère, car c'est demain la fête de Notre-Dame des
Sept-Douleurs.
19 avril, Vendredi Saint.
Promenade avec mon ami. Nous nous
entretenons des douleurs de notre Mère en ce jour au pied de la croix.
11 mai 1889.
Ce soir à la promenade, j'ai pu
converser avec mon ami. Nous constatons avec plaisir que notre affection
pour notre Mère augmente toujours. Oh ! que nous sommes heureux !
L'amitié n'est pas pour les cœurs corrompus. Puissent toujours nos cœurs
unis et serrés l'un contre l'autre être renfermés dans celui de Marie et
comprendre leur bonheur, là, à l'abri de tout danger, loin du tumulte du
monde et de la chair. Aimer notre mère de plus en plus, telle est notre
devise.
1er juin, samedi.
Après souper, j'ai pu converser
avec mon ami sur le lien inséparable qui existe entre la dévotion à
Marie et la dévotion au Sacré-Cœur.
15 juin 1889.
Ce soir, j'ai passé la récréation
avec mon ami, et nous nous sommes entretenus sur la grandeur des vertus
de notre Mère et de la puissance qu'elle a sur le cœur de son divin
Fils.
22 juin 1889.
Ce soir, agréable conversation
avec mon ami sur ce que nous ferons lorsque nous serons sé-parés pour
les vacances.
Pendant l'année 1888-1989, Zéphir
ne goûta que des douceurs et des consolations dans une amitié toute
franche ayant pour mobile l'amour de Marie. Toutefois sa mère si
prudente, à la vue de cette amitié si forte et si vive, ou plutôt
agissant sous la direction de la sainte Providence, exposa à son
vénérable curé les quelques légères appréhensions qu'elle avait sur
cette liaison. Celui-ci en parla à Zéphir. Dès lors, Zéphir alla
beaucoup moins souvent avec son ami ; au témoignage de celui-ci, il se
soumit avec résignation et bon vouloir. Cette amitié n'avait d'autre
principe ni d'autre fin que l'amour de Marie, et l'ami de Zéphir déclara
qu'il lui devait certainement son salut. (Fin du texte cité) |
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3030
29 août 2016
Implications de Zéphirin Verreau
Dès son entrée au Séminaire de
Rimouski, Zéphirin Verreau s’est impliqué dans différentes associations.
On en retrouve des traces dans le livre
Zéphirin Verreau, élève du
Séminaire de Rimouski, décédé le 7 décembre 1891. Voici un extrait :
« Zéphir aimait cette vie de
collège. Il se plaisait à en décrire les charmes dans son journal et à y
insérer cette foule de petits faits et de petits détails qui sont
propres à la vie d'écolier.
Ses relations avec ses confrères
furent toujours des plus cordiales ; sa grande bonté, son humeur
joviale, son caractère franc et ouvert le firent estimer de tous. […] Il
fut un véritable apôtre du bien, ayant toujours à cœur le maintien du
bon ordre, sachant donner un bon conseil, s'efforçant avec le concours
de ses amis de ramener dans le bon chemin ceux qui s'en éloignaient.
Il fut reçu dans la Congrégation
de la sainte Vierge dès l'année de son entrée au séminaire. Au
commencement de l'année 1891-1892, il en était le secrétaire. Le titre
de congréganiste lui était particulièrement cher. Il le disait à ses
confrères. Il mettait ce titre bien au-dessus de tout autre, quelque
honorifique qu'il put être.
Il fut aussi membre de l'Académie
St-Jean. Un petit nombre seulement font partie de cette société et, pour
y être admis, il faut avoir fait preuve d'une certaine capacité
littéraire. Il y fut admis durant son année de Belles-Lettres.
Il appartenait à la société
St-Louis de Gonzague, qui s'occupe principalement d'exercices de
déclamation.
Dans ses classes, Zéphir eut
toujours une bonne place. Dieu lui avait donné d'assez bons talents, et,
comme le bon serviteur de l'Évangile, il sut les faire fructifier par un
travail intelligent et sou- tenu. Il travaillait avec un ordre parfait :
ses devoirs journaliers sous le rapport de la propreté et de l'écriture
peuvent être donnés comme modèles.
Ses professeurs furent toujours
satisfaits de lui : je ne crois pas qu'il ne se soit jamais attiré le
moindre reproche. » (Fin du texte cité) |
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# 2965
17 juillet 2016
Gérard Plourde (1909-1987)
L’abbé Gérard Plourde a passé toute sa vie active au Séminaire de
Rimouski comme infirmier. Il travaillait sous la supervision d’un
médecin, dont pendant plusieurs années Jacques Ringuet, le père de
Michel Ringuet, ancien recteur de l’UQAR.
Dans sa biographie publiée sur le site du diocèse de Rimouski, on ne
mentionne pas qu’il ait fait des études en soins infirmiers. Après son
ordination en 1936, il fut nommé au Séminaire.
« En
raison de sa constitution plutôt délicate », on
lui assigna le poste d’infirmier. Son biographe dit que
« sa santé ne lui permettant pas de tenter par la suite un autre
ministère, il demeura lui-même 34 ans à ce poste, soit jusqu'à la prise
de sa retraite en 1970 ».
Au
Séminaire, dans les années 1950, quand on avait des malaises passagers,
le moment privilégié pour se rendre à l’infirmerie était au début
de l’étude du soir. Il n’était pas rare de voir des files d’élèves,
surtout les plus jeunes, attendre de recevoir des soins de M. Plourde.
Pour les maux de gorge, son intervention la plus courante était de
passer la « moppe ». En québécois, la moppe, qui provient du mot anglais
mop, est un torchon fixé à une manche pour laver les planchers. La moppe
de l’abbé Plourde était constituée d’une tige de bois portant à une
extrémité une boule d’ouate. Après avoir trempé la ouate dans un liquide
brun rougeâtre, il n’avait qu’à gargariser la gorge. C’était souvent un
placebo.
Les élèves lui avaient donné comme surnom Fatima. D’où vient ce
sobriquet ? On peut penser que c’était en raison de sa très grande
ferveur envers la Vierge Marie. En 1917, à six reprises, cette dernière
serait apparue à trois enfants à Fatima, petit village du centre du
Portugal. On désignait
alors la Vierge Marie comme Notre-Dame de Fatima.
Cette hypothèse me semble très plausible. En effet, quand je faisais des
séjours à l’infirmerie, après la sieste de l’après-midi, l’abbé Plourde
récitait le chapelet avec nous, parfois les bras en croix. Il récitait
le Je vous salue Marie avec
beaucoup de conviction. Entre les dizaines, il parlait longuement de la
Vierge Marie comme étant la mère de Dieu et nous incitait à la dévotion
à son égard.
On m’a raconté qu’un jour un jeune, à qui on avait fait croire que son
vrai nom était Fatima, l’avait remercié de ses services en disant :
« Merci, monsieur Fatima. » Est-ce une forme de naïveté ou une insolence
orchestrée ? Je ne le sais pas.
Lors de ses petits sermons à l’infirmerie, un jour, l’abbé Plourde avait
tenu des propos sur le jazz pendant au moins cinq minutes. Il a décrit
ce genre musical originaire du sud des États-Unis comme un élément de
perdition. Les qualificatifs employés étaient très durs et laissaient
croire à une menace sérieuse de perte du salut éternel pour ceux qui
écoutaient cette musique. J’étais troublé. Je ne connaissais pas le
jazz, mais je me demandais en quoi cette musique pouvait être néfaste à
l’âme.
Son biographe écrit que l’abbé Plourde « n'était pas habilité à donner
les injections de la médecine ». Pourtant, quand j’ai contracté la
grippe asiatique en 1957, il me donna une piqûre dans une fesse. Il a
lancé l’aiguille avec un tel élan et une telle force que j’ai craint,
pendant un instant, que la vilaine me transperce le corps. Maladresse de
sa part ou manque de confiance en lui de ma part, la piqûre me fit
extrêmement mal.
Dans la chapelle du Séminaire, il y avait six autels collatéraux : trois
de chaque côté. Au moins durant une année scolaire, l’abbé Plourde
disait sa messe sur un de ses autels pendant que le directeur des élèves
faisait de même en avant pour l’ensemble des élèves. Souvent, je jetais
un coup d’œil de côté vers l’abbé Plourde. De par ses gestes lents et un
fort sentiment de ferveur qui se dégageait, j’avais l’impression qu’il
flottait dans les airs, qu’il lévitait.
Au milieu des années 1970, vers 21 heures, j’étais dans un restaurant de
Rimouski quand je vis arriver l’abbé Plourde avec un groupe de
charismatiques. Il était revêtu de sa soutane et portait le signe
distinctif de ce mouvement. Il semble qu’il en a été un membre actif
pendant longtemps.
Je me suis souvent demandé comment les prêtres professeurs du Séminaire
percevaient l’abbé Plourde en raison de sa tâche. En revanche, j’aurais
aimé savoir comment lui-même se situait par rapport aux autres prêtres
qui souvent avaient une scolarité supérieure à la sienne. Son biographe
répond en partie à cette interrogation en écrivant : « On pourrait
croire que l'abbé Gérard Plourde eut à souffrir de devoir consacrer
toute son activité sacerdotale au soin des malades et qu'il regrettait
de ne pouvoir, comme la généralité des prêtres, se livrer à d'autres
formes de ministère. Mais il n'en fut rien : il lui suffisait de savoir
qu'il faisait la volonté divine en accomplissant la tâche que
l'obéissance lui assignait. »
(La photo appartient au diocèse de Rimouski.) |
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# 2920
29 juin 2016
Les
sentiers de la volupté
Dans
l’histoire de l’humanité, la période qui me fascine le plus est celle du
Moyen Âge. Il y a près de 20 ans, j’ai eu l’occasion de lire un roman de
Rodrigue Lavoie, un confrère de classe au Séminaire de Rimouski. J’ai
adoré ce roman de 388 pages dont le titre est
Les sentiers de la volupté. Il
a été publié
par Les
éditions du Septentrion en 1995.
Rodrigue, un
historien, a fait sa carrière à l’Université Laval en tant que
spécialiste de l’époque médiévale et de l’histoire de la sexualité.
Martin
Bérubé, un autre confrère, a fait une critique de ce roman. Cet article
a été publié en avril 1997 dans un « petit journal » diffusé à l’époque
à l’intention des confrères du Séminaire. Je me permets de citer des
extraits de ce texte. Le titre de la critique est
Les sentiers de la volupté, un
plaisir à lire.
« J'ai lu
avec beaucoup d'intérêt le roman écrit par notre confrère Rodrigue
Lavoie. Il est identifié comme un roman de mœurs médiévales et il n'est
point besoin d'en lire plusieurs pages pour être d'accord avec cette
définition.
En fait, tout
est occasion pour décrire les mœurs de cette époque et les personnages
bien campés dans leur métier respectif. Leurs valeurs et leurs habitudes
de vie se prêtent bien à cette description : ils la suscitent.
Voyons de
plus près :
- Bertrand
Maurel dans son métier de commerçant et ses différentes façons
successives de vivre le mariage avec ses trois Jeanne.
- Pierre,
fils de Maurel, qui, subissant un mariage d'affaires tramé par les
parents avec la Giraude, vit le grand amour avec Mathilde Payen,
l’héroïne du roman, tout en étant un fidèle (!) client de la "Chatte".
- Atanoul, le
juriste, qui nous décrit les mœurs de la justice de l’époque avec moult
exemples.
- Astruge, la
jeune veuve, campée dans son veuvage jusqu'à ce que Mathilde et elle se
laissent aller ensemble, l’occasion faisant le larron.
- sans
oublier la Giraude et son père Gauthier, commerçant lui aussi, la
Bertrande, etc.
Dans ces
quelques 380 pages, l’auteur nous donne l’occasion de connaître les
valeurs et le vécu des années 1250 à 1350 au sujet du mariage, de la vie
de couple, du commerce, de la justice, de la religion, des stratégies du
temps, de l’ouverture d'esprit, etc.
Malgré la
situation de l’histoire de ce roman au Moyen Âge, le texte est dans un
français du 20e siècle à part quelques termes propres à cette
époque que l’auteur nous explique dans un lexique en fin de volume. Mais
lorsqu'on constate que ce lexique ne contient que 11 mots, on ne peut
accuser l’auteur d'avoir fait un abus du langage d'époque.
En prenant
connaissance des usages et coutumes du temps qui y sont décrits, on peut
souvent se dire « Nihil novi sub sole ». (Il n’y rien de nouveau sous le
soleil).
J’ai pris
plaisir à lire ce roman : l’action est soutenue, la rétroaction bien
utilisée, le dialogue vivant, le qualificatif bien placé. L’auteur a eu
le tour d’insérer ses portraits de mœurs plus dans le dialogue et dans
l’action que dans de longs paragraphes descriptifs. Et l’histoire
racontée, qui a sa part de vérité paraît-il (mettrait-on en doute ce
prof. d’histoire médiévale !) est intéressante, bien structurée, juteuse
à l’occasion. » (Fin du texte cité) |
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# 2880
13 juin 2016
Trois prêtres décédés
Depuis le
début de 2016, trois prêtres sont décédés dans le diocèse de Rimouski.
Tous trois ont été des éducateurs et m’ont enseigné à un moment ou à un
autre.
■ Martin Proulx, décédé le 13 février 2016, à l’âge de 91 ans
Il a notamment été maître de salle
et professeur au Séminaire de Rimouski (1950-1968), puis professeur à
l’école Paul-Hubert, toujours à Rimouski (1968-1971). Il a vécu la
fermeture du Séminaire et a dû accepter des conditions de travail plus
difficiles dans une commission scolaire.
Il m’a enseigné le français,
l’arithmétique et l’histoire en 1953-1954, alors que j’étais en Éléments
latins au Séminaire de Rimouski.
■ Jean Drapeau, décédé le 22 février 2016,
à l’âge de 85 ans
Il a obtenu
son baccalauréat ès arts en 1950. Il était un confrère de Gilles
Vigneau. Il a notamment été professeur au Grand Séminaire de Rimouski
(1954-1969). Il a vécu la fermeture du Grand Séminaire. Il a alors
enseigné à l’UQAR qui offrait dorénavant la formation en théologie. Il a
aussi enseigné à l’École
normale Tanguay, puis à d’autres universités.
Il m’a
enseigné la théologie dogmatique au Grand Séminaire de Rimouski. Il
donnait tout son cours en langue latine.
■ Jean-Guy Nadeau, décédé le 25 mars 2016 à l’âge de 85 ans
Il a obtenu
son baccalauréat ès arts en 1950. Il était un confrère de Gilles
Vigneau. Il a œuvré au Séminaire de Rimouski de 1954 à 1965, comme
maître de salle, professeur de littérature et directeur des études au
cours collégial. Il a vécu l’abandon du collégial par le Séminaire de
Rimouski, qui est dorénavant offert par le CEGEP. Il fut premier
directeur général de la Commission scolaire régionale du
Bas-Saint-Laurent (1965-1967), puis premier directeur général du Cégep
de Rimouski (1967-1970). Pendant 13 ans, il enseigna la littérature à
l’UQAR. Il fut membre de plusieurs commissions et fut honoré de nombreux
prix.
Il m’a
enseigné le grec en 1955-1956 alors que j’étais en Méthode au Séminaire
de Rimouski.
Il y a une
certaine similitude entre les carrières de ces trois éducateurs. Ils ont
tous vécu des changements majeurs au sein de la structure scolaire. Le
premier au secondaire, le deuxième à l’université et le troisième au
collégial. |
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# 2830
24 mai 2016
Zéphirin Verreau au primaire
Zéphirin Verreau fait ses études
primaires dans son village natal, Baie-des-Sables et entra plus tard au
Séminaire de Rimouski. Dans son journal personnel, il décrit la vie de
tous les jours. Ce texte apparaît dans le livre
Zéphirin Verreau, élève du
Séminaire de Rimouski, décédé le 7 décembre 1891. Voici ce qu’on y
trouve d’après son journal :
Lorsqu'il avait huit à neuf ans,
sa mère était souvent malade. En plusieurs circonstances, il fallait
veiller auprès d'elle la nuit. Le petit Zéphir voulut veiller à son
tour. Douze ans après, il écrivait ce souvenir : « Aussi longtemps ma
mère restait au lit, aussi longtemps mon petit cœur était malade et
ressentait les plus cruelles douleurs à la vue de celle que j'aimais
tant. »
À sept ans, il commença à servir
la messe tous les jours, pieux office qu'il remplit presque tout le
temps jusqu'à sa mort. « À l'autel, dit son curé, il avait plutôt la
tenue d'un ange que celle d'un enfant : l'air grave sans avoir l'air
guindé, il faisait toutes les cérémonies avec une dignité, une précision
et une piété vraiment remarquable. Sa mise était simple, mais tout en
lui respirait une propreté exquise, des idées d'ordre et surtout une
grande élévation de sentiments. On sentait en l'approchant que l'enfant
respirait dans une atmosphère de piété peu commune.
Au catéchisme, sa piété l'éclaira
et suppléa parfois à ses talents. Ses réponses, sans être toujours
parfaitement exactes, n'étaient jamais dénuées de sens. Que dire de la
ferveur avec laquelle il fît sa retraite et s'approcha de la Table
Sainte pour la première fois.
À partir de cette époque sa piété
plus éclairée devint aussi plus remarquable aux yeux de tous. Qui ne l'a
point vu un dimanche après-midi, vers la tombée du jour, agenouillé à
l'autel de Marie ou parcourant avec la plus grande piété les stations du
Chemin de la Croix, seul ou avec ses compagnons, dont plusieurs sont
maintenant de saints religieux.
À dater de sa première communion,
il s'approcha régulièrement des sacrements tous les quinze jours ou
toutes les trois semaines et il ne cessa jamais d'être un sujet
d'édification pour sa famille et ses compagnons. Il fréquenta encore
l'école quelques années.
À l'âge de douze ou treize ans, il
servit comme commis dans un magasin de l'Assomption (Baie-des-Sables)
pendant un an.
Son père était cordonnier. Il
fallait un travail constant pour faire subsister la famille, qui se
composait du père, de la mère et de quatre enfants. Zéphir travailla
avec son père. Il avait une très forte répugnance pour ce travail qui le
fatiguait beaucoup, cependant l'amour de sa « chère petite famille » lui
donnait des forces pour s'y livrer avec courage et persévérance.
Après la prière en famille, il
disait son chapelet et faisait de longues prières. Souvent, sa mère
s'éveillait et le trouvait encore en prière. Alors, elle lui disait
d'aller se reposer et il obéissait aussitôt.
Ces détails qui font bien voir
l'amour dont son cœur brûlait pour Dieu, sa mère seule les connut. Les
amis mêmes qu'il eut plus tard et à qui il ouvrit son âme ont reconnu
qu'ils ne l'avaient pas assez admiré, qu'ils avaient été plutôt l'objet
de sa charité que les témoins de ses vertus.
Tout en se livrant à un travail
manuel, Zéphir ne négligea rien pour s'instruire, espérant sans doute
pouvoir un jour faire des études. Une dame charitable, amie de la
famille, lui enseigna les éléments de la langue anglaise. Tout en
travaillant assidûment avec ses parents, il souffrait beaucoup ; souvent
on voyait de grosses larmes couler sur ses joues. Son père comprit bien
la cause de ses larmes, et confiant dans la Providence qui sait toujours
proportionner les moyens à la fin, il se rendit à ses désirs et lui
permit d'assister aux leçons que le bon curé de l'Assomption donnait
déjà à quelques enfants qui se préparaient à entrer au Séminaire.
« Le 2 novembre après-midi, dit
son curé, Zéphirin transfiguré, arrive à la classe avec ses compagnons.
Sa figure est toute rayonnante. Depuis quelques mois surtout, sa figure
portait une teinte de mélancolie causée par les souffrances morales, que
l'enfant supportait chrétiennement, mais qui se trahissaient malgré lui
au dehors. J'en fus heureux, car depuis longtemps j'avais remarqué en
cet enfant quelque chose d'extraordinaire. Je croyais y voir des signes
évidents de vocation au sacerdoce ou à la vie religieuse." Il étudia
ainsi pendant six mois.
Grâce à cette application, à son
travail éclairé d'ailleurs par la grâce, lorsqu'il entra au Séminaire de
Rimouski au mois de septembre 1887, il fut jugé capable de faire ses
Humanités.
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# 2785
5 mai 2016 Le petit monde du Séminaire
Zéphirin Verreau entra au Séminaire de Rimouski en septembre 1887. Il
avait alors 16 ans. Dans son journal personnel, il décrit la vie du
Séminaire. Ce texte apparaît dans le livre
Zéphirin Verreau, élève du
Séminaire de Rimouski, décédé le 7 décembre 1891. Voici ce qu’il
écrit :
« Le séminaire est un petit monde à part, ayant ses lois et ses
coutumes. De fait on y retrouve en miniature ce que l'on voit dans les
grandes sociétés.
Il y a dans ce peuple écolier de grandes divisions : les pensionnaires,
les externes, le cours classique, le cours commercial, qui sont comme
autant de castes, de tribus distinctes. Dans ces tribus il y a des
familles : les différentes classes, dont les membres sont étroitement
unis entre eux.
Il y a des officiers publics : le doyen d'abord, qui est le plus ancien
élève de la plus haute classe. Chaque classe a aussi son doyen qui comme
tel est toujours entouré d'une certaine considération ; puis les
présidents et les autres officiers des différentes associations qui sont
presque innombrables : associations religieuses, littéraires,
scientifiques, sociétés musicales, corps militaires, sociétés de jeux de
toutes sortes : jeux de paume, de balle, de ballon, de croquet, etc.,
sociétés de promenades à la raquette et de patin durant l'hiver, etc.
Il y a un code de lois qui est le règlement de l'institution. En dehors
de ce règlement il y a des traditions et des coutumes.
On trouve dans ce petit monde des illustrations dans les différentes
branches : il y a des philosophes, des orateurs, des écrivains, des
musiciens, des célébrités dans les différents jeux, etc. On en rencontre
un certain nombre qui ont de l'influence sur leurs confrères, dont la
parole fait autorité, qui imposent leur manière de voir, d'autres qui
ont le don de l'intrigue, d'autres à qui la fortune semble toujours
contraire. On y trouve un mélange de tous les caractères : des esprits
nobles, amateurs de la paix, des esprits droits, parfois aussi des
esprits violents, turbulents, égoïstes, à charge à leurs confrères.
Il y a aussi une opinion publique, ce tribunal qui s'enquiert et qui juge un peu de tout. Et j'ajouterai qu'il faut s'en méfier, car le peuple écolier est perspicace et observateur : rien ne lui échappe, les petits défauts et les petits travers moins que toute autre chose. Heureux si en cela il savait toujours rester dans de justes limites et ne jamais outrepasser les règles de la charité chrétienne. » (Fin du texte cité) |
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# 2720 2 avril 2016 Zéphirin
Verreau : son enfance S’il est un élève qui
a marqué la vie du Séminaire de Rimouski à la fin du 19e
siècle, c’est le jeune Zéphirin Verreau. Cela est dû en grande partie à
sa dévotion sans bornes envers la Vierge Marie, à son journal personnel
et à sa mort prématurée. Trois ans après sa
mort, soit en 1894, l’imprimeur C. Darveau a publié sa biographie
d’après son journal et ses lettres. En mai 1894, l’évêque de Rimouski,
Monseigneur André-Albert Blais a écrit : « Nous avons fait examiner le
manuscrit intitulé : Zéphirin
Verreau, élève du Séminaire de Rimouski, décédé le 7 décembre 1891,
et ayant jugé que l'histoire de la vie si courte mais si bien remplie de
ce jeune homme pourrait contribuer à faire aimer davantage la religion
et la vertu, nous en permettons l'impression et en recommandons la
lecture aux fidèles de notre diocèse, aux élèves de notre séminaire plus
particulièrement. » Les textes en guillemets qui suivent sont tirés de
ce livre. Zéphirin est né le 9
février 1871 à l’Assomption de McNider, aujourd’hui paroisse de
Baie-des-Sables. Il était le fils de Jean Chrysostome Verreau et de
Marie Langlois. On l’appelait
communément Zéphir. Son biographe écrit : « Ce surnom lui convenait
admirablement bien : on retrouvait en lui l'agréable douceur du zéphir.
Sa figure empreinte d'une candeur angélique exprimait la bonté ; le
léger sourire qui errait constamment sur ses lèvres rappelait le zéphir
de mai agitant les feuilles des arbres et faisant éclore les fleurs. » « Dès l'âge de deux à trois ans, sa mère lui
apprit à prier, et, dit-elle, depuis ce temps jusqu'à ce qu'il put prier
seul, il ne manquait jamais de me remercier et de m'embrasser quand il
avait fini sa prière. Il a toujours été, ajoute-t-elle, d'une piété
angélique. » « Lorsqu'il n'avait encore que trois ans,
souvent sa mère le trouvait dans sa chambre, agenouillé avec un petit
compagnon au pied des images des Saints Cœurs de Jésus et de Marie ; les
mains jointes et les yeux au ciel, il répétait les prières qu'il savait.
Dès qu'il put comprendre la manière de dire le chapelet, il se mit à le
réciter, et pas un jour de sa vie il ne manqua à cette pratique. » « On ne voyait pas chez lui cet égoïsme naturel
à presque tous les enfants. Avait-il des friandises, des joujoux, il
fallait partager avec ses frères et sœurs, avec sa mère surtout. Au
souvenir de sa mère, il n'eut jamais le moindre différend avec ses
frères et sœurs. Quand quelque chose ne lui plaisait pas, c'était à lui
toujours qu'il attribuait le tort, et cela non seulement dans sa famille
mais encore avec ses petits compagnons de jeu et d'école. » « Lorsque venait le carême, il mettait de côté
son petit traîneau pour faire pénitence. Il savait déjà que le sacrifice
est la vie du chrétien. Il aimait à raconter dans son journal les
souvenirs de son enfance. Ce sont avec sa mère des conversations intimes
où elle lui apprend à faire le bien ; elle lui enseigne en particulier
l'exercice de la présence de Dieu. Ce sont des promenades par les beaux
jours de l'été où elle lui apprend à remercier Dieu d'avoir fait le
firmament si beau, le vent si frais, les champs si beaux, d'avoir donné
une si belle voix aux oiseaux. − Un point, dit-il, sur lequel ma mère tenait
surtout à m'instruire : c'était la connaissance de Dieu et de ses
perfections. » « Tous les jours, écrit-il encore, ma mère
trouvait de nouveaux moyens de nous rendre agréable et attrayante
l'étude de nos devoirs religieux : le récit d'un fait, une petite
histoire, un exemple frappant étaient autant de moyens dont elle se
servait habilement pour inculquer dans nos jeunes cœurs l'amour de la
vertu et la haine du vice, sachant mêler l'utile à l'agréable. » |
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# 2675 11 mars 2016 Marcel Rioux (1919-1992)
Au Séminaire de Rimouski, la vie dans les
années 1930 semble légèrement différente que celle des années 1950. En
1981, Jules Duchastel a écrit un livre publié aux éditions Nouvelle
Optique dont le titre est Marcel
Rioux. Entre l’utopie et la raison. Voici un extrait de ce livre :
« En 1931, l’année de la « grande déprime », Rioux entre comme pensionnaire au séminaire de Rimouski. C’est sa mère qui réussit à le faire accepter, avec l’aide morale du curé du village. Il s’agit là de la première coupure avec sa famille et son village, où il ne retournera qu’à Noël et aux grandes vacances. Une toute autre vie commence pour lui : entouré de jeunes privilégiés ou de fils de la terre choisis par leur curé de village pour accéder au sacerdoce, il se trouve plongé dans un milieu clérical qu’il rejette très tôt, mais aussi initié à la vie intellectuelle plus ou moins malgré lui.
Ce qui marque Rioux, c’est
d’abord le passage de la campagne à la ville. Rimouski est une petite
ville, mais le séminaire accueille des gens venus d’aussi loin que
Québec. Ce sont ceux-ci qui le fascinent. Il s’agit souvent d’élèves
renvoyés de leur collège et que les séminaires de province acceptent de
rescaper. Rioux se lie avec les frères Barrette et un certain Paillard,
tous de joyeux garnements. Ils fondent ensemble « l’ordre de la
sapinière » couverture pour « la ligue léniniste » qu’ils n’osent pas
appeler comme telle. Cette ligue léniniste n’a pas grand chose à faire
avec une quelconque pensée politique élaborée. La révolution a eu lieu
en URSS, ils connaissent Lénine. Mais là s’arrête leur politisation.
Leurs activités plus ou moins secrètes consistent à « snoffer » du tabac
à priser, à empêcher les compagnons d’aller communier à la messe, à se
raconter des histoires de femmes. Paillard y ajoute une touche
communiste en faisant état de ses courtes connaissances en la matière.
Cette « ligue léniniste » était en fait une réponse à la provocation de
ce milieu fermé, gorgé de cléricalisme au point où ils en faisaient une
indigestion, se rappelle Rioux. Certains vont jusqu’à inventer toutes
sortes d’actions blasphématoires. Sa révolte
contre la religion est d’autant plus radicale qu’il a été victime d’un
assaut sexuel de la part d’un religieux. C’est à ce moment que naît son
athéisme. Tout en provoquant le scandale chez lui, cet événement lui
permet d’expérimenter son premier rapport de force. En effet, il refuse
de témoigner au procès ecclésiastique intenté à ce religieux (surnommé
le « rat ») suite à de nombreuses plaintes. Il préfère ainsi garder
barre sur lui pour les années que dure le procès. L’institution fait
traîner à souhait ce genre d’affaire pour ne pas accréditer les rumeurs
qui circulent. Mais une justice « naturelle » se manifeste tout de même.
Un jour où il y a une panne d’électricité à la chapelle, certains
étudiants « lapident » littéralement le « rat » avec leurs missels.
Voilà un exemple de révolte spontanée contre le carcan très fort des
collèges classiques et le cléricalisme. Si cette
époque du collège est celle de la grande crise économique, Rioux n’en
éprouve pas vraiment les effets au séminaire, milieu tourné vers l’ère
des classiques, et où la réalité contemporaine a peu de prise. Il n’a
évidemment pas beaucoup d’argent de poche : il ne reçoit que 25 sous par
mois pour se faire couper les cheveux. Autant dire qu’il a le plus
souvent les cheveux longs. La crise se
manifeste davantage au village d’Amqui. Ses parents, quoiqu’ils s’en
tirent assez bien doivent faire face à la révolte des habitants des
colonies. Ceux-ci, complètement démunis, viennent dévaliser les
marchands d’Amqui. Son père et d’autres marchands doivent se munir d’un
revolver et engager un garde pendant un certain temps. Malgré cela, les
rapports entre le marchand général et les habitants n’en sont pas
vraiment affectés. Il a toujours valorisé le travail manuel. Il fait
crédit. Au pire, il doit réduire quelquefois l’ampleur de celui-ci.
Quand un habitant en souffrance de dettes demande trois « baloneys », il
dit au commis : « Mets-lui en deux! » Son esprit communautaire comprend
la pauvreté. Et comme son commerce s’exerce surtout avec les habitants,
les échanges prennent souvent la forme du troc. Ainsi, contre des
produits qu’ils ne peuvent fabriquer, les habitants échangent des
cochons, des vaches. Par la suite, le marchand général les revend aux
hôteliers, aux professionnels et aux travailleurs. Durant la période de son cours classique, Rioux retourne à Amqui pour les vacances d’été. Il partage son temps entre le travail au magasin avec son père, et ses relations avec les enfants des professionnels du village. D’une part, il garde le contact avec son milieu d’origine et y prend grand plaisir. Il aime faire la tournée des rangs avec son père, tout autant que l’atmosphère chaleureuse du magasin général. D’autre part, des pratiques de citadin commencent à s’intégrer chez lui. Il fait beaucoup de sport, fréquente les jeunes filles. Avec des copains de collège, il fait la connaissance des « mauvaises filles », revenues de la ville pour passer les vacances d’été dans leur famille. Marcel Rioux se plaît à évoquer aujourd’hui ses premières fréquentations avec la fille d’un ingénieur écossais, qui épousa par la suite un directeur de compagnie multinationale. » (Fin du texte cité) |
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# 2625 13 février 2016 Le bocage
du Séminaire Du temps qu’il existait comme institution, le
Séminaire de Rimouski avait aménagé un boisé sur la terre de l’école
d’Agriculture. Ce boisé, appelé Bocage, avait son origine un peu au sud
du Grand Séminaire, mais à l’ouest. Il se terminait où est aujourd’hui
la deuxième rue Ouest. Dans ce boisé, il y avait des sentiers et des
marécages. L’endroit était parfois visité par des écoliers pour de
courtes excursions, des pique-niques ou des activités diverses. Par
exemple, le 22 juillet 1934, les scouts de la troupe du Séminaire s’y
déplaçaient pour faire leurs promesses solennelles. Tout au sud du boisé, on avait érigé une
chapelle qui fut bénie le 27 septembre 1923. Dans un lopin de terre
autour de la chapelle, un cimetière fut aménagé pour y déposer les corps
des prêtres du Séminaire. J’ai visité ce cimetière pour la première fois
à l’automne 1953 lors du décès d’un prêtre retraité du Séminaire dont
j’ai oublié le nom. De temps à autre, j’allais visiter le cimetière
pour me recueillir et me souvenir de prêtres qui avaient consacré leur
vie à l’éducation de jeunes comme moi. Vers 1984 ou 1985, je faisais une
randonnée à bicyclette et en passant sur la deuxième rue, je pensai
faire un détour pour visiter le cimetière. J’ai été estomaqué de
constater que la plupart des stèles étaient soit renversées soit
réduites en morceaux. J’avais la gorge nouée. Je ne pouvais pas
comprendre la motivation des auteurs de ce désordre. Un manque de respect
évident envers les morts, mais aussi envers la vie. Devant cette situation, la Corporation du
Séminaire a décidé de fermer le cimetière. Au total, 58 corps furent
exhumés et déménagés au cimetière Saint-Germain de Rimouski en octobre
1985. La chapelle fut démolie. Le Bocage fut vendu pour laisser place à
des développements résidentiels et commerciaux. Pendant longtemps, l’abbé André-Albert
Dechamplain aura assuré la garde du Bocage.
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# 2570
20
janvier 2016
Éléments-latins (1953-1954) Le 8 septembre 1953 est une journée mémorable
pour 158 jeunes de 11 à 15 ans provenant principalement du diocèse de
Rimouski : c’est la rentrée au Séminaire de Rimouski pour ces nouveaux
élèves dont je suis. Dès les premiers jours, je réalise rapidement qu’il
y a deux mondes au Séminaire : le pensionnat et les classes. 1. Le
pensionnat Il faut d’abord connaître les locaux. Le plus
important est de situer les toilettes. Il y a deux salles dont l’une
avec des urinoirs séparés par de larges panneaux. C’est la première fois
que je vois des urinoirs. Au rez-de-chaussée, à l’est, on retrouve la
salle de récréation. Au-dessus, c’est la salle d’études avec ces 240
bureaux. Plus haut, ce sont les classes et les dortoirs. Le repas vient vite. Il faut se rendre à la
cafétéria qui est au centre du rez-de-chaussée pour les Grands et les
Petits. La cafétéria est là pour la nourriture du corps. Au-dessus,
c’est la salle académique pour la nourriture de l’esprit et toujours
au-dessus, c’est la chapelle, pour la nourriture de l’âme. Voilà notre
« terrain de jeux ». Il faut s’habituer aux cinq maîtres de salle qui
nous surveillent constamment. L’un parle fort et a l’air imposant ; un
autre est timide, du moins au début ; un autre est enclin à communiquer
avec nous ; un autre a des yeux perçants qui semblent tout voir ; un
autre se demande bien ce qu’il fait là. Ils ont chacun leur façon de
faire et leur tempérament propre. Pour un jeune de 12 ans comme moi qui
n’a jamais connu un encadrement strict à l’école, je n’ai pas l’habitude
d’une surveillance constante et c’est très impressionnant. Il faut aussi apprendre à apprivoiser le
règlement. Le silence est de rigueur partout, sauf à la salle de
récréation et dans la cour. Les rappels à l’ordre sont nombreux et ne
sont pas toujours communiqués avec diplomatie. 2. Les
classes Pour moi, le début des classes est un choc. Je
me rends compte rapidement que je n’ai pas les prérequis nécessaires en
termes de connaissances et d’habiletés. Je n’ai jamais suivi un cours si
ce n’est quand j’ai marché au catéchisme. À l’école, comme j’ai presque
toujours été seul dans mon degré, je travaillais à mon rythme.
J’exécutais dans mon cahier les travaux suggérés par l’institutrice. Là,
il y a un professeur en avant de la classe qui peut parler pendant 50
minutes et qui a des connaissances poussées. Je n’arrive à me concentrer
pendant tout ce temps et je décroche.
En latin, la
déclinaison de rosa est au programme. Si on dit : la rose est belle, on traduit par
rosa. Si on dit : le jardin de
la rose, on traduit par rosae.
Si on dit : j’aime la rose, on traduit par
rosam. Au pluriel, pour les mêmes phrases, on traduit respectivement
par rosae,
rosarum et
rosas. J’ai cité trois déclinaisons, mais il y en a 6 pour le
singulier et 6 pour le pluriel. En anglais, je vis une expérience pénible. En
novembre, le professeur veut vérifier notre connaissance de la
prononciation des lettres en anglais. La question posée, il me pointe du
doigt le premier. Je commence é, bi, ci, di, ... en une prononciation
très approximative. À partir de g, j’émets des sons bizarres et à j, je
suis incapable de continuer. Là, un éclat de rires s’abat dans la
classe. Le prof, au lieu de réprimer cette avalanche, se met à ricaner
lui aussi. C’est un choc terrible pour moi. L’émotion prend le dessus,
mes oreilles se ferment et je perds le goût pour l’apprentissage de
l’anglais. Évidemment, il y a beaucoup de positif. Les cours sont intéressants. Les connaissances pleuvent sans arrêt. Je réussis quand même à tirer mon épingle du jeu. À mesure que l’année avance, je me sens plus en confiance, sauf en anglais. Pendant tout ce temps, la prière y compris les offices religieux et le chapelet prennent environ 12 heures dans une semaine, presque deux heures par jour. Les études et les cours vont chercher 42 heures. En somme, 14 % du temps à part le sommeil sont consacrés à la prière, 47 % aux cours et à l’étude. Il reste 39 % pour les repas, les récréations, les déplacements et l’hygiène du corps. |
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2525
31
octobre 2015
Sous les
marronniers
En 1996, Laurent Dubé, natif de
Saint-Paul-de-la-Croix et ancien du Séminaire de Rimouski (1949-1957), a
relaté ses souvenirs de collège dans un livre intitulé
Sous
les marronniers, publié aux Éditions du Septentrion. Adrien Thério,
natif de Saint-Modeste et ancien du Séminaire de Rimouski (1942-1946)
qui fut romancier, conteur et dramaturge a commenté le livre de Dubé en
ces termes sous le titre « La mort annoncée du cours classique ». « Des moments
inoubliables qui nous permettent de comprendre un peu mieux d'où nous
venons. Mort de sa belle mort depuis une quarantaine d'années, soufflé
par la Révolution tranquille qui a chambardé tout l'enseignement au
Québec, à la fin des années cinquante et au commencement des années
soixante, voici que le cours classique refait surface dans un rappel de
lointains souvenirs. Laurent Dubé a été parmi les derniers à vivre ou
survivre aux soubresauts de ce cours d'humanités qui était censé faire
de tous ceux qu'il attirait dans ses filets des testes bien faites. Difficile
de juger du résultat en l'absence de tout autre système qui aurait pu
nous mener aux portes de l'université.
Des testes bien faites En ce temps-là, peu de
fils de cultivateurs pouvaient penser faire des études avancées. Rares
étaient les parents qui avaient les moyens de payer les frais de huit
années passées dans des séminaires ou des collèges. Quand un enfant
montrait beaucoup de talent à l'école, le curé tâchait de lui trouver un
bienfaiteur qui paierait en tout ou en partie les frais de cette longue
hibernation. On espérait qu'à la fin, le fils reconnaissant entrerait
dans les ordres comme on disait si bien. M. Dubé, lui, a opté, le temps
venu, pour une carrière libérale. Devenu juge aujourd'hui, le voici qui
remonte le fil des ans pour nous dire comment cela se passait dans un
séminaire à la fin des années quarante et pendant la décennie suivante.
Nous sommes au séminaire de Rimouski. C'est le séminaire diocésain
puisque l'auteur est né à Saint-Paul-de-la-Croix. Mais à Rimouski ou à
Nicolet, c'est du pareil au même puisque c'est le même rouleau
compresseur qui se charge de faire des
testes bien faites. En fait, même si le récit est linéaire et nous conduit des Éléments latins jusqu'à la fin, en Philosophie II, nous avons surtout affaire, dans chacun des chapitres, à des sketches qui tâchent d'illustrer certains moments importants de cette vie d'étude parsemée de temps en temps de visions d'ailleurs ou venues d'ailleurs. Évidemment, certaines expressions reviennent régulièrement comme les maîtres de salles, le directeur, le préfet des éludes, M. le Supérieur ; on se retrouve dans des salles d'étude, des réfectoires, des dortoirs dont les dimensions ne sont pas données. Si mon souvenir est bon, c'étaient des centaines d'étudiants qui étaient cordés les uns sur les autres, parfois pendant des heures et des heures comme au dortoir par exemple.:p> Tout au long du récit, l'auteur utilisera les
noms de famille de tous ces éducateurs qu'il côtoiera. J'en ai reconnu
plusieurs au passage puisque j'ai fréquenté la même institution quelques
années avant M. Dubé. L'auteur exagère-t-il ? De retour chez lui
pendant les premières vacances de Noël, on le retrouve dans sa chambre
le nez dans ses livres. « Le séminaire m'avait initié à la drogue de la
connaissance, au plaisir d'étudier les beaux textes de la littérature
[...]. »
De retour au séminaire Nous sommes en 1950. Une année difficile à
oublier puisque en quelques heures, le feu avait rasé une grande partie
de la ville. Restaient debout le séminaire, l'évêché et la cathédrale.
Congé forcé pendant quatre mois. Le collégien se remet difficilement aux
travaux des champs. Et il ne faut surtout pas compter sur lui pour nous
faire entrer dans la vie intime d'une famille de cultivateurs de
l'époque. Sa famille, c'est le séminaire, ce sont les études. Mais les
études, il faut en sortir de temps en temps. M. Dubé, qui ne semble pas
être un grand sportif, joue au ballon, à la balle-au-mur, mais il est
plus à l'aise avec son cor dans la fanfare. Cela lui permettra, avec ses
compagnons, de faire quelques promenades en dehors de Rimouski. La grande
visite D'autres moments inoubliables : les Compagnons
de la Chanson « venus nous offrir les airs de la lointaine France ». À
l'entracte, Bozo ou Félix, comme vous voudrez, qui commençait une
carrière qui allait le propulser à l'avant-scène. On aura aussi droit à
la visite du premier ministre du Québec, Maurice Duplessis. Un peu plus
tard, à celle du premier ministre du Canada, Louis Saint-Laurent. Ce
dernier semble avoir été moins apprécié que Duplessis qui parlait du «
respect des maîtres » et des « mérites de l'éducation ». Saint-Laurent,
« dans notre esprit, était nettement identifié aux affaires et aux
protestants ». Et pour initier ces jeunes gens à la musique, M.
Beaulieu (l'abbé Georges) réussissait à attirer au séminaire quelques
grands noms. « Ainsi nous avons pu acclamer les plus grands maîtres du
clavier, du violon, les plus belles déesses de la harpe et du chant. »
Et j'allais oublier l'échappée en autobus au Cap-à-1'Orignal, journée
remplie d'émois s'il en fut une. Il paraît que c'est vraiment
extraordinaire. Dire que j'ai manqué cela pendant mon séjour là-bas !
Et je n'ai jamais été
invité à faire partie de la Patente, de son vrai nom, L'Ordre de Jacques
Cartier. Une « société secrète qui, selon M. Michaud, le directeur,
œuvre
à la défense de nos droits, de notre
langue et de notre foi ». Initiation, rencontres secrètes, etc. En I960,
avec la Révolution tranquille, la Patente a disparu. Développer le libre arbitre Voici l'auteur en Philosophie I. Même si le
professeur invite les étudiants à développer « leur libre arbitre », il
reste qu'il faut toujours « demander des permissions, des laissez-passer
à tout propos ». Et « défense de lire les plus beaux livres [...] ». Pour éviter le renvoi, ils devront faire des
excuses publiques. Puis, c'est « la prise de rubans », symbole de la
vocation à venir. Et de dire l'auteur avant de quitter les lieux : «
J'étais heureux, il est vrai, d'en découdre avec la cloche et le
règlement [...].» On ne peut qu'être d'accord. Au terme de ce récit, on
peut se demander comment une institution comme le cours classique a pu
vivre et si bien se défendre pendant si longtemps. Comme on le voit, même après quarante ans, M.
Dubé a bonne mémoire. Son récit est fait de façon sobre, mais il réussit
quand même à recréer avec justesse, un brin d'humour et certaines
critiques bien senties, la vie quotidienne d'un collège ou d'un
séminaire de cette époque. C'est un passé qu'il fait bon revivre et qui
nous permet de comprendre un peu mieux d'où nous venons. » (Fin du texte
cité) |
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2475
24 septembre 2015
Quiz sur le Séminaire 1. Qui a gagné un prix du Prince de Galles ? a) Jacques Ringuet
b) Georges-Étienne Talbot
c) Pascal Parent
c) Nive Voisine 2. Quel ancien du Séminaire a été premier
ministre du Québec ? a) Jacques Parizeau b) Gilles Vigneault
c) Adélard Godbout
d) Robert Bourassa 3. Comment s’appelait la fête des philosophes ? a) Saint-Mathieu
b) Sainte-Catherine
c) Saint-Charles
d) Saint-Thomas d’Aquin 4. Qui a réalisé le
Fils du croisé dans les années 1940 et 1950 ? a) Antoine Perreault b) Charles Morin
d) Alphonse Fortin
d) Georges Beaulieu 5. Quel ancien du Séminaire a été le premier à
être évêque de Rimouski ? c) Bernard Lebel
b) Louis Lévesque
c) Charles-Eugène Parent
d) Yves-Marie Dionne 6. Quelle était la couleur du ruban de ceux qui
choisissaient le sacerdoce ? a) blanc
b) rose
d) brun
c) rouge 7. Qui était maître de salle chez les Petits en
1954-1955 ? a) Antoine Gagnon
b) Gilles Roy
c) Gilles Vigneault
d) Raoul Thibault 8. Combien y avait-il de dortoirs au Séminaire
dans l’édifice construit dans les années 1920 ? a) 2
b) 3
c) 4
d) 5 9. Qui a été infirmier pendant de nombreuses
années ? a) André-Albert Gauvin b) Bernard Lebel
c) Gérard Plourde
d) Louis Martin 10. Dans quelle décennie le Séminaire a-t-il
fermé ses portes ? a) 1950
b) 1960
c) 1970
d) 1980
Réponses 1a. Jacques Ringuet
2c. Adélard Godbout
3b. Sainte-Catherine 4d. Georges Beaulieu 5c. Charles-Eugène Parent 6a. blanc 7b. Gilles Roy
8c. 4 dortoirs 9c. Gérard Plourde 10b. 1960 |
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2430
27 août 2015 Les
veuves Au
Séminaire de Rimouski, on appelait veuves
les élèves qui étaient très peu sportifs. N’y a-t-il pas une
expression : Défendre la veuve et l’orphelin, qui signifie Défendre les faibles et les opprimés ? Je
faisais partie de cette catégorie de veuves car, en plus d’être peu
sportif, je n’avais pas tellement d’habiletés dans ce domaine, sauf
peut-être au tennis où j’avais un bon service. À
la Petite salle, le soir dans une cour peu éclairée, on jouait au
drapeau. Je m’y présentais au début. La première opération
consistait à composer deux équipes avec les volontaires. J’étais
toujours un des derniers choisis : c’était très difficile pour
l’estime de soi. Il fallait que j’accepte cette situation parce que
je n’étais pas très performant. Avec
les années, particulièrement à la Grande Salle, ce terme
disparaissait du vocabulaire collégien. Les sportifs continuaient à être
sportifs, mais les autres comme moi manifestaient des habiletés autres
qui étaient considérées à leur juste valeur. Il
y avait une tradition au Séminaire. À la fin de chaque hiver, les
finissants (autour de 20 ans) devaient jouer une partie de hockey contre
une équipe d’Éléments (autour de 13 ans), soit les plus jeunes. Évidemment,
les finissants devaient présenter une équipe comportant les moins
habiles. Je fus un des premiers choisis – peut-être un juste retour
du balancier – pour faire partie de cette équipe. Un
de mes confrères, un expert dans ce sport, m’a approché pour
m’offrir tout son attirail. Ce fut avec une sensation hors de
l’ordinaire que, avec l’aide de ce confrère, j’ai posé les épaulettes
et tous les autres objets de protection. Il me semblait que ce confrère
m’a aidé à me transformer en joueur de hockey. Ayant
peu patiné dans le passé, mon problème consistait à me déplacer sur
la glace. J’ai été assigné à la défense. J’ai fait de mon
mieux, mais je n’ai pas pu arrêter les jeunes joueurs qui me
contournaient sans trop d’efforts. Nous avons perdu la partie, mais ce
fut une expérience spéciale que je suis loin d’avoir oubliée. Les jeunes étaient fiers de nous avoir battus. À cause de notre piètre performance, mes confrères avaient pu rigoler et se moquer gentiment de nous. Ce qui était le plus rigolo, c’est que nous n’avions pas fait exprès pour perdre la partie. |
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2385
1 août 2015 Déboursés
au Séminaire En
1953-1954, au Séminaire de Rimouski, il en coûtait 385 $, y compris la
literie, pour les pensionnaires et 122 $ pour les externes. Pour un élève
à l’infirmerie, on devait débourser 1 $ par jour. De plus, les cours
de piano exigeaient 30 $. Dans
la Revue d’histoire du
Bas-Saint-Laurent de janvier 1996, Marcel Leblanc raconte combien il
en coûtait une quarantaine d’années plus tôt et comment se
faisaient les déboursés. Voici son texte : « Pour
inscrire un élève pensionnaire, il en coûtait 100 $ par année de
1905 à 1910 et 120 $, de 1910 à 1914. Un élève externe n’avait que
30 $ à débourser pour les frais scolaires d’une année complète.
Comme frais supplémentaires, on demandait 10 $ pour la literie, 10 $
pour les élèves du cours commercial désirant apprendre la
clavigraphie, 20 $ pour l’étude du piano et 15 sous par jour pour
celui qui avait le malheur de se faire interner à l’infirmerie. Le
jour de la rentrée scolaire, au début de septembre, la cour de récréation
du Séminaire était envahie par des voitures chargées de jarres de
beurre ou fromage, de billots ou tout autre produit de la ferme. C’était
de cette manière que de nombreux cultivateurs défrayaient les frais de
scolarité de leur enfant, promis à de hautes fonctions. C’était la
foire à l’instruction ou le tribut que la culture de la terre rendait
à la culture tout court. » (Fin du texte cité) |
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2345
24 juillet 2015 Léonard
Desjardins J’ai
appris avec stupéfaction le décès de Léonard survenu le 21 juillet
2015 à l’âge de presque 75 ans. Léonard
est né à Saint-Mathieu-de-Rioux le 25 juillet 1940. Il est le fils de
Cyprien Desjardins et de Régina Jean. Quelques années après sa
naissance, sa famille est allée s’établir à Saint-Léon-le-Grand.
Il a fait ses études classiques au Séminaire de Rimouski de septembre
1953 à juin 1961. Il s’est fait remarquer par ses aptitudes
sportives, notamment au soccer, au hockey, au billard et aux quilles. Il
a consacré sa vie active à l’éducation avec comme résidence à
Amqui. Voici ce qu’on retrouve sur le site de la Maison funéraire
Fournier d’Amqui : « Monsieur Desjardins était un passionné
des mathématiques. Il a été enseignant et conseiller pédagogique à
la Commission scolaire de la Vallée de la Matapédia de 1963 à 1996.
Au cours de sa vie, il a développé plusieurs passions, le golf, les
quilles, la pêche au saumon, la marche et la raquette. Mais par-dessus
tout il était très fidèle envers sa famille ; il adorait son épouse,
ses enfants et ses petits-enfants. Il laisse en souvenir son amour qu'il
vouait avec tendresse pour chacun d'eux. » Léonard
m’expédiait de temps à autre des courriels sur des sujets mathématiques
ou logiques. Il était mon cousin du 3 au 4 du côté de sa mère. Le 14
juillet dernier, suite à un de ces messages, je lui avais détaillé
l’état de notre parenté. La
célébration commémorative aura lieu en l'église d'Amqui le vendredi
31 juillet 2015 à 10 h 30. Mes
sincères condoléances à la famille éprouvée. |
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2330
21 juillet 2015 La
vie de pensionnaire Au
Séminaire de Rimouski, dans les années 1950,
la vie de pensionnaire n’était pas toujours facile, du moins
pour certains. La perspective d’entreprendre huit années de
pensionnat en effrayait plusieurs. Les règlements, même s’ils étaient
appliqués d’une façon souple, pouvaient représenter une entrave à
la liberté. Dans
ma cohorte, nous étions 158 élèves en septembre 1953 et nous avons
terminé 61 en juin 1961, incluant sept élèves qui nous ont rejoints
en cours de route. C’est donc dire qu’il y a eu 104 départs. De ce
nombre, la grande majorité avait les capacités intellectuelles de
mener à terme leurs études classiques. Dans
la Vie écolière de janvier-février
1954, Yves Joncas, un élève d’Éléments, originaire de Sept-Îles,
décrit sa perception et son état d’âme à son retour du congé des
Fêtes : « Ah
! Ce qu’ils ont l’air perdu les gars de la Petite salle à la rentrée
des Fêtes. Personne n’a le goût à rire ni même à jouer pour se
distraire. On se donne la main, on se souhaite la bonne année, c’est
tout. Dans
la salle ou dans la cour, on voit des groupes formés uniquement d’élèves
venant de la même ville ou du même village. On les voit se rongeant
les ongles ou se frottant nerveusement les yeux, discuter de la dernière
veillée en famille. Ils sont bien bêtes, me dis-je, de tourner le fer
dans la plaie comme ça. À
la prière du soir, on entend des reniflements pas toujours discrets qui
rappellent les dames de Sainte-Anne à l’enterrement de leur présidente.
Ce soir-là, à l’étude, contrairement à nos habitudes, on ne
cherche pas à chuchoter à notre voisin : « Passe-moi ta
gomme à effacer ou passe-moi ta plume ». Au
dortoir, cette nuit-là, il y a des pleurnichements et des grincements
de dents qui auraient empêché la douce Morphée elle-même de dormir.
Aussi après une pareille nuit, on se lève « les pieds plus légers
que la tête », comme le dit la chanson. Au réfectoire, nul mets
n’excite leur envie ; tous se meurent d’ennuyance.
Après le déjeuner, il faut se remettre au travail. On trouve ça bien
difficile de remplacer les belles randonnées en ski et les émouvantes
parties de hockey par une méchante version (latine) dont le pronom réfléchi,
ma bête noire, est l’objet. Mais
au bout d’une semaine ça revient peu à peu. Petit à petit, on
oublie les joies des vacances laissées en chemin mais qui nous
attendent en juin. En attendant, attendons ! » (Fin du texte
cité) Personnellement,
je n’ai jamais ressenti cette déchirure au retour des vacances des Fêtes.
Mais, on le perçoit dans son texte, l’auteur trouvait la situation
extrêmement pénible. C’est peut-être pour cela qu’il n’est pas
revenu l’année suivante. |
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2280
27 juin 2015 Fête
du Supérieur Dans
les années 1950, au Séminaire de Rimouski, l’automne était marqué
par trois fêtes traditionnelles : celle du Supérieur à la troisième
semaine d’octobre, les retrouvailles des anciens le 4 novembre en la fête
de Saint-Charles, puis la fête des philosophes le 25 novembre, jour de
la Sainte-Catherine. Ci-après
un compte-rendu écrit par Gérard Pelletier de Versification concernant
la fête du Supérieur en 1953. Ce texte a été publié dans la Vie
écolière de novembre-décembre 1953. « En
automne, s’il est un événement attendu avec hâte au Séminaire,
c’est bien la fête de Monsieur le Supérieur. Cette année, on en
parlait trois semaines à l’avance, et c’était tout un spectacle le
21 (octobre) après-midi que de voir les confrères revêtir avec soin
leurs plus beaux atours et onduler leur chevelure. À
4 h 30 : les vêpres pontificales. Nous avions l’honneur
d’accueillir dans notre chapelle, en même temps que notre vénéré
archevêque, Son excellence Mgr Louis Lévesque, qui fit le sermon de
circonstance avec toute l’éloquence à la fois solide et touchante
qu’on lui connaît. L’âme
rassasiée, nous sommes toujours heureux de penser un peu à
l’estomac. Ce soir-là, une corne d’abondance se déversait dans
notre cabaret : jambon, gâteaux et bonnes fraises. C’est
peut-être une des raisons pour lesquelles tout le monde était de si
bonne humeur le soir à l’auditorium. Après Chanson
triste et Marche triomphante par notre brillant orchestre, un des nôtres,
Gabriel Bérubé, présenta les hommages de la communauté à Monsieur
le Supérieur. Tout
le monde fut heureux d’entendre dire de la bouche même de son Supérieur
que nous étions de bons élèves. Naturellement, nous le savions, mais
ça fait toujours plaisir. La joie déborda en vigoureux
applaudissements à l’annonce du grand congé promis pour le
lendemain. Suivirent
deux chants fort bien rendus par la chorale : Hommages,
dont les paroles sont d’un de nos finissants, Yvonnik Saint-Pierre,
puis Le vent. On admira, dans
le numéro suivant, les talents d’acteurs de neuf de nos confrères
dans Un trésor est caché dedans.
Puis, huit garçons du Séminaire, sous l’habile direction de Monsieur
l’abbé Georges Beaulieu, nous présentèrent trois chants goûtés de
tous : Un canadien errant,
O nuit, C’est notre grand-père
Noé. Après le numéro classique Les anarchistes de l’orthographe, l’Harmonie Sainte-Cécile clôtura
brillamment la soirée par Marche
occidentale suivie d’un répertoire de choix. Le
lendemain matin, ce fut Monsieur le Supérieur qui dit la messe de
communauté. Après un déjeuner hâtif, nous désertions rapidement
l’Alma Mater qui demeura vide et silencieuse jusqu’à 8 heures du
soir. Puis, fatigué mais heureux, chacun se replongea avec courage dans
la routine quotidienne … en attendant les Fêtes. » (Fin du
texte cité) |
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2240
19 juin 2015 La
prise de rubans Chaque
année en avril ou en mai, au Séminaire de Rimouski, les finissants dévoilaient
leur choix de carrière. Cela se faisait à la Salle académique devant
les élèves, les parents des finissants et des invités d’honneur.
Cette cérémonie était appelée prise de rubans. En
se présentant sur la scène, chaque finissant était épinglé du ruban
associé à son choix. Une couleur était attribuée à chaque
profession. Par exemple, le ruban blanc revenait à ceux qui avaient
choisi le sacerdoce. Pour
plusieurs, la marche vers ce choix avait été pénible. Bien sûr, il
fallait penser à soi et à ses capacités, mais aussi aux bienfaiteurs
grâce à qui on en était rendu là. Il fallait aussi avoir vécu au préalable
deux retraites de vocation d’une semaine : l’une en philosophie
I et l’autre en philosophie II où les prédicateurs avaient insisté
pour montrer que la voie la plus certaine pour réussir sa vie et aller
au ciel était la prêtrise. Même
si les prêtres du Séminaire ne faisaient aucune pression pour orienter
les élèves à la prêtrise, beaucoup de parents espéraient que ce
choix soit celui de leur fils. Là où c’était plus compliqué,
c’est lorsqu’un élève avait eu un bienfaiteur unique qui avait
consenti à payer tous les frais de pension et de scolarité pendant
huit ans. En effet, certains bienfaiteurs, surtout les laïcs, avaient
espoir que, par leur entremise, ils auraient contribué à donner un
fils à l’Église. Les
applaudissements, lors de la cérémonie, montraient bien que le
sacerdoce, au clergé séculier ou régulier, avait la plus grande
ferveur. À
titre d’exemples de choix, voici la répartition des professions pour
les 32 finissants de juin 1954 : Architecture :
1 Droit
économique : 1 Droit
et diplomatie : 1 Génie
électrique : 1 Génie
mécanique : 1 Génie
minier : 1 Hautes
études commerciales : 2 Lettres
et musique : 1 Médecine :
6 Missions
Étrangères : 4 Notariat :
1 Orientation
professionnelle : 1 Relations
industrielles : 1 Sacerdoce :
9 Service
social et psychiatrie : 1 On
notera qu’aucun élève n’a choisi l’enseignement, les sciences
pures ou encore les sciences politiques qui en étaient à leur
balbutiement. Sans connaître les statistiques, il est probable que
certains de ces finissants ont fait une carrière en enseignement. Dans
les années suivantes, le choix de carrière a évolué en regard des
ouvertures que fournissaient les universités. En 1954, les universités
du Québec et l’université de Sherbrooke n’existaient pas encore.
Il fallait s’inscrire à l’université Laval, à l’université de
Montréal ou dans les Grands Séminaires. |
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2185
8 juin 2015 Décès
de Robert Lebel Robert
Lebel est né le 8 novembre 1924 au rang 3 Est de Trois-Pistoles. Il
fait ses études classiques au Séminaire de Rimouski. Licencié en théologie
de l’université d’Ottawa, il est ordonné prêtre en 1950 à
Trois-Pistoles. Par la suite, il obtient en doctorat en théologie à
Rome. Il
est professeur au Grand Séminaire de Rimouski de 1951 à 1955. De 1952
à 1963, il est rédacteur de la revue diocésaine Le
Centre Saint-Germain dans laquelle il écrit des dizaines
d’articles. De
1963 à 1965, il est directeur du Grand Séminaire de Rimouski où il
m’a enseigné la patrologie. En 1965, il est nommé supérieur du Séminaire.
C’est lui qui m’a nommé directeur-adjoint au secondaire du Séminaire
en remplacement de l’abbé Rosaire Dionne et dont le directeur était
Lionel Dion. Il a la lourde tâche de décider de la survie ou pas de
cette institution centenaire. Après avoir effectué de nombreuses
consultations auprès du personnel et du clergé, il décide
d’abandonner le cours classique et de vendre les bâtisses du Séminaire
et de ses écoles au Gouvernement du Québec pour y loger le cégep de
Rimouski. Comme
président de la corporation du Séminaire, il signe l’acte de vente
en août 1968. J’ai l’honneur d’être à ses côtés pour y
apposer ma signature à titre de secrétaire. Pour le cégep de
Rimouski, Jean-Guy Nadeau et Fernand Dionne sont les signataires. Il
redevient directeur du Grand Séminaire en 1969. En même temps, il est
président de la Corporation du Séminaire. En 1974, il est nommé évêque
auxiliaire du diocèse de Saint-Jean-Longueuil, puis en 1976, à l’âge
de 51 ans, il est nommé évêque
de Valleyfield. En 2000, ayant 75 ans, il démissionne de son poste. Il
est décédé le 25 mai 2015 à Valleyfield et est inhumé le 3 juin au
cimetière de cette ville dans le lot réservé aux anciens évêques. Mgr
Robert Lebel laisse en héritage une œuvre littéraire considérable.
Ses dons pour l’écriture et la caricature ont transcendé ses écrits.
Il a produit huit livres et écrit de nombreux billets spirituels dans
différentes publications et même sur internet. J’aurai
eu la chance de le côtoyer pendant près de 10 ans. |
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2140
30 mai 2015 Les
pique-niques Au
Séminaire de Rimouski, les pique-niques de classe ont commencé en
1954. Auparavant, il y avait un pique-nique annuel pour toutes les
classes qui durait une journée. Le tout se déroulait généralement
dans la cour du Séminaire. Les autorités ont alors décidé qu’au
lieu d’un pique-nique général, il y aurait deux demi-journées de
congé d’études, l’une consacrée à un pique-nique de classe et
l’autre à des activités communautaires comme les Olympiades. Le
pique-nique de classe avait lieu ordinairement en mai. Il se déroulait
au bocage du Séminaire, sur le bord de la Rivière Rimouski, à la Rivière-Hâtée
où était situé le chalet des prêtres du Séminaire, au bois à
Pierrot, un boisé situé aujourd’hui derrière la polyvalente
Paul-Hubert ou même, plutôt rarement au Cap à l’Orignal. Certaines
classes faisaient le pique-nique plus tôt, soit en avril, pour profiter
des plaisirs de la cabane à sucre. Le
conseil de classe était responsable de l’organisation de cette
activité. À même le budget de la classe, il achetait des chips, des
liqueurs, des friandises et même … des cigarettes. Imaginez le tollé
aujourd’hui si on offrait à l’école des cigarettes à de jeunes écoliers.
Certaines classes faisaient appel aux mères des externes pour
confectionner des amuse-gueules, comme des sandwiches ou des petits gâteaux.
L’après-midi
était consacré à participer à certains jeux comme le drapeau, à se
lancer des balles, à se reposer au soleil ou encore à écouter les
musiciens en herbe de la classe qui n’avaient pas hésité à apporter
leur instrument de musique. Des chants, des histoires étaient aussi le
menu de cet après-midi qui passait trop rapidement. Les
professeurs venaient nous visiter. Ils s’amusaient gaiement à
participer aux activités et à nous faire voir leur performance
sportive. Ils étaient un élément d’attraction. Comme on leur
parlait très peu en dehors des classes, ils en profitaient pour nous
faire voir un côté qu’on ne leur connaissait pas en racontant des
blagues ou des expériences vécues. La
plupart du temps, le menu du souper consistait en des fèves au lard qui
étaient fournies par les bonnes Sœurs, responsables de la cafétéria.
Après le souper, c’était le retour au bercail. Nous
étions heureux d’avoir fraternisés entre confrères de classe.
L’objectif de cette activité était atteint parce qu’il avait été
conçu pour renforcer les liens qui unissaient les élèves de chaque
cohorte. |
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2105
23 mai 2015 La
Saint-Thomas S’il est un homme qui a eu une grande influence
dans l’Église catholique, c’est bien Thomas d’Aquin. Il est né
vers 1224 en Italie. Il est devenu religieux de l’ordre dominicain.
Son œuvre philosophique et théologique a été considérable. Dans les
collèges classiques de l’époque, le thomisme était la base de
l’enseignement de la philosophie. Ce docteur angélique est décédé
le 7 mars 1274. À mon époque, les livres de philosophie étaient
écrits en latin et reproduisaient parfois mot par mot la doctrine de
saint Thomas. Ce dernier avait tenté de faire une synthèse de la foi
et de la raison, en s’inspirant de la philosophie d’Aristote. Aussi, pour les élèves de Philosophie I qu’on
appelait d’ailleurs les philosophes, le 7 mars était appelé jour de
la Saint-Thomas. À cette occasion, pour eux, les cours étaient
suspendus afin de s’adonner à des activités relaxantes ou sérieuses. Le 7 mars 1954, les philosophes ont fêté leur
saint patron en faisant une excursion à Sacré-Cœur. Ils s’y
rendirent dès l’avant-midi en autobus, sur le pouce ou à pied. Dans
la Vie écolière de
mars-avril 1954, Rodrigue Roy, un des philosophes raconte qu’ils en
ont profité pour se divertir et « déguster crêpes, tire ou
sandwichs ». Le 7 mars 1960, les philosophes profitent de leur
congé d’études pour approfondir la doctrine et l’influence de
saint Thomas. Des comités d’études avaient été préalablement formés
pour préparer la journée. Des finissants comme Jean-Yves Thériault,
Paul-Martel Roy et Gérald Laforest ont démontré un esprit
philosophique et scientifique en présentant des exposés relatifs au
thomisme. Un cahier assez volumineux a d’ailleurs été publié à
cette occasion. Je me souviens être allé voir l’abbé Pascal Parent,
directeur des élèves et éminent professeur de métaphysique, pour
faire autographier cet ouvrage. Il avait écrit : « À un élève
moqueur » et avait signé son nom. Je n’ai jamais compris le
sens de cette remarque. En juin, les finissants devaient faire une
dissertation aux examens de l’université Laval. En 1961, trois sujets
étaient proposés dont l’un consistait à prouver l’existence de
Dieu en s’inspirant des propos de saint Thomas. J’avais choisi ce
sujet et j’ai tenté de discourir sur une des cinq preuves élaborées
par ce docteur de l’Église. Au cours de l’année, le professeur s’était
souvent interrogé sur l’origine du monde en cherchant à savoir qui
avait été en premier, la poule ou l’œuf. Heureusement, aujourd’hui, dans les cégeps, on a
élargi l’éventail des grands penseurs et des philosophies qu’ils
prônent. |
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2070
8 mai 2015 La
descente du drapeau En
1961, deux ou trois de mes confrères plus nationalistes ont mijoté un
coup qu’on n’était pas habitué à voir dans ces années-là. Sur
le toit du bureau de poste de Rimouski, trônait le Red Ensign
britannique. Ce drapeau qui n’avait jamais été officiellement adopté
par le Parlement du Canada montrait l’Union Jack et les Armoiries du
Canada. Il flottait sur les édifices gouvernementaux du Canada depuis
1945. Le
coup consistait à aller décrocher le drapeau pour montrer l’émergence
du Québec et le souci d’être libéré des symboles canadiens. Un
samedi après-midi, les confrères concernés ont monté sur le toit du
bureau de poste de la rue de la Cathédrale de Rimouski, ont pris le
drapeau et l’ont amené au Séminaire en toute discrétion. Je
me souviens d’avoir été informé de ce coup
d’état et de m’être précipité au bureau de poste.
Malheureusement, tout était terminé. Le
risque était grand, car tous se rappelaient qu’en juin 1957 un
Finissant avait été congédié pour avoir découché. Il avait dû
aller subir ses examens universitaires au collège de Saint-Anne de la
Pocatière. Concernant
le drapeau, la GRC a fait enquête. Ils l’ont retrouvé et l’ont
confisqué ; mais, ils n’ont porté aucune accusation. Il est probable
de penser que les dirigeants du Séminaire ont informé la GRC qu’ils
règleraient eux-mêmes le problème. Le cas de ces élèves s’est sûrement
rendu jusqu’au Supérieur. Peut-on penser que le chanoine Alphonse
Fortin, un éminent nationaliste et un disciple du chanoine Lionel
Groulx, ait eu son mot à dire ? Il était alors assistant-supérieur. Toujours
est-il que les élèves concernés n’ont pas été punis, pas même
une réprimande. C’était là une façon tacite de montrer l’accord
des autorités avec le but poursuivi. Un
tel événement au début des années 1960 dans un collège classique était
hors du commun. |
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2040
2 mai 2015 La
bouffe au Séminaire La
Vie écolière de mars-avril
1955 publiait certaines données concernant les dépenses et le
personnel de l’année précédente au Séminaire de Rimouski en
incluant ses écoles. On
comptait cette année-là 435 pensionnaires au Séminaire, 333 à l’école
Technique, 162 à l’école de Commerce, 28 à l’école de Marine,
ce qui faisait 958 bouches à nourrir. De plus, il y avait 63 prêtres
pour la surveillance et l’enseignement, de même que cinq prêtres
retraités. Pour nourrir tout ce monde, faire le lavage et
l’entretien, on comptait 28 religieuses, 52 servantes et 12 hommes préposés
à l’entretien. Le
coût des provisions pour l’année s’est élevé à 141 850 $,
soit environ 200 $ par personne. Les salaires ont exigé un peu plus de
50 000 $ : une moyenne de 308 $ par personne. Il faut se
souvenir que la plupart d’entre eux étaient logés et nourris.
L’entretien a coûté 39 487 $. L’électricité, le chauffage,
l’eau et les taxes sont allés chercher 33 676 $. Il
s’est ingurgité 400 boîtes de beurre (12 768 $), du lait pour
25 450 $, 109 792 quarts de pain (15 474 $), 8700
brioches pour l’année, 2000 livres de bœuf et 1000 livres de porc
par semaine (32 650 $), et 19 minots de pommes de terre par jour. En
mars 1959, un auteur anonyme précisait : •
Il faut 300 livres de bœuf désossé pour un seul repas, soit l’équivalent
d’un bœuf. •
Pour un hot chicken, il faut 180 quarts de pain et 200 poulets. •
Un repas aux œufs nécessite 155 douzaines d’œufs. •
Un déjeuner exige 144 boîtes de Corn Flakes et 120 livres de beurre
d’arachide. Pour une année, il faut 43 200 boîtes de Corn
Flakes et 36 000 livres de beurre d’arachide. •
Il faut 1500 livres de lait, 200 livres de sucre et 320 quarts de pain
par jour. Toutes
ces statistiques ont de quoi provoqué une indigestion. |
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2000
24 avril 2015 La
télévision au Séminaire La
télévision a vu le jour à Montréal en 1952 par l’entremise de
Radio-Canada. C’était alors le seul poste disponible. À Rimouski, ce
fut l’homme d’affaires et sénateur à Québec, Jules-A. Brillant,
qui a implanté le premier poste en 1954. Le poste CJBR (Canada, Jules
Brillant, Rimouski) diffusait sur le canal 3 et était affilié à
Radio-Canada. Depuis 1937, cet homme avait la licence de la radio de
Radio-Canada à Rimouski. Au
Séminaire de Rimouski, le premier téléviseur pour les élèves a été
installé dans la salle de lecture des Grands en janvier 1955. C’était
un don des professeurs et des prêtres de la maison. Il fut présenté
par le Supérieur comme le cadeau de Noël des élèves. À l’époque,
un appareil noir et blanc – les seuls disponibles – coûtait autour
de 400 dollars. Les prêtres professeurs gagnaient 400 $ annuellement. C’était
une petite révolution, car c’était une ouverture vers l’extérieur
qui existait peu si ce n’est que par les activités artistiques qui étaient
présentées à la Salle académique. Monsieur Lionel Dion, professeur
au Séminaire qui est devenu plus tard préfet des études et directeur
général du cours secondaire, me racontait qu’avant l’avènement de
la télévision à Rimouski, souvent le dimanche, les autorités du Séminaire
accueillaient les personnes de la ville pour la présentation de films,
de conférences ou même de panels. Quand la télévision est apparue
dans le décor, toutes ces activités cessèrent faute de combattants. Certains
élèves et certains prêtres s’interrogeaient sur l’influence que
pourrait avoir cette nouvelle technologie sur l’ensemble des élèves.
Dans un article de la Vie écolière de janvier-février 1955, le finissant Paul-Émile
Bouillon s’exprimait ainsi : « Devant cette nouvelle
acquisition, nos esprits sont à la fois un peu inquiets et pleins
d’espoir. D’abord,
nous sommes inquiets parce que réellement nous nous demandons comment
nous pourrons bénéficier des avantages de notre télévision. […]
Nous remarquons cependant que l’horaire de notre journée ne coïncide
pas beaucoup avec celui des programmes télévisés. […]
Nous savons bien que l’avènement d’une télévision au Séminaire
… présume, par le fait même, que
nous pourrons en bénéficier en maintes circonstances. En
effet, on n’aurait pas acheté un appareil si dispendieux simplement
pour le plaisir de dire que les élèves ont une télévision à leur
disposition. […] Pourquoi ne pas avoir confiance qu’un de ces bons
soirs, la communauté sera invitée à suivre tel ou tel programme à sa
télévision. […] Et ainsi, notre télévision serait pour nous, non
seulement un divertissement agréable et nouveau, mais même un moyen de
culture et de formation. » Si
mes souvenirs sont exacts, CJBR-TV ne diffusait qu’à partir de 16
heures ou de 17 heures. Pour les élèves, le seul moment possible de
s’asseoir devant le téléviseur était de 18 heures 30 à 19 heures
30. La prière à la chapelle était cédulée pour 19 heures 40. Après,
c’était l’étude jusqu’au coucher à 21 heures. L’horaire de la
journée n’a pas été modifié d’un iota. Au Pavillon de
philosophie et plus tard à la Grande salle, il y avait des permissions
spéciales pour certaines émissions comme pour voir la partie de hockey
de la Ligue nationale le samedi soir. Bref,
l’avènement de la télévision au Séminaire n’a pas amené la
secousse que certains appréhendaient. |
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1965
17 avril 2015 Les
activités d’hiver Au
Séminaire de Rimouski, particulièrement à la Grande salle, les
activités parascolaires étaient nombreuses en hiver. À titre
d’exemple, je vous présente les activités de l’hiver 1955-1956.
Les renseignements proviennent d’un article de la Vie écolière écrit par Jacques Tremblay de Versification B. Mardi
6 décembre. Conférence sur la faculté de commerce de l’université
Laval donnée par le frère Hormidas. Dimanche
18 décembre. Conférence sur le génie minier donnée par Hormidas
Langlais, député des Îles-de-la-Madeleine et adjoint parlementaire du
ministre des Mines. Mardi
20 décembre. Conférence sur les sciences sociales donnée par le Frère
Tremblay. Samedi
21 janvier. À la Salle académique, réception des anciens du Séminaire
qui étudient à l’université Laval. Dimanche
22 janvier. Partie de hockey entre les anciens et les élèves. Jeudi
2 février. Causeries sur la tempérance du secrétaire-fondateur du
comité de la Moralité publique de Montréal, J.-Z.-Léon Patenaude,
l’une à l’étude de la Grande salle et l’autre chez les
philosophes. Samedi
11 février. Concert du pianiste français Bernard Ringeissen, alors âgé
de 21 ans. Mardi
14 février. Programme récréatif à la Salle Académique pour
souligner le mardi gras et le festival de l’école Technique. Mercredi
15 février. Projection du film Fabiola. Mercredi
22 février. Projection d’un film sur l’Afrique, suivi d’une conférence
sur la vie des missionnaires dans ce pays par le Père Vigneault des Pères
du Saint-Esprit. Mercredi
29 février. Débat oratoire sur la situation économique du Canada français.
Le gagnant est Gérard Pelletier. Même
jour. Conférence sur la physique médicale par le Docteur Kerwin. Dimanche
4 mars. Présentation d’un spectacle intitulé La bible vivante par René-Salvator Catta au Centre des loisirs sous
le patronage de Mgr Parent, archevêque de Rimouski. Outre ces activités, les nombreuses associations tenaient des réunions. La fanfare et l’orchestre poursuivaient leur pratique. Au hockey, la ligue intercollégiale, la ligue intermédiaire et la ligue mineure présentaient les éliminatoires. |
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1925
9 avril 2015 Une
tradition abandonnée Depuis
fort longtemps, la cohorte d’élèves qui était promue en Méthode au
Séminaire de Rimouski était scindée en deux classes. L’une se
retrouvait à la Grande Salle et l’autre devait demeurer avec les
Petits pour une troisième année. En
septembre 1955, la tradition disparut. Tous les élèves de Méthode se
sont retrouvés à la Grande salle. Fait important, c’était la première
année dans l’histoire presque centenaire du Séminaire qu’il y
avait trois groupes en Méthode. Il était impossible de composer deux
groupes avec 89 élèves. La
salle d’études des Grands ne pouvait pas accueillir tous les élèves
de Méthode à Philosophie II. Les autorités décidèrent donc
d’assigner les élèves des deux Philosophies dans leur classe
respective pour le temps prévu à l’étude. Il y avait alors 34 élèves
en Philosophie I et 27 en Philosophie II. La salle d’études des
Grands accueillait donc les élèves de Méthode, Versification,
Belles-Lettres et Rhétorique. Je
faisais partie de ce groupe qui a vu s’implanter cette nouvelle
tradition. Dans la Vie écolière de septembre-octobre 1955, Claude Marin de Syntaxe C
écrit : « L’année
dernière, (parmi) les élèves de Syntaxe, les uns espéraient devenir
les doyens de la petite cour ; les autres, voulant s’approcher du
chemin, opinaient pour la grande cour. Enfin, les idées étaient
diverses. […] Plusieurs d’entre eux se promettaient bien de
revenir à la petite salle, afin de montrer aux jeunes leur adresse aux sports. Les derniers désiraient faire
parler d’eux parmi les grands. » L’auteur
raconte qu’en septembre 1955, les premiers arrivés, inscrits en Méthode,
apprirent qu’on les dirigeait vers la Grande salle et que finalement
« devant la joie des uns et la consternation des autres »,
ils constatèrent que la Petite salle était du passé. Claude
Marin conclut en disant : « Alors, ce à quoi personne
n’avait songé arriva : les gars de Syntaxe était les doyens à
la petite cour. Pensez-y donc : un tennis et une balle au mur de
plus ; nous jouerons à la balle et au hockey plus souvent. Si un
concert ou quelque spectacle est donné au Séminaire, nous en serons
les premiers bénéficiaires à la petite cour. En tout cas, si ce
changement a fait des mécontents, ce n’est sûrement pas à la petite
salle ! » |
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1875
30 mars 2015 Le
directeur spirituel Au
Séminaire de Rimouski, un groupe de quatre ou cinq prêtres étaient désignés
chaque année pour assumer la fonction de directeur spirituel. Au moins
dans les premières années du cours classique, il était recommandé de
visiter son directeur une fois par mois. Un prêtre avait la charge de
coordonner les activités de ces personnes. En
1953-1954, c’est l’abbé Raoul Thibault qui était le directeur
principal. Il remplissait cette fonction depuis qu’il avait quitté
son poste de directorat des élèves en 1948. Il était assisté des abbés
Émile Saint-Pierre, Pierre Bélanger, Robert Michaud et Hervé Beaulieu. En
1954-1955, Robert Michaud quitte ce poste car il devient directeur des
élèves. Se joignent à l’équipe : Réal Lamontagne, Pascal
Parent, Louis-Jacques Morissette, Yves-Marie Dionne et Marcel Morin. En
1955-1956 et en 1956-1957, l’abbé Thibault est assisté des abbés Émile
Saint-Pierre, Pierre Bélanger, Hervé Beaulieu, Lionel Pineau et Pascal
Parent. En
1957-1958, l’abbé Thibault conserve son poste chez les Grands. Lionel
Pineau devient le directeur principal chez les Petits. Mgr Georges
Dionne se joint à l’équipe. Les autres assistants sont Émile
Saint-Pierre, Hervé Beaulieu, Simon Amiot et Marcel Morin. En
1958-1959, l’abbé Martin Proulx s’ajoute à l’équipe. L’année
suivante, on retrouve la même équipe. En
1960-1961, l’abbé Robert Michaud devient le directeur principat. Il
est assisté des abbés Raoul Thibault, Lionel Pineau et Marcel Morin. Dans
la Vie écolière de février-mars
1956, Albert Roy de Philo I fait un réquisitoire sur la nécessité de
consulter son directeur spirituel. Il écrit notamment : « On
dit souvent que le directeur spirituel est un grand ami, qu’il passe
de beaux livres, qu’il peut nous dire notre tempérament. C’est plus
ou moins vrai. Ta direction spirituelle n’a d’autre but que te
guider dans ta marche vers la sainteté. » Plus
loin, il écrit : « Le directeur est un ami qui veut te connaître
pour te diriger dans le droit chemin de la vérité. [...] Tu
dois être obéissant envers ton directeur. Tu as décidé de te faire
aider. Pour être logique, tu dois suivre ses conseils. Tu ne dois pas
craindre d’aller te confesser à lui. » Après
avoir conseillé de rencontrer régulièrement son directeur spirituel,
Albert Roy conclut en disant : « La direction spirituelle est
aussi importante pour réussir ta vie et ta sanctification que les
cartes géographiques pour le voyageur. » |
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1840
23 mars 2015 Vie
au Pavillon de Philosophie Le
4 septembre 1959, un pavillon ouvrait ses portes au Séminaire de
Rimouski pour recevoir les 65 élèves de Philosophie I et les 43 élèves
de Philosophie II. Les élèves du 98e
cours, dont j’étais, étaient les premiers à entrer dans cette bâtisse
toute neuve pour y étudier pendant deux ans. Le
premier geste pour chacun fut de visiter la chambre qui lui était
assignée : un lit, un bureau, une chaise berçante, une toilette
et un lavabo. Des douches sur chaque étage. Quel luxe ! La visite
continuait et permettait de découvrir
la salle de repos, appelée salon, contenant des chaises, des petites
tables et un téléviseur. Puis c’était le gymnase, les vestiaires au
sous-sol et les trois classes. Le laboratoire de chimie n’était pas
encore prêt. Quant à la chapelle, la plupart préférait la voir lors
de la messe du lendemain. Puis,
vint l’inauguration officielle le 3 octobre où on pouvait accueillir
le premier ministre Paul Sauvé et de nombreux dignitaires. Le
lendemain, les parents des élèves étaient invités à visiter les
nouveaux locaux. Dès
le début de l’année, il fut assez facile de s’adapter à cette
nouvelle vie. Au lieu de se lever à 5 heures 45, la cloche sonnait à 6
heures 30. En milieu d’année, pour favoriser l’exercice physique,
un tintement plus court, se
faisait entendre à 6 heures 15 pour inviter les élèves au gymnase. Si
on ne s’y rendait pas, il restait 15 minutes à dormir. À
6 heures 45, c’était la messe qui était dite par le directeur du
Pavillon, l’abbé Pascal Parent. La messe terminée, soit vers 7
heures et demie, les élèves se rendaient à la cafétéria du Séminaire.
Il n’était pas requis de prendre les rangs de doyens pour y aller. On
avait un intervalle de 20 à 30 minutes pour aller se sustenter. Là,
on devait observer le silence, comme les autres élèves de la Petite
salle et de la Grande Salle. De façon générale, les surveillants étaient
tolérants et n’intervenaient pas à moins d’abus ou de propos trop
forts. Après tout, nous étions des philosophes ! Après
une courte récréation pour aérer ses poumons, deux heures de classe
suivaient et une troisième heure les mercredis et les samedis. Puis,
c’était le dîner à la cafétéria. La
récréation du midi se passait à faire du sport ou à participer à
des activités socioculturelles. En principe, il n’était pas permis
d’aller en ville. Deux heures de cours suivaient en après-midi, puis
une longue étude avant le souper. Il arrivait que certaines émissions
de télévision, comme Roquet
belles oreilles qui commençait à 18 heures, obligeaient (!)
certains élèves à enfiler leur repas. À
19 heures 45, les élèves se retrouvaient à la chapelle pour la récitation
du chapelet ou pour toute autre cérémonie. À 22 heures, c’était le
couvre-feu. Les
mercredis, samedis et dimanches après-midi, il était permis d’aller
en ville sans demander de permission. Toutefois, il fallait absolument
rentrer à 17 heures pour l’étude ou pour les vêpres le dimanche. Dans
le salon, on pouvait lire le journal, regarder la télévision, jouer
aux cartes … ou simplement jaser. Si un élève voulait s’acheter
des friandises et s’il ne l’avait pas fait en ville, il pouvait se
rendre au magasin coopératif de la Grande Salle aux heures
d’ouverture. Le courrier était distribué chaque jour par le portier
en avant-midi. De
façon générale, le règlement était bien respecté. S’il y avait
des écarts de conduite, la liste noire pointait les coupables qui
pouvaient perdre certains privilèges. Le châtiment le plus important
était de devoir quitter sa chambre pour une semaine et d’être obligé
de séjourner à l’étude et au dortoir de la Grande Salle. |
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# 1805 16 mars 2015 La Sainte-Catherine À l’article 1250, j’ai publié un texte d’un élève d’Éléments latins dans lequel ce dernier décrivait ce qu’il avait retenu de la fête de la Sainte-Catherine du 25 novembre 1953. Comme c’était la fête des élèves de Philosophie I, il y avait participé de l’extérieur.
Aujourd’hui, je vous invite à la Sainte-Catherine du 25 novembre 1959. Ce sont deux confrères, Léopold Fournier et Jean-Marc Sinclair qui nous décrivent les événements de ce jour auxquels ils participaient. Le texte a paru dans la Vie écolière de décembre 1959. En voici des extraits :
" Jeudi, 6 heures ! Les lumières des chambres s’allument, les verres de jus circulent, les boucles s’ajustent et voilà les philosophes lancés dans cette formidable et inoubliable journée !
À la pressante invitation des élèves du petit Séminaire (élèves de la Petite et de la Grande Salle), nous nous sommes fait un plaisir de nous rendre à la grande chapelle pour exécuter un programme de chants dodécaphoniques.
Vers 8 heures, ce fut l’entrée triomphale à la cafétéria aux acclamations hystériques d’une jeune foule en délire, accompagnées de la traditionnelle danse des cuillers sur les cabarets.
La fête elle-même, nous devrons dire les effervescences, débutèrent pour de bon quand des artistes de la classe exécutèrent un programme de danse, pour garçons et … chaises. […] Les échauffements furent refroidis dans la piscine. […]
Et les invités commencèrent à affluer. Ce fut une débandade de frères qui arrivèrent de tous les coins du pavillon et à qui l’on offrait de volumineux cigares, question de les avoir assis et bien tranquilles. […] Après le banquet (à la dinde), les activités se poursuivirent au salon. Nous fûmes très heureux d’y accueillir la plupart de nos professeurs anciens et actuels, ainsi que les dévoués maîtres de salle. […]
La soirée nous apporta la visite des ecclésiastiques (étudiants du Grand Séminaire) qui ne se sont pas fait prier pour participer à la partie récréative de cette journée. Comme nous l’avions prévu, la partie artistique, exécutée par le Trio Baroque, semble avoir répondu aux aspirations de tous. […]
Cette inoubliable journée se prolongea dans l’intimité du salon où l’on s’aperçut que, malgré notre bonne volonté de bien nourrir nos invités des dernières heures, il ne restait pas beaucoup de papillotes (kisses) à leur offrir, mais une franche sociabilité. " (Fin du texte cité)
C’était la première année que cette fête avait lieu au Pavillon de Philosophie. |
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1760
7 mars 2015 La
cloche au Séminaire S’il
était un être résonnant qui était omniprésent au Séminaire, c’était
bien la cloche. Elle entrait en scène dès le lever et se taisait au
coucher. Entre temps, par sa sonnerie, elle dictait le début et la fin
des récréations ; elle commandait le début et la fin des classes ;
elle dirigeait les élèves à la chapelle et ne disait mot même si la
cérémonie se prolongeait. Son
sosie, une clochette à main, était espéré, chez les Petits, quand la
température était froide, qu’il pleuvait ou qu’il neigeait
abondamment. À ce moment, un maître de salle sortait dehors avec sa
clochette et après deux ou trois tintements, il criait Salle volontaire. Quand
j’étais au Séminaire, je n’ai jamais su qui était la personne qui
posait son doigt sur la sonnerie. Je n’ai jamais pensé que la cloche
s’ennuyait pendant nos vacances. C’est en lisant un texte de Guy Bélanger
dans la Vie écolière de
septembre-octobre 1955 que j’ai compris mon manque d’empathie envers
la cloche. Voici l’extrait : « Mercredi,
7 septembre. La rentrée ! Jour d’épreuve pour les élèves, mais
jour de joie pour la cloche. « Ah ! se dit-elle, que c’est beau
de voir arriver tous ces élèves ! Après un dernier baiser à maman,
un cordial merci à papa, ils passent tout près de moi sans même me
regarder, excepté les nouveaux qui me tournent de gros yeux
inquisiteurs ! Oh ! les petits s’ils savaient comme je suis heureuse
de voir la fin de deux longs mois de silence ! » Après
des recherches, j’ai trouvé le coupable qui activait méthodiquement
la cloche : c’était le doyen des élèves de Philosophie II. En
1954-1955, il s’appelait Paul-Émile Bouillon. À une question posée
par Jean-Paul Gagnon qui voulait savoir ce que cela impliquait d’être
le doyen, celui-ci a répondu : « C’est bien simple, mon
vieux. Ici, le doyen, c’est un simple carillonneur. Règle générale,
c’est un Finissant, le plus vieux et le plus ancien. D’ordinaire,
c’est le plus sage » (Vie
écolière, mars-avril 1955) À
la suite d’une autre question posée par le journaliste en herbe,
Paul-Émile Bouillon a révélé qu’antérieurement le doyen avait une
clef commune en sa possession et qu’il pouvait demander certains congés.
Il concluait en disant : « La seule influence qui me reste,
c’est de commander élèves et professeurs avec ma cloche. » En
1956-1957, c’est Jean-Guy Théberge qui était responsable de sonner
la cloche. En
terminant, voici une courte parodie de la fable Les
Animaux malades de la peste de Jean de La Fontaine : Un
mal qui répand sa clameur, qui
maniait cette sonnerie. Les
élèves obéissaient, |
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1720
27 février 2015 Un
chant éphémère Dans
son numéro de septembre-octobre 1953, la Vie écolière lançait
un concours pour doter le Séminaire d’un chant qui lui soit propre.
Un prix de 15 $, don de l’abbé Ernest Simard, était promis à l’élève
qui écrirait le meilleur texte. C’est Laurent Dubé, de
Belles-Lettres, qui remporta le concours. L’abbé
Robert Michaud alors directeur des élèves et reconnu pour sa jovialité
a écrit : « Le Chant du Séminaire est très beau. C’est
un magnifique chant de joie. Il est l’impression de l’idéal de tout
un monde d’étudiants. On l’entendra souvent. Il sera toujours un
signe de ralliement. Il nous aidera à voir grand ». Dans
son roman Sous les marronniers
publié par Septentrion en 1997, Laurent Dubé écrit : « Le
Séminaire, gardant l’œil bien ouvert sur les mutations sociales,
avait passablement rajeuni notre look l’année précédente en
laissant tomber notre solennelle redingote et notre ceinturon vert, ces
oripeaux démodés, témoins d’un autre âge. En prenant ses distances
avec notre accoutrement folklorique, mon Alma Mater vouait à l’oubli,
du même souffle, l’hymne du séminaire … que j’avais griffonné
en classe de Belles-Lettres, entre une page de Chateaubriand et un poème
de Lamartine, une commande de monsieur Armand Lamontagne, qui n’avait
vraiment plus rien à voir avec le pantalon gris et le blazer marine qui
nous flanquaient des allures modernes de jeunes universitaires anglais. » La
version finale de cet hymne, comme l’appelle son auteur, fut publiée
dans la Vie écolière de
septembre-octobre 1954. Voici les paroles : I Vous
les voyez passer, lala lala Rimouskois
enjoués, lala lala Prêts
à rire, à chanter, lala lala En
redingote bleue Avec
ceinturon vert Du
bonheur plein les yeux, lala lala Ils
sont du Séminaire. II Ce
sont jeunes garçons, lala lala Ennemis
des façons lala lala Tous
aimables et bons lala lala À
l’étude, à la cour, Avec
le même entrain Ils
s’appuient tout à tour lala lala Et
vont main dans la main. III Quand
viennent les vacances, lala lala Holà
! thèmes et stances, lala lala Et
Plutarque et Térence, lala lala Ils
revoient leur papa. Ils
revoient leur maman Et
quelqu’un après ça … lala lala Qu’ils
saluent gentiment. IV À
l’heure des repas lala lala On
enfile son plat lala lala Qu’il
soit maigre ou bien gras lala lala Les
pâtés de nos Sœurs Les
hachis et les fèves Font
monter les ardeurs lala lala Et
nourrissent les rêves. V Ils
aiment leur métier, lala lala Prennent
le temps aisé lala lala Sans
jamais rechigner lala lala Et
si quelques chagrins Assombrissent
leur vie D’un
léger coup de main lala lala Les
voilà repartis ! VI Y’a
des petits, des grands lala lala Des
foncés et des blancs lala lala Des
calés, des savants lala lala Mais
lorsqu’ils quitteront Leur
jeune Alma Mater Tous
ils se souviendront lala lala De
leur jeunesse fière. |
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1685
20 février 2015 Faits
remarquables : 1960-1961 7
septembre – Rentrée des élèves. Le
Pavillon de Philosophie accueille des élèves pour la deuxième année.
On compte 54 élèves en Philosophie 1e
année et 61 en 2e année. Une
enquête de la Vie écolière
révèle que 72,4 % des élèves des trois dernières classes ont
travaillé pour un salaire pendant les vacances. Celui-ci s’élève à
289,96 $ en moyenne par élève. Le
doyen des professeurs laïques, Gérard Bernier, fête ses 25 années
d’enseignement. 15
octobre – Le Théâtre universitaire canadien présente la pièce Le
journal d’Anne Frank. 20
octobre – À la surprise générale, l’abbé Raoul Thibault est nommé
chanoine. Il reçoit les hommages de la part des élèves, du clergé et
de ses confrères de classe. Le
football prend de l’envergure à la Petite Salle. Le
sujet de l’année à l’AJC (Association de la Jeunesse canadienne)
est la culture canadienne-française. 27 octobre – Félix Leclerc et Gilles Vigneault
donnent un récital. 5
novembre – Les Jeunesses musicales présentent un concert. 7
novembre – La Société des concerts présente le ténor Richard
Verreau. 15
novembre – L’Orchestre symphonique présente un concert.
La
Vie Écolière souligne les 50 ans d’existence du journal en publiant
un album-souvenir. L’Archevêque de Rimouski, Mgr Charles-Eugène
Parent, y publie un long texte où il souligne le fait qu’il faudrait
peut-être modifier les structures en éducation. Mais, il mentionne
qu’il n’appartient pas à la jeunesse étudiante de s’aventurer
sur ce terrain. On rappelle que Mgr Georges Dionne fut le fondateur de
ce journal. 13
décembre – Une commotion s’empare des élèves et des prêtres du Séminaire.
L’abbé Simon Amiot âgé de 44 ans décède des suites d’une crise
cardiaque. 28
janvier – Les Jeunesses musicales présentent un concert. 29
janvier – La retraite des Vocations débute pour les élèves de
Philosophie 1e année. Elle est prêchée par le Père Hudon,
un jésuite. La
Vie écolière souligne les 22
ans de dévouement de Sœur Pauline qui est en charge du réfectoire des
prêtres, de même que du Père Picard qui s’occupe de l’entretien
lui aussi depuis 22 ans. 19
avril – Les élèves de Philosophie 2e année prennent
l’autobus pour aller à la cabane à sucre à Saint-Fabien. 23
avril – Lors de la prise de rubans des élèves de Philosophie 2e
année, le Supérieur du Séminaire, Mgr Antoine Gagnon, remet à
Jean-Yves Thériault, un finissant de l’année précédente, le prix
du Prince-de-Galles. L’année
scolaire se termine par un succès aux examens universitaires de fin
d’année. Paul-Émile Vignola, un Finissant, remporte le prix du
Prince-de-Galles. C’est la deuxième année consécutive que le Séminaire
reçoit cet honneur. |
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1635
10 février 2015 La
Vie écolière La
Vie écolière était le
journal des élèves du Séminaire de Rimouski. Le premier numéro est
publié le 27 octobre 1911. Le tout est présenté sous une forme
manuscrite et est sous la responsabilité du Cercle Saint-Joseph qui était
affilié à l’A. C. J. C. (Association catholique de la jeunesse
canadienne-française). Mgr Georges Dionne est le premier modérateur et
il est considéré comme le fondateur du journal. Lors
de la fondation, la devise du journal est Parlons
français. Il est publié chaque jeudi. Les élèves doivent
s’abonner pour une somme de 10 sous par année ; tandis que les
Anciens déboursent 50 sous. La revue relate les événements
quotidiens, des opinions de lecteurs, des invitations au bon parler français,
des chroniques variées et même des renseignements nécrologiques. Les
numéros originaux des quatre premières années furent réunis en deux
volumes dans une reliure de cuir rouge et noir. À
partir de 1915, la forme manuscrite disparaît. En 1930, le bulletin de
l’Amicale naît et est intégré à la revue. La première
photographie apparaît le 27 février 1933. En 1936, un numéro spécial
est publié pour souligner le 25e
anniversaire de fondation. Le numéro contient au-delà de 100 pages. En
1948, le journal se mérite La
Griffe d’Or de la Corporation des Escholiers Griffonneurs. J’ai
connu la Vie écolière de
1953 à 1961. La revue était publiée généralement quatre fois par
année et était distribuée avant l’étude du soir puisque c’était
une période où la lecture était permise. Tout au long de ces années,
la revue a été l’objet de nombreuses critiques de la part des
lecteurs. Le point fort et en même temps le point faible étaient dus
au fait que les responsables étaient des élèves de Philosophie I et
II qui avaient une culture incontestée et en même temps qui étaient
âgés de 19 à 23 ans. L’âge du plus jeune lecteur, bon an mal an,
était de 11 ans. Le dilemme a toujours été de concilier les intérêts
et les expériences des pré-adolescents et des jeunes adultes. Au
début de chaque année, le nouveau directeur du journal, conscient des
difficultés de pénétration, faisait appel aux élèves pour qu’ils
apportent leur contribution, mais seule une minorité relevait le défi.
En décembre 1960, Jacques Ross, le directeur, lançait un cri
d’alarme. « La Vie écolière
mourra si la collaboration des élèves ne se fait pas meilleure. (…)
La plupart des articles (du présent numéro) sont signés par des élèves
du Pavillon, sauf heureusement quelques exceptions. » On le voit,
avec l’implantation d’un nouveau pavillon, le problème devenait
plus crucial. Pendant les années précédentes, ces élèves étaient
à la Grande salle. Ils pouvaient au moins témoigner des activités de
cette salle. En
mars 1959, la Vie écolière publiait un numéro spécial sur les systèmes d’éducation
autour du monde. On y trouvait 12 pages sur 24 traitant de ce sujet. Les
articles provenaient d’étudiants de France, du Portugal, de l’Espagne,
de l’Italie, de l’Allemagne de l’Ouest, de la Belgique, de l’Irlande,
de la Guinée, de l’Éthiopie, du Vietnam, d’Haïti et du Chili.
C’était un effort louable pour ouvrir l’esprit des élèves et leur
faire voir comment d’autres jeunes vivaient leur scolarisation. Il y
eut sûrement peu d’élèves qui ont lu ces pages. Il
y avait aussi, certaines années, un certain équilibre à apporter
entre les articles qui touchaient aux élèves et ceux qui donnaient des
nouvelles des anciens. En effet, l’Amicale des Anciens défrayait une
bonne partie, sinon totalement, les coûts de production. Malgré
ces difficultés, d’une année à l’autre, la Vie
écolière survivait et était une tribune de choix pour les
griffonneurs qui prenaient le risque … d’être critiqués ou louangés.
En 1963, la forme traditionnelle fut remplacée par le format tabloïd
de quatre pages. Le dernier numéro du journal étudiant a été publié
le 13 mars 1967 après 57 ans d’existence. Il a été remplacé par Le
Scribe, qui était désormais le journal des élèves du cégep de
Rimouski. |
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1595
2 février 2015 Le
Cercle missionnaire Quand
j’étudiais au Séminaire de Rimouski de 1953 à 1961, on nous
recommandait de faire partie d’au moins une association étudiante.
J’avais choisi le Cercle missionnaire. J’en fus secrétaire pendant
quelques années. En 1958-1959, cet organisme cessa ses activités. Sous
l’impulsion de l’abbé Robert Michaud, alors professeur d’Écriture
sainte au Grand Séminaire, en septembre 1959, les activités reprirent
sous un nouveau nom : le SMJ (Service missionnaire des jeunes). Je
devins alors vice-président et président, l’année suivante. Un
grand local était à notre disposition du côté de la Petite salle. Le
SMJ s’occupait de quatre volets : la récupération de remèdes
pour envoyer aux missions, la production de chapelets, la cueillette de
timbres et l’information aux autres élèves sur les activités
missionnaires. En 1960-1961, on comptait 120 membres. Voici
un extrait d’un article paru dans la Vie écolière de février 1960
sous la signature de Pierre-Paul Parent, qui était alors le président : « Après
deux mois d’action, nous avons eu le plaisir de recevoir le Révérend
Père Gendron, s. j., directeur provincial des SMJ. Le Père Gendron,
après nous avoir parlé d’un club américain (The Rosary Making
Club), nous montra que la fabrication de chapelets par des élèves
comme nous est assez facile. Notre aumônier et nous-mêmes, enthousiasmés
par cette proposition, avons décidé de la mettre à exécution. Rendus
au mois de janvier, nous avons déjà quelque 50 chapelets de fabriqués,
lesquels chapelets peuvent rivaliser facilement avec la plupart de ceux
que chacun possède. Cette initiative sans précédent est vraiment une
réussite. Les
30 premiers chapelets ont été envoyés en pays de mission. Un Père de
la Société des Pères Blancs, le Révérend Père Édouard Gagnon est
le premier à recevoir des chapelets missionnaires. Ces chapelets, bénis
par notre Archevêque Mgr Parent, sont fabriqués exclusivement pour les
missions. Ceci
n’est qu’une des nombreuses activités du SMJ du Séminaire. Nous
nous occupons de plus à recueillir les timbres usagés. Nous avons une
collection de timbres étrangers à entretenir. » (Fin du texte
cité Les
jeunes de la Petite salle, en particulier, se vouaient corps et âme
dans la fabrication de chapelets. Cette activité manuelle les
distrayait de leurs manuels scolaires. Je
me souviens d’être allé cogner à la porte de la maison de Jules-A.
Brillant, en compagnie de Pierre-Paul Parent, pour recueillir de
l’argent en vue d’achat de matériel : grains de chapelets,
croix, broche et pinces. Madame Brillant nous avait reçus aimablement
et nous avait donné 5 dollars : une fortune pour nous. |
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1560
26 janvier 2015 Le
Séminaire et ses écoles Le
Séminaire de Rimouski a fêté dernièrement son 150e
anniversaire de fondation. Les fêtes ont débuté en octobre 2013 pour
se terminer en juin 2014. Plusieurs événements ont eu lieu marquant
non seulement la vie du Séminaire mais aussi de toutes ses écoles. C’est
un véritable cégep que le Séminaire a mis en place au fil des ans. En
effet, le Séminaire a assumé la responsabilité d’une école de
Commerce, d’une école Technique, d’une école de Marine, d’une école
moyenne d’Agriculture et d’une école normale pour former des
enseignants, sans compter la mise en place d’un Centre d’études
universitaires au début des années 1960. Cette grappe d’écoles spécialisées
qui gravitaient autour du Séminaire a permis l’éclosion du Cégep de
Rimouski, de l’Institut maritime du Québec et de l’université du
Québec à Rimouski (UQAR). Dans
le cadre des fêtes du 150e anniversaire et pour souligner
cette évolution, un livre a été publié en 2013 avec la collaboration
de la Corporation du Séminaire. Son titre est : Le
Séminaire de Rimouski : ses écoles, ses œuvres. C’est un comité
formé d’historiens qui a rédigé cet ouvrage de 189 pages sous la
coordination de Sylvain Gosselin. L’histoire du Séminaire et de ses
écoles a été partagée en quatre périodes : Kurt Vignola
(1855-1881), Nive Voisine (1882-1925), Noël Bélanger (1926-1950) et
Pascal Gagnon (1951-1967). Un dernier chapitre clôt l’ouvrage. Il
s’agit d’un compte-rendu des activités et des politiques de gestion
du patrimoine du Séminaire pour la période 1968-2012. Des
exemplaires de l’ouvrage sont encore disponibles. On peut en trouver
à la Librairie l'Alphabet de Rimouski, à la Coopsco du Cégep et au
bureau de la Corporation du Séminaire. Sur demande, la Corporation
du Séminaire peut faire parvenir des exemplaires au coût de 20 $
(frais de port en sus) à quiconque en fait la demande par téléphone
au 1 418 723-0448. On peut aussi le faire par courriel à
l'adresse corporationseminaire@globetrotter.net. En
terminant, il est bon de se rappeler un texte de l’abbé Alphonse
Fortin en introduction à un bref historique du Séminaire dans l’Album
des Anciens, publié en 1940. « L’histoire du Séminaire de
Rimouski, quand elle sera achevée, démontrera à l’évidence que
cette institution n’a pas été l’œuvre d’un homme ou d’un
groupe d’hommes, mais bien le fruit de la collaboration du clergé et
du peuple rimouskois. » C’est le bout de phrase quand
elle sera achevée qui a attiré mon attention. Comment le futur
chanoine Fortin voyait-il la fin du Séminaire ? |
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1520
18 janvier 2015 Décès
de l’Archevêque de Rimouski Mgr
Pierre-André Fournier, archevêque de Rimouski depuis 2008 est décédé
le 10 janvier 2015 à l’âge de 71 ans après 47 ans de vie
sacerdotale. Outre sa famille immédiate, il laisse dans le deuil les
membres du clergé dont deux confrères du Séminaire de Rimouski :
Benoît Hins et Paul-Émile Vignola. Comme
d’autres confrères en 2011, un samedi de juin, nous avons eu le
privilège de faire une visite guidée dans les locaux de l’Archevêché.
Cette visite avait été organisée par Benoît Hins. À cette occasion,
Mgr Fournier nous avait aimablement reçus dans son bureau. Les
funérailles de Mgr Fournier auront lieu aujourd’hui, le dimanche 18
janvier 2015 à 14 h 30 en l’église de Saint-Robert. On sait que la
Cathédrale a fermé temporairement ses portes depuis novembre 2014 pour
des raisons de sécurité. Le
service funèbre sera présidé par le cardinal Gérald Cyprien Lacroix,
archevêque de Québec et primat de l'Église au Canada. Il sera diffusé
en direct sur Internet grâce à la collaboration de la webtélé de
l'archidiocèse de Québec, www.ecdq.tv
à compter de 14 h 10. Le
vicaire général, Benoît Hins, s'est dit atterré du départ de
l’Archevêque : « Le départ de Mgr Pierre-André Fournier, je
dirais que c'est la mort du Père. [...] Pour nous, diocésains et
diocésaines, c'est notre père dans la foi, donc le diocèse de
Rimouski vient de perdre son évêque mais son père aussi »,
a-t-il confié, la voix nouée. Suite
à ce décès, le Collège des consulteurs de l'Archidiocèse de
Rimouski s'est réuni le 14 janvier 2015 afin de procéder à l'élection
d'un administrateur diocésain. C'est l'abbé Benoît Hins, alors
vicaire général, qui a été élu. Il est immédiatement entré en
fonction. Il sera en poste jusqu'à l'arrivée du prochain évêque diocésain
qui sera nommé par le Saint-Siège. Nos
condoléances à Paul-Émile Vignola et à Benoît Hins. Nos pensées
accompagnent dans ses nouvelles fonctions l’administrateur élu de
l’archidiocèse de Rimouski. |
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1485
11 janvier 2015 Faits
remarquables : 1959-1960 4
septembre – Rentrée des élèves. L’abbé
Pascal Parent est le premier directeur du Pavillon de Philosophie. L’abbé
Pierre Sirois est le nouveau directeur du Petit Séminaire. Il succède
à l’abbé Pascal Parent qui a occupé ce poste pendant deux ans. Guy
Bélanger demeure le président du comité des Présidents de classe. Il
est assisté de Damien Chouinard, vice-président, et de Claude Perron,
secrétaire. 3
octobre – Un événement majeur se déroule au Séminaire. C’est
l’inauguration du Pavillon de Philosophie. L’Harmonie Sainte-Cécile
interprète le God Save the Queen,
suivi de l’O Canada. Mgr
Charles-Eugène Parent bénit les nouveaux locaux. J’ai eu l’honneur
d’être servant et d’accompagner en solo l’Archevêque jusqu’à
la chapelle pour la bénédiction de l’autel. Les invités de marque
sont le premier ministre Paul Sauvé, nouvellement élu, et le
lieutenant-gouverneur Onésime Gagnon. Le premier ministre promet
d’accorder un octroi additionnel de 200 000 $ pour aider à défrayer
le coût du Pavillon. 4
octobre – Les élèves de Philosophie reçoivent leurs parents pour
faire visiter leur Pavillon. La
liste noire fait son apparition au Pavillon. On y trouve les noms de
Jean-Yves Dumont, Martin Gamache, Jean-Paul Cyr, Ghislain Jean et
Charles-Henri Desrosiers. Qu’ont-ils donc fait ? 15
novembre – Mgr Charles-Eugène Parent célèbre la messe en la
chapelle du Pavillon et adresse la parole aux élèves qui terminent une
retraite de huit jours. Le
directeur de la Vie écolière,
Jérôme Gendron, écrit un article dans lequel il explique les raisons
qui ont amené les autorités du Séminaire à décider de construire un
Pavillon de Philosophie. Il écrit notamment : « C’est un
placement qui peut assurer de bonnes annuités au Séminaire sous forme
de résultats brillants aux examens, il est permis de l’espérer. »
Ses confrères de classe ne se surprendront pas des mots placement
et annuités qu’il a utilisés.
Pourtant, il avait vu juste, car dans chacune de ses deux premières années,
un élève du Séminaire a remporté le prix du Prince de Galles. Les
élèves de la Petite salle et de la Grande salle ont accès au gymnase
du Pavillon de Philosophie autant pour la gymnastique que pour le
badminton et le ballon-panier. Au
soccer, les deux équipes de Philosophie I se rendent en finale. Il est
décidé de ne pas présenter la finale à cause de la rivalité qui
existe entre les deux équipes … pourtant d’une même classe. Pour
la sixième fois consécutive, l’équipe de Philosophie I remporte les
honneurs aux quilles lors du tournoi d’automne. La
Vie écolière rend hommage à Gilles Vigneault qui a collaboré à
cette revue alors qu’il était élève au Séminaire. On y présente
un extrait de la revue publié en avril 1949 qui décrit le poète. 21
décembre – Lors de la soirée traditionnelle au pied de l’arbre de
Noël, le Supérieur lance l’idée qu’il faudrait intégrer une
Maman Noël comme accompagnatrice du Père Noël. 17
janvier 1960 – Les élèves de Philosophie I entrent en retraite des
Vocations pour une semaine en silence. Les externes doivent pensionner
au Séminaire. Tous suivent les Exercices spirituels de Saint-Ignace
avec un Père Jésuite, le Père Hudon, qui parle abondamment de la mort
et de l’enfer. À la suite de cette retraite, au moins la moitié des
élèves avaient décidé de se diriger vers le sacerdoce, la seule voie
pour se sauver. 27
janvier – L’Association de la jeunesse canadienne (A. J. C.)
s’interroge sur ce qu’est le séparatisme. 27
février – Ouverture des portes du laboratoire de chimie au Pavillon. Les
rhétoriciens présentent des caricatures pour chaque élève de leur
classe dans la Vie écolière :
quatre pages bien remplies. On
commence à parler de la fondation d’une université à Rimouski vu le
nombre grandissant de futurs candidats aux études universitaires. 6
mars – Les élèves ont leur carnaval pour la première année. Le
Gouvernement du Québec débloque des subventions statutaires pour les
collèges classiques. Le Séminaire se voit octroyer la somme de 63 400
$. 20
mars – Les Lacordaire du Séminaire célèbrent le 15e
anniversaire de fondation de leur cercle. L’abbé Pierre Bélanger,
aumônier diocésain, reçoit un certificat marquant ses 15 années
d’abstinence totale. Pour
la septième fois consécutive, l’équipe de Philosophie I remporte
les honneurs aux quilles lors du tournoi du printemps. Un
tournoi de badminton est organisé pour la première année. 19
avril – Décès de Mgr Louis Martin, supérieur du Séminaire de 1948
à 1957. La
Vie écolière souligne le 300e
anniversaire de la défaite de Dollard des Ormeaux au Long-Sault. L’année
scolaire se termine par un succès aux examens universitaires. Jean-Yves
Thériault remporte le prix du Prince-de-Galles. Le dernier récipiendaire
de ce prix en Philo II, pour le Séminaire de Rimouski, avait été
Jacques Ringuet, médecin, en 1932. Richard Joly, conseiller en
orientation, avait eu cet honneur en 1939, alors qu’il était en Rhétorique. |
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1455
5 janvier 2015 Le
clocher du Séminaire Lors
du feu de Rimouski en 1950, la chapelle qui avait été construite en
1921 fut partiellement détruite. Le clocher a été fortement endommagé.
Pour effacer les traces de cette tragédie, en 1955, le Séminaire de
Rimouski reçut un don inestimable : un carillon de quatre cloches.
Voici ce qu’en dit l’annuaire de 1956-1957 : « Grâce
à la générosité d’un honorable citoyen de Rimouski, Monsieur Roméo
Crevier, président de Québecair Inc. et de St. Lawrence Distributing
Co. Ltd, directeur de la Cie d’Assurance Montreal Life, le 13 novembre
1955, avait lieu la bénédiction d’un magnifique carillon de quatre
cloches par Monseigneur Charles-Eugène Parent, archevêque de Rimouski. Ce
carillon, qui chante depuis ce jour les joies et les tristesses de l’Alma
Mater, est mis en branle par une horloge dont les trois cadrans, de 98
pouces de diamètre chacun, couvrent trois côtés du clocher central. La
première cloche, baptisée sous le nom de Marie-Immaculée, pèse 1520
livres ; la seconde, Joseph, 616 livres ; la troisième, Antoine, 425
livres ; la quatrième, Charles, 375 livres. Elles font entendre
successivement les notes suivantes : sol, do ré, mi, soit la
sonnerie du carillon de Westminster. À
l’issue de cette cérémonie, un banquet, sous la présidence
conjointe de Monseigneur l’Archevêque et de Monseigneur Louis Martin,
supérieur du Séminaire, fut servi en l’honneur du généreux
donateur et de son épouse. Étaient aussi présents de nombreux amis de
M. et Mme Crevier et du Séminaire. À cette occasion, l’Alma Mater
s’enrichissait d’un nouveau fils, en décernant à M. Crevier un
diplôme qui le créait membre d’honneur de l’Amicale du Séminaire. Nos
plus sincères remerciements au donateur pour sa grande générosité,
rappelée sans cesse par ce magnifique carillon. » Roméo
Crevier fut maire de Rimouski de 1958 à 1961. Il est décédé en 1989
à l’âge de 79 ans. |
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1425
30 décembre 2014 Vente
de livres Au
Séminaire de Rimouski, au début de l’année scolaire, c’était
la grande vente de manuels scolaires. Le tout se passait dans la salle
d’études. Nous avions alors en main une liste de manuels requis
pour l’année. Quand
nous étions en Éléments latins en 1953, nous n’étions que des
acheteurs. Les élèves de la classe antérieure passaient devant nos
bureaux et nous offraient les livres dont ils n’avaient plus besoin.
L’escompte se situait entre 30 % et 50 %. Il fallait quand même se
méfier car certains essayaient de nous vendre des livres dont nous
n’avions peu ou pas besoin. Parfois, des élèves de la Grande salle
se pointaient le nez pour nous offrir à fort rabais un livre qui ne
servirait pas. Dans
la Vie écolière de
septembre-octobre 1958, un élève qui signe Moro écrit une chronique
intitulée Fragments de journaux
personnels où il met en relation le vécu d’un nouveau et
d’un philosophe. Voici un extrait :
Élève
d’Éléments 6
septembre 1958 – Cet avant-midi, j’ai acheté mes livres. J’ai
fait, je crois de bonnes affaires. Un philosophe m’a vendu deux
beaux gros dictionnaires Latin
en Poche pour deux piastres seulement. Ils sont réellement très
bons ces grands-là et ils savent vous donner d’excellents conseils
qui vous réchauffent le cœur. Élève
de Philosophie 6
septembre 1958 – Aujourd’hui traite
des livres. J’en ai vendu pour 25 $. Ça faisait longtemps que je
voulais vendre mes deux anthropopithèques de dictionnaires Latin
en Poche. Malheureusement, c’est un petit nouveau qui s’est
fait attraper. Bah ! Qu’il fasse la même chose que j’ai faite et
que l’on m’a faite.
De
façon générale, le truc était de trouver un élève de la classe antérieure
en qui nous avions confiance et de lui acheter tous les livres périmés
pour lui. L’escompte était alors plus élevé. Certains livres étaient parfois annotés par le propriétaire précédent. Ce dernier comptait ainsi obtenir un meilleur prix ; mais ce n’était pas toujours le cas. Il est arrivé qu’un professeur d’histoire générale avait pris l’habitude de faire des farces à des moments précis de ses cours. Certains élèves notaient les farces si bien qu’on nous avertissait qu’au cours suivant une telle farce serait dite. |
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1385
22 décembre 2014 Un
autel de marbre La
chapelle du Séminaire de Rimouski a vu passer plusieurs générations
d’élèves. Au cours des ans, il y eut des améliorations comme en
1957 où un nouvel autel central fut consacré. Voici ce qu’en dit
l’annuaire de 1956-1957 : « Le
20 février, Monseigneur le Supérieur consacrait le nouvel autel de
notre chapelle : un autel de marbre italien que nous attendions
depuis longtemps, parce que le matériel était arrivé depuis quelques
mois, mais dont la construction dut être retardée parce qu’il avait
fallu consolider le plancher du chœur. À
cinq heures de l’après-midi, M. l’abbé Émile Saint-Pierre, qui en
avait négocié l’achat avec la maison Petrucci-Carli, et en avait
suggéré les plans, célébrait la première messe sur cet autel. Les généreux
donateurs, Madame et Monsieur Wilfrid Ouellet, les prêtres et les élèves,
ainsi que plusieurs invités assistaient à cette messe. Quand
elle fut finie, les assistants furent invités à admirer de près l’œuvre
d’art dont notre chapelle s’enrichissait. Le
palier et les marches ainsi que le tombeau et le tabernacle, sont de
marbre Botticino ; la table, le gradin, le dessus des colonnes, de
marbre de Carrare blanc veiné (carrara bianco venato) ; les colonnes du
tombeau, de marbre Porta Santa ; la base des colonnes et la base du
tombeau, de marbre vert Saint-Denis. Le tombeau, le tabernacle et le
dessous des colonnes portent des incrustations de mosaïque vénitienne
de couleurs vert et or représentant des épis de blé. La porte du
tabernacle est de bronze véritable avec motif tête de Christ ;
au-dessus de la porte, en appliqué, une colonne de bronze également ;
l’intérieur est de cuivre doré. Le
soir, un dîner fut servi à l’issue duquel un diplôme de membre
honoraire de l’Amicale du Séminaire fut décerné à Monsieur
Ouellet. » (Fin du texte cité) Je serais curieux de savoir ce qu’est devenu cet autel lorsque le cégep de Rimouski a transformé la chapelle en bibliothèque. |
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1345
14 décembre 2014 Un
film honni Quand
j’étais finissant au Séminaire de Rimouski en 1961, je faisais partie d’un
organisme récemment créé dont les membres étaient les présidents
des différentes associations culturelles et sportives de la maison. Lors
d’une réunion, il fut proposé que chaque association aurait à préparer
une activité spéciale pour tous les élèves. Étant président du SMJ
(Service missionnaire des jeunes), j’énonçai le projet de présenter
un film payant à la salle académique. Le projet fut accepté avec
enthousiasme. En même temps, je voulais amasser un petit pécule pour
donner à la société des Missions-Étrangères. L’abbé
Robert Michaud, qui était un ancien directeur des élèves et qui était
maintenant professeur au Grand Séminaire, était l’aumônier du SMJ.
J’allai le consulter au sujet de mon projet. Il se dit
totalement en désaccord. Je décidai quand même de le réaliser. J’allai
voir l’abbé Paul-Émile Paré qui était responsable de l’audio-visuel.
Je lui demandai de me suggérer un film à saveur missionnaire. Il
sortit son gros catalogue et pointa le titre d’un film. Il me dit :
« Je m’occupe de tout. Ce film sera présenté à tous les élèves
à la salle académique un samedi après-midi. » Évidemment, je
devais absorber le coût de la location. Je fis de rapides calculs. Le
prix d’entrée serait de 15 sous pour les élèves de la Petite salle
et de 25 sous pour les élèves de la Grande salle et du Pavillon de
philosophie. Je pensais amasser au moins 40 dollars. Mes
confrères du Pavillon de philosophie n’étaient pas très
enthousiastes à l’idée d’aller voir un film missionnaire alors
qu’ils pouvaient sortir en ville à volonté. Je comptais sur les élèves
de la Grande salle et surtout sur ceux de la Petite salle. Une
demi-heure avant que la projection du long métrage, j’entendis dire
que le film était interdit aux élèves de la Petite salle parce que
jugé non conforme aux bonnes mœurs. Comme l’action se déroulait sur
une île habitée par des autochtones, il y avait des scènes où on
voyait des torses nus. J’étais
abasourdi. J’étais alors certain de faire un déficit car, à la
Petite salle, il y avait environ 200 pensionnaires. Certains confrères
du Pavillon devant cette situation changèrent leur plan et se présentèrent
en plus grand nombre que prévu à la représentation. Avant la
projection, l’abbé Paré monta sur la scène et fit de nombreuses
mises en garde. J’étais assis sur mon siège et ne cessais d’être
étonné de la tournure des événements, étant donné que ce n’était
pas moi qui avais choisi le film. Quand
la caisse fut comptée, le profit s’élevait à huit dollars et
quelques sous. J’avais alors un double problème. D’abord, je
trouvais que le montant était insuffisant pour faire un don aux
Missions-Étrangères. De plus, je me souvenais avoir été à
l’encontre de l’avis de l’aumônier. Je me rendis au bureau du chanoine Raoul Thibault que je considérais toujours comme mon directeur spirituel même si je n’allais presque jamais le voir. Je lui demandai conseil. Il me dit : « Prends l’argent ; mets-le dans la caisse de ton cercle missionnaire. Ainsi, vous pourrez continuer à fabriquer des chapelets pour les missions. » J’étais soulagé. |
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1310
7 décembre 2014 Quiz
sur le Séminaire Je
vous présente 10 petites questions à choix multiples sur le Séminaire.
Les anciens qui y ont étudié seront en mesure de mesurer l’état de
leurs souvenirs ou de leurs connaissances. Les réponses sont données
à la fin. 1.
En quelle année l’enseignement classique a-t-il débuté à Rimouski
? a)
1950
b) 1863 c) 1899
d) 1922 2.
Qui a enseigné l’histoire au Séminaire pendant 50 ans ? a)
Antoine Perreault
b) Charles Morin
c) Nive Voisine d) Alphonse
Fortin 3.
Comment s’appelait la cantine de la Grande salle ? a)
L’Estudiantine
b) La Familiale c) La
Procure
d) Le Fourre-tout 4.
Qui a fondé la troupe scoute du Séminaire ? a)
Rosaire Dionne
b) Gaétan Brillant c) Hervé Beaulieu
d) André-Albert Dechamplain 5.
Comment s’appelait l’endroit où était situé le cimetière des prêtres
? a)
Le Bosquet
b) Le Bocage
c) Le Bois-à-Pierrot
d) Le Parc 6.
Quel était le nom de l’orchestre du Séminaire ? a)
Saint-Charles
b) Sainte-Cécile
c) Saint-Antoine
d) Saint-Georges 7)
Qui a été directeur des élèves dans les années 1940 ? a)
Pierre Sirois
b) Robert Michaud
c) Raoul Thibault d) Jean-Guy Nadeau 8)
Qui fut le dernier supérieur du Séminaire ? a)
Georges Dionne b)
Louis Martin c) Antoine
Gagnon d)
Robert Lebel 9.
Quel était le sport le plus populaire à la Grande salle en automne
dans les années 1950 ? a)
Soccer
b) Baseball c) Balle molle d) Quilles 10.
Quelle fête les philosophes soulignaient-ils le 7 mars ? a)
Saint Pascal
b) Sainte Catherine
c) Saint Thomas d’Aquin
d) Saint Antoine Réponses 1b)
1863 2d)
Alphonse Fortin 3a)
L’Estudiantine 4d)
André-Albert Dechamplain 5b)
Le Bocage 6a)
Saint-Charles 7c)
Raoul Thibault 8d)
Robert Lebel 9a)
Soccer 10c)
Saint Thomas d’Aquin |
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Suite des textes sur le Séminaire de Rimouski |